on peut en mourir a la fin en 10 lettres
MONTRÉAL– L'archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, lance aux députés de l'Assemblée nationale un appel à la conscience au moment où ils s'apprêtent à voter sur le projet de loi 52 sur l'aide médicale à mourir. Dans une lettre ouverte publiée lundi, veille de la reprise des travaux des parlementaires, l'archevêque de Montréal leur demande []
Nesachant plus si je vous ai distribué cette synthèse, je la mets en ligne 1. Un personnage sensuel Meursault est très sensible à la nature qui l’entoure, aux variations de la lumière, aux messages que lui envoient ses cinq sens. Ex. chapitre II de la première partie : il ne cesse de faire des remarques concernant la météorologie : « Il faisait bon », « L’après-midi était
Récapitulatifdes lettres ouvertes adressées par Pourlavenir pour l'élection présidentielle aux candidats Mélenchon et Hamon.
Réponse(1 sur 2) : Oui. En France elle cause environ une centaine de décès par an, elle est particulièrement grave chez les enfants et les personnes âgées (voire lien 2) du fait de la déshydratation. La gastro-entérite tue jusqu’à 80 petits Français par an - -
Dansune lettre ouverte publiée dans le JDD ce week-end, la chanteuse et actrice Line Renaud et le député de Charente-Maritime Olivier Falorni, rapporteur général de la proposition de loi sur
Application De Rencontre Gratuit Pour Iphone. Récapitulatif de mes billets édités pour l’élection présidentielle de 2017 du plus récent au plus ancien245 21/04/17 MÉLENCHON seul VOTE UTILE pour la démocratie et contre le terrorismeAux électeurs de Hamon. Face à la victoire du terrorisme que marquent les choix de LePen, Fillon et Macron, puisque que Benoît Hamon ne se désiste pas pour MÉLENCHON, SEUL VOTE UTILE pour la démocratie, à vous de vous joindre aux INSOUMIS pour barrer la route au fascisme qui peut maintenant gagner la terreur a frappé, les terroristes savent choisir les moments décisifs pour abattre les sociétés qu’ils haïssent. A trois jours du scrutin qui va façonner, non seulement l’avenir des Français, mais aussi de tous les Européens et, avec eux, celui de toute l’humanité ils ont obtenus ce qu’ils voulaient, répandre la peur et la lieu de se réunir à l’unisson, comme le 11 JANVIER 2015, pour dire “JE SUIS CHARLIE” derrière des chefs d’États, oubliant leurs divergences pour exprimer leur résistance à la terreur, nos prétendants à la royauté élective de la 5ème république, rivalisent de renoncements. C’est à celui qui annulera le plus de meetings, le pompon allant à Fillon, qui voudrait carrément annuler l’élection. Mais là, tout le monde à compris qu’il fuit plus ses casseroles que le terroriste. LE terroriste, oui, car il semble bien que celui qui est mort sur les Champs Élysées, ne soit pas celui que l’État Islamique avait mandaté pour cette tâche de déstabilisation dans sa revendication il a donné un autre nom pour l'assassin du policier.Alors oui, il y a encore un risque, peut-être quelque part un monstre est tapit avant de frapper. Est-suffisant pour faire reculer la France entière, et lui faire oublier toute fierté, toutes ses institutions, tout son avenir. Allons nous plébisciter les candidats qui nous promettent le plus de pertes de libertés, le plus de surveillance, pour tous ceux qui ne sont pas dans la norme. Pas seulement les “trop basanés” à contrôler au faciès, mais aussi, les affreux ZADISTES, les SYNDICALISTES refusant la disparition de leur outils de travail, les jeunes ou vieux MANIFESTANTS, dans la rue pour sauver notre protection sociale, ou juste les “DÉVIANTS” qui ont le tort d’aimer qui il ne faut pas. Allons nous ABDIQUER DE LA DÉMOCRATIE ?Ou, allons nous plébisciter notre bourreau ! Celui qui nous a déjà imposé sa loi El Khomri de casse du droit du travail et qui a promis de l'amplifier par ordonnance. Allons nous élire le PRÉSIDENT DES OLIGARQUES pour que ceux-ci nous dépossédent de notre souveraineté et de nos richesses ? Choisirons nous MACRON-UE-MEDEF comme VOTUTIL contre le fascisme xénophobe, pour mieux le remplacer par le FASCISME DE L’ULTRALIBÉRALISME ? Choisirons nous, devant toutes ces pertes, d'ouvrir un boulevard au Fhaîne en 2022 ?Ou allons nous élire le seul candidat dont le programme de justice sociale peut dégonfler les bataillons de terroristes que l’injustice sociale et le non respect des droits multipliera. Allons nous nous interdire un AVENIR EN COMMUN, où, tous, en bonne intelligence, allons tout faire pour améliorer notre monde, et en particulier, pour enrayer le réchauffement encore faut-il que celui qui porte ces espoirs arrive au second tour. Encore faut-il qu'il ait assez de voix pour être élu président. Encore faut-il qu’aucune voix ne lui manque par la division de son camp face à l'utilisation de l’émotion des autres prétendants. Benoît Hamon a choisi de diviser la Gauche et de la faire perdre, par couardise, il à renoncer à se désister pour JL Mélenchon. Si le candidat Ps décide de nous faire perdre tous espoirs en l’avenir, ces ex électeurs ne sont pas obligés de jouer les moutons de Panurge. Ils peuvent oublier son bulletin de vote et mettre dans l’urne celui du SEUL VOTE UTILE POUR LA DÉMOCRATIE, pour JL MÉLENCHON PRÉSIDENT ! 18/04/17 M. Hamon ne perdez pas votre chance de changer l’avenir !Monsieur HamonAprès avoir tancé JLM pour qu’il se désiste pour vous, pour faire gagner la gauche, maintenant que JL Mélenchon est réellement en position de la faire gagner, vous ne vous appliquez pas cette logique évidente du désistement pour le mieux ex électeurs, eux sont logiques, ils voteront en majorité pour le SEUL VOTE UTILE qui peut nous éviter le Fhaîne au pouvoir en 2017, ou, plus sûrement, en 2022. Car après 5 ans de MACRON-UE-MEDEF, de casse sociale loi Macron-El Khomri puissance 10, par ordonnance, pour la soumission à l’ultralibéralisme des traités de l’UE TSCG, CETA, TAFTA… et la perte de souveraineté qu’ils impliquent, la réaction sera cette fois inévitable. Au lieu d’être raisonné, en les dégageant avec JLM et en appliquant son PLAN A, PLAN B et son Avenir en Commun, le rejet de cette soumission à l’UE deviendra épidermique et xénophobe et offrira le pouvoir absolu de la royauté de la 5ème ripouxblique aux fascistes les plus Hamon, en attaquant JLM dans un dernier soubresaut pour sauver le Ps, vous nous prouvez que vous ne valez pas mieux que lui. Vous vous montrez digne des “coups de couteaux dans le dos“ de Valls et de tous les déserteurs du Parti Scélérat soutenant Macron après s'être engagé à soutenir le vainqueur de la primaire. Vous vous montrez digne des traîtrises de Hollande, qui, pendant un quinquennat, a fait le contraire de ses engagements de 2012 “je renégocierai le TSCG”, “mon ennemi c’est la finance”, “ moi, président”... et qui nous a enfoncés dans l’austérité exigée par Mme Merkel. Hollande pousse même l’ignominie jusqu’à plus nous alerter contre l’ex socialiste Mélenchon que contre l’extrême droite de Marine Le Pen. En cas de second tour entre MÉLENCHON-FRANCE INSOUMISE et MARINE-TRUMP, maintenant nous nous attendons même à un appel de notre ex président au VOTUTIL en faveur de Le Pen-guerre civile pour contrer JLM-l’Avenir en Commun. La majorité des électeurs de Hollande de 2012, ont compris la leçon, ils ne sont pas près de remettre un bulletin PexS dans l’ une minorité, peut-être 4% des voix, voteront encore pour cette ÉTIQUETTE Ps VIDE, ou pour un programme peut être d’avenir désirable mais surtout pas réalisable. Ces 4% ne vous permettront même pas d’obtenir le remboursement des frais de campagne du Ps, mais ils risquent de faire perdre la chance inespérée il y a quelques mois et qui risque de ne pas se représenter de sitôt , de faire élire un président capable de réaliser “le changement en mieux c’est maintenant”. Ces 4% ne vous sauveraient même pas du néant. Car, si l’enthousiasme des Insoumis n’a pas besoin de vos 4% pour élire JLM, nous n’aurons pas besoin de vous et du Ps pour construire notre 6ème République et concrétiser notre “Avenir en Commun”. Après avoir pu gagner sans lui, nous saurons nous passer définitivement de ce Titanic, qui disparaîtra dans les poubelles de l’ maintenant votre candidature, vous savez pertinemment que vous choisissez de faire élire Macron, qui comme vous l’avez dit vous-même “n’est pas de gauche”. En vous maintenant, vous choisissez de faire élire le président de l'oligarchie. Pourtant M. Hamon vous savez que l’enjeu crucial de cette élection n’est pas l’avenir du Ps. Vous savez que l’enjeu est européen et même mondial, car, les français vont choisir entre l’UE du statu quo, ou choisir l’avenir dans une Europe d’ÉCOSOCIALISME qui peut sauver notre Hamon je vous ai précédemment adressée une lettre ouverte , qui je le croyais, vous ferait réfléchir à l’importance de votre choix, de vous maintenir ou de vous désister, pour l’avenir de l’humanité, et pour l’avenir de vos filles en particulier. Puisque que l’intervention d’une citoyenne lambda n’a aucun intérêt pour vous, je vous prie de considérer les avis de personnalités reconnues. D’abord, pour comprendre l’enjeu de votre décision, je vous prie de visionner deux courtes vidéos, qui ne parlent pas de l’élection, mais qui nous présentent l’avenir de notre société si nous maintenons le statu quo de l’ultralibéralisme première est une conférence d'Emmanuel Prados, chercheur en sciences de la planète, de l'environnement et de l'énergie à l'INRIA de Grenoble. Elle porte sur la fin des sociétés humaines dans l’histoire et la probabilité de la fin de notre société actuelle deuxième est un exposé de Gaël Giraud, économiste spécialisé en économie mathématique, il est aussi jésuite et est responsable de l’AFD Agence Française de Développement. Il explique les conséquences du réchauffement climatique et les catastrophes humaines que celui-ci va entraîner si nous ne faisons rien pour l’enrayer constatation faite, d’où nous allons, je vous prie de lire ci-dessous la lettre ouverte que le philosophe Patrice Maniglier vous a adressée dans Libération et qui saura certainement mieux vous convaincre que que ces personnalités saurons vous faire réfléchir à ce qui est le meilleur pour l’avenir de vos filles. Vivront-elles mieux dans la continuation de la CONCURRENCE DE TOUS CONTRE TOUS que M. Macron nous imposera quand le maintien de votre candidature l’aura fait élire président. Ou au contraire, vivront-elles mieux dans l’ÉCOSOCIALISME et l’AVENIR EN COMMUN, que le retrait de votre candidature aura permis de développer en élisant leur porte parole temporaire 6ème République JLM Hamon, choisissez-vous de couler JL Mélenchon et tous les espoirs qu’il a su éveiller, principalement dans la jeunesse ? Votre dernière chance de changer l’avenir, c’est jeudi lors des entretiens de France 2, où vous devez nous annoncer votre de me lire et surtout d’écouter et de lire les personnalités que je vous Hamon je vous souhaite de faire le bon choix pour vos ouverte du philosophe Patrice Maniglier publiée dans Libération le 11/04/2017 et demandant à Benoît Hamon de retirer sa Hamon,Je fais partie de ces gens qui ont souhaité votre victoire aux primaires de feu la Belle alliance populaire», de ceux qui ont appelé à une candidature unique de cette dernière, des écologistes et de La France Insoumise, quand il semblait naturel que vous la représentiez, quand vous deviez la représenter, de ceux qui ont été agacés par l’attitude de M. Mélenchon lorsqu’il paraissait s’opposer à cette fusion pour des raisons que je croyais alors d’ambition dans la continuité de ce mouvement d'adhésion que je m’adresse à vous pour vous prier d’envisager sérieusement l’hypothèse d’un retrait de votre candidature en faveur de M. savons tous combien cette décision paraît invraisemblable, même a priori scandaleuse. Mais seuls les gestes qui trouent la vraisemblance ouvrent des espaces authentiquement politiques, car ils découvrent soudain une brèche dans laquelle s’engouffre l’enthousiasme collectif, celui qui nous donne la force d’inventer ensemble au lieu de nous condamner à gérer la sommes devant une situation exceptionnelle. Aujourd’hui, la perspective d’une victoire de la réorientation de la gauche de gouvernement dans le sens d’une résistance plus décidée aux lois des puissants, que nous avons tant attendue, semble à portée de main. Cette orientation, vous la représentez. C’est elle qui vous a mis dans la position exacte où vous êtes actuellement. Ne pas tout faire pour lui permettre de s’accomplir est tout simplement trahir l’esprit même de votre candidature dans la situation où nous sommes, il semble clair que votre campagne n’a pas su convaincre les électeurs. Certes, vous me direz que les sondages sont incertains, qu’on a toujours des surprises, etc. Mais vous savez bien que, si les sondages ne peuvent pas prédire l’avenir, ils donnent en revanche du présent une image assez exacte ; et surtout, ils ne se trompent jamais du point de vue des tendances. Or les tendances ne laissent aucun doute votre candidature s’effondre, celle de Jean-Luc Mélenchon explose. A deux semaines de l’élection présidentielle, nous ne pouvons pas nous abuser nous-mêmes en nous faisant croire à un retournement. Vous perdrez, et vous perdrez se passera-t-il à l’issue de votre défaite ? Les cadres du Parti socialiste qui vous ont si honteusement trahi et ont à la fois vidé la primaire de son sens et rendu votre campagne impossible car comment faire confiance à un homme en qui son propre parti ne fait pas confiance ? vous attribueront la responsabilité de la défaite. Ils reprendront le Parti socialiste, qui leur appartient, et tout l’effort de rénovation dont vous êtes porteur s’évaporera. Ils auront pour eux la victoire de M. Macron. Vous connaissez votre appareil c’est un parti d’élus, l’essentiel de ses forces ira vers les forts, ceux qui paraissent les plus susceptibles de les faire élire ou réélire, qui seront ceux qui se sont ralliés à la majorité présidentielle». Vous serez balayé, vous et tout ce que vous représentez, à quoi, justement, nous y a une autre hypothèse vous renoncez maintenant à votre candidature en faveur de Jean-Luc Mélenchon ; la dynamique que ce dernier a acquise lors des dernières semaines sera confirmée à tel point qu’un certain nombre d’électeurs anticipés de M. Macron se diront qu’il n’y a plus lieu de céder à l’argument du vote utile en renonçant à leurs convictions profondes et que Jean-Luc Mélenchon peut, tout aussi bien que l’ancien ministre des Finances, nous éviter un second tour entre ces deux nuances de la droite extrême que sont M. Fillon et Mme Le Pen ; ce mouvement se nourrissant de lui-même, la confiance attirant la confiance, le candidat de La France Insoumise pourra alors très vraisemblablement gagner l’élection présidentielle. C’est vous, et non pas M. Valls et ses amis, qui serez alors en mesure de suggérer à votre parti de rejoindre une alliance autour de la majorité présidentielle», une majorité de gauche avec des nuances et des couleurs variées. Ne craignez pas de céder tout à M. Mélenchon. L’élection présidentielle est une chose ; les législatives, une autre. Vous pourrez au contraire encourager les Français à doter l’exécutif présidentiel d’une force législative constructive et critique, portée par un Parti socialiste conçois les objections de principe nombreuses qui vous viennent à l’esprit. Comment pourrais-je priver de candidat les millions de citoyens qui m’ont désigné pour les représenter ? Mais ceux qui ont voté pour vous l’ont fait justement parce qu’ils souhaitaient une authentique alternative au sein de la gauche de gouvernement dont les ont privés depuis des décennies les cadres du Parti socialiste contre lesquels vous avez vous-même lutté. C’est en ne vous retirant pas, et donc en empêchant la victoire de cette réorientation, que vous les trahissez. Et vous ne nous ferez pas croire que M. Mélenchon n’incarne pas cette réorientation lorsque vous vous croyiez le favori, vous le disiez assez. Certes, il y a d’importantes nuances tant de fond que de forme entre vos deux propositions, mais elles ne sont pas du genre qui méritent de nous condamner à reconduire la situation politique que nous connaissons depuis si longtemps, coincés entre des politiques d’alignement néolibéral et une menace néofasciste toujours croissante, l'une alimentant l' ne nous ferez pas croire non plus que le même parti qui s'est retiré à l'unisson du deuxième tour des élections régionales pour faire barrage au Front national», parfois au profit de droites très dures, n’est pas capable d’envisager de se retirer pour des raisons qui ne sont pas, pour une fois, uniquement négatives, qui ne tiennent pas exclusivement à l’épouvantail frontiste, mais visent à construire véritablement quelque chose, porter une espérance et ouvrir une perspective. Brisons la malédiction qui semble mettre depuis tant d’années le Parti socialiste du mauvais côté de l’histoire, du côté qui la rend toujours plus d’ailleurs avec surprise beaucoup de fidèles électeurs socialistes parmi mes amis s’indigner soudain qu’on les appelle au vote utile. Mais votre candidature n’est pas comme celle de M. Poutou une candidature de témoignage ou d’agit-prop. Cela a des avantages il vous arrive d’être élu, mais aussi des inconvénients la cohérence et donc l’honnêteté véritable exigent de vous que vous cédiez à l’esprit de responsabilité dont la gauche de gouvernement se revendique depuis toujours, autrement dit que vous fassiez des compromis douloureux pour faire gagner dans les urnes les grandes orientations que vous en prenant seul cette décision, vous court-circuitez les appareils qui ont organisé la primaire. Mais ce sont les têtes dirigeantes du Parti socialiste, et d’abord M. Valls, qui ont vidé la primaire de son sens. L’appareil n’a pas su se défendre, il est même en réalité complice, vous ne lui devez rien. D’ailleurs, vous lui rendrez service. Reste la question des frais de campagne. Mais vous pouvez lancer une souscription populaire et je crois sincèrement que vous verrez alors quel bel élan populaire vous accompagne dans ce Hamon, j’en appelle à votre esprit de responsabilité, à votre rigueur et à votre courage. Je crois en toute bonne foi qu’à la réflexion, vous devez vous-même vous rendre compte qu’aucune des objections au retrait de votre candidature ne tient à l’examen. Ne privez pas ceux qui vous ont porté d’une opportunité vous n’avez pas le courage d’accomplir ce geste d’espoir, alors ce n’est plus à vous que nous devons nous adresser mais à tous vos électeurs, pour les inviter à prendre, eux, cette responsabilité que vous n’avez pas le courage de prendre, pour qu’ils vous abandonnent massivement à la défaite certaine qui vous attend et portent leur suffrage sur le seul candidat aujourd’hui en mesure de rouvrir l’espace politique, Jean-Luc Maniglier philosophe 11/04/17 Hamon sacrifiera-t-il ses filles pour les finances du PS ?Hamon sacrifiera-t-il l’avenir de ses filles sur l’autel de Solférino? Pour sauver les finances du Ps, il divise la gauche entre deux programmes frères. Il fait gagner MACRON-UE-MEDEF, ses électeurs de la primaire ne l’ont pas élu pour ça !Monsieur HamonQuel avenir choisissez-vous pour Liv et Milana ?Leur choisissez-vous un avenir dépendant d’un président dont vous dites "Emmanuel Macron n'est pas de gauche" ? Avez-vous milité 30 ans au PS pour que vos filles aient à lutter toute leur vie dans une concurrence sans aucune solidarité. Leur souhaitez-vous un avenir où de l’école au travail, elles aient toujours à lutter contre les autres, dans la lutte au mieux pour les bonnes places ou au pire pour la survie ? Un avenir où la “concurrence libre et non faussée” de l’UE va jusqu’à la concurrence entre individus ne laissant que le choix d’écraser ou être écrasé ?Vous le savez bien vous ne pouvez pas gagner la preuve vous vous présenter comme député ce n’est pas vous qui dirigerez la France et forgerez le destin de vos filles. En maintenant votre candidature vous savez que vous divisez la gauche et que vous la faites perdre. En vous maintenant vous faites élire le candidat dont la politique vous a fait quitter le choisissant de faire gagner le candidat de la droite qui se cache sous un “et droite et gauche” vous choisissez de le laisser appliquer les diktats de Mme Merkel. En nous soumettant aux traités de libre échange n’avez vous pas déclarez être contre le CETA? le président Macron interdira tous les contrôles démocratiques et toutes les évolutions sociales et environnementales nécessaires pour maintenir les peuples d'Europe après cinq ans de perte de souveraineté, de perte de contrôle sur leurs conditions de vie, les Français, en 2022, éliront Marine Le Pen. Sous un gouvernement d’extrême droite, plus de cohésion sociale, le pays se déchirera dans la guerre civile. Vos filles pourront-elles se développer harmonieusement dans ce monde d’adversité, ne pourraient-elles pas être victimes des luttes fratricides des Français entre eux ?Dans ce monde du chacun pour soi pour la survie, l’écologie n’a pas sa place, le réchauffement du climat ira de mal en pire. Avec les pénuries alimentaires et les milliards de réfugiés climatiques obligés d’émigrer, les guerres internationales se multiplieront. Elles pourraient bien finir, avec des dirigeants comme Trump, en guerre atomique qui anéantirait l’ensemble de l’humanité, y compris vos filles !Est-ce l’avenir que vous choisissez pour votre descendance ? Oui, que vous CHOISISSEZ , car le choix est dans vos mains. Soit vous maintenez votre candidature et livrez vos filles à leur destin sous le président Macron-UE-MEDEF puis la présidente Le Pen-Guerre-Civile. Soit vous leur choisissez un destin dans un tout autre monde, dans un monde d’ÉCOSOCIALISME. Non seulement vous choisissez le destin de vos filles, mais vous choisissez le destin de l’ensemble des Français au minimum. Mais en fait, en choisissant le destin de la France, c’est certainement aussi le destin de l’EUROPE et donc de l’humanité entière que vous choisissez. Vos filles ne font-elles pas parties de l’humanité ?Vous pouvez, pour vos filles vous DEVEZ, choisir de VOUS DÉSISTER. En renonçant à votre candidature, vous laissez un choix clair aux électeurs. Soit ils choisissent de voter pour le statu quo de Macron et nous aurons dans 5 ans l’extrême droite au pouvoir. Soit ils choisissent le progrès démocratique de la 6ème République et la lutte contre le réchauffement climatique du programme de l’Avenir en un seul candidat, pour défendre un programme très proche du votre, vos idées ont de fortes chances d’être mises en pratique. Certes ce n’est pas vous qui les porterez, mais peu importe qui est le porte-parole, l’important est qu'elles aient une chance d’améliorer le monde, et d’améliorer l’avenir de vos votre candidature demande du courage, car une majorité des apparatchiks du PS veulent que vous fassiez gagner Macron en vous maintenant. De plus le retrait de votre candidature ruinera le Ps, car les frais de la campagne électorale ne lui seront pas remboursés mais sous 5% ils ne sont pas remboursés, vous y êtes presque!. Vous avez donc aussi, accessoirement, l’avenir du Ps entre vos qu’est-ce qui est mieux pour l’avenir de la Gauche, un Ps en faillite après les élections, qui meurt d’une belle mort, nette et sans déchirement vous êtes bien pour le suicide assisté n'est-ce pas ?. Ou vaut-il mieux un Ps qui survit encore quelques temps, avant de mourir dans la souffrance d’une bataille entre Vallsistes et Hamonistes pour s’accaparer les remboursements des frais de campagne et les dotations de l’État aux partis politiques certainement pas très élevées vu le nombre ridicule des députés Ps élus. De toutes manières le Ps ne peut pas survivre à cette future bataille de chiffonniers pour sa mieux vaut un Ps mort en faisant gagner la gauche. Puis reconstruire un parti vraiment SOCIALISTE, pas de nom, mais d’idėal, avec comme cadre une NOUVELLE CONSTITUTION. Un nouveau parti qui sera fier de son chef, Benoît Hamon, auréolé de son sacrifice pour l’intérėt général des Français et de la Monsieur Hamon, avez-vous le courage de sauver l’avenir de vos filles ? Ou préférez-vous qu’elles vous maudissent pour les avoir sacrifiées sur l’autel de votre parti, pour les avoir vendues pour sauver les finances de feu le Parti ex “socialiste” ? 04/04/17 MÉLENCHON, SEUL VOTE UTILE !Comment faut-il le dire, comment faut-il le crier pour être entendu par les Français ?Voter pour tout autre candidat que Mélenchon, c’est tôt ou tard nous livrer au FHAINE ! Ne pas votez JLM en 2017, c’est MARINE-TRUMP présidente en 2022 !Comment les Français, qui, il y a un an, REJETAIENT à 70% la loi MACRON-El Khomri de casse du droit du travail, peuvent-ils aujourd'hui plébisciter son auteur sous prétexte de votutil ?MACRON-UE-MEDEF a été l’exécuteur des basses oeuvres de l’UE pendant tout le quinquennat de Hollande, d’abord comme conseiller à l’Élysée pour, entre autres, faire signer le TSCG au tout nouveau président, puis comme ministre de l’économie. Il est l’auteur direct de la Loi MACRON, anti-écologique bus Macron... et anti sociale, du commencement de la dérégulation du travail travail du dimanche… Il a été l’exécuteur zélé des diktats de la Commission Européenne, notamment par la loi de casse du droit du travail, dont il camoufle sa paternité sous le prête-nom de El son programme est la suite logique de son action sous Hollande, dont il est l’héritier direct. C’est la copie conforme de la feuille de route de l’UE. D'ailleur Mme Merkel ne s’y est pas trompée, elle a adoubé le candidat En Marche à Berlin. Et voilà cet énarque, rhabiller en candidat anti-système, par les médias appartenant à ses amis et soutiens oligarques Drahi, Bouygues, Pigasse, Niels, Arnauld…. Leur candidat nous l’assure, il va faire la “révolution”. Oui, la révolution contre notre système social assurément, mais du système capitaliste, en aucun cas. Un ancien banquier de la banque Rothschild ne peut que faire la révolution POUR les banquiers, le hourrite de crâne médiatique est bien En Marche. Et pour faire disparaître les doutes que l’examen du pédigrée de leur poulain pourrait provoquer, nos oligarques médiatiques nous vendent l’archétype du système comme champion anti-Le Pen. L’application de sa politique économique, aux ordres de l’UE entre autres CETA, TAFTA… pendant 5 ans, ne peut qu’aggraver notre perte de souveraineté et ainsi augmenter les récriminations des Français contre l’UE. Donc, logiquement, son quinquennat ne pourrait qu'amplifier l’adhésion aux thèses NATIONALISTES de l’extrême-droite. Nonobstant cela, MACRON-UE-MEDEF est déclaré champion du VOTUTIL pour éliminer MARINE-TRUMP au second tour. Pourtant, au contraire, le candidat de l’UE serait son meilleur promoteur et assurerait un boulevard pour Le Pen présidente en certains, qui bravaient les lacrymogènes et les matraques du pouvoir socialiste, peuvent-ils voter pour le candidat du Parti Scélérat ? Est-ce pour les remercier des 49/3 et de la répression passée, et à venir, car encore facilitée par leurs lois de surveillance et de répression généralisées dont état d’urgence à perpète ?Comment les électeurs de la “belle alliance populaire” peuvent-ils voter pour un candidat sans pouvoirs ? Sans le pouvoir de faire le ménage dans les investitures des promoteurs et des votants de la loi Valls-Macron-El Khomri, qui, pour sûr, abrogeraient à ses ordres, leur propre loi. Sans le pouvoir de sortir du Parti Solférinien, ces apparatchiks qui appellent à voter pour l’adversaire. Sans le pouvoir de faire adhérer à son programme trop socialiste ! ceux qui ne peuvent trouver de place chez Macron et sont donc obligés de le soutenir pour profiter de l’investiture du Ps. Comment les électeurs qui vont voter pour lui, peuvent-ils croire un instant que Hamon président pourrait s’imposer ? Imposer à Mme Merkel et aux 25 autres chefs de gouvernement de l’UE de renégocier les traités comme il l’a promis pour se faire élire. Alors, que sans cette renégociation, aucunes des avancées de son programme ne sont possibles. Hamon président, c’est la France transformée en Grèce sous les électeurs de Hamon peuvent-ils diviser la gauche en ne se concentrant pas sur le candidat capable d’appliquer un programme d'Écosocialisme, très proche des idéaux des écologistes d’EELV qui ont voté pour l’Union de la gauche, pas pour union avec le Ps et des idéaux des “militants” “socialistes”.Comment certains qui passaient leurs Nuits Debout à refaire le monde, peuvent-ils aujourd'hui S’ABSTENIR de le changer par les urnes ?Alors que le discrédit de la droite et la dynamique du vote utile contre l’extrême droite en finale, permet à un candidat de refaire pacifiquement le monde en plus humain. Comment, en s’abstenant, peuvent-ils laisser gagner le statut quo, et lâcher les rênes à l’esclavagisme et au réchauffement climatique de l’ultralibéralisme ?Comment des chrétiens qui devraient chérir l’honnêteté et la générosité, peuvent-ils voter pour un voleur qui annonce qu’il fera la peau à notre protection sociale qui protège pourtant les plus faibles?Comment peut-on se prétendre des valeurs chrétiennes et voter pour FILOU-BLIZTKRIEG, qui veut anéantir notre droit du travail et la sécurité sociale à coups d’ordonnance et de 49/3, en douce, pendant les vacances qui suivent les élections ?Comment des citoyens peuvent-ils souhaiter le couronnement, à notre royauté élective, de la reine de la discorde entre habitants de la France ? Comment peuvent-ils nous préparer la guerre civile entre les différentes sortes de Français, entre ceux qui la soutiennent et TOUS LES AUTRES ? Comment peuvent-ils préparer les guerres internationales, que le nationalisme exacerbé ne peut que provoquer ? Ne veulent-ils pas vivre en paix ?La leçon de Trump ne leur suffit-elle pas pour comprendre qu’élire une millionnaire se prétendant la représentante du peuple, ne peut aboutir qu’à lui donner un chèque en blanc pour qu’elle en dispose à sa guise ?Pour échapper à ces non-choix, nous n’avons qu’un choix, le VOTE UTILE pour le seul candidat nous offrant un Avenir en Commun. Un avenir, pacifique, de partage et de justice, où chacun aura la chance de s’exprimer et de s’épanouir. Mais, surtout, il nous donne les moyens d’éviter que “le ciel ne nous tombe sur la tête”. C’est à dire, il nous donne les moyens de lutter contre le réchauffement climatique et, en cela, peut-être, sauver l’humanité toute entière !Pas une voix ne doit manquer au VOTE UTILE pour le PRÉSIDENT JL MÉLENCHON ! 29/03/17 M. Hamon, en conscience, choisissez de faire perdre ou gagner la gauche ? La gauche doit vivre, et nous refusons, je refuse qu’elle te suive dans le tombeau » Nous n’avons pas le droit d’abandonner la gauche »“La Gauche doit vivre” et pour cela, doit-il y avoir deux candidats pour la représenter, pour la diviser et finalement, pour la faire perdre ? Pour sûr Henri Emmanuelli aurait su comprendre la priorité. Entre la mort de toute la gauche divisée et éliminée du second tour de la présidentielle, et l’effacement du moins bien placé, il n’aurait pas hésité. Entre faire triompher la plupart de ses idées, certes portées par un autre parti, plutôt que de faire gagner le camp adverse et condamné les Français à la régression sociale, il aurait su faire le sacrifice de son parti pour l’intérêt général. Quitte “à ne jamais renoncer » à reconstruire un PS fort après la victoire de l’autre gauche. Oui, avec deux candidats la Gauche va mourir, mais c’est surtout le PS qui est mort, pour l’avoir tuée. Êtes-vous le digne successeur de votre maître à penser, lui pour qui les idées étaient plus fortes que les allégeances à une s’il ne sert à rien de faire parler les morts, saurez-vous écouter les vivants ? Quand partout de la gauche, s’élèvent des voix appelant à l’union pour une candidature unique, allez-vous être sourd aux cris de désespoir lancés, tant par des anonymes que par des personnalités ?Resterez-vous indifférent à l’appel de Philippe Torreton écrivant une lettre ouverte pour une candidature unique. Lui saurait être “animé par une conscience vitale d'une urgence à changer la société et pour être conforme à mes déclarations, j'aurais eu l'abnégation de me retirer en invitant solennellement mes concitoyens à voter pour l'autre leader de gauche afin de ne pas faire partie du club des couillons qui font perdre leur camp. » que des millions d’électeurs de Gauche, devant le non choix d’un vote pour rien, de l’élimination dès le premier tour de ses deux représentants, choisissent comme M. Torreton de voter nul avec 2 bulletins Hamon et Mélenchon dans l’urne ou tout simplement de s’abstenir ?Nous condamnerez-vous à subir le VOTUTIL de droite pour MACRON-UE-MEDEF qui est l'exact opposé de votre programme, celui de la casse sociale de la loi Macron-UE-MEDEF-El Khomri, que les électeurs de la primaire de gauche ont justement refusé en votant pour vous. Et si le PS prétend que Macron est de gôche, les ralliements de droite nous démontrent le contraire. Ses derniers ralliements sont parlants, même des SARKOSISTES l’adoubent. Ou nous forcez-vous juste à nous abstenir au second tour, même si cela devait faire gagner entre la peste et le choléra beaucoup ne choisiront plus. L’épouvantail FN ne cache plus désormais le FASCISME DE L’ULTRA LIBÉRALISME des traités européens y compris ceux de libre-échange à venir CETA, TAFTA, traité avec le Japon etc…. Car pourquoi choisir, entre le risque du FN, tout de suite, mais sans majorité, qui nous fera peut-être sortir de cette UE, et la certitude du FN triomphant dans cinq effet, dans cinq ans, quand le FN restera seul et majoritaire contre la perte irrévocable de la démocratie et de la souveraineté des peuples imposée par l’UE. Quand les multinationales, grâce aux tribunaux arbitraux des traités de libre-échange imposeront leurs lois et interdiront toutes évolutions sociales et écologiques. Quand les lobbies continueront de manipuler la commission et que MACRON-EU-MEDEF suivra à la lettre les désidératas de Mme Merkel il vient d’ailleurs d’aller lui faire allégeance, comme vous d’ailleurs. La gauche que vous aurez tuée ne sera plus là pour redonner de l’espoir en un Avenir en Commun et elle sera orpheline d’un président Insoumis avec le courage de JL Mélenchon pour la porter. Dans 5 ans le Fhaine restera le seul moyen de rejeter notre mise en esclavage sous l’oligarchie. Dans cinq ans, les français croiront se débarrasser de la concurrence du tous contre tous, en éliminant la concurrence avec le monde, pourtant la concurrence restera interne à la France et se sera entre Français que la guerre civile fera ne nous laisser que ce non-choix, alors que la gauche à une chance inespérée de gagner la présidentielle. Alors que la pourriture de la droite éclate avec les affaires Fillon, jamais elle n’a été aussi disqualifiée. Les sondages, même s’il faut ne les prendre que pour des tendances, montrent bien que la Gauche pourrait gagner. Les 14% pour MÉLENCHON-FI, plus les 12% d’Hamon, ensembles, pourraient faire 26%. 26% c’est plus que les 25% pour MACRON-EU-MEDEF, qui d’ailleurs, en perdant son statut de VOTUTIL au profit du VOTE UTILE DE GAUCHE DE MÉLENCHON, serait bien plus bas les électeurs de Macron sont les moins sûrs de leurs votes. Dans un second tour LE PEN-MÉLENCHON, j’ose croire que les électeurs sinon les partis sauront choisir le vote le plus constructif, le vote de la 6ème République et de l’Avenir en l’avenir des Français ne vaut rien face à votre désir, M. Hamon, de sauver plutôt de discréditer encore plus le Ps, en maintenant à tout prix votre candidature, peut-être l’avenir de l’humanité fera-t-il le poids contre votre obstination suicidaire ? Car enfin, face à la catastrophe écologique que TRUMP nous prépare avec sa relance des énergies carbonées et sa dénonciation de la COP 21, ce n’est pas l’UE des traités de libre-échange des millions de tonnes de CO2 des porte-conteneurs parcourant les océans qui va arrêter notre descente aux enfers du réchauffement climatique. Comment les écologistes de EELV peuvent-ils vous soutenir alors que vous allez faire élire le candidat du laisser faire écologique. Leur faut-il encore plus de pollution par les bus-Macron. Leur faut-ils encore plus de sabotage d’un moyen de transport plus propre, le train. Est-ce pour faire couler la SNCF que Jadot s’est désisté pour vous ? Est-ce pour développer les EPR soutien de Macron à l’EPR de Hinkley Point... et pour ruiner EDF, que les adhérents de EELV ont voté pour l’union de la gauche ? D'ailleurs, Ils ont voté pour l’UNION DE LA GAUCHE, pas pour l’union avec le vous désistant ce n’est pas que la Gauche Française que vous sauverez, mais c’est l’espoir d’impulser un ÉCOSOCIALISME qui montrera au monde entier comment faire évoluer la société mondiale, pour qu’elle s’attaque au défi de son extinction que le changement de climat ne peut qu' vous ne vous désistez pas, j’espère que jusqu’à la fin de vos jours votre responsabilité dans le malheur de milliards d’humains dans la survie, vous torturera la conscience. Mais avez-vous une conscience ? Si vous vous maintenez c’est que vous n’avez pas de 28/03/17 M. Hamon qui trahit la gauche ?"Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de trahisons". M. Hamon, vraiment ! vous ne vous attendiez pas à tant de trahison de votre camp !Après que bon nombre des poids lourds du Ps, après que les perdants de la primaire qui avaient promis-juré, de soutenir le vainqueur, après que vos ex collègues ministres, dont le mastodonte, ministre de la défense, appellent à voter pour votre adversaire, allez-vous continuer à subir l’humiliation jusqu'à ce que le président de la république appelle à voter pour son héritier de coeur contre vous, sous prétexte de vote utile contre toutes ces trahisons étaient prévisibles. Macron a repris à son compte le programme de Hollande, c’est à dire le programme de l’UE, qu’il avait impulsé comme conseiller à l’Élysée, puis comme ministre. Il est donc normal que le président l’adoube et tout aussi normal que les ministres et les députés qui l’ont mis en pratique et voté pendant 5 ans, assument leurs actes. D’ailleurs vous devez aussi juger cela normal puisque vous n’appelez pas à ce que ces “traîtres” soient exclus en fait, vous n’en avez pas le pouvoir !.C’est votre victoire à la primaire qui est anormale. Vous devriez comprendre que votre victoire, vous ne la devez ni à votre programme, ni à votre personne. En votant pour vous quelques ex-électeurs de Hollande de 2012 ont juste voulu sortir Valls et rejeté ces 5 années de politique d’austérité budgétaire et de casse imposant au Ps un programme plus social mais impossible à appliquer avec les traités européens ultralibéraux le CETA va encore plus celler le libre-échange et la concurrence du tous contre tous et en ne vous donnant aucun moyen de chantage pour imposer à l’UE de les changer, les exécutifs du Ps reconnaissent l’impasse politique où vous les dites-vous, vous avez la légitimité de vos électeurs de la primaire. Qu’est-ce qu’un miroir aux alouettes sans pouvoir sur son camp a comme légitimité ? Qu’est-ce que des promesses de raser gratis ont comme pouvoir de changer les choses ? Certes vous avez alléché quelques véritables socialistes de la société avec votre revenu universel, tout comme Hollande les avaient alléchés avec “mon ennemi c’est la finance”. Mais la majorité des gens de Gauche ne vous juge plus sur vos paroles mais sur vos actes. Qu'avez vous fait pendant ces 5 années, juste mettre en pratique le TSCG comme ministre et vous ABSTENIR de bloquer la casse sociale de la loi Macron-MEDEF-El Khomri comme député. Et maintenant vous voulez nous faire croire que vous allez faire abroger cette même loi par Mme El Khomri, par M. Valls, etc… comme députés. Vous vous moquez vraiment de vos électeurs de la primaire. M. Hamon votre crédit dans l’opinion ne dépasse pas vos 60% des votes à la rachitique mais gonflée primaire Ps et encore!, tous les autres électeurs de gauche ne mettront plus jamais un bulletin Ps dans l’ soit, ils s’abstiendront, trop dégoûtés par vos trahisons, soit, ils auront la curiosité d’aller consulter le programme de la France Insoumise, malgré le black-out médiatique contre le seul “candidat anti-système” que le système rejette vraiment. Plus JL Mélenchon sera visible par la campagne officielle et plus son programme convaincra les Français. JLM vous a déjà doublé dans les sondages, malgré la triche qu’ils utilisent pour valoriser au plus haut votre Hamon vous n’avez qu’une manière de nous prouver votre sincérité quand vous défendez un programme de gauche et écologique. C’est de faire gagner le programme de gauche qui est le plus en position d’être mis en pratique par l’élection de son porte-parole. Le seul programme d’ÉCOSOCIALISME qui ait une chance de nous sauver de la déchéance écologique et sociale de la droite MACRON-UE-MEDEF y compris est celui de la FRANCE INSOUMISE. L’”Avenir en Commun” a beaucoup en commun avec votre programme, mais il n’a aucune chance d’être choisi par une majorité si vous divisez les voix de Gauche, si vous sabotez ses chances d’atteindre le second Hamon, que devez-vous à vos électeurs de la primaire et à l’ensemble des électeurs de gauche ? Devez-vous maintenir votre candidature pour que vos amis du Ps appellent au VOTUTIL pour MACRON-UE-MEDEF au second tour ? Ce qui serait leur imposer la politique de casse sociale loi Macron-El Khomri, qu'ils ont justement rejetée en votant pour devez-vous vous désister pour JLM ou au moins retirer votre candidature pour que le VOTE UTILE POUR LE SOCIAL ET POUR L’ÉCOLOGIE gagne au second tour contre MARINE-TRUMP ?Votre avenir politique personnel aussi dépend de ce choix, car si vous faites gagner la droite, vous êtes fini politiquement, plus aucun électeur ne votera pour un traître à son camp. Alors que si vous vous êtes effacé pour l'intérêt général, vous deviendrez le héros qui a su se sacrifier pour sa cause et vous aurez un boulevard pour conquérir votre parti redevenu SOCIALISTE, le PS étant débarrassé de ses libéraux qui ont rejoint derniers jours M. Hamon. vous pouvez, VOUS DEVEZ RETIRER VOTRE CANDIDATURE, pour que le VOTE UTILE DE GAUCHE pour MÉLENCHON lui permettent de devenir le président de la 6ème république et de la sociale-écologie que vous et M. Jadot êtes devant vos responsabilités, le succès ou la défaite de la gauche est entre vos mains. Choisirez vous de la trahir ou choisirez vous de la faire gagner ? Vous vous DÉSISTEREZ, pour qu’aucun de vos électeurs de la primaire ne dise de vous "Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant de trahisons" de la part de mon 28/02/17 Oui, un débat HAMON-MÉLENCHON est indispensable !Les rédactions de Médiapart, Libération et Regards proposent un débat public entre JLM et B. Hamon, débat filmé dans l'émission ouverte à tout public sur le site de Médiapart. Ce débat est indispensable pour clarifier les positions des 2 candidats de la faut absolument un débat entre JL Mélenchon et B. Hamon. Au moins pour mettre Hamon devant la réalité que Médiapart souligne par cette phrase "Benoît Hamon ne parvient pas même à convaincre les électeurs socialistes et l’appareil du PS".Les contradictions entre son programme et les positions de ceux qui seraient censés le soutenir à l'Assemblée doivent être mises au jour pour montrer l'IMPOSSIBILITÉ d'agir d'un président Hamon dans l'hypothèse très improbable qu'il puisse être élu. Donc son programme, plus écolo plus de nucléaire non + d’EPR ; plus de social Revenu Universel d'Existence infinançable austérité de l'UE ; plus de démocratie refonte des institutions sans personnes pour la voter ; abrogation de la loi de casse du droit du travail, par Mme El Khomri, Ms Valls et tous les députés qui l’ont votée ou se sont abstenus, toutes ces promesses ne sont que des miroirs aux alouettes pour, une fois de plus, attirer les naïfs. L’avenir en commun de tous les Français dépend que la Gauche n’ait qu’un seul candidat et ce débat doit permettre de montrer les enjeux et les positions doit d’abord démontrer à BH qu’une majorité d'électeurs ne VOTERONT PLUS JAMAIS PS, 5 ANS DE DÉFAITES ÉLECTORALES et toutes les régions, sauf une, gagnées par la droite et même SANS AUCUN ÉLUS PS dans le Nord et en PACA sont de bien meilleures preuves que tous les sondages truqués donnant BH devant JLM. Donc JLM DOIT ÊTRE LE CANDIDAT UNIQUE pour le changement, maintenant !Mais cela veut aussi dire que JLM DOIT faire des CONCESSIONS à son concurrent. Pour que BH abandonne sa candidature, il faut lui proposer, non pas d’obscures tractations à la Jadot, mais au contraire lui proposer PUBLIQUEMENT, dans ce débat, d’accepter de mettre en commun leurs forces sur tout ce que leurs 2 programmes ont en commun. Pour cela BH et certains de ces soutiens doivent ėtre invités à réaliser les points de leur programme identiques à ceux de la FI, dans le futur gouvernement du PRÉSIDENT MÉLENCHON. Ce gouvernement d’union de la gauche doit être annoncé AVANT l’élection, pour que les électeurs aient la certitude que les engagements seront respectés. La mise en place d’une Assemblée Constituante préparera la 6ème République que tous les deux souhaitent et elle choisira démocratiquement nos futures institutions et notre Hamon pourrait devenir ministre de la Solidarité pour améliorer les minima sociaux dans l'esprit du Revenu Universel d'Existence. Y. Jadot pourrait devenir ministre de l'écologie pour faire la transition écologique dont il rêve. T. Piketty serait le ministre de la réforme fiscale pour enfin mettre en place des impôts plus justes... Les programmes de Hamon et de l'"AVENIR EN COMMUN" ne sont pas si éloignés qu'ils ne puissent être mis en application ainsi par un ticket JLM PRÉSIDENT et un GOUVERNEMENT D’UNION, d’Hamonistes et d’Insoumis, ensembles pour l’avenir en commun des a la position sur l'UE la participation des Hamonistes au gouvernement leur donnerait toutes les forces pour faire réussir le PLAN A. Et s'ils ne réussissent pas à renégocier les traités et à transformer l'UE en Europe Sociale, ils devront admettre qu'il faut passer au PLAN B pour que la France réalise son programme écologique et social. Celui qui refuserait un tel gouvernement d’union porterait tout le poids de la défaite de la gauche. Si Benoît Hamon s’obstinait et maintenait sa candidature CONTRE celle du candidat du changement, alors les électeurs pourraient se poser des questions sur les réelles motivations du candidat du Ps. Là, les journalistes devront porter cette question dans le débat. QUE COMPTE FAIRE B. HAMON APRÈS L’ÉLECTION ? A-t-il en vu de se retirer de la politique ? Ira-t-il PANTOUFLER chez LVMH, chez le patron de sa femme, le milliardaire BERNARD ARNAULT ? Ça expliquerait bien sa volonté de diviser la gauche à tout prix, pour mieux se vendre à son futur employeur !Les candidats doivent accepter ce débat, car il en ressortira soit une union pour faire gagner la gauche et sauver les Français d'un avenir de guerre civile sous la droite ou l'extrême droite, soit une clarification indispensable pour choisir le candidat le plus crédible. Si les BH et JLM ne nous donnent pas cette opportunité de les comprendre et persistent avec 2 candidatures, les 2 porteront l'immense responsabilité de nos malheurs 15/02/17 Lettre ouverte à B. Hamon le vote utile oui, mais ce n’est pas vousM. Hamon vous appelez au vote utile pour que la gauche gagne avec un seul candidat. Assurément pour que la gauche gagne il ne lui faut qu’un candidat, mais si l’on examine les faits et non les manipulations médiatiques, vous n’êtes pas le candidat le mieux placé pour l’amener au second tour. Selon un sondage Kantar-Sofres-Onepoint pour Le FIGARO, RTL et LCI du 27/01/17, repris par tous les médias, vous 15% devanceriez JL Mélenchon 10% alors que Fillon, avec toutes ses casseroles, serait encore à 22%. Qui a acheté ce sondage ? LE FIGARO dont le rédacteur en chef officieux est M. Dassault qui s’achète Corbeil-Essonnes! On comprend mieux pourquoi cette de sondages a REDRESSÉ les résultats avec les chiffres de la présidentielle de 2012. Pour une telle adhésion à un candidat Ps, il fallait bien effacer le temps. Oubliées, les cantonales, les municipales, les européennes et les régionales, où les électeurs, élections après élections ont crié leur rejet du Ps. Les électeurs hurlent “NOUS NE VOTERONS PLUS JAMAIS PS” au prix des pires sacrifices. Nous payons tous les jours les restrictions, dans toutes les régions sauf une tombées à droite, deux régions n’ont même plus aucune opposition de gauche Nord, M. Dassault et les oligarques, propriétaires de tous les médias, ont-ils tant d’intérêts pour votre candidature, M. Hamon ne serait-ce pas pour “DIVISER POUR MIEUX RÉGNER”. Votre candidature est une aubaine pour eux. Ils savent que le Ps est trop impopulaire pour gagner, mais que votre candidature de ROSISSEMENT du Ps coupe l’herbe sous les pied du seul candidat de Gauche. Soyez sûr qu’ils feront gratuitement votre enfoncer le clou de la manipulation, voilà maintenant un sondage sur la SYMPATHIE qui se transforme miraculeusement en INTENTION DE VOTE. Ainsi Selon un sondage Odoxa réalisé pour L'Express, France Inter, le candidat Hamon “S'ENVOLE” à 33%. Oui mais, le candidat Mélenchon est aussi crédité de 33% chut il ne faut pas le dire! Et, comme c’est bizarre, ce sondage élit aussi des non-candidats, Juppé 35%, Bayrou 30%, et même le candidat qui a renoncé, Hollande, bénéficie de 21%. Mais à coup sûr le meilleur candidat du PS est M. Cazeneuve qui caracole à 40%. Pour le bien du Ps, M. Hamon, vous devriez vous désister pour M. Cazeneuve, car il raflerait assurément la mise au 1er Hamon, les médias savent caresser votre égo et vous convaincre que vous êtes l’ÉLU de la gauche. Mais si vous gardez quelque objectivité vous verrez qu’il y a un autre sondage, dont personne ne fait la pub, malgré qu’il n’émane pas d’un journal “gauchiste” puisque c’est “ENTREPRENDRE”. Avec une méthode sans “redressements”, la société Filteris EuroMediations, évalue JL Mélenchon à 18% des intentions de votes .D’ailleurs vous avez mieux que les sondages pour évaluer vos chances pour le 1er tour des présidentielles. Les primaires du Ps sondage grandeur nature ont brillées par la triche qui a transformé, en une nuit, 1,2 million d’électeurs en “presque 2 millions” pour sauver la face de la déconfiture du Ps. Beaucoup de vos électeurs voulaient sortir Valls mais n’ont aucune intention de voter pour vous. Vous ne pouvez même pas être assuré d’avoir le million de voix du second tour de la primaire. Quant à tous ceux qui ne se sont pas déplacés, ce sont tous ceux qui ne voteront PLUS JAMAIS Parti Hamon, si vous avez un tant soit peu de bon sens et que vous désirez réellement faire gagner la Gauche. Vous n’avez qu’une solution, VOUS DÉSISTEZ POUR JL MÉLENCHON. Et si vous croyez vraiment au Revenu Universel qui vous a propulsé dans les médias et dans la notoriété, vous aurez à coeur de devenir le MINISTRE DE LA JUSTICE SOCIALE du futur président JL Mélenchon. Pour, au moins, améliorer le sort de tous les français qui croient que vous pouvez leur apporter plus de sécurité par l’amélioration du RSA et autres minima si vous refusez de collaborer avec la France Insoumise, alors que beaucoup des propositions de votre programme ressemblent sinon s’inspirent de son programme “L’Avenir En Commun” s’est que vous préférez livrer les Français à la droite ou à l’extrême ce cas, le but de votre candidature est purement interne au Parti Solférinien, que vous espérez ravir aux “sociaux-démocrates. Devenir calife à la place du calife serait toute votre ambition. Toute la belle synthèse que vous avez engagée depuis votre élection vous montre en digne successeur de Hollande pour qui il n’y a pas d’idéaux mon ennemi c’est la finance = mon ami c’est le Revenu Universel, seules comptent les manoeuvres d’appareil qui permettent de maintenir un semblant d’ qui tiendra le temps que votre candidature ait renfloué les finances de Solferino, par les subventions électorales. Mais une fois que les apparatchiks du Ps auront assuré leurs salaires, croyez vous que les Cambadélis, Valls, Cazeneuve, Le Foll… etc, vous laisseront l’appareil Solférinien? Les Valls, El Khomri..., si par miracle ils étaient élus, croyez-vous qu’ils abrogeraient la loi de casse du droit du travail et porteraient votre Revenu Universel ?Non vous ne pouvez pas être à ce point naïf. Non, peut être ne voulez-vous qu’assurer vos vieux jours dans un fauteuil de sénateur. Mais là vous rêvez encore, après les scores des précédentes élections cantonales, municipales, régionales et certainement, celui encore plus ridicule aux prochaines législatives, les grands électeurs vont se faire rares pour vous élire sénateur. Quand, à cause de votre candidature de division, vous aurez condamnés les Français au quasi esclavage, sous FILLOU-BLITZKRIEG, ou sous MARINE LA TRUMPETTE, ou sous MACRON-MEDEF, je doute qu’ils oublient avant longtemps votre trahison et celle de tout le Ps qui cette fois sera bien mort. Les élus Ps vont devenir une rareté très disputée pour élire les sénateurs, la lutte des places, des rats qui quittent le navire, va être acharnée, et je crains que vous ne la vous ne pouvez ni assurer l’avenir du Ps, ni le votre, pourquoi donc maintenez-vous votre candidature ? Peut être son but est encore plus inavouable. Peut-être est-ce par pur égoïsme. En plus de satisfaire votre égo en mesurant votre popularité par l’élection présidentielle, vous avez peut être des motivations plus sonnantes et trébuchantes ? Peut-être que le patron de votre femme, M. ARNAULD, le milliardaire domicilié en Belgique, vous a-t-il promis une confortable PANTOUFLE de futur exécutif d’une filiale de LVMH. Un parachute doré dans le luxe comme compensation pour écarter la gauche du pouvoir, ça a de quoi plaire à un politicard qui à su se maintenir à flot pendant 30 ans en politique. Mais attention M. Hamon, les oligarques aiment avoir des retours sur investissements importants quand ils investissent dans une marionnette. Vous risquez de bien vite perdre de votre valeur marchande, quand vous serez devenu l’HOMME LE PLUS HAÏT DES FRANÇAIS qui sauront que vous les avez vendus pour ALLER À LA Hamon pour votre avenir, il vaut bien mieux vous DÉSISTER pour le seul VOTE UTILE POUR UN “AVENIR EN COMMUN” et une 6ÈME RÉPUBLIQUE JL MÉLENCHON 30/11/16 Appel à JL MÉLENCHON pour l'UNION DE LA GAUCHE La droite s'est choisi un candidat réactionnaire cela donne sa chance à un candidat d'union de la Gauche, mais pas l'union des partis de "goche", l'UNION DES CITOYENS DE GAUCHE. JL Mélenchon est le seul candidat crédible à Gauche, il doit élargir sa candidature en nous proposant simultanément un gouvernement d'union de personnalités de gauche pour appliquer immédiatement son programme ÈCOSOCIALISTE-La droite s'est choisi un candidat réactionnaire, cela donne sa chance à un candidat d'union de la Gauche, mais pas l'union des partis de "gôche", l'UNION DES CITOYENS DE GAUCHE. Un bon programme ne suffira pas pour convaincre les abstentionnistes. C'est aussi pour un GOUVERNEMENT qui sauvera notre protection sociale et notre droit du travail, que nous devons voter JL MĖLENCHON. Pour booster les énergies, comme candidat de toute la Gauche, il doit s'associer AVANT LE VOTE aux porteurs, depuis longtemps, des mesures concrètes de son programme. Ces ministres pourront donc passer immédiatement aux actes salvateurs, dès notre candidat élections du Brexit et de Trump ont montré que le rejet du "système" politique et médiatique qui nous impose le libėralisme sauvage, peut amener le pire. A force de monter les uns contre les autres dans une concurrence exacerbée, le "système" provoque le triomphe du fascisme. Partout, les extrêmes droites prennent le pouvoir ou ont le vent en poupe Hongrie, Pologne, FN, Pegida..., ou les droites "de gouvernement" LR, mais aussi le gouvernement Valls de répression et de surveillance généralisées suppriment la démocratie à coup de 49/3 et de gouvernement par ordonances promises par Fillon. Si les voix de Gauche se dispersaient "façon pulze" entre plusieurs candidats, il y a de fortes malchances que nous nous trouvions au second tour devant le non-choix de la peste ou du coléra. Et cette fois la peste brune risquerait fort de gagner, car on ne nous refera pas le coup du votutile d'accepter l'esclavage de l'ultra-libéralisme à la Fillon pour rejeter l'ultra-nationalisme du FN. Les Français choisiraient de donner un coup de pied dans la fourmilière en élisant notre il n'y a qu'une issue, choisir, dès le premier tour, le VOTE UTILE du seul candidat qui s'est engagé à abroger la Loi de casse du droit du Travail El Khomri, à changer les traités ou à sortir de l'UE si ce n'est pas possible le CETA est en passe d'être ratifié pour donner le pouvoir aux multinationales. Le candidat qui, en plus, nous offre de construire nous même notre avenir par une 6ÈME RÉPUBLIQUE. De plus l'élection du PRÉSIDENT MÉLENCHON, par l'application de l'ÉCOSOCIALISME, montrera l'exemple pour que l'Europe et le monde s'engagent concrètement pas que par les promesses sans contraintes de la COP 21 dans des mesures de réductions drastiques des émissions de que notre avenir s'éclaircisse ainsi, encore faut-il que notre Sanders soit au deuxième tour. Or les oligarques mettent tous leurs énormes moyens pour écarter le candidat "anti-système" qui à toutes les chances de convaincre, s'il est entendu. Mais tout le "système" est contre lui, les médias taisent ses propositions, et ses opposants politiques le dénigrent sans qu'il puisse se défendre avec, entre autres, la triche des nouvelles règles des temps de paroles limités pour les hors grands partis. C'est à nous de convaincre autour de nous, pour que chacun aille s'informer à la source, sur les sites de la FRANCE INSOUMISE et le blog de JL Mélenchon restera toujours des Filoche, Lienemann, Paul... pour clamer qu'un Montebourg-Clinton ou qu'un Hamon-Clinton... serait mieux placé pour représenter le changement qu'il n'a pas appliqué comme ministre appliquant sans état d'âme le TSCG que le candidat Hollande avait promis de renégocier. Aussi notre Sanders doit rassembler au maximum, pour mettre en place ce changement. Pour cela, il doit faire l'UNION DE LA GAUCHE par la sociétė civile. Il doit laisser le Ps s'entre-déchirer dans sa primaire et au contraire, rėunir dans un PRÉ-GOUVERNEMENT, des personnalités qui proposent depuis des années les mesures concrètes de progrès social que Hollande à former ce gouvernement d'union, pourquoi ne pas demander à Thomas Piketty d'être son ministre des finances pour mettre en place une réforme fiscale plus juste et des finances équilibrées. Pourquoi ne pas demander à Nicolas Hulot de devenir le ministre de l'environnement qui mettra en place la transition écologique urgente. Pourquoi ne pas appeler un économiste "atterré" pour relancer notre économie, pourquoi ne pas réduire le chômage par la réduction du temps de travail avec un Pierre Larrouturou, etc... En nous offrant un gouvernement de personnalités s'engageant à mettre en place le programme des INSOUMIS, car elles proposent ces mêmes mesures concrètes depuis des années sans que Hollande ne les aient écoutés, nous serions sûrs que tout sera fait le plus vite possible pour nous sortir de l'impasse union de la Gauche je la veux, comme je suis sûre tous les citoyens qui ne veulent pas avoir à choisir entre Fillon et Le Pen. Les conséquences d'une présidence rétrograde seraient très graves socialement, mais elles seraient encore plus dramatiques par leur accélération des catastrophes climatiques qui menacent l'Humanité entière. Même si ce post a peu de chance d'être lu, je fais ma part de colibri pour éteindre l'incendie du réchauffement climatique que nos choix politiques peuvent attiser ou aussi
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Comme la science qu’il faut avoir de Jesus-Christ n’est pas tant la connoissance historique de fa vie que la pratique de ses ver- * 2 ÎUS A T I s tus, auflì cette Imitation de Jêfas- Christ n’a pas tant de raport à l’ex- plication de son histoire , qu’à la ratification de fa doctrine ; & la figure du titre , qui représente Jesus-Christ enseignant sur la montagne les divins préceptes de la vie Chrétienne & l’Eíprit du vrai Christianisme , nous doit faire penser qu’il est ici plus question d’u- ne imitation d’eiprit, de cœur, & de pratique , que de la commémoration de quelques-uns de ses gestes extérieurs. La manière dont ce Traité est écrit fait voir que c’est plus pour les simples , que pour les savans qui ne veulent pas se simplifier ; & il n’y a point ici d’autre subtilité que celle de rendre l’ame moins charnelle & plus celeste qui est la subtilité véritable par le dégagement de tout ce qui est terrestre & bas ; point auflì d’autre ordre & d’autre méthode que ce qui part des mouvemens d’un cœur beaucoup plus touché de Dieu que re- Au Lecteur. gîé ou gêné par l’étude des hommes. On peut néanmoins remarquer dans ie premier livre une espèce de Premier Apel de Dieu , qui par des instructions proportionnées à la capacité des moins avancés, veut tirer les hommes, comme des Lazares, hors de leurs tombeaux, les apellant à se dégager de tous les embaras mondains dont ils sont liés & qui empêchent d’ouïr & de suivre sa Voix. II y apelle les uns à se défaire de leurs voluptés, les autres de leurs études & sciences steriles, d’au^ tres de leurs vaines conversations & pertes de tems, d’autres de leurs autres vices & péchés, de leurs vanités , ambition , moleste, empor- temens, sécurité & négligence spirituelle ; tout cela par une voix également douce, forte, & digne de la Sagesse & Charité infinie du Fils de Dieu. Le second livre peut servir à disposer plus particulièrement ceux qui ís sont déja dégagés des embaras ex- * z te- • A V ! 8 tc-rietirs & les plus sensibles, & qui après les avoir éloignés ci'eux, sont apellés comme le fut S. Pierre après être sorti de la Cour mondaine de Caïphe; à un recueillement intérieur, à une retraite dans eux-mêmes & dans le fond de leur cœur, qui est le lieu qu’il faut preparer à Dieu, & où il faut chercher le trésor avec pureté, silence, paix, simplicité, & amour, fans s’étonner si l’on commence ici à être mis à l’épreuve des afflictions, des delaissemens, L des croix tant exterieures qu’interieures, a quoi l’on fait bien de s’attendre. Tout cela est marqué presque en même ordre dans ce second Livre. Le troisième livre fait voir une ame qui après ces dispositions commence à entendre les inspirations que Dieu lui donne, lorsque, comme une Samaritaine , elle est sortie de sa ville qui marque le monde & des choses sensibles, pour chercher la fontaine & la source de la vie , qui est Dieu, lequel lui augmente toujours ses divines infoirations moiennant la fide. Äff L I C î Mí R. i’tpí fidélité de sa correspondance, &quî lo.[ fait croître par ìa dans elle toutes jprei sortes de vertus, accompagnées pour- e è tant de leurs épreuves. Ces vertus à font ì’Amour de Dieu, ì’humilité, la ras resignarion parfaite, la patience, la qui prière continuelle, la pauvreté d’et iea, prit, la parfaite tranquillité, la paix vec spirituelle, Tabandon total à Dieu, L le renoncement entier à toutes cho- iu. ses, être parfaitement mortaumon- les de, & à foi; la vie surnaturelle de !es la grâce & la pleine extinction de i S tous mouvemens de murmures, de E , tous raisonnemens humains, & de i. > tous defirs venans bailleurs que du Ciel. i ' Enfin le quatrième & dernier livre, i montre les mouvemens & les dispo- r fitions les plus enflammées d’une . I ame aspirante à la réception de l'Ef- i ! prit de Jesus-Christ qui fait le véritable Chrétien devant Dieu. On , ' y voit une recherche & une purification très-exacte des péchés & des défauts qui peuvent encore rester secrètement dans l’homme, & y em- , * * 4 pêcher Avis \ pèchet la venue & la résidence de cet hôte divin, que l’on y invite avec des mouvemens & des transports d’un amour autant zélé, qu’humble & respectueux ; & auffi ardent qu’é- puré de tous les fantômes de la prudence & de la raison humaine, par une foi toute simple & divine, qui seule est capable de nous unir ici à l’Esprit de Jesus-Christ , & de recevoir les impressions de fa divine i conduite. Je déclare au reste ouvertement & avec sincérité que dans ce quatrième Livre je n’ai ni traduit ni voulu traduire par-tout nôtre Au- i teur au pied de la lettre, mais en donner en divers endroits une efpe- ce de selon le sens spirituel, & intérieur. La raison est que comme il y est parlé de la Communion exterieure selon des sentimens que tous les Chrétiens n’ont pas, & qui aussi ne font pas esièntiels au salut ; tous ne pourroient fans cet expédient profiter de cet ouvrage. Ceux qui ont les sentimens de question, trouve- Au Lecteur.' veront assés d’éditions pour aider leur piété par cette voïe-là. Cette considération , de pouvoir être utile à tous, a fait aussi substituer dans les autres livres, mais très-rarement, quelques mots généraux pour un ou deux de plus particuliers, mais toujours fans rien perdre de la substance de la vérité il est même à remarquer que la plus-part de ces mots substitués se trouvent dans une très-an- cienne traduction d’un Gottique- François, laquelle on prétend avoir été faite fur un Original latin plus authentique que ceux fur lesquels on a publié les Editions &les traductions qui ont paru jufqu’ici. Si après cela je ne laiffois pas de déplaire à quelques-uns, ce ne pour- roit être qu’à ceux qui feroient jaloux que b tous Esprits louassent le Seigneur & prissent de toutes choses * s mata Votés la muselle Edition denòtre auteur fnbìiieàParû en 1 652.. Jhts le titre de la Consolation intérieure, ou îe livre de ITmitatioit de Jéíus-Christ deThomat àKempis selon son Original ; £? la dissertation gui est m se au devant, 0 Psal. i/o. Avis au Lecteur.' matière de le louer. Ce sera alles d’avoir tâché de plaire à Dieu & de contribuer à l’édification de quantité d’ames pieuses, à qui cela n’a été ni désagréable ni inutile. Je n’en dirai pas davantage après l’avis particulier qu’on a mis au devant du quatrième livre, & la Préface suivante sur tout le Traité, laquelle est pour la plûpart tirée d’une Ancienne Edition, & qui est trop belle & trop excellente pour être ici omise. Le Lecteur puisse-t-il profiter de tout pour le salut de son aine, que je lui souhaite de tout mon cœur. PRE- PREFACE. SOMMAIRE de la PREFACE. I. i-;. Fruits à estìr er de cet Ouvrage de la part des personnes de bonite volonté. 4-7. Mats non de ceux qui se contentent soit du simple extérieur de la Religion Chrétienne, soit d'une science est d’rate persuaßon sterile i gens dont le nombre est bien grand aujourd’hui. II. 8-10. Que la Religion Chrétienne étant ttne vertu de Dieu puisante £ 5? este clive > il saut pour être Chrétien mourir este/livement au péché A? revivre á la sainteté & à la justice, mime dès cette vie. ir-is. Que les subter fuges tirés de l’imputation de la justice est des mérités de J. Christ, ne valent rien pour ceux qui ne meurent point au péché & ne se revêtent point de l'Estrit de Jésus-Christ pour s’apliquer à fin Imitation. 16-19. Que l’on ne fauroitni croire ni être en J. Christ fans limitation de fa sainte vie U de fe S divines vertus. III. 19-2j. Qu’il ne faut pas se laister dé. tourner de limitation de J. Christ ni par la paresse de la nature, ni par la considération des difficultés de la voie, ni par les prétextes de nôtre foibleste est de nôtre impuissance; puit que Dieu a pomis le secours b e don de J oí Estrit tout puissant à ceux qui le demanderont ardemment est constamment , b feront leurs estorts à imiter * It Préfacé. Js. I. le Sauveur. i6. z 7 . Sam quoi l’on dematm re dam le péché est dans la mort . IV. lB, 19. Qu’elles font les marques infaillibles des vrais Chrétiens , qui seuls seront reconnus de Dieu A ?sauvés éternellement . S. I. I ce livre de I’Imita- T I O N DE JES U S- Christ, ajusqu’ici aporté quelque fruit à ceux qui se sont apliqués à le lire avec quelque attention, j’estime qu’il n’en portera pas moins encore désormais; car bien que les moeurs de ceux qui fe disent Chrétiens soient merveilleusement corrompues à présent, Dieu est néanmoins toujours si bon, que de vouloir entre la multitude infinie de ceux qui veulent périr, retirer de l’a- bime ceux qui se ravisent, & qui veulent se rendre à réclamer son nom pour être secourus» C’est ce qui nous doit donner courage, & pour grand que soit le mal, nous inciter à agir comme on fait dans les grandes & les périlleuses maladies, où l’on apliqùe prompte- Préfacé, js. L promptement tous les meilleurs re- medes que l’on peut trouver. Plus nous volons croître l’impiété, plus devons-nous rechercher les moíens d’y remedier autant qu’il est possible, & de sauver quelques âmes de tant de milliers qui font endurcies & qui ont du dégoût & de l’horreur pour toutes les saintes exhortations. II est bien vrai, hélas! & l’expérience ne l’étale & ne le prouve que trop tous les jours, qu’il n’y a jamais eu de siècle où les Chrétiens aïent été plus perdus & plus contempteurs de la piété qu’ils le font aujourd’hui cela néanmoins n’empêche pas que nous ne devions espérer que Dieu en tirera toujours quelque nombre. De plusieurs frapés de peste, il en échape toujours quelques-uns. II faut espérer qu’entre le nombre infini des faux- Chrétiens d’à présent, Dieu en touchera encore -aucuns; par sa grâce pour les retirer de la corruption du siècle, & pour les ramener à sa Crainte &à son divin Amour. Dans cette foule, d’impies Sa Majesté a toujours, * 7 quel- Préfacé. js. I. quelques cœurs qui fans consentir & sans avoir part à l’impieté & à la licence dominante, fe conservent par la vertu de son bon Esprit dans de meilleures dispositions. Et c’est ce qui- m’asermit dans l’esperance que ce petit livre ne sera pas entièrement inutile ni fans fruit. 2- Ce petit ouvrage n’est pas un éfet de l’artifice des Sages du monde. II n’a pas l’agreable ni le divertissant que la sagesse du siècle sait inspirer à ses écrivains. 11 ne traite pas non plus de choses ou subtiles ou obscures. II n’est pas rempli de questions épineuses, ni de raisonnemens rafinés. Son stile n’est ni recherché ni éloquent, comme il le faut être à présent pour aller de pair avec les livres que l’on propose au monde plus par ostentation & par un motif de vaine gloire, que par un désir d’avancer le salut des âmes. Ce livre est simple ; il est sans rafinement; il est fans ornement; Sc néanmoins il est si rempli destructions saines & salutaires, que je puis assurer avec confiance que qui le lira en Préfacé. §. I. rk sn sincérité de coeur, ne regardant Ji- qu’à Dieu & au salut de son a me, par comme ilfaut faire en toutes choses è en tirera indubitablement des avanta- ce ges qui ne peuvent s’exprimer. De ne ma part je puis affirmer touchant moi, o! que Dieu s’en est souvent servi comme d’un éguillon pour me réveiller u de mon assoupissement & de mon e. sommeil, & pour faire naître dans it moi quelque ardeur à lui obéïr j’et à père qu’il pourra faire auffi la même iî grâce à tout ceux qui le liront avec I une intention pure & simple de le connoître, le craindre, Paimer & mar- ì cher saintement en sa présence. , z. En éfet l’on peut dire que Iesli- r vres bons & saints font à ceux qui i veulent devenir vrais Chrétiens comme une espèce d’echéle ou de degrés , dont ils se servent pour s’élever vers le ciel ; ce sont comme des étincelles ou des flambeaux , qui alument dans eux l’ardeur de l’Esprit, même quand elle veut diminuer & s’étein- dre; & comme des apuis qui les aident, & qui .faiblesse de leur Préfacé. $. I. leur foi, contribuent à la faire croître. 4. Je dis pourtant que cet usage n’est que pour ceux qui aspirent à être de vrais Chrétiens car pour ceux qui fe contentent d’être Chrétiens par paroles & par cérémonies, ils font les uns si destitués du sentiment de Dieu & de leur conscience, qu’ils ne s’ocupent jamais à penser à ce qui leur seroit utile & nécestàire pour les instruire dans la vérité , & pour les faire tendre à la pratique des œuvres de la piété; ils ne s’ocupent que des choses de cette vie, tout comme s’il n’y avoit plus rien après elle. D'autres, qui íè croient moins matériels, ont l’eíprit si attaché aux lettres & à l’érudition du monde , qu’ils ne sauroient estimer que les livres qui peuvent les rendre favans, éloquens, rafinés & subtils, & ainsi leur attirer l’admiration & la louange des hommes. S’il paroît quelque livre propre à les corriger de leurs égaremens, & à les rendre meilleurs par de saintes instructions ; qui leur mette devant Préfacé. F. I. les yeux une manière de vie spirituelle, divine, & qui corresponde à la profession de Chrétiens; ils le méprisent le plus souvent avec blâme & dérision. Ce font , dit quelqu'un, des fl>i- ritudités ridicules. C’est de ces gens- là dont S. Paul a dit, Ils font profession de connaître Dieumais ils le renient par leurs œuvres. Le nombre de telles gens n’est pas petit aujourd’hui &enéfet, nous vivons en un tems où nous sommes plus ocupés à faire des questions, à disputer, & à debatre de la vérité de la Religion Chrétienne, qu’à être véritablement Religieux & Chrétiens ; plus appliqués à en faire de beaux & de grands Traités, qu’à la mettre en pratique, & qu’à en taire voir la vérité & la pureté par une vie & par des œuvres saintes ; enfin plus portés à dire qu’à faire; si bien que déformais h profession de Chrétien n’estplus qu’u- ne vaine sie n ce de bouche, & un commerce de paroles entré ceux qui se prévalent d’elle. Mais que dis-je de a Tit. r. ». 1 6. Préfacé. Js. I. de paroles ! Dieu veuille qu’elle ne soit pas bientôt changée en fausse liberté & en licence charnelle, comme nous commençons à n’en voir que trop & les dogmes dans les Liberti- niítes & les effets dans tous en général. 6. Cela ne pouvoit manquer d’ar- river à ceux qui aïant reçu la doctrine de J. Christ, ne se sont point apli- qués d’abord au a renoncement Ceux mêmes, fans lequel pourtant il est absolument impossible que noussoions jamais de vrais Chrétiens & des disciples de Jéfus-Christ. Car comme la lumière n’a point de part avec les ténèbres , de même l’Esprit de Jésus- Christ dont la possession fait le Chrétien, n’en a point avec le péché & les désirs de la chair si bien que lors qu’on ne renonce pas à soi, à fa chair, & au péché, l’on ne peut attendre de la connoissance qu’on a de la vérité, qu’une fausse liberté, par laquelle les hommes secouant tout joug, s’aban- donnent au mal fans scrupule, & se fla- Miìttk. 1 6 , V. M . Préfacé. §. I. fiaient en leurs vices fans rem ors de conscience. Ce n’est pas qu’ils ne retiennent toujours quelque aparence de piété car, si vous en exceptés quelques Epicuriens & Athées de profession, l’on n’en vient jamais jusques là que d’abandonner tout ouvertement & publiquement toute profession de Religion. Mais cette belle aparence & ces grimaces feront vaines & de nulle valeur devant celui qui demande les coeurs, & qui ne fe contente point de nos actions extérieures. 7. Cependant ces miserables pensent apaiser leurs consciences par ces petites fonctions du dehors, • foiblesse, & s’y déplaisant extréme- i ment, le défirent avec ardeur, & le e lui demandent avec instance & lon- s gue persévérance. Mais il ne donne rien à ceux qui ne lui demandent i rien, ou qui fe désistent de lui demander. Cest lui qui opère tout en nous; mais non pas pendant que nous nous endormons, ou que nous nous tenons les bras croisés, pour ainfi ß MaUk , 7. v. 7. a» Préfacé, js. IÌI. ainsi dire; & encore moins,lorsque nous lui résistons. 2i. Jesus-Christ dit que i empêchent leur égarement, & a qui 5 observent leur cœur sur toutes choses , p puis qu’il eU la source de la vie, aussi ant bien que celle de la mort. Ce sont, !! en un mot, ceux qui par l’Esprit de iií Jésus-Chriít, b crucifient tous les é jours la chair avec tousses désirs & tou- em tes ses convoitises. Et en vérité nous i4 sommes si ennemis de Dieu par la E dépravation de nôtre nature ; nous c avons tant de penchant à nous cher- ife chernous-mêmes; nos affections & Z nos passions sont si violentes, si im- pétueuses, & si fortes par une habituât de inveterée ; nôtre chair nous atti- ei re au mal si opiniâtrement & avec n- des atraits si puiffans ; que si nous i- n’usons d’une grande violence pour à nous surmonter & pour nous vain- Je cre, il ne faut pas penser que le la Roïaume de Dieu puisse jamais vêle, nir dans nous, ni que nous y puissions à entrer. iii 22. Cependant il y a aujourd’hui is une fi Prov. 4. v. ij. fi 14. PREFACE, js. III. une infinité de personnes qui fìinsse faire violence, sans se peiner, ou plutôt , ne se travaillant point du tout, ne laissent pas de se persuader & même de se vanter d’être dans le Roïau- me de Dieu. Mais c’est se tromper bien lourdement. Car puisque 00 le Roïaume de Dieu est justice, paix & joie dans le S. Esprit, selon la parole de l’Apótre, comment peut-il se trouver avec ceux qui laissent régner dans eux l’injuttice , & qui ne font point dans le S. Esprit, ni le S- Esprit dans eux, comme ils le font assés voir par une vie qui n’eít pas meilleure que la vie des infidèles & des autres dont ils condamnent la doctrine. 23. Je íai encore un coup , qu’ils ont là dessus quantité de défaites, disant; Que nous ne pouvons rien; „ que nous serons toujours chair aussi > long-tems que nous demeurerons en „ cette vie; que nous ne pouvons pas „ faire de grands progrès à cause de la „ très-grmde fragilité de nôtre natu- „ re mais que Jésus-Christ supléera „ à tous Rom. 14, v. i7. Préfacé. /. III. isi i, ï tous nos défauts, & qu’ilnenous ’iì „ imputera point nos péchés. Mais k, hélas! ne voient-ils pas que quand u;- ils parlent de la forte, ou plutôt quand a ils tìatent ainsi leur chair, ils fe re- ìîi tranchent par leur propre confession après avoir dit, que la condamnation demeure sur eux. 2s. Quant à nôtre fragilité & foi- blesse, qu’ils allèguent à tout propos pour fe roidir contre ceux qui les poussent à leur devoir, je confesse avec a Rom. S. Jß. & s. I, PREFACE. §. III. avec eux qu’elle est bien grande, & * qu’eile est telle que les meilleurs en L * font quelquefois comme accablés & j 5, abattus par l’entremife de Satan & de lc ? leur chair; ce qui les fait uémir & ^ soupirer. Mais la force deDieu, lors ^ qu’ils s’y abandonnent, est beaucoup u plus grande ; & avec elle » je puis tout DI P en Chr fl qui me fo-ttfie , dit a S. Paul. ^ Mais si fan l’implorer & s’y rendre on prétend faire de nôtre infirmité a '! un bouclier ou un rempart pour la , défense de nôtre corruption , pour l,c3 nous y entretenir & nous y flater, & Hî ' pour nous donner licence à suivre f 8 nos volontés ; c’elt le propre de gens ; K , qui ne cherchent que prétextes & occasions de mal faire , & d’abjurer lort tout foin de sainteté & de justice. Ce íir ’ - qui ne peut convenir aux vrais Chré- M tiens, dont tout le foin n’est que de fe conserver en la pratique des bonnes foi- oeuvres ; parce qu’ils savent qu’il °' n’est pas bienséant que ceux qui font profession d’être purifiés par le sang “ e de J. Christ, retournent à fe souiller feC dans l’ordure. *** z 26. » Pbil, 4. v, 1?. Préfacé. §. III. 26. Dire au reste, que Jesus -Chris " supléera à tous nos défauts & q C il ne 53 nous imputera point les pecbés auxquels fi nous nous abandonnons fì librement föi & fì volontairement après fa connoif- ict tance; c’est faire de Jésus-Chritt l’a- b file des vices, & de fa grâce la nour- tó riture de l’iniquité. Ce qui est de la w dernière impiété. II nous présente b sa grâce ; mais à condition que nous ì menions une vie pure, sainte, &di- k gnedelui; & c’est pour cet éfet qu’il n nous promet son Esprit, fì nous le lui fe demandons avec foi. Prétendre autre fo chose, c’est lui faire injure ; & fì nous tjii nous conduisons autrement, nous œ nous privons du benefice de la ré- jjf demption, & nous en rendons entiè- p renient indignes. Car ce sont ceuX sií d qui cheminent en la lumière que le sang de Jésus-Christ puriße de tout péché, fa dit S. Jean. II n’y a rien à attendre pour ceux qui demeurent dans les ténèbres & la désobéissance, que la condamnation la colère de Dieu. Evang, I S. Jean 3. v. 19, 3 6. 27 Or a Epifl. S. Jean 7. . P Ä E F A C E. §. III. f? 27. Or je prie au nom de Dieu » ceux qui sont dans ce malheureux 10 état, de considérer sérieusement toute; tes choses, & de penser tout de bon 3 Ìì à ces paroles du Sauveur 00 Tout fi homme qui me dit , Seigneur, Seigneur, m. rientrera pas au i \diaume des cieux» e!i mais celui-là feulement qui fait la voll lomé de mon Père qui efï ès cieux . » Ni les paroles, ni les cérémonies ne 5 font pas des marques assurées des ri vrais Chrétiens, des enfans de Dieu, la des fidèles, des membres de Christ, ffi des élus de Dieu ; quelque parade 1 qu’on fasse de ces beaux mots & de ins ces belles choses comme si on les i possedoit en propre. Les vraies marie- ques font les fruits, font les actions il! C’est l'amour, b c est la charité d’un h coeur pur t d'une bonne conscience , d f h, d 7 me foi non feinte. Irs les 4 V 3 §- IV. Ç Mfítth. Ib 1 Tm, i,v, 5 . Préfacé. §. IV. §. IV. 28. Et ce sera aussi ma conclusion, que la seule marque infaillible des fidèles Chrétiens est l’A m o u r & la Charité', fans laquelle on a beau parler de Jéíus-Christ & de l’Evangi- le, user des Sacrements, avoir toutes les plus belles cérémonies qui se puissent penser ; tout cela n’elt rien sans la Charité ; & plût à Dieu que les Chrétiens d’aujourd’hui les uns & les autres car, hélas ! ils font tous divisés entr'eux, & les uns contre les autres, ì’eussent bien pratiquée toute leur vie jusqu’à présent ! On ne verroit pas maintenant régner au milieu d’eux les haines, les animosités, les meurtres, les cruautés, les factions, les partialités, les trahisons, les déloiautés, les désirs de vengeance, & une infinité d’autres maux. Le sang n’auroit pas été répandu, comme il l’a été fi abondw-i ment, & le sera encore, si Dieu deì. îpart ne refrène par sa grande puissance les coeurs PREFACE. §. IV. des hommes, enragés & aàro 4 ' les uns contre les autres au point qu’ils le font, & animés à mettre à éfet tout ce que leur inspire la fureur & la violence de leurs pallions; & qu’euxdeleur côté ne ploient leurs têtes inflexibles fous le joug de Dieu, réconnoissant humblement leurs fautes, & recourant au remède de la con- verfion pour apaiser la colère de Dieu íì alumée contre nous. En un mot, nul remède si les hommes ne lè changent, & s’ils ne deviennent doux & charitables de durs & de cruels qu’ils font devenus. 29. Et afin que personne ne fe trompe plus par des titres magnifiques, je vais particulariser par ma conclusion qui sont ceux à qui apar- tiennent véritablement ces titres-là. Les Chrétiens, font a ceux qui crucifient a chair avec ses afeffions & fies désirs. Les Êjf^ANs de Dieu sont ceue. [o / . 'conduits "r t Esprit àe is'i. . par *** 4 * - . b Rom . 8 .v. 14» P R E F A C ï. î. IV. % ' t, à leurs propres désirs. i-£» Jpideles, font ceux qui ne s’apuient pas seulement sur la miséricorde de Dieu par Jésus-Christ; mais qui aussi s-exercent en toutes sortes de bonnes oeuvres, & qui, comme dit S. Pierre, a ajoutent vertu avec leur foi ; & avec vertu , science ; & avec science, tempérance ; & avec tempérante , patience , & avec patience, piété » & avec piété, amour fraternelle ; & avec amour, fraternelle, charité. Les Membres de Jesus -Christ, font ceux qui mettent peine à íè conformer en cette vie à leur Chef, autant qu’il eíl possible, sachantqu’il ne se peut faire que le Chef soit d’une volonté k ' ui encs" , wJpieu dev .• . tou- us “ tes o. 2 Pier. 6,7. í Eph. r. r>. 4° P R E F à C E. K. IV. tes sortes de faux Chrétiens. Sur quoi éro’T^ns ce mot de S. Augustin U -,fVt le Batême ; il peut avoir la prophétie ; il peut recevoir le Sacrement du Corps & du Sang du Seigneur ; il peut être apellè Chrétien & avoir en fa bouche le nom de Christ; il peut avoir les autres vertus ; mats /'Amour , la Charité, est tellement propre aux vrais Chrétiens, • “ i t * Que chacun donc, dit-ìi ailleurs , s interroge foi - même touchant ce qu 3 il aime, & il trouvera ä où il est Citoien, S*il aime le monde & ce qui est a u monde , comme la chair, les richesses, les honneurs ; il est citoien de Babilone, & r?a rien de commun avec la justice ; S'il aime Dieu, il est citoien de Jerusalem, il est bon , il est justes & Von ne doit pas douter que Dieu ne lui rende dans ce grand jour la couronne de justice. Amen. *** f TABLE DES CHAPITRES. Où le contenu de chaque chapitre est marqué par un vers. Chap. LIVRE I. 1, '[Mite Jesus-Chr ist, méprise toutes choses. I 2. Aime L'humilité plutôt que la science. 4 z. Ecoute Dieu parlant, & te combats toi-même. 7 4. Ne juge de leger, & ne te précipité. IZ ç. Lis, mais avec VEsjril qui diiïa F Ecrit ure. 14 6. On se trouble en cédant, résistant on se calme. 16 7. Ne te prevaus de rien, & te soumets à tous. 17 g. Sois familier à peu, mais fois ami de tous. 19 9. Aime bien d?obéir, & bai ton propre sens , 20 10, Fui TABLE DES CHAPITRES, Chap. LIVRE I. 10. Fui les vains entretiens, parle des choses saintes. 22 11. Pour aquerir la paix combats toi fans cesser, 24 12. 11 Fest avantageux que tu fois afìigé, 28 13. Heureux l’hcmme tenté, mais qui demeure ferme. 29 14. Ne juge pas autrui , juge toi, quitte toi. 3 7 Is. Faipar un pur amour tout ce que tu veux faire. 37 16. On te doit fuporter , fuporte donc les autres. 39 17. TJn homme bien Chrétien doit F être par fa vie. 41 18 - Sui les Chrétiens pasiés,fui les tièdes présent. 43 19. Aies de bons desseins, & de saints r exercices. 48 20. Apren la solitude & le sacré silence . sZ aï. Afiige ton Esprit en voiant tes offen- ses. f9 22 . Voi la mifere humaine avec un caur touché. 63 *** 6 23. Th TABLE DES Chap. LIVRE II. 23. Tu mourras ì & ta mort fera comme ta vie. 69 24. Les juplices d'enfer attendent les médians. 7ç Ls. Aie beaucoup d’ardetsr pour amen. der ta vie. 8i Chap. LIVRE II. I. Tu verra tout dans toi fi tu fat bien t'y rendre. 90 L. Dieu ne donne fes biens A son secours qu’aux humbles. 96 Z. Si tu chéris la paix tu fuporteras tout, 98 4. Vceil ftmple & le cœur pur élèvent jusqu"à Dieu. 100 f. Laiße autrui, laisse tout, pense à ter, pense à Dieu. 102 6 . La joie bien solide esl dans la conscience . 10s 7. Pour bien aimer ffeftts il faut Vaimer lui seul. 108 8- Aime tout pour ffeftts, & jlefus pour lui même. 111 §. Pour épurer les siens Dieu les prive de jo ie. Us 10. Pens CHAPITRES. Chap. LIVRE II. io. Ren grâces jour la grâce , & soufre son absence. iai ïl. Pottr suivre Chr iß soufrant peu de gens se renoncent. I2s 13. Fr en la croix de Jésus st tu veux sa couronne. 1 29 Chap. LIVRE. III. 1. Ferme ton cœur au monde , & Dieu t'y parlera. 140 2. Vbomme parle au dehors , é> Die» parle au dedans. Ï42 3. On fait t j ut four le monde, on ne fais rien pur Dieu. J 45 4. Repi la vérité d'un cœur humble & fincere. J$0 s. Demande à Dieu F amour, car on a tout dans lui. If4 6. Vamour eít éprouvé par les choses contraires. 16 J 7. Sois humble dans la grâce , & lors qu'elle est absente. 166 g. Reconnoi devant Dieu que tu ríès rien du tout. 171 9. Que Dieu soit ton motif & ta fin souveraine. 174 *** 7 10 .Dieu TABLE DES Chap. LIVRE III. 10. Dieu te veut bien servir, sers le, car c* est ta gloire, 17 6 1 1. Tâche de plaire à Dieu, mais non pas à toi même. 180 12. Soufre les maux du monde, évite ses plaisirs. 182 13. Que £ exemple de Christ t'en feigne à te soumettre. 186 14. Que la grandeur de Dieu , que ton néant f étonnent. \ § 9 l s. Veux tout ce que Dieu veut, & non ce qui te plait, 192 16. Cherche ta joie en Dieu, maû non pas dans le monde. 19s 17 - Jette tes foins fur Dieu, permets qu il te conduise. 197 18- Christ soufre le prémier,soufre donc après lui. 199 19. On doit également fuporter tout de tous. 202 20. Ta foiblesfe est bien grande, & ta vie penible. 206 21. Dieu visite le cœur qui £ aime & qui le prie. 210 22 - Béni Dieu pour ses dons, & fois content des moindres , 21? a CHAPITRES. Chap. LIVRE III. 23 - Dieu t’enseigne la Paix, pris que tu l’objerves. 219 24. Qâ'te les foins fans fruits, & remets tout h Dieu. 224 2s. Cherche la paix de Dieu dans fêtât des parfaits. 22s 26. Use du nécessaire , & gémi fous on poids. 229 27. J Qu,i veut jouir de tout doit aujfi tout donner. 232 28- N’apiìque pas ton coeur à ce qu’on dit de toi. 236 29. Pren Dieu pour ton recours lors que les maux f accueillent. 237 30. Cherche en Dieu ton secours fans craindre f avenir. 239 31. Pour bien connoltre Dieu qui te toute autre chose. 24s 32. Si tu veux trouver tout, il te faut tout quiter. 249 33. Parmi les changement demeure inébranlable. 252 34. Lorsque Pon goûte Dieu Pon trouve tout en lui. 2s4 3 s. Dieu deßine les ftens à foufrir dans ce monde. 258 36 . Luise TABLE DES Chap. LIVRE III. g 6 . Laisse dire le monde, & remets tout à Dieu. 26 l 37* Qg’te toi tout-à-fait pour avoir le cœur libre. 263 Z g. Demeure libre en tout, consulte Dieu sur tout. 2 66 39. Tu doù laisser à Dieu le soin de ta conduite. 2 68 40. Vhomme n a rien de bon, c'est à tort qu on le loue. 270 41. Laisse toi mépriser , c est ce que tu mérités. 274 42. N'aie garnis qtien Dieu ; & n aime que lui seul. 276 43. Dieu rend intelligens les petits & les humbles. 278 44. 11 faut mourir au monde , afin dia* v 4 r la paix. 281 4s. Qísonse repose en Dieu, sans conter fur les hommes. 28Z 46. Laisse juger le monde, & voi ce que Dieu juge. 288 47. Soufre les petits maux atendantles grands biens, 293 48. Parmi les maux préfens pense aux biens à venir • 296 49- P™ CHAPITRES. Chap. LIVRE III. 49. Par le renomment Dieu dispose à la vie, zo2 50. Dans son abaissement il faut qu en se résigné. 309 Çï. Dans la langueur d'Esprit cherche les oeuvres humbles. 31s Ç2. Tu ne mérités rien , brise ton coeur mauvais. 317 f 3, On nesauroit mêler la grâce & Da* muur propre. 320 54. La grâce & la Nature ont des motifs contraires. 324. s s. Sans la grâce de Dieu nous ne saurions rien faire. 332 5^- Quite toi, fui Jésus t pren fa crois c, ó~ D imite. 336 57. iSse t 1 abat s point par trop quand tu vois tafoibleße. 340 5 S. RejpeBe en te taisant ce que Dies* Da caché. 343 s9. N’ejpère que Dieu seul } ne cherche rien qu en lui, 351 CIIA P. TABLE DES Chap. LIVRE IV. 1. Aprocbe toi de Dieu, car c est Dieu qui f invite. Zsg 2. Aprocht toi de Dieu, mats dans Ïhumilité. Z 69 3. Ne te tien pas long-tems éloigné de ton Dieu. 374 4. Vunion avec Dieu, c*est la source des grâces. 378 s. Ce tíefl quaux vrais Chrétiens que Dieu se communique. 384 6 . Demande à ton Sauveur qu'il te prépare à lui. 388 7. Prépare toi pour Dieu reconnaissant tes fautes. 389 8 - Ofre toi tout à Dieu pour lui bien agréer. 394 9. Ofre à Dieu, toi , tes vaux , tant pour toi que pour d’autres. 396 10. Uni à Dieu ton cœur en tout tems & fans c este. 401 11 .La vie de Jésus est nôtre nourriture. 408 12 . Prépare moi ton cœur, & je viendrai chés toi. 416 13. Deftre avec ardeur de f unir tout à Dieu. 420 14. Con- CHAPITRES. Chap. LIVRE IV. 14. Considéré l'ardeur des saints pour t'animer. 423 Is. Plus on renonce à foi, plus on s'unit à Dieu. 42s 1 6 . Prie ton Créateur qu'il vienne agir dans toi, 429 17. Redouble ton ardeur pour l'union heureuse. 431 18- Rejette les conseils de la chair malheureuse. 436 NB. Dam le troisième U le quatrième livre , qui sont une espèce d’entretien de Dieu& de l’Ame Chrétienne , on a virgule à la marge les lignes du texte où Dieu eß in. traduit comme interlocuteur. TA TABLE DES MATIERES PRIN CIPALES» A. A Bnegation. Voïés Renoncement. Actions de grâces. Peur la vocation m service de Dieu. Lvr. III, Cb. ro. Pour les biem reçus de Di grands & petits. Livr. III. Cb. 22. Afflictions. Voi. tribulations, &c l ur avantage & utilité. Uv . I. Cb. 12. Liv. II. Cb, 12. Liv. III. Cb. io. ZO. Z s. é* 49 . On a toujours des sujets d’afliélions. Liv. I. Cb. 21. & LiUflI. Cb. 12. Comment on doit s’y comporter, Liv. III, Cb. 29. e- rance en Dieu. liv. III. ch. 59. li 25. Prière & méditation sur ce que Dieu nom apeìlc à sa divine communion . it, liv. IV. ch. X. î6. Prière & méditation pour saprocher ii. de Dieu avec humilité, liv. IV. ch. 2. !i 17. Prière pour demander à Dieu la grain ce de fa divine Communion, liv. IV. ch. 3. 1 28. Prière pour impetrer avec la Com - i. mu- Table des Prières. munion divine les Effets qui tn pro. tedent. liv. IV. ch. 4. r-. Prière & méditation pour s’exami. mr avant que de se présenter à la Sainte Communion, liv. IV. ch. 6.& 7. 30. Prière pour demander le pardon de ses péchés & la miséricorde de Dieu sur soi & sur les autres avant la Ste. Communion, liv. IV. ch. 9. 31. Prière & méditation fur la manière dont le Sauveur fi communique à fit bien-aimès. liv. IV. ch. 11. 3 Z. Prière pour s’abandonner du tout à Dieu dam le défir de le recevoir, liv. IV. ch. f . 33. Prière pour implorer tEsprit d’ar- deur qui mus uniffe à Dieu. liv, IV. cb. 14. 34, Prière pour implorer la gratieufeprésence de Dieu par fa Communion divine , pour remedier à toutes ms misères. liv IV. ch. 16. Z s. Prière & transports d’une ame qui déstre que Jésus-Cbrist son Sauveur vienne dans elle. liv. IV. ch. 17. LE LE PREMIER LIVRE D E * LIMITATION JESUS CHRIST. CONTENANT Des avis utiles pour la vie spirituelle. Chapitre I. Imite Jesus Christ } méprise t o u. tes choses. Elui qui me fuit , ne marche point dans les ténèbres , l dit Je Seigneur, -r Ces paroles font de Jéfus- Christ ; & il nous avertit par elles que nous devons imiter fa vie & ses œuvres, fi nous voulons être vraiement éclairés & délivrés de tour aveuglement de cœur. A Pat L De l’Imitation Par conséquent, nôtre grande affaira doit être l’étude assidue de la Vie de Jéíùs-Christ. r. La doctrine de Jésus-Christ est encore au-dessus de tout ce que les Saints enseignent. Si onavoitl'Esprit de Dieu lors qu’on la médite , on y trouveroit cette a Manne cachée dont l'Ecriture il arrive tous les jours,qu'une infinité de monde écoute les paroles de l’Evangile fans que personne ait le cœur touché du désir de les pratiquer. C’est parce qu’ilsn’ont point l’Espritde ne saurions bien entendre ni pratiquer la doctrine du Seigneur Jésus, ni bien goûter ses paroles, qu’en nous efforçant de conformer nôtre vie à la sienne. z. A quoi bon disputer fur le mystère de la Trinité , si 1 humilité te manque, & que par conséquent la Trinité ne trouve rien en toi qui lui soit agréable? Les discours étudiés ne rendent personne ni saint ni juste devant Dieu. C’est la vie vertueuse qui nous rend ses amis. J’aime bien mieux sentir mon cœur a Apoc . 2, v . 17. de J. Christ. Lhr. I. Ch. i, j cceur touché de la vraie repentance » K que de savoir comment il la faut définir. Quand tu aurois toute la Sainte lifté Ecriture imprimée dans la mémoire, jisla & que tu sçauroispar cœur toutes les % belles sentences des Philosophes, di os; moi, je te prie, à quoi te serviroit f c tout cela fi tu étois destitué de l’Amour rosis de Dieu & de fa grâce ? a Vanité des 't" vanités ; tout efl Vanité , hormis aimer p Dieu 8c lui obéir. Voici en quoi contrai siste la Souveraine sagesse, à s’avan- OM CER VERS LE RoiAUME DU ClEL ÌSBC PAR LE MESPRIS DE TOUTES LES Itrli CHOSES QUI SONT SUR LA TERRE. r !E 4. C’est donc vanité que de s’appli- fe quer à l’acquisition des richesses péris. ,ne ' sables,8c d’y mettre fa confiance C’est iìè' vanité que de rechercher les honneurs l2 -' du monde, & de vouloir s’élever dans 1,0 un rang distingué. C’est vanité que de courir après les plaisirs du corps, & G de désirer des contentemens insépara- blés d’une punition sévère & rigoureu- ;i se. C’est vanité que de souhaiter une 0 longue vie, sans se mettre en peine de - A r bien a Ecd. i. 4 De l’ Imitation , , ! bien vivre. C’est vanité que d’apliquer j p ses soins aux choses présentes, & de n’avoir point de prévoïance pour cel- ! les qui doivent arriver cy-après. C’est f ; enfin vanité que de vouloir attacher ses ' f; affections à des choses qui ne font que , [f paffer avec une vitesse non-pareille, & J j, ne se point avancer vers celles qui de- ; r, meurent dans un état fixe de félicité & * de joie éternelle. , Pense souvent à cette parole du Sa- . ge ; a L’œil ne sera jamais rassasié par { tout ce qu’il peut voir , & l'oreille ne sera { point assouvie en écoutant. Pren donc , peine à retirer ton cœur de l’aniour des choses visibles, & à te donner tout-en- tier aux invisibles. Car ceux qui ont de l’attachement aux plaisirs des sens, souillent leurs consciences, & perdent la grâce de Dieu. * 1 a EccL l. ti . 8- 1 Chàpitïce II. £ Aime ['humilité plutôt que la science. “ I. I Out homme désire naturelle- JL ment de sçavoir j mais que ] sert de J. Christ. 5 sert la science quand on n’a pas la crainte de Dieu ? En vérité, un Païsan qui est humble & qui obéît à Dieu, vaut mieux qu’un Philosophe enflé de sa. s’emplofant à considérer le cours des astres, n’a point de foin de se régler ni de se connoître soi - même. Celui qui se connoit bien, semetavec justice dans le rang des choses les plus viles & lesplus abjectes; & il neprend point de plaisir aux louanges des hommes. Quand je polTédcrois la science de toutes les choses qui font dans le monde, que meprofiteroit cette science devant Dieu si je n’avois point la charité, vû que c’est fur mes actions qu’il me doit juger ? 2. Réprime en toi le désir de savoir beaucoup de choses ; parce qu’il ne fait que distraire l’eíprit, & ne sert au’à le tromper. Ceux qui ont beaucoup de science ont aussi beaucoup d’ambition pour paroître en la débitant ; & ils sont bien aises qu’on dise d’eux qu’ilssont sages & habiles. Cependant combien y a-t-il de ces choses, dont la science est de petit ou ínê- A 3 me 6 Del’ Imitation me de nul usage pour l’ame? C’est être bien insensé que de s’apliquer à d’au- tres choses qu's celles qui contribuent au salut éternel. Beaucoup de discours ne nourrissent pas l’ame. Il n’yaque la bonne vie qui mette l’eíprit en repos , & que la pureté de la conscience qui salle que l’on se présente avec confiance devant Dieu. z. Plus tu sçais de choses- & mieux tu les sçais;plus rigoureuse sera ta condamnation si tu n’en as vécu plus saintement. Si tu excelles dans la connoiss lance de quelque art ou de quelque science, ne t’en élève point ; tremble plutôt de ce que tu asplus de connoiss lance que de pratique. Lors qu’il te viendra dans la pensée, que tu sçais beaucoup de choses, & que tu les en- tens bien, pense qu’il y en a infiniment davantage à l’égard desquelles tu n’ès qu’un ignorant. Ne t’élève point dans l’opinion de ta sagesse ; avoue plutôt ton ignorance. Pourquoi voudrois-tu te préférer à d’autres, vu qu’il y en a tant qui te devancent & qui ont plus ^intelligence que toi dans la loi de Dieu? de J. Christ. Lìvr. 1. Cb. 7 Dieu? Veux-tu apprendre une science qui te fera fore utile Ç 1 Appren à aimer d erre inconnu, & d’être estimé moins que rien. 4. L’Instruction la plus haute & la plus utile , est de se connoître & de se mépriser. C’est une grande íàgesle & un avancement signalé dans la perfection que de croire effectivement qu’on ne & que les autres font bien-meilleurs que nous. Quand tu verras quelqu’un commettre un péché ou un crime manifeste, tu ne dois pas penser que tu sois meilleur que lui; parce que tu ne sçais pas combien de te ms tu demeureras fans tomber. Nous sommes tous fragiles; mais ne croi pas que personne soit plus fragile que toi. Chapitre III. Ecoute Dieu parlant , & te combats toi-même. X. T T Eureux celui que la vérité en- il feigne par elle même, &non A 4 point 8 Del’ Imitation point sous l’obscurité des figures , & par des sons qui passent ; mais telle qu’elle est essencieliementl Nous sommes souvent trompés par nos opinions & par nos sentimens, qui ne nous découvrent que très-peu de choses & très-imparfaitement. A quoi bon tant de contestations fur des choses cachées kc obscures, dont l’ignorance ne nous fera pas imputée à péché aujpur du jugement de Dieu ? C’est une prodigieuse folie que de négliger ce qui est utile & nécessaire,pour nous appliquer de gaieté de cœur à des choses inutiles & curieuses, & même nuisibles & dommageables. C’est avoir des yeux, & ne point voir. 2 . Qu avons-nous besoin de ces fatras Philosophiques, tels que les Genres ouïes Espèces ? Celui à qui la Parole Eternelle parle, n’a plus que faire de tant d’opinions. Cette unique Parole est la source de tout ce qui est solide , & tout nous renvoie à Elle par un langage muet. C'est elle aussi § qui est le souverain principe qui nous parle. Sans Elle on ne comprend rien, & , 5» S. de J. Christ. Livr. 1. Cb. z. tz on ne peut juger de rien lui à qui cette Parole unique est tout, qui ramène tout à cette Unité', & qui voit tout dans Elle, aura íe cœur ferme & inébranlables demeurera tranquille en Dieu. Mon Dieu! Vérité éternelle ! fai moi la grâce que je fois une même chose avec toi par ton Amour éternel ! Je m’ennuïe souvent de tant de lectures, & de tant de discours. Tout ce que je cherche & que je désire ne se trouve que dans toi. Que tous les Docteurs serment la bouche, & que toutes les créatures se taisent en ta présence ! Toi seul, mon Dieu ! toi seul, parle à mon ame. Plus un homme est recueilli dans lui-même & réduit à une innocente simplicité de cœur, plus aussi s’éten- dent&s’élèventíànspeine sesconnois- lances ; parce qu’il est éclairé par Pin- telligence qu’il reçoit d’enhaut. Une ame pure, simple, & constante, ne se laisse pas distraire par une multitude d’opérations ; parce que tout ce qu’el- le fait ne tend qu à un seul but, qui est l’honneur de Dieu , demeurant dans A 5 Pinac- lo De l’Imitatioh l’inaction sur ce qui la regarde, & tâchant d’être toujours libre de toute propre recherche. Ya - t-il rien qui te trouble & qui t’embaraiTe davantage que les désirs imortifiés de ton cœur ? Celui qui craint Dieu, ne fait rien au dehors que premièrement il ne Tait réglé & disposé au dedans de lui-même, fi bien qu’il ne fait rien par le penchant des inclinations vicieuses ; mais il range tout fous la Loi de l’efprit & de la droite raison. N’est-ce pas le plus rude de tous les combats que de tâcher de se vaincre soi-même ? Ce devroit être là nôtre grande affaire, de nous vaincre, & de devenir tous les jours plus forts contre nous mêmes par un progrès continuel dans le bien. 4. Pendant que nous sommes dans cette vie nous n’avons point de perfection fans mélange d’imperfection, & nos lumières font toujours bien obscures. L’humble connoiísance de ton néant te conduira plus sûrement à Dieu, que la recherche d’une science n’est pas qu on ait dessein de blâmer la science ou la simple con- noifsance de J. Christ. Livr. I. Cb. 3. II noistance des choses, puis qu’elleest bonne en foi 8c dans Tordre de Dieu. Mais on doit toujours préférer la bonne conscience & la bonne vie. Il y en a beaucoup qui se trompent malheureusement & qui sont presque tout à fait stériles en bons fruits, parce qu’ils s’é- tudientplus à savoir beaucoup , qu’à bien vivre. 5. O! si Ton étoit aussi diligent à extirper les vices du cœur & à y établir les vertus » qu’on Test à former des questions & des disputes! L’on ne verroh pas tant de maux Sc de scandales parmi le peuple,ni tant de diíìolutions entre ceux qui font profession d’une vieplus spirituelle ! Certainement lors que Je jour du jugement fera venu il ne nous fera pas demandé ce que nous aurons lu, mais ce que nous aurons fait j il ne fera pas question de íçavoir si nous avons dit de belles choses,mais si nous en avons fait de bonnes Sc de saintes. Où font à présent ces grands Docteurs Sc ces Sçavans que tu as connus pendant leur vie,Sc que leur science rendoit si célèbres ? Leurs charges A G 8c 12 De l Imitation & leurs biens font passés à d’autresj qui peut - être ne pensent pas à eux. Lors qu’ils vivoient,on les tenoit pour quelque chose de grand ; maintenant on n’en dit plus rien. 6. O! que la gloire de ce monde paf fe vite t O ! si leur vie fe fût accordée avec leur science ! leurs études & leurs lectures leur profiteroient présentement. O! que le nombre est grand de ceux que la vanité de la science conduit de ce monde dansl’Enser; parce qu’ils ne se mettent pas en peine de servir Dieu ! Comme ils aiment mieux une vaine réputation que l’humilité , ils se perdent dans le vuide de leurs pensées. C’est être vraiement grand & louable que d’àvoir un grand amour pour Dieu & pour son prochain. C’est être grand que d’être petit en soi-mê- me, & de tenir pourrien les plus hauts degrés de Thonneur mondain. C’est être prudent que a de tenir toutes les choses de ce monde pour de la fiente afin de gagner A. Christ. Et celui-là est vraiement sçavant, quisçaitfaire la volonté de Dieu & renoncer à la sienne propre. nu. ?. v. 8. Cha " de J. Christ. JJvr. I. Ch. 4. iz Chapitre IV. Ne juge de leger , & ne te précipite . I. \T Ous ne devons pas croire tout JLlI cequ’onnous veut persuader, ni tout ce que nôtre cœur nous suggère ; mai s nous devons examiner toutes choses prudement & avec patience, selon Dieu. Mais, helas! nous avons la foibleffe de croire & de dire plutôt du mal des autres, que du bien. Cependant ceux qui font avancés dans la perfection ne croient pas aisément tous les rapports qu on leur fait ; parce qu’ils sçavent que l’infirmité des hommes les porte toûjours vers le mal, &les fait íouvent tomber dans le dérèglement de la langue. 2. C’est une grande sagesse que de n’être point précipité dans ses actions, ni attaché à son propre sens avec opiniâtreté. C’en est une aussi que de ne pas croire tout ce que l'on nous dit, dc de n aller point rapporter aux autres ce que nous avons ouï ou cru. Pren conseil d’une personne sage ôi de bon- A 7 ne 14- De l’Imitation ne conscience ; & cherche de recevoir plutôt s avis & sinstruction de celui qui est meilleur que toi, que de suivre ta propre pensée. La bonne vie rend rhomme sage & expérimenté selon Dieu, & lui donne de l’expérience en beaucoup de choses. Plus on est hum. ble de cœur & soumis à Dieu, plus a- t-on de sagesse Sc de tranquillité. Chapitre V. Li » mail avec l’Eftrit qui diiïa l’E - criture. faut chercher dans l’Ecriture X Sainte non Téloquence, mais la vérité. On doit lire récriture avec le mêmeEípritqu’elle a été faite; & nous y devons plutôt chercher nôtre édification,que la subtilité du ne devons pas moins trouver de plaisir dans la lecture des livres de piété quoi que tout y soit simple, que dans ceux qui font sublimes & relevés. Ne t’arè- te point à considérer si celui qui écrit, a été tenu pour peu íàvant ou pour fort habile ; de J. Christ. Ch. y. if habile; qu’il n’yaitquel’amourdela pure vérité qui r incite à lire ce que tu Jis. Considère avec attention ce qui est dit, & ne te mets pas en peine de savoir qui c’est qui la dit. 2. Les hommes passent; mais la vérité du Seigneur demeure à jamais. Dieu nous la propose par ses paroles en beaucoup de manières,fans qu’il regarde à la qualité de ceux donc il sc sert pour nous parler. Souvent nous retirons peu de profit de la lecture de l’E- criture Sainte, parce que nous y cherchons la satisfaction de nôtre curiosité. Nous voulons éplucher & rechercher curieusement des choses sur lesquelles il ne faudroit que passer. Si tu veux lire avec profit sEcriture, li la avec humilité, avec simplicité, & avec une intention sincère de suivre ses instructions. Ne désire jamais dépasser pour sçavant. Demande toûjours d’être instruit; écoute en silence les paroles des Saints; & ne te rebute point des Paraboles & des manières de parler figurées des Anciens; car ils ne s'en font point servis fans sujet, Chá- l6 De l’Imitation Chapitre VI. On se trouble en cédant ; résistant on se calme. T Oures les fois - que Hiomme étend son désir au delà des bornes que Dieu lui a prescrites, il est par cela même rempli de troubles & d’ & lavare n’ont jamais de paix; mais le pauvre & rhumble d’eíprit font dans i élément d’unetranquilité qui n’est pas encore entièrement mort à foi-même se laisse incontinent tenter & vaincre, même dans les choses les plus petites & les plus basses. Celui dont Tarne est foible & lâche, & qui panche encore vers les choses charnelles & sensibles, trouve beaucoup de difficultés lors qu’il est question de íè détacher entièrement des désirs ter- restres;aussi ne s’en détache-t-il qu’avec beaucoup de tristesse; & si on lui résiste tant soit peu, il se met en colère. 2. Que s’il a satisfait íà convoitise, à Tinstantmême les remords de fa conscience de J. Christ. Lìvy. I. Ch. 7. 17 science viennent le tourmenter, parce qu’ilasuivi sa passion , laquelle ne lui a pas apporté la paix qu’il cherchoit. C’estdoncen résistant aux passions, 6 c non pas en les satisfaisant,que se trouve la vraie paix du cœur j & ainsi, il n’y a point de paix dans le cœur d’un homme charnel, ni dans celui d’un homme qui est tout occupé aux choses terrestres ; mais seulement dans ceux qui font animés de zèle & de désirs pour les choses spirituelles. Chaîitre VII. Ne te prévaut de rien ; & te soumets à . tous. I. /'"''Elui qui attend son bien des V> hommes ou des autres créatures, demeure vuide du vrai bien. Que l’amour que ru dois avoir pour imiter Jésus-Christne te faste point prendre à honte de servir les autres, & d’être vû pauvre & abject en ce monde. Tu ne dois jamais te sier surtoi-même, mais seulement sur Dieu, Fai ce que tu peux 5 l8 De limitation peux ; & Dieu secondera ta bonne r appuie point sur ton savoir- faire , ni sur l’habileté de personne , maisíùr la grâce de Dieu, qui aide les \ humbles, & qui abaisse ceux qui présument quelque chose d’eux-mêmes. 2. Si tu as des richesses, ne t’cn glorifie pointmon plus que de tes amis s’ils font puissans. Ne te glorifie qu en Dieu qui fait & qui donne tout,& qui désire de se donner Jui-même encore par-dessus. Ne tire point de vanité de la taille &de la beauté de ton corps, qu’une petite maladie peut ruiner & rendre tout difforme. Garde-toi bien de te plaire en toi-même pour ton habileté ou ton esprit, de peur que tu ne. déplaises à Dieu de qui tu tiens tous tes dons naturels. Z. Ne te croi jamais meilleur que les autres, de peur que Dieu ne te tienne pour le pire de tous; car il voit tout ce qui est dans I’homme. Si tu crois avoir fait de bonnes œuvres ne t’en élève point ; parce que les jugemens de Dieu font bien différens de ceux des hommes ; Sc que ce que les hommes de J. Christ. 8 . 19 trouvent bon, lui est souvent très-déss agréabl^.S’il y a quelque bien dans toi, croi qu’il y en a davantage dans les autres ; afin que tu demeures toûjours dans Fhumilité. Tu ne perdras rien à te mettre au dessous de tous ; mais il est très-dangereux pour toi de te préférer à un seul. La paix demeure toûjours avec les humbles ; Fenvie & la colère règnent dans les cœurs des orgueilleux. Chapitre VIII. Sois familier à peumais fois ami de tous. E découvre pas ton cœur a r-Xs _L\ touszne te communique qu a- vec un homme íàge, & qui craigne te trouve que rarement entre les jeunes gens & les personnes du monde. Ne flatte point les riches, & ne désire point de paroître devant les Grands. Aime la compagnie des humbles & des simples; de ceux qui vivent religieusement,& dont les mœurs font réglées, pour t’entretenir avec eux fur des ao Dé l* Imitation des sujets d’édification. Ne fois point familier avec les personnes del’autre sexe ; qu’il te suffise de les recommander à Dieu, & fur-tout celles qui font vertueuses. Tu ne dois rechercher que la familiarité de Dieu & de ses Anges, & nullement d’être connu des hommes. 2. On doit avoir de la charité pour tous, mais non pas de la familiarité. Il arrive souvent qu’une personne est en bonne réputation pendant qu’elle íe cache;& que lors qu’elle se produit, elle déplaît. Nous nous imaginons quelquefois que nous nous rendons agréables aux autres en les fréquentant ; & c’est alors au contraire que leur donnant occasion de considérer le dérèglement de nos mœurs, nous leur devenons odieux. Chapitre IX. Aime bien d’obéìr; & hai ton propre sens, est avantageux d’être fous la A puiíTance d’autrui, de vivre fous un de J. Christ. Livr. ï. Cb. 9. ri un Supérieur , & non pas dans l’indé- pendance. Il est bien plus feur d’obéïr que de commander. Mais il y a beaucoup de gens qui obéissent plutôt par nécessité que par amour ; & ce n’est qu’avec peine & avec murmure qu’ils fléchissent. Cependant on ne trouvera jamais la liberté de l’esprit que dans une soumission sincère & qui naisse du cœur par le motif de l’amour de Dieu. Qu’on aille où l’on voudra, on ne trou- verapoint de repos que dans une humble soumission. Beaucoup de gens se font trompés en s’imaginant que le changement de lieu les mettroit en repos. 2. Il est vrai que chacun se plaît à agir selon son propre sens, & qu’on a beaucoup d’inclinarion pour ceux qui font dans les mêmes fentimens que nous. Mais si Dieu est parmi nous, nous renoncerons souvent à notre propre sens pour le bien de la paix. Où est l'homme assés sage pour avoir parfaitement raison en toutes choses ? Ne te fie donc pas trop à ton propre sentiment 5 mais écoute aussi de bon cœur celui rr De l'Imitatiom celui des ton avis est le meilleur & que tu t'en départes pour l’amour de Dieu , afin de ne pas troubler les autres en rejettantle leur, tu en tireras plus de profit. Z. J’ai souvent ouï dire qu’il y avoit plus de seureté à écouter & à recevoir conseil, qu’à en donner. Il peut arriver que deux personnes donnant des avis différens, î’un & l’autre soit bon ; mais c’est un effet d’orgueil & d’opi- niatreté que de ne pas vouloir se rendre à l’avis d’autruijlors que i’occasion . ou la raison le demande. Chapitre X. Fui les vains entretiens, parle des choses saintes. I. Vite autant qu’il t’esipossible j la foule & les grandes compagnies du siècle. Ces conversations, où l'on ne s’entretient que des nouvelles du monde,font nuisibles, même à ceux qui ne les disent qu’à bonne intention Lc L I de J. Christ. Livr. I. Ch, io. 2Z & avec beaucoup de simplicité ; car la vanité nous corrompt bien vîte, & nous met aisément sous son joug. Je voudrois m’être teu en beaucoup de rencontres, & n’avoir pas été si souvent en compagnie. Mais pourquoi pre- nons-nous tant de plaisir à parler & à- discourir ensemble , puis que très-ra- rement les conversations finissent lâns qu’on ait blessé la conscience?C’estque dans nos entretiens nous cherchons de la satisfaction, & des consolations hu- cœur est chargé d'inquiétudes & de soucis, & nous voulons le relever, en parlant beaucoup de ce que nous aimons & désirons le plus, aussi- bien que de ce qui rfbus fait de la peine. 2. Mais helas ! c’est bien en vain que nous cherchons à nous soulager de cette manière. Cette sorte de consolation extérieure est un grand obstacle aux consolations intérieures & vraiement divines. Veillons donc & prions, de peur que nôtre tems ne se passe inutilement. S’il faut parler, parlons de choses qui puissent édifier. La mau- 24 De lÌmitation mauvaise habitude, & la négligence que nous avons pour nous avancer dans le bien, contribuent beaucoup à la mauvaise garde que nous saisons de nôtre langue. Il est vrai cependant que les entretiens touchant les choses ípi- rituëiles , ne nous avancent pas peu dans la piété, fur tout lors qu’ils se passent entre des personnes qui n’ont qu’un même cœur & un même Esprit en Dieu. fa r. h B li> t'a 1 to K Chapitre Xi. Pour acquérir la paix combats - toi fans °ceffer. i,\TOus pourrions jouir d’une grande paix si nous voulions ne nous pas occuper des paroles & des actions des autres, & de tout ce qui ne nous regarde pas. Comment seroit-il possible que celui qui se veut mêler des affaires d’autrui demeurât Iong- tems en paix? Comment y de meuterest celui qui cherche toujours hors de lui dequoi s’occuper,& qui rentre peu souvent P te !lèi t» U ì de J. Christ. Cb. n. 2s j souvent & très-rarement dans lui mê- me? Heureux les simples, parceque Ieurpaix fera multipliée ! C!;; 2 . Veux-tu savoir pourquoi il y a P eu des Saints íî parfaits & si addonnés fp- à la Contemplation des choses divi- nés ? C’est qu’ils ont eu foin de faire mourir en eux tous les désirs de la ter- re, ensuite dequoi ils ont pû s’unir à pc Dieu par une application intérieure de tout leur cœur, & fe posséder eux-mê- mes en liberté. Pour nous autres, nous nous occupons trop de nos propres passions, & nous avons trop d’empreC- fement pour des choses qui fontpassa- * gères. Il nous arrive rarement de vaincre tout - à - fait un seul de nos vices. { Nous ne sommes point enflammés du désir de faire chaque jour de nouveaux „ progrès dans le bien;Lc de là vient que nous demeurons tièdes & négiigens. Ü Z. Certes si nous étions absolument I morts à nous mêmes, & bien libres au dedans de nous, nous pourrions goû- . ter les biens célestes, & sçavoir par ex- i périence quelque chose de la contem- i plation divine, Nôtre unique 6c nôtre t B grand 26 De T.’Im I T A T 1 O NT grand empêchement est, que nous ne sommes pas dégagés de nos passions ni de nos convoitises, & que nous ne saisons point d’efforts pour entrer dans la voie parfaite que les Saints ont suivie. S’il nous survient quelque leger sujet d’affliction,nous en sommes abattus, & ne pensons qu’à chercher des consolations humaines. 4. Si nous avions aisés de courage pour demeurer fermes dans le combat comme des hommes de cœur, fans doute que nous verrions venir à nous le secours que le Seigneur nous enver- roit du Cid ; car il est toujours prêt à secourir ceux qui combattent, &qui espèrent sà grâce; puis qu’ilnenous procure les occasions de combattre, qu’afin que nous remportions la victoire. Que si nous ne faisons consister nos progrès que dans des choses extérieures, nôtre piété fera de peu de durée. Mettons la coignée à la racine de l’arbre, afin que nôtre intérieur étant purifié des passions, nous trouvions la vraie paix, &le repos de faîne, f. Nous ferions bientôt parfaits si chaque de J. Christ. Lt' if chaque année nous déracinions seulement un vice de nôtre cœur ; au lieu que souvent nous trouvons que nous avons été bien meilleurs & plus purs quand nous commencions à nous convertir, que nous ne le sommes plusieurs années après avoir fait profession de vivre saintement. Nôtre ferveur & nôtre progrès devroient croître chaque jour ; mais maintenant c’est beaucoup si l'on retient une partie de fa prémière ferveur. Si nous nous faisions un peu de violence au commencement , nous pourrions faire dans la fuite toutes choses avec facilité 8í avec joie. 6. On a de la peine à se défaire de ses vieilles habitudes ; mais on en a encore beancoup plus à agir contre fa propre volonté. Si tu ne veux pas te vaincre dans les petites difficultés , comment surmonteras-tu les grandes? Résiste dès les commence mens à tes inclinations , & te défais de tes mauvaises coutumes, de peur que devenant insensiblement plus fortes, tune trouves de plus grandes difficultés à B z les 2,8 De l Imitation les quitter. O! si tu favois qu’elle paix tu acquerrois , & quelle joie tu don- nerois aux autres en t’avançant dans la vertu! Je m’assure que tu y travailie- rois avec plus de foin. Chapitre XII. j 111'est avantageux que tu [ois aflìgé. I. T L nous est bon d’avoir quelque- j X fois des afflictions & des traverses, parce qu’elles font rentrer l’hom- me dans lui-même, afin qu’il recon- noisse qu’il n’est qu’unpauvre banni, & qu’il ne mette point son espérance en aucune chose du monde. Il nous est bon qu’on nous contredise quelque- ' sois, & que l’on ait mauvaise opinion de nous, lors même que nous agissons j bien & avec une bonne intention ; car î tout cela sert à nous humilier & à nous défendre de la vaine gloire. Lors que les hommes nous méprisent, & qu’ils n’ont pas bonne opinion de nous, c’est alors que nous cherchons avec plus d’empressement le témoin du cœur, qui estDieu-même. 2. C’est de J. Christ. Livr. 2. Ch. 12, z9 F 2. C’est pourquoi nous devrions nous afermir tellement en Dieu, qu’il ne nous fût pas besoin de chercher des consolations dans les hommes. Lors- qu’une bonne ame est affligée ou ten- — tée, ou persécutée par de mauvaises pensées, elle comprend mieux que jamais combien Dieu lui est nécessaire, 8í que íàns lui elle ne peut faire aucun e J. Christ. Cb. i6, 39 Chapitre XVI. On te doit fuporter , fuporte donc les autres. I. VT Ous devons íùporter avec pa- 1\ tience ce que nous ne pouvons changer ni dans nous ni dans les autres, jusqu’à ce qu’il plaise àDieu d y mettre ordre. Considère que peut-être il vaut mieux que les choses aillent aiiisi, afin que tu fois éprouvé & que tu t’afermisses dans la patience, fans laquelle toutes nos bonnes œuvres font bien peu de chose. Tu dois cependant prier Dieu qu’il lui plaise de t’affister paria grâce afin que. ces obstacles ne te fassent point succomber ; mais que tu les souffres paisiblement. 2 . Si après avoir averti une fois ou deux ton prochain, il ne veut pas se rendre à tes remontrances , n’entre point en contestation avec lui ; mais remets tout à Dieu , avec désir que íà volonté se fasse, & que son honneur s’avance dans tous ses serviteurs; car il fait changer le mal en bien. Prens à tâche 40 De l’Imitation tâche d’être patient, & de suporterles défauts des autres, & toutes leurs foi- blefìes quelles qu’elles soient ; car tu as toi-même beaucoup de défauts que les autres doivent aussi suporter. Si tu ne peux te rendre toi-même tel que tu voudrois, comment prétens tu rendre les autres tels que tu veux ? nous voudrions bien que les autres fussent parfaits ; & nous ne voulons pas corriger nos propres défauts. z. Nous voulons que l’on corrige les autres à la rigueur ; mais nous ne voulons pas que l’on nous corrige. La licence que les autres prennent de tout faire nous déplaît ; & cependant nous ne voulons pas qu’on nous refuse rien de toutes les choies à quoi nôtre volonté se porte. Nous consentons qu’on réprimé les autres par des Réglemens; mais nous ne voulons pas qu’on mette des bornes à nôtre impétuosité. D’où ilparoît que nous n’avons presque jamais la même considération pour nôtre prochain que pour nous-mêmes. Si tous étoient parfaits, quelle occasion aurions-nous de souffrir quelque de J. Christ. Livr. I. Cb. i6. 41 que chose des autres pour l’amourde Dieu? 4. Mais maintenant il a plu à Dieu de laisser des imperfections dans tous, asm que nous apaisions à a porteries fardeaux les uns des autres. Car personne n’est íàns défauts ; chacun à íbn fardeau ; nul ne sufit à soi-même ; nul n’est assés sage pour soi-même. Nous devons nous suporter mutuellement, nous consoler les uns les autres ; nous aider; nous instruire ; nous exhorter. On ne íâuroit mieux voir que dans ì’adverfité, quelle est la vertu d’un homme. Car ce ne font pas les fâcheuses rencontres qui rendent l’homme foible ; elles ne font que montrer ce qu il est. , , _ . „ * a Gai. 6. v. Z. Chapitre XVII. Vn homme bien Cmêtien doit r être par fa vie. I. T L faut que tu aprennes à rompre , A ta volonté en beaucoup d occasions fi tu veux te conserver dans la paix & dans la concorde avec les autres. Ce n’est pas peu de chose, que de vivre Del’ Imitation $i vivre en ce monde sans reproche & de j [£ ; persévérer jusqu à la fin dans la fidélité ,,4 que l’on doit à Dieu. Heureux celui j 3 , qui y a bien vécu & achevé fa course ^ saintement! Si tu veux y demeurer fer- me & avancer dans la piété, regarde [} Jî; toi comme un exilé, qui est dans une a terre étrangère, où il ne fait que pas- fer. Si tu désires sincèrement de mener une vie vraïement Chrétienne, que l’a- mour de Jésus-Christ te dispose à fou- frir d’être tenu du monde pour un fou & un insensé. ^, 2 . Réformation d’habits, réforma- V tion de cheveux , tout cela est peu de , ^ chose ; mais il faut la réformation des ' ] s , moeurs , la mortification de toutes les i IJS passions ; & alors tu feras véritable- c ,. ; ment religieux Lc spirituel. Celui qui j ], s ne cherche pas Dieu ni le salut de son ^ ame uniquement & purement , ne trouvera qu afflictions & angoisses ; Lc i p 0 celui qui ne veut pas être le plus petit ^ de tous & soumis à tous, ne jouira ^ pas long-tems de la paix. ' » ;. Tu ès venu pour servir & non ! i, pas pour régenter; tu ès apellé à la fou- ; ; francs , ... de J. Christ. Livr. I. C&. 1 8. 43 france & au travail, & non pas aux di- vertissemens & aux vaines converíà- tions. C’est ici que les hommes font éprouvés comme l’or Test dans la fournaise. Nç te trompe pas; personne n’est Chrétien s’il ne s’humilie de tout son cœur pour Tamour de Dieu. Chapitre XVIII. Sui les Chrétiens passés , fui les tièdes préfens, 1 . Z'"'* Onsidère avec attention les exemples des Saints qui nous ont précédés, dans lesquels ont éclaté la vraie piété & la perfection; & tu verras que tout ce que nous faisons n’est que peu de chose, & presque las, quelle vie menons-nous en comparaison dexelle qu’ils ont menée! Ces Saints, ces vrais Amis de Jéfus-Christ, pour servir le Seigneur & lui obéir, sè sont exposés à la faim & à la soif, au froid & à la nudité, au travail & aux fatigues ; ils se sont dévoilés aux veilles & aux jeûnes,à la prière & aux méditations saintes, à la persécution 8í à line infinité d’oprobres, 2 . Com- 44 Del’ Imitation 2. Combien d’afflictions, Sc de dures afflictions n'onr pas souffert les Apôtres,les Martirs & tout le reste des Saints qui ont voulu marcher fur les traces du Sauveur ? Ils ont haï leur vie dans ce monde, pour la retrouver dans le Ciel. O quelle tempérance ! ô quel renoncement a paru entant de Saints, qui ont passé leur vie dans les déserts & dans la solitude! ô les longues & dures tentations qu’ils y ont soussertes'.Com- bien de fois n’ont-ils pas été attaqués de l’ennemi ? Que leurs soupirs ont été profonds,que leurs prières à Dieu ont été fréquentes & ferventes ! Que leur abstinence a été exacte & rigoureuse ! De quel zèle n’étoient-ils pas enflammés pour faire tous les jours de nouveaux progrès dans les choses spirituelles ! Avec quel courage & quelle fermeté se sont-ils fait la guerre pour domter leurs vices! Avec quelle pureté & quel désintéressement ont-ils vécu en la présence de Dieu ! Ils travail- loient le jour,& ils emploioient la nuit à la prière, quoi que même pendant le travail du jour leurs cœurs aient été dans de J. Christ. Cb. 18. 4f i dans une élévation continuelle vers !s Dieu. i z. Ils ne laissoient point passer de tems inutilement. Chaque heure leur sembloit trop courte pour penser à 3 Dieu. La contemplation des choies d divines leur étoit fi chère & fi douce H qn’ils en oublioient les nécessités du k corps. Ils renonçoient à toutes les rira chesses- aux dignités, aux honneurs, t. aux parents. Ils ne désiroient rien de és tout ce qu’ily adansle monde; même e les choses nécessaires pour la vie leur t étoient à charge ; & c’étoit avec peine r qu’ils donnoient à leur corps les foins ! indiípensablementnécessaires. Ainsi ils - étoient pauvres eu égard aux choies de > la terre, mais riches en grâce & en ver- > tus. Il y avoit disette au dehors, & ! plénitude de grâce & de consolation divine au dedans. 4. Ils étoient étrangers au monde ; mais amis familiers de Dieu. A leur propre jugement ils n’étoientrien , à celui du monde ils étoient .méprisables ; mais ils étoient précieux aux yeux de Dieu, qui les aimoit comme 4 gion que fa naissance l'a engagé de H5& professer. e ^ 6. Lâches & négligens que nous ao r sommes ! pourquoi nous éloignons- î™,“ nous ainsi de ce premier zélé des m Saints ! O que nôtre lâcheté & nôtre tiédeur est grande de ne pouvoir soufrir sans ennui qu’on nous parle seulement md de vivre comme eux,8c qu à cette oca- ’.'O sion la vie même nous devienne en- [uel nuïeuse&insuportable ! Toi qui ou- ude vres souvent les yeux pour considérer te les exemples des Saints, ne les ferme cefi pas & ne t’endors pas quand il s’agit de leu t avancer dans f exercice des vertus. Je icí prie Dieu qu’il t’ en fasse la grâce. 48 De lÌmitation so Chapitre XIX. Aies de bons desseins & de saints exercices. I. A vie d’un vrai chrétien doit tueuse, & telle qu’il soit dans l’inté- rieur de son ame ce qu’il paroit devant >- les homes. Il doit ^ avoir plus de sain» f teté dans son intérieur, qu’on n’en re- ° marque dans ses déportemens ou dans ses paroles parce que nôtre Dieu re- K garde au cœur c’est pourquoi en quel- B que lieu, en quelque état que nous jF soions, nous devons le révérer & le j craindre avec un profond respect, 8c “ marcher en sainteté devant lui comme ““ font les Anges. Il nous fautrenouvel- f ler chaque jour nôtre sainte résolution, Q; & exciter nôtre zélé,comme si nous ne tn commencions que d’aujourd’hui à D nous íàns cesse, Mon 15 Dieu, vien à mon aide, aïe égard à p mes bonnes intentions,& me confirme dans la sainte obéissance que je te dois. 81 Mon Dieu ! fais-moi la grâce que ce j » soit , de J. Christ. Lìvr. I. Ch. 18. 49 soit aujourd’hui que je commence tout de hon ; jusqu’à présent ce que j’ai fait est moins que rien. 2’ Nous avancerons dans la piété à proportion de la vigueur 6 c de la fermeté de nos résolutions; & ainsi, celui qui veut s’avancer beaucoup , doit ' avoir beaucoup de diligence & de foin. Que si ceux qui font les résolutions les plus fortes ne laissent pas de tomber souvent, que sera-cede ceíuiquin’en fait que de foibles, & enëore très rarement ? Il y a pourtant diverses manières de n’y pas persister; mais pour peu qu’on vienne à s’en relâcher , on ea fouffre toujours du dommage. Cependant les bonnes résolutions des justes sontplûtôt fondées fur la grâce de Dieu que fur leur propre sagesse. Quoi qu’ils entreprennent, toute leur confiance est en lui ; car l’homme propose , mais Dieu diípofe ; & a la voie de l’homme ne dépend pas de l’homme , selon la. parole d’un Prophète. Z. Celui qui omet quelquefois un bon exercice par un principe de charité, ou pour le bien du prochain, peut le 00 v, 13. O £&* De l’Imitation reprendre ensuite sans y avoir rien perdu ; mais si c’est par dégoût, par négligence & pour un sujet de néant qu’on Tait quitté, cela est très blamable , & l'on s’en trouvera mal. Quand nous ferons tous les éforts possibles, nos chutes ne seront encore que trop fréquentes. Cela ne doit pas pourtant nous empêcher de faire de bonnes résolutions, surtout pour nous prémunir contre nos endroits les plus & réglons bien l'intérieur de nôtre ame & l’extérieur de nôtre vie; car c’est par ces deux moïens que nous devons espérer de faire des progrès. 4. Si tu ne peux pas être continués lement recueilli en toi-même, ne manque pas de te recueillir quelque-fois,& pour le moins une fois le jour ; au matin, ou bien au soir. Règle le matin de quelle manière tu passeras la journée ; le soir examine comment tu l as paflée, quel tu as été dans tes paroles, dans tes actions & dansâtes pensées, parce que peut-être tu y auras fait beaucoup de fautes contre Dieu & contre le prochain, Revêts toi comme un bon Soldat de J. Christ. Lhr. I. Ch. ip. st F dat de toutes les armes spirituelles, asin p de combatte contre les malices des Ef- l u \ prits diaboliques. Mets un frein à l'a- à pétit sensuel du manger Lc du boire ; 8 c m par ce moïen tu réprimeras mieux tou- •3 tes les autres inclinations de la chair. W Ne demeure jamais à rien faire. Li p ou écri, prie ou médite, oufai quelque à ouvrage dont il reviène du bien aux au- ifr tres ; cependant on doit user des exer- ;it' cices corporels avec discrétion, & tous & ne doivent pas en user d’une même cs manière. íô 5. Ne fai point savoir aux autres ce que tu fais de bon en ton particulier ; JÍ' les choses de cette nature doivent dein* meurer secrètes, & cela est plus íèur $ pour toi. Donne toi de garde a’être pâte relseux pour les fonctions publiques & 12 communes, & ardent pour les particule lières ; mais lors que tu auras rempli entièrement & avec fidélité les devoirs ss de ta charge & ce qui t’a été commis ; si f, tu as du tems de reste, emploïe-le à K; rentrer dans toi-même, & fui les mou. K' vemens de ta piété. Tous ne peuvent ìo'- pas s’ exercer saintement d’une même à C ì manié- 52 De i/Imitation manière;lesuns ont de l'atrait pour une chose, & les autres pour une autre. La saison où l’on se trouve nous détermine souvent à des exercices qui lui conviennent; les uns font propres à des jours solennels, & d’autres aux jours ouvriers. Au tems de la tentation il nous en faut d’une forte ; & au tems de la paix & de la tranquillité il y en a d’au- tresqui conviennent mieux. Enfin les uns font propres au tems de la tri Helfe , & les autres lors que nous abondons dans la joie de Dieu. 6. Quand les grandes fêtes arrivent» nous devons redoubler nos saints exercices; prier Dieu avec plus de ferveur ; implorer son secours, & penser aux inoïens qu’il faut prendre, pour entrer un jour dans l’éternelle fête des Bien-' heureux. Nous devons alors nous tenir encore mieux disposés par une conversation sainte & par une exacte observation des commandemens de Dieu, comme étant prêts de recevoir de lui la récompense que sa grâce a promise à nos travaux. 7. Qjies’il tarde ànousapeller à cet heu- de J. Christ. Lhr. I. CÌj. 29. fz heureux & éternel moment, nous devons croire que c’est parce que nous sommes encore mal-préparés & indignes d’une fi grande gloire, qui ne fera révélée en nous que lors que le tems qu’il a déterminé fera venu ; c’est aussi afin que nous nous diíposionS par une sainte vie à une mort heureuse; a Bienheureux , est-il dit dans 8. Luc, sera le Serviteur queson Seigneur trouvera veillant lors qu il viendra, f}s vous di-s en vérité qiiil íétablira fur tous fes biens.. ne t’occupe plus qu à ce que ton Dieu t’a commandé. Entre dans ton cabinet, ferme íur toi la porte, crie Sc apelle Jésus ton bien-ai- mé. Demeure ensuite avec lui dans la retraite ; car tu ne trouveras nulle-part une telle paix. Si tu n’étois pas sorti de chéstoi, & que tu ne te fusses pas informé de ce que l'on dit de nouveau, ta paixs’en seroit mieux conservée; car à entendre des nouvelles, il est impossible que le cœur puisse jamais demeurer dans la paix. Chapitre XXI. Afflige ton Efj>rit en votant tes offenses . I. ^1 tu désires de t’avancer dans la O piété, demeure dans une crainte Perpétuelle de déplaire à Dieu, &ne te doue point trop de liberté;mais réfreine tous tes sens fous une sainte discipline » C 6 sans 1 so De l’Imitation sans te laisser aller à la jo'iejaour des choses vaines. Fai - toi une continuelle habitude de la componction de cœur, & tu verras croître ta piété. Le cœur contrit est une source de biens ; mais la distraction les fait perdre. C’est une chose étonnante, quel’homme, qui sait fort bien qu’il est ici bas en exil, & que son ame est fans cesse exposée à des dangers mortels,puisse même une feule fois 'abandonner entièrement à la joie. 2 . Nous sommes insensibles aux grands maux & aux plaies de nos amesj parce que nôtre cœur est leger , & que nous sommes -lâches à considérer nos défauts. Nous rions sotement & mal- à-propos lors que nous devrions fondre en larmes. Il n’y a point de liberté, ni de joie bien fondée si ce n’est fur la crainte de Dieu & fur la bonne conscience. Heureux celui qui peut rejettes tous les obstacles quilui causent de la distraction, & se recueillir pour exciter dans son cœur une sainte componction! Heureux celui qui éloigne de soi tout ce qui est capable de souiller ou de charger íà conscience ! Combats avec coura- de J. Christ. Lhr. 21. 6r courage. .Une mauvaise habitude s’éfa- ce par une meilleure. Si les hommes t’importunent &que tulesquites, ils te quiteront aussi, & te laisseront en repos avoir foin de ton ame. z. Ne te mêle pas des affaires d’au- trui, & ne t’embarasse point dans celle des Grands ; mais jette toujours fœil fur toi-même, & pren encore plus de foin de te corriger & de t'instruire que d'instruire tes meilleurs amis. Si tu n’ès pas dans la faveur ou f estime des hommes, ne t’en chagrine point ; ne t’affii- ge que de ce que tu ne vis pas fi bien Sc fi sagement qu un serviteur de DieuS£ un vrai Chrétien doit vivre. Il est souvent meilleur & plus fur à un homme dépasser íà vie fans beaucoup de consolations, que d’en avoir, fur tout de celles qui viennent du côté de la chair; mais si nous n’en sentons point qui viennent des choses divines , ou que nous en aïons fort rarement, c’est nôtre faute; parceque nous ne tâchons pas de porter nôtre cœur à la componction, & que nous n’abandonnons pas parfaite- mentles choses vaines & extérieures. C 7 4. Re- 6 % De l’Imitation 4. Reconnois-toi indigne des consolations divines, & digne de beaucoup d’afflictions & de troubles. Quand un homme sent une véritable componction, tout le monde lui devient pesant &amer. Un vrai Chrétien trouve toujours aisés de matière pour affliger son ame & pour pleurer devant son Dieu. Il en trouve en considérant ses prochains ; parce que nul n’est ici fans misères ; plus il se considère soi-même, plus est- il dans Taffliction ; Sc la matière de íà juste douleur & de la componction de son cœur, sont ses péchés Sc ses font des ordures où nous nous plongeons si avant,que nous avons delapei- ne à élever nôtre esprit aux choses ípi- jituëlles & célestes. s. Je m’aflùre que tu prendroisplus de foin qne tu ne fais à t arnender si tu penfois à la mort plus souvent qu’à te flater de vivre long-tems; &je crois que si tu t’apliquois sérieusement à la considération des peines qu’on souffre dans l’aiitre vie, tu ne ferois pas tant de difficulté à porter en ce monde les croix que Dieu t’impofe ; Sc que tu ne crain- drois de J. Christ. Livr. 1. Ch. 11 . 6} cons. drois pas ainíi les adversités qu’il te veut uo! faire éprouver. Mais parce que nous ne inde prenons pas ces choses à cœur , & que npo'. nous nous laissons encore aller aux flapi terres & aux attraits de la chair, nous eto;. demeurons lâches & froids, erfc 6. Souvent ce malheureux corps n’est dans les plaintes, que parce que ijesì l’Esprit est destitué des vrais biens. Va ers, t’en donc te prosterner avec humilité de- s eii. vant le Seigneur pour obtenir de lui la deíi grâce de la componction; & lui di n de dans les termes du Prophète, a Don- ;,Ce ne mou mon Dkul a manger du sain de lar- ior, mes, & donne moi à boire une f leine rnesu- apei. re d?eau de pleurs. jpi* e J. Christ. Livr. I. Cb. 22. 6 f plus un homme devient ípirituël, plus trouve-t-il d’amertume dans la vie présente ; parce qu’il voitplus clairement les imperfections & les défauts aux- quels nôtre corruption nous assujétit,& qu’il les ressent plus vivement. Manger, boire, veiller, dormir, se reposer, travailler, & toutes les autres nécessités auxquelles la foiblesse de nôtre nature nous soumet, sont une véritable misère & un poids affligeant pour celui qui aime les choses spirituelles , & qui vou- droit de tout son cœur devenir libre , & se voir affranchi de tout péché. j. Car rhomme intérieur souffre beaucoup par les nécessités que le corps exige dans cette vie ; ce qui fait que les Saints ont souhaité d’en être délivrés ; à quoi l’on peut raporter cette parole du Prophète ; a Seigneur délivre moi des nèceffités où je me trouve. Que malheureux font ceux qui ne connois- sent pas leurs misères ! plus malheureux font encore ceux qui ont de l’a- mourpour elles & pour cette vie corruptible ! Il y en a qui l’embrassent avec tant d’ardeur, que bien qu’à peine ils f \ nr - aient 00 -P/. v. 17. 66 De l’ Imitation aïent assés pour vivre soit en travaillant, soit en mendiant, si néanmoins ils é- toient assurés de pouvoir vivre toû- joilrs, ils ne se soucieroient point du Roïaume de Dieu. 4. O ! que c’est être insensé & infidèle à sa vocation, que de demeurer si attaché aux choses de la terre, Síden’a- voir de goût que pour ce qui regarde la chair ! Ces malheureux sentiront enfin avec douleur combien étoit vil & méprisable ce qu’ils ont tant aimé. Les Saints de Dieu & les vrais amis de Jé- sus-Christ ne s’atachent pas ainsi aux choses qui font agréables aux sens ; ils ne s’arètent pas à ce qui a de l’apa- rence dans ce siècle ; toute leur espérance & leur inclination est portée vers les biens éternels ; tous leurs désirs n’ont de raport qu’aux choses qui font en haut, qui font stables, qui font invisibles; de peur que 1 amour des choses visibles ne les attire vers la bassesse des créatures. Courage, mon frère, ne pers point l’efpérance de t’avancer dans la vie de l’Efprit, puis que tu en as encore le tems. f. Pa- ce J. Christ. Livr. I. Ch. 22, 67 4. Paresseux! pourquoi remets-tu de jour à autre l’exécution de tes bons desseins? Lève-toi, commence dès ce moment , & di enfin, a Voici mainte* nant le tems d’agir, voici le tems de combatte, voici le tems propre pour tarnender. Lors que tu te vois affligé & dans la souffrance , sache qu’il est tems de te rendre agréable à Dieu. Tu dois b passer par le feu & par l’eau avant que d’entrer dans le lieu du rafraîchissement. Si tune te fais violence, tu ne vaincras pas tes vices. Nous ne pouvons être fans péché, fans peine,^ fans douleurs, tant que nous portons ce corps fragile. Nous voudrions bien être délivrés de toutes nos misères ; mais la perte que nous avons faite de nôtre innocence par le péché entraîne nécessairement la privation de nôtre félicité. Présentement il n’y a point d’autre recours pour nous que la patience & Patente de la miséricorde de Dieu, jusqu’à ce que toutes nos iniquités soient passées, & que ce qu il y a de mortel en nous soit absorbé par la vie. a 1 . Cor. 6. D. L. b Psa. 66. v. 12 ,. 68 De h ’ Im i t a t i o m 6. Que la fragilité des hommes est grande,puisqu’ils ont toujours un penchant pour les vices! Aujourd’hui tu confeiì'es tes péchés devant Dieu, &dès demain tu recommenceras à commettre les mêmes fautes. Maintenant tu prens résolution d’éviter & de fuir un péché; & tu y tombes un heure après comme fi tu n’avois point fait de résolution contraire. O que nous avons sujet de nous humilier, & de n avoir null&bonne opinion de nous mêmes, vû que nous sommes si fragiles & si inconstans I Nôtre négligence no$is fait perdre en peu de tems ce que la grâce de Dieu nous a fait aquérir avec tant de peines. 7. Hélas ! que deviendrons-nous à la sin de nôtre vie si nous sommes si tièdes au commencement ? Malheur à nous, si nous voulons déjà nous reposer comme si tout étoit en paix Sl en assurance pour nôtre salut, quoi-que dans nôtre conversation il ne paroisse pas encore une feule trace de la vraie sainteté! Nous aurions bien besoin d’être instruits de nouveau dans l’exercice de la vie Chrétienne corne de jeunes écoliers; de J. Christ. Livr. I. Ch. 2j. 69 íu moins s’il y avoir pour nous quelque eiperance d amendement, & de faire de plus grands progrès dans les choses ípirituëlles. Chapitre XXIII. Tu mourras i & ta mort fera comme ta vie. 1./'“''E fera bientôt fait de toi. Pense à ce que tu deviendras ensuite. Un homme paroit aujourd’hui, il dis- paroit demain ; & lors qu’on ne le voit plus, on ne s’en souvient plus. O stupidité & endurcissement du cœur humain ! L’homme ne pense qu’à ce qui est devant ses yeux, & il ne prévoir point les choses à venir. Dirige toutes tes actions & toutes tes pensées comme fi tu devois mourir aujourd’hui. Si ta conscience n’avoit rien à te reprocher , tu ne craindrois pas beaucoup la mort. Il vaudroit bien mieux prendre peine à éviter le péché que de fuir la mort. Si tu n’ès pas aujourd’hui bien préparé , comment le seras-tu demain ? Le jour de 7o De l'Imitatiou de demain est incertain pour toi ; d'otl sais-tu que tu vivras demain ? 2. Que nous profite -1 - il de vivre long-tems, puisque nous nous amendons si peu? Hélas! ce n’est pas la longue vie qui fait que l'on s’amende. Le plus souvent elle ne sait qu augmenter le nombre de nos péchés & nous rendre plus inexcusables. Plût à Dieu qu il y eût eu un seul jour dans nôtre vie où nous eussions tout à fait vécu en vrais Chrétiens! Il y a beaucoup de gens qui font ailés vains pour compter les années depuis leur conversion, mais l'on voit peu de fruits de leur amendement. Si la mort est à craindre, peut-être que la prolongation delaviel’est encore davantage , Heureux a celui qui a toû- jours devant les yeux fa dernière heure, & qui est tous les jours dispose à mourir! Il ne se peut presque que tu n’aïes vû mourir quelqu’un ; pense fans cesse qu’il te faudra franchir le même pas. z. A u matin considère que peut- être tu ne vivras pas jufqu’au soir, que si tu passes ce terme, ne te flate point du lendemain. Soi donc toûj ours prêt, & Ça Vl de J. Christ. Livr. I. Ch. 23. 71 jí; vi de telle manière que si la mort te surprend elle ne te trouve pas mal-pré- paré. Beaucoup de gens meurent subi- tement & inopinément ; _a Le fils de lab Vhomme viendra, dit l’E vangile, à l’heu - L; re que l’onrìy pensera pas. Quand ta der- m; nière heure sera venue, tu auras bien une hcr autre opinion de ta vie, qui sera toute uil], passée, que tu nen as présentement - , & ie 03 tu sentiras un cuisant déplaisir d’avoir vrais été si négligent & si lâche, qui 4. Heureux & sage celui qui prend peine d’être tel en toute sa vie qu’il dénie lire d’être trouvé au jour de la mort ! , Si Une vie passée dans le mépris des choses iela de ce monde, dans des désirs ardens da. pour la vertu, dans l’amour de la cor- jjj. rection, dans l’aiïliction de la repentante, ce, dans le renoncement à soi-même, ju* , dans le suport» de tous les maux pour t,es ' l'amour de Jésus-Christ, donne une elfe merveilleuse assurance de bien mourrir. Tu peus , pendant que tues en bonne st santé, emploïer ta vie à bien faire ; mais 115 je ne sai ce que tu pourras faire étant mail lade ; car il y en a peu qui s’amendent & par la maladie, comme il y en a peu '* 00 Luc. u. v. 40 . 72 De l’Imitation qui se sanctifient en faiíant souvent des courses d’un côté & d’autre. 5 . Ne te fie point fur tes amis ni fur tes proches, & ne diffère point l’affaire de ton salut pour l’amour d’eux ; aussi bien seras tu oublié des hommes plutôt que tu ne te l’imagines. Il vaut mieux pourvoir toi même de bonne heure à ton salut, faire un bon trésor pour l’ave- nir , que de t’en fier sur d’autres. Si tu n’as pas foin de toi même, qui en aura donc foin ? Voici les momens précieux; {a voici le jour du salut; voici le tems favorable. Hélas! ô douleur! faut-ilquetu réemploies pas mieux le tems qui t’est donné pouf aquérir l’éternité ! Un tems Viendra que tu souhaitteras d’avoir un jour, ou même une feule heure, pour t’amcnder, 8c je ne sai fi tu l’obtiendras. 6. Ah ! mon cher frère, quels périls, quelles angoisses ne pourras-tu pas éviter, si tu demeures toujours dans une sainte fraïeur 8c dans une sage précaution àl’égarddela mort ! Faitous tes éforts pour vivre de telle forte au tems présent, qu’au jour de ta mort tu aies plus de sujet de te réjouir que detrem- , , „ , bler -» L. C or. 6 . v. 2 ,. Ue b ' ra 1 pi It !a! ' it la d'k fea troi VB ina M Mi enj tî/f EQ R; feì [c; de J. Christ. Livr. I . 7Z bler. Apren maintenant à mourir au monde, afin qu’alors tu commences à vivre avec Jéius-Christ. Apren dès à présent à rejetter toutes choies avec un saint mépris,afin que tu ailles plus libre à Jésus-Christ lors qu’il Rappellera. Châtie ton corps par la mortification > afin qu’alors tu aies sujet de te fier entièrement en la miséricorde de Dieu. 7. Fou Sc insensé que tu ès ! Jevou- drois bien lavoir pourquoi tu t’imagi- nes que tu vivras long-tems , toi qui n’as pas un seul jour d’asiuré? Combien cette folle imagination a-t-elle trompé de personnes qui ont été enlevées de ce monde plutôt qu’ils ne pensaient? N’as-tu pas souvent oiii dir! toi-mêmesur ce sujet, Un tel a été tué; un autre s'est noié ; l'un s’est rompu le cou étant tombé d’un lieu haut; un autre est mort en mangeant, & un autre en jouant ? Le feu > le fer, la peste, les voleurs, n’enlèvent-ilspas beaucoup de monde ? & ceux qui en échapent doi- vent-ils attendre autre fin que la mort ? Ainsi la vie de l’homme paííe vite ÔC comme une ombre. D 8. Pré- 74 D » l’ Imitation 8. Préten-tu qu’on se souvienne de toi ou qu’on prie pour toi après ta mort ? Non, non, mon cher frère, fai maintenant le plus de bien que tu peux; puis que tu ne sçais quand tu mourras, ni ce qui t’arrivera après ta mort. Amasse des richesses immortelles pendant que tu en as le tems. Ne pense qu’à des choses vraiement salutaires ; n’a'ie foin que des affaires de Dieu. Fai toi maintenant des amis en honorant les traces des Saints par limitation de leur vie, afin que, selon la parole de l’Evangile, ct lors que ta vie défaudra ici , ils te re- solvent dans les tabernacles éternels. 9. Tien toi sur cette terre comme un Voiageur & un étranger que toutes les affaires du monde ne regardent en rien. Conserve ton cœur dans la vraie liberté, 8c qu’il soit toujours élevé vers Dieu; parce que b tu n as point ici de cité permanente. Envoie lui tous les jours de ta vie tes prières 8c tes gémiffemens acom- pagnés de tes larmes, afin qu’aprèsta mort ton Esprit aille heureusement au Seigneur. Amen ! a Luc. 16. v. 9. Iß Jitbr. 13. v. i4. Cha- ee J. Christ. Lìvr. I. Ch . 24. 7 S mec prés te,Ê >pG Chapitre XXIV. / l. Onsidère en chaque chose la fin V—/ dernière, & comment tu com- paroîtras devant ce Grand Juge, qui est sévère,à qui rien n’est caché,qui ne peut être apaisé par des préfens,qui ne reçoit point d’excuses ; mais qui juge selon la justice. Que répondras-tu à ce Dieu qui connoit toutes tes iniquités , pécheur malheureux & insensé ? Que fe- ras-tu devant lui, toi qui r-embles quelque fois devant un homme qui elV'en colère ? Pourquoi ne teprépares-tu pas afin que tu puisses subsister au jour de ce jugement redoutable, où personne ne pourra être excusé ni défendu pat son prochain, chacun devant porter alors son propre fardeau qui ne sera que trop pesant pour lui? C’est maintenant que ton travail te pourra être utile ; que tes larmes pourront être acceptées de Dieu* &tes gémissemens exaucés , 8í que les afflictions de ton ame peuvent te profiter & te purifier. O L 2, Le- *}6 De l*Imitation 2 . Celui-là est dans la grande & la salutaire école de la purification , qui souffre de bon cœur tout ce qui lui arri- vVj quireccvastL'des injures, estais marri 8c affligé de ce que les autres font malicieux que de ce qu il endure lui même ; qui prie volontiers que Dieu bénisse ceux qui lui font contraires, 8c qui leur pardonne de tout son cœur les maux qu’ils lui ont faits ; qui ne diffère pas d’aller demander pardon à ceux qu'il croit avoir tant soit peu offensés; qui fie laiste plutôt toucher de compas- fi ' L * r . 1 X . r - rJ . ^ , > - “• , qui iv, iait viojence à íoi-mêine & s'ëforce d’assujettir à l’efprit toutes les passions de la chair. Il vaut bien mieux arracher & faire mourir fies vices en cette vie, que d’attendre l’éfroiable expiation du siècle à venir. Nous nous trompons ici aussi certainement que malheureusement, parce que nous aimons trop nôtre chair. z. Quelle fera la matière qui entretiendra ce feu dévorant, sinon tes péchés ? Plus tu t’épargnes maintenant pour suivre les attraits de la chair, plus feras- de J. Christ. Livr. I. Ch. 24. 77 seras-tu puni, &plus de matière auras- tu réservé pour ce feu dévorant. Chaque pécheur y sera tourmenté par des peines qui naîtront de ses péchés mêmes, & qui y auront du raport. Ces tourmens seront pour les lâches un feu perçant qui les ré veillera;pour les gour- mans, les ivrognes & les dissolus, une faim & une soif éternelle; ils seront aux voluptueux & aux impudiques une poix ardente & une puanteur de souffre brûlant; & aux envieux un sujet de hurler comme des chiens enragés. 4. Nul vice ne fera fans un loîer particulier de peines & d’angoisses. Les .cœurs hautains seront honteux & confus pour jamais, & les avares seront dans une disette éternelle. Une heure de ces peines leur fera plus insuportable que ne leur auroient été cent années de très grande mortification dans ce monde ; car il n’y a nul repos, nulle consolation pour les damnés,au lieu que dans ce monde on a des intervalles pour íê reposer,&pourse consoler dans la compagnie de ses amis. Tien donc ton ame dans une crainte & dans une affliction D z salu- 58 De l’Imitation salutaire , à cause de tes péchés, afîn qu’au j our du jugement tu puisses paroi- tre en assurance dans la compagnie des bien-heureux. Car a lesjufies Relèveront dors avec une confiance merveilleu- fe contre ceux qui les auront affligés & oprìmés en cette vie. Alors celui qui se sera maintenant soumis avec humilité aux jugemens des hommes injustes, sera devenu leur Juge. Alors le pauvre & l’humble fera plein d assurance; mais le íùperbe fera íâisi de fraïeur & en tremblera. f. Alors on verra que celui-là étoitvé ritablement íàge dans ce monde, qui pour l’amour de Jéfus-Christ n aura pas refusé de passer pour un homme sans cœur & indigne de toute estime. Alors les afflictions qu’on aura soussertes avec patience seront agréables ; & {U toute iniquité aura la bouche fermée. Alors toute ame qui se sera consacrée à 1’obéïs- lance de Dieu, sera pleine de joie , au lieu que l’impie sera plein d’affliction. Alors le corps mortifié aura plus d’allé- gresseques’il avoir été nourri dans les délices. a Sap . Z. de J. Christ. Livr. 1. Ch. 24 .- 7p délices. Alors le vil habillement du pauvre deviendra lumineux, & les habits éclatants des superbes seront obs- curcis, Alors un pauvre domicile fera plus prisé que des Palais toutbrillans d’or. Alors la grande patience fera plus profitable que la grande puiíTance. Alors l'obéissance rendue en simplicité aux commandemens du Seigneur fera plus estimée que tout le rafinement 8c toutes les adresses des íàges du siècle. 6. Ce fera alors qu’une pure & bonne conscience donnera plus de joie qu’une grande science ; Que le mépris des richesses aura plus de poids & de prix que tous les trésors de la terre; Que l’on retirera plus de rafraîchissement de l’ardeur des prières que des vivres les plus délicats ; Que le silence qu’on aura gardé réjouira plus que les longs entretiens; Que les bonnes œuvres que l’on aura faites seront plus utiles que les belles paroles que l'on aura dites; Qu’une vie austère & mortifiée, fera plus agréable que lescontentemens que l’on aura pris fur la terre. Apren donc maintenant à souffrir patiemment ici de D 4 petits 8o De limitation petits maux, pour en éviter alors de si dès à présentée que tu peux. Si tu ne peux suporter des maux si petits que font ceux de ce monde , comment pourras-tu soutenir les peines éternelles ? Si la moindre incommodité que tu souffres te jette dans l’im- patience & dans le dépit, - " . c i’abusepoint; tu ne peux avoir deux bonheurs ni deux félicités ; tu ne peux vivre ici dans les joies du monde, & régner eníuite avec Jésus-Christ dans le Ciel. 7. Quand tu aurois vécu jusqu’à ce jour dans les honneurs & dans les plaisirs du monde, Lc qu'il te saudroit présentement mourir, di-moi, je te prie, que te serviroit tout cela? Tu vois donc comment toutes choses ne font que vanité, excepté l’amour & l’obeissance que l’on rend à Dieu seul ; car celui qui aime Dieu, de tout son cœur, ne craint point la mort, ni les suplices, ni le jugement, ni Penser ; parce que le parfait amour fait aprochcr de Dieu avec confiance ; mais quand on trouve encore du plaisir à pécher, il ne faut pas s’éton- ner de J. Christ. Ch. Ls. 8ï nerfi l’on craint la mort & le jugement, Cependant fi 1 amour de Dieu ne te peut encore empêcher de mal faire, au moins que la crainte des peines ' ;. . *-e tienne en bride. Il est vrai que ct^ i qui n’estpas retenu par la crainte de déplaire à Dieu, ne peut demeurer long-tems dans le bien, & qu’il ne peur manquer de tomber bientôt Chapitre XXV. Aies beaucoup d'ardeur pour amender ta vie. I. Ç Ers Dieu, 5c lui obéi avec vigi- O lance & avec foin. Pense souvent pourquoi tu ès Chrétien, & que tu as promis au batème de renoncer au monde. N’a ce pas été afin que tu ne vives plus que pour Dieu,& que tu deviennes un home vraiement spirituel ? Sois donc ardent à t’avancer dans cedestein ; parcs que tu recevras bientôt la récompense de ton travail, & alors tu feras exemt de craintes & de peines pour jamais. D 5 Pouj %l De l’ïmit aï i o k Pour le peu que tu souffres en cette vie, tu trouveras un repos très-grand,& même éternel. Si tu ès zélé & fidèle, à faire ce que Dieut’a commandé, Dieu sera fidèle, & te récompensera richernc'. Espère que tu viendras jusqu’au bout de la course pour avoir la victoire ; mais garde toi de la sécurité, depeurqu’elle ne te fasse relâcher, ou qu elle ne te rende présomtueux. ... . • L. Un homme étant un jour agité dans íòn ame & flottant entre la crainte & l’elpérance, fut saisi de tristesse, & alla se prosterner devant Dieu. Comme il repassoit souvent dans son cœur ces paroles ; O fi fètok assuré que je persévérerai jusqu à la fin! il entendit cette divine réponse qui lui fut faite dans intérieur ; Et si tu le savon, que ferok-tu ? Va, f ai dès à présent tout ce que tu ferok alors; &tuferas enseureté. Se sentant en même tems consolé & fortifié par cette parole, il se remit entièrement à la volonté de Dieu, & les agitations de son ame cessèrent. U ne s'apliquaplus ensuite à s’enquérir curieusement de ce qui lui devoir arriver à l'avenirz mais il mitpei- ne be J. Christ. Livr, í. Cb. 25. tf' ne à rechercher quelle étoit la volonté de Dieu, agréable & parfaite, pour commencer & finir par elle des œuvres toutes saintes. I . 4 Mets ton espérance au Seigneur, & fai ce qui est bon, dit le Prophète j tu habiteras fur la terre ,& feras repu de ses biens. Il y a une chose qui empêche beaucoup de personnes de s’avancer Sc d’être ardeiis à s’amender ; c’est qu ils frémissent à saípect des difficultés & du travail qu’il y a dans ce saint combat. Mais ceux qui font de courageux éfforts pour surmonter ce qui leur est le plus pénible & le plus contraire, font aussi, les plus grands progrès dans la vertu. Plus un homme se combat & se vainc lui même, plus il se mortifie dans l’eíprit ; plus avance-t-il & reçoit-il de grâces. 4. Il est vrai que tous n’ont pas la même mesure de forces pour se vaincre &pour mourir a eux-mêmes ; celui-là néanmoins qui a un grand zèle réussira mieux à vaincre ses passions quoi qu’el- les soient en grand nombre, que ne fernst un autre moins déréglé, mais aussi moins ardent & moins zélé que lui. Il W Pajal’ 37 3 . ^ 3 ?4 De l’Imitation y a deux excellens moïens qui nous peuvent beaucoup servir à nous corriger; l’un, de nous faire violence pour nous soustraire aux penchans vicieux de la nature ; l’autre, de nous empresser à la recherche du bien & des vertus qui nous manquent le plus. Tu dois aussi tâcher sur-tout de fuir & de vaincre en toi les défauts qui te déplaisent le plus dans les autres. 5. Fai ton profit de tout. Si tu vois des personnes qui vivent exemplairement, ou que tu en entendes parler,fois enflammé d’un saint désir de les imiter; & si tu vois de mauvais exemples, pren occasion de là de te tenir fur tes gardes de peur que tu ne commettes les mêmes maux. Que si tu les as déjà faits, corrige t’en avec plus de foin. Si tu prens garde à ce que font les autres, les autres prennent aussi garde à ce que tu fais. Qiul y a déplaisir à voir des âmes religieuses pleines de ferveur & de piété , vivre comme des frères d’une manière sainte & bien réglée! Mais qu’il y a de déplaisir & de tristesse à les voir vivre licencieusement, & appliquées à de J. Christ. 85 des choses qui ne regardent pas leur sainte vocation 1*0 qu’ilest dangereux de négliger les choses auxquelles on est appel lé, & de se mêler de celles qui ne nous ont pas été commises 1 6. Souvien - toi des promesses & des desseins que tu as faits devant Dieu, & aïe toujours devant les yeux Jésus- Christ crucifié. Peux-tu considérer íà vie íàns être honteux & confus de ce que jusqu’à cette heure tu as eu si peu de foin de rendre la tienne conforme à la sienne, quoi qu’il y ait déjà Iong-tems que tu fasses profession d’être dans la voie de Dieu ? Le Chrétien qui s’exerce de tout son cœur & sans reserve dans la très-saínte vie & dans la Passion du Seigneur , y trouve très - amplement toutes les choses qui lui font utiles & nécessaires ; & ce seroit en vain qu’ií chercheroit quelque chose de meilleur que ce qui est en Jésus. O ! que nous serions savans, &que nous le serions tôt, si Jésus crucifié venoitdans nôtre cœur! 7. Le Chrétien zélé aprouve & porte ce que Dieu lui impose. Le Chrétien négligeant & le tiède ont troubles fur D 7 trou. 86 De l’Imitation troubles,& se trouvent en peine de tous côtés; parce que n’aïartt point de consolations intérieures, ils ne peuvent en chercher qui viennent du dehors. Le Chrétien déréglé est fur le bord d'un grand précipice. Celui qui cherche à mener une vie lâche & molle fera toujours en peine ; parce qu’il y aura toujours quelque chose qui ne lui plaira pas. 8. Comment ont fait tant de saintes personnes qui ont mené une vie très mortifiée pendant qu’elles étoient renfermées dans la prison de ce corps mortel? Ilsfrequentoientpeu le monde ; ils vivoient dans la retraite; ils se nourrissoient très pauvrement; un chétif habit sufisoit pour couvrir leur corps ; ils travailloient beaucoup de leurs propres mains ; ils parloient peu ; ils passoient les nuits à veiller, & se levoient de grand matin ; ils prioient sans cesse ; lisoient & médi- toient souvent la parole de Dieu, & se maintenoient exactement sous íà sainte discipline. Considère les Saints Patriarches, les Prophètes, les Apô- de J. Christ. Lh. 87 tres, & les vrais disciples de Jéíus- Christ. Voi-tu comme ils emploï- oient a les nuits à chanter les louanges du Seigneur. Quelle honte pour toi j que tu fois paresseux pour faire des œuvres fi saintes lors que tu vois une multitude de saintes personnes , prendre tant de plaisir à chanter les louanges de Dieu. 5 >. O ! si nous n’avions point d’au- tres choses à faire qu’à louer de cœur & de bouche le Seigneur nôtre Dieu! O ! si nous pouvions nous passer du manger & du boire & du dormir, pour ne rien faire que chanter ses louanges , & ne vaquer qu’à des choses spirituelles, nous serions incomparablement plus heureux que nous ne sommes ; puisque les moindres nécessités du corps nous détournent de ces saints exercices ! O ! si nous n’é- tions point asservis à ces nécessités, 8i que nous n’eussions qu’à repaître nos âmes de la céleste nourriture, que nous ne goûtons que si rarement ! io. Quand un homme est venu jusqu’à » Ps, us. v. 6r>. Atí, 16. v, 88 De t.’Imitat ion jusqu’à ce point de ne chercher aucune consolation dans la créature, il commence à bien goûter Dieu, & quoi qu’il lui arrive , il est toujours content. Alors dans la prospérité il ne s’abandonne plus aux vaines joies, & il n’est plus susceptible de tristeste pour des traverses qu il regarde comme peu de chose; mais il se remet & se fonde absolument sur Dieu, qui lui est devenu tout à l’égard de toutes choses, & pour lequel rien ne meurt, rien ne périt ; car toutes choses vivent à lui, & obéissent à la moindre de ses paroles. 11. Souvien - toi toujours de ta fin dernière, & que le te ms perdu ne revient plus. Souvien - toi que tu n’aquerras jamais la satisfaction fans beaucoup de peines & de grands foins. Malheur à toi si tu deviens tiède. Heureux ! si tu t échauffes , & si tu prens courage; car alors tu trouveras une grande paix, & le travail redeviendra facile, parce que la grâce de Dieu & l’amour qu il te donnera pour la vertu, adoucissent le joug du Sauveur, ïî. £3 de J. Christ. Livr. k. Ch. 25. 8- Veur. Lame fervente est prête à tout; quoi que la résistance aux vices &aux passions soit un travail beaucoup plus grand que tous ceux du corps. Si l’on ne prend point de peine pour éviter les petits défauts, on tombera peu à peu dans les plus grands. On est toûjours joîeux au soir quand on a bien emploïé la journée. Veille donc sur toi ; anime toi ; exhorte toi; & quoi qu’il arrive aux autres, ne te néglige point toi-même. Tu ne feras des progrès qu autant que tu te feras fait de violence. Fin du prémier Livre . DE D E LÌMITATIO JESUS CHRIST. LIVRE SECOND. CO N TENANT Des admonitions pour avancer Pâme dans la vie intérieure & spirituelle. Chapitre I. Tu verras tout dans toi , fi tu fais bien t'y rendre. ' E Roiaume de Dieu est dans vous a dit le Seigneur. Retourne au Seigneur;con- verti toi ; fai divorce avec ce malheureux monde, & ton ame trouvera le repos. Apren à mépriser les choses du dehors, & à t’a- pliquer à celles du dedans, & tu verras a Luc. 17. v. xi. c l ue Del’Imit. de J. 91 que le Roïaume de Dieu viendra dans toi ; Car a le Roiaume de Dieu est la paix & la joie au S. Esprit, ce qui n’est pas donné aux impies. Jésus-Christ viendra dans toi, & te fera goûter ses consolations, si tu lui prépares dans ton intérieur une demeure digne de lui. b Toute la ; J/Qur retrouverfâsi’J z /píuroitr Jôtítazre. 50 D E L’IMITATIO JESUS CHRIST. llrn c Del’Imit. de J. 91 que le Roïaume de Dieu viendra dans toi 5 Car a le Roïaume de Dieu est la paix & la joie au S. Esprit, ce qui n’est pas donné aux impies, Jésus-Christ viendra dans toi, & te fera goûter íès consolations, si tu lui prépares dans ton intérieur une demeure digne de lui. b Toute la gloire & la beauté qu’il recherche est dans t intérieur; & c’estlà où il prend tout son plaisir. Il rend de fréquentes visites à shomme du dedans; il le gratifie de ses entretiens pleins de suavité, & de ses agréables consolations ; il le comble de fa paix divine, & entre dans une ravissante familiarité avec lui. L. Pren donc courage, ame fidèle, prépare ton cœur à cet Epoux céleste , afin qu’il vienne dans toi, & qu’il daigne y demeurer ; car voici fa promesse, c quelcun m aime, il gardera ma parole ; & nous viendrons à lui , & ferons dans lui nôtre demeure . Fai donc place à Jésus-Christ, & refuse l’entrée à tout autre objet. Si tu as Jésus-Christ, tu ès riche ; pz De l’Imitation riche ; & lui seul te sufit pour tout. Il sera ton Pourvoïeur Adèle, sans qu’il soit besoin que tu t’attendes aux hommes. Car les hommes font changeans; ils nous manquent en un instant j mais Jésus-Christ demeure éternellement,& il se tient constamment près des siens jusques à la fin. 3 . Il ne faut pas s’attendre beaucoup à 1 homme quoi qu’on en tire de I’utili- lité & qu’on l’aime ; car il est fragile & mortel. Il ne faut pas aussi s’attrister beaucoup fi quelque fois il s’élève contre nous, & nous est contraire. Ceux qui font aujourd’hui pour toi, pourront être demain contre toi ; &au contraire , les ennemis d’aujourd’hui seront peut-être demain tes amis. Les hommes changent comme le vent. Ne te confiequ’en Dieu ; ne crain que lui; n’aime que lui ; alors il répondra de tout ce qui pourra t’arriver , & fera tout pour le mieux. Pense que a tu rias point ici de cité permanente ; que tu ès un étranger & un voïageur quelque part que tu fois ; & que tune trouveras point 00 Heb. IZ. v. 14 . de J. Christ. Livr. II. Cb. i. 93 point de repos si tu n’ès uni intérieurement avec Jésus-Christ. 4. Pourquoi jettes-tu les yeux de tous côtés autour de toi, puis que ce n’est pas ici le lieu ou tu dois te reposer? Cest dans les Cieux que doit être ta demeure ; 8c tu ne regarder toutes les choses de la terre que comme en passant. Toutes choses passent, & tu passes aussi avec elles. Donne toi de garde de t’attacher à elles, de peur que tu ne fois pris & que tu ne périsse avec elles. Elève toutes tes pensées à celui qui est élevé au dessus de toutes choses, 8c offre fans cesse tes prières à si tu n as pas le don de porter tes méditations jusqu’aux choies sublimes qui font dans le Ciel, cherche ton repos dans la passion de Jésus-Christ, Lepren plaisir à te tenir colé à ses sacrées plaies. C’est un refuge où tu te sentiras fortifié dans tes tribulations ; tu ne te mettras point en peine des mépris des hommes, & tu souffriras très aisément toutes leurs injures & leurs mauvaises paroles. 5. Jésus-Christ n’a-t-il pas été méprisé des hommes dans ce monde? N’a- t-il 54 De l Imitation t-il pas été abandonné de ses amis & de tous ceux de fa connoissance au milieu des oprobres & dans ses très grandes nécessités ? Quoi! Jésus- Christa bien voulu souffrir & être méprisé, & tu oses te plaindre de quelqu’un ? Il a eu beaucoup d’ennemis & tu ne voudrois trouver que des amis & des bien-faiteurs ? Comment seroit couronnée ta patience, si tu n’avois rien qui te fût contraire ? Comment seras-tu ami & compagnon de Jésus-Christ, fi tu ne veux point souffrir d’adversités ? Si tu veux régner avec Christ, il faut que tu souffres avec Christ, & pour l’a- mour de Christ. 6. Si tu étois une fois entré dans l’in- térieur de Jésus, & que tu eusses un peu goûté de l’ardeur de son Amour, tu ne te soucierois plus de tes propres commodités, ni de tes incommodités. Les oprobres que tu recevrois , te donne- roient alors de la joie ; parce que l’A- mour de Jésus-Christ fait que 1 homme se méprise soi-même. Celui qui aime Jésus & la vérité, l’homme vraiement intérieur» & qui est libre de toutes les passions pi t nous le perdons bientôt par nôtre négligence. Nous sommes souvent si stupides, que de ne pas sentir jusqu’ou va saveuglement de notre cœur. Souvent nous agissons mal 8c nous nous excusons encore plus mal. Nos passions nous font prendre feu & nous emportent, & nous nous imaginons que c’estle Zèle de Dieu. Nous reprenons avec rigueur les petites fautes que les autres font, 8c nous passons par dessus les nôtres qui font beaucoup plus grandes. Nous sentons bien-tôt 8c nous pesons avec exactitude le petit poids que nous devons porter 8c soutenir de la part des autres ; mais nous ne considérons pas quelle charge ils ont à porter de nôtre part,8c combien nous leur pesons. Certes si chacun vouloit bien examiner 8c peser ses actions,il verroitqu’il n a pas sujet de juger si sévèrement ses frères. L. L’Homme intérieur préfère le foin de son ame à tous les autres foins ; & celui qui est exact à se considérer soi- £ 4 même, 104 Délimitation même , se taît aisément à l’égard des autres. On ne vivra jamais de la vie spirituelle & intérieure, ni dans la piété, qu’en se tenant dans le silence sur ce qui regarde les autres , pour s’emploïer tout entier à réfléchir fur soi-même. Si tut’occupes entièrement de Dieu & de toi-même, tout ce qui arrive au dehors retouchera peu. Où ès-tu quand tu nés pas présent à toi-même ? Qu’as- tu profité, si aiant parcouru & fureté toutes choses, tu t’ès négligé toi-même? Veux-tu avoir la paix & la vraie union avec Dieu ? Il faut nécessairement que tu te détaches de tout ce qui est au monde, pour ne jetter les yeux que fur toi. z. Et par conséquent tu avanceras merveilleusement si tu te tiens libre de tous foins temporels ; mais tu reculeras beaucoup pour peu que tu t’en charges encore. Que rien ne te paroisse grand, ni élevé,ni agréable,ni désirable, que Dieu même, ou ce qui est purement de Dieu. Réputé pour vain & pour inutile tout ce que la créature p eut te donner de consolation. Lame qui de j. Christ. Livr. II. Ch. 6. iojs qui aime Dieu, méprise tout ce qui est au dessous de Dieu. Dieu seul éternels infini j & qui remplit toutes choses , est la consolation de Tarne, 8c la vraie joie du cœur. Chapitre VI. La joie bien solide est dans la conscience » homme de bien ne cherche point de gloire ailleurs que dans le témoignage d’une bonne conscience. Aie donc une bonne conscience, 8c tu auras toujours de la joie, L’Homme qui a une bonne conscience sait beaucoup suporter ; 8c sa joie se redouble au milieu des adversités les plus grandes; mais celui qui a une mauvaise conscience, tremble toujours , 8c n’a point de repos. Si ton cœur ne t accuse de rien, tu jouiras d J un repos très doux. Ne te réjouis jamais que d’avoir fait du bien. Nul méchant n’a jamais de véritable joie , 8c ne ressent jamais de paix intérieure ; car a il rìy a point de paix pour les méchans, dit le Seigneur. Que E j ’ils W Wa. M- v. u» f ío 6 Del’Imitation s’ils disent» nóus sommes dans la paix» les maux ne viendront point nous trouver. Et qui seroit alles hardi pour entreprendre de nous nuire ? ne les en croi pas» car la colère de Dieu se lèvera soudain contr’eux ; tout ce qu’ils ont fait, s’évanouïra » & leurs desseins périront. r. II n’est pas dificile à celui dans le cœur duquel a U amour de Dieu eß répandus se glorifier dans les afflïEiions ycar se glorifier de le sorte est b se glorifier dans la croix du Seigneur. La gloire que les hommes se donnent 8c reçoivent mutuellement les uns des autres, paf- se & s’é van ouït en x un moment; & comme elle est mondaine, la tristeste raccompagne toujours. La gloire des vrais Chrétiens est dans leur conscience, Sc non pas dans la bouche des hommes. La joïe des justes vient de Dieu ; elle est en Dieu; ilsneíè réjouissent que de la vérité. Celui qui est vraiement touché du désir de la gloire véritable & éternelle, ne se soucie pas de la temporelle ; & celui qui recherche cette der- a Rom. f. v. z. è Gai. 6 . v. 14. f ï>e J. Christ. Livr. II. Î07 dernière - ou qui ne la méprise pas de tout son cœur, demeure convaincu parla d’aimer peu la gloire céleste. Celui qui ne se soucie ni du blâme ni des louanges» est dans une grande tranquillité d’eíprit. 3 . L’homme dont la conscience est pure, est content en quelque état qu’il soit, Lc demeure paisible quelque traitement qu’on lui fasse. Quand on te loue, tun’en ès pas plus saint; & quand on te blâme, tu n’en ès pas pire. Tu ès ce que tu ès ; &tune peux raisonnablement être estimé plus grand que tu n’ès au jugement de Dieu. Si tu considères avec attention ce que tués intérieurement, tu ne te soucieras guères de ce que les hommes pourront dire de toi. a Les hommes ne voient quel’apa- vence ; mais Dieu connoit le fond du cœur . Ceux là ne considèrent que les actions qui paroissent; mais celui-ci pèse les intentions secrètes. La marque d’une ame vraiment humble est, de faire toujours bien, & de s’estimer peu. La marque d’une grande pureté & d une E 6 vraie 00 16. V, 7 . lo8 De l’Imitatio» vraie confiance en Dieu est , de ns point chercher de consolation dans les créatures. 4 . Celui qui ne recherche point de témoignages de la part des hommes , faitparoître qu’il s’est entièrement donné à Dieu. b Ce rieft pas celui qui fe recommande foi-même , & qui se rend bon témoignage, qui est aprouvê ; mais c'est celui que Dieu recommande & aprou - ve , dit S. Paul. Cheminer avec Dieu dans l’intérieur de son am e, &n’être point attaché à aucune des choses du dehors, est le véritable état de l’hom- me intérieur. Chapitre VII. JPour bien aimer Jésus » il faut Faimer lui seul, celui qui comprend L JL bien ce que c’est que d’aimer, jesus , & de fe mépriser foi-même à cause de Jésus 1 Pour cet Ami, il faut renoncer à tout ce qui nous est cher ; parce que Jésus veut qu on l'aime seul, , & A r. Or. 10. v. iR. de J. Christ. Cb. 7. 109 & par dessus toutes choses. L’amourde la créature est trompeur & sujet au changement ; l’arnour de Jésus est fidèle 8c durable. Celui qui est a-taché aux créatures tombera lors qu elles tomberont ; mais celui qui embrasse Jésus demeurera toûjours ferme 8c inébranlable, Aime-le, 8c t’en fai un ami ; tu feras seur qu’à tes dernières heures, quand tu feras abandonné de toutes les choses du monde, il te tiendra compagnie 8c ne permettra pas que tu périsses. Soit que tu y consentes , ou que tu y répugnés , il faudra qu’un jour tu fois séparé de toutes les choses du monde. 2 . Tien-toi attaché à Jésus en ta vie & en ta mort, 8c te laisse conduire par ce fidèle Ami, qui seul peut te secourir quand tous les autres te quiteront. Mais cet ami est tel, qu’il ne peut sou- frir qu’on ait un autre ami que lui. Il veut seul posséder tout ton cœur, 8c y être astis comme un Roi dans son propre Trône. Si tu pouvois te tenir vui- de de toutes les créatures, Jésus vien- droit très-volontiers faire fa demeure en toi, Tout ce que tu crois rassurer E 7 hors ïio De l'Imitatio» hors de Jésus & dans les créatures, est perdu, tu le verras un jour. Ne te fie point, ne t’apuïe point fur un roseau sujet aux? secouíìes & à l’inconstance des vents ; car Ça toute chair rìefi que de Vherhe , & toute Ja gloire tombe comme la fleur de I’herbe. Si tu n’as égard qu’aux apparences , & à l’extérieur des hommes > tu feras bientôt pris & trompé j car la consolation & les avantages que tu auras crû trouver en eux , te deviendront très-funestes. Si dans toutes tes démarches tu cherches Jésus , tu le trouveras par-tout. Si tu te cherches toi-même, tu te trouveras aussi toi-mê- me, mais à ta damnation & à ta perte. Car fhomme qui ne cherche pas Jésus cn toutes choses, se fait plus de mal que tout le monde & que tous ses ennemis ne lui en pourroient jamais faire, a Esai. 40. v, 6 . Chà- bi J. Chris t. Livr. IL Ch. g. m Chapitre VIII. Aime tout pour Jésus , & Jésus pour lui même. I,T Ors que Jesus est présent, tout J_ t va bien, & rien ne semble disi- eile j mais lors qu’il est abíênt, il n’y a rien que de triste & que d’afstigeant. Lors que Jésus ne parle pas dans l’inté- rieur, toute consolation qui vient d’ail- leurs est de peu dimportance ; mais lors qu’il prononce une feule parole, on est divinement consolé. Voïés comment Marie Madelaine se lève du lieu où elle pleuroit, ausli-tôt que Marte lui dit, a le Maître est id, & il Rappelle. Heureux le tems auqu'el Jésus appelle d’un état qui fait verser des pleurs, à la joie de l’esprit! Que tu ès sec & dur si Jésusn’est dans toi! Que tues fou & vain si tu cherches quelque autre choie que Jésus ! Ne perds-tu pas davantage, en agissant ainsi , que si tu perdois tout le monde ? 2. Situn’aspoint Jéíus, quels avantages 00 Jean I I. î-. ig. 1 12 De l’Imitatios tages te peut procurer tout le monde ? Le vrai enfer c’est d’être fans Jésus ; le vrai Paradis, c’est d’ètre avec Jésus. Si Jésus est avec toi, nul ennemi ne te pourra plus nuire. Celui qui a trouvé Jésus ; a trouvé un grand trésor, & un bien qui estau dessus de tous les biens ; mais celui qui perd Jésus, fait une perte indicible j il perd plus que s’il per- doit tout le monde. Celui qui vit fans Jésus est très pauvre , & celui qui est bien uni avec Jéus est le plus riche de tous. j. La plus grande de toutes les sciences est de savoir s’entretenir avec Jésus; & la souveraine prudence consiste à le lavoir retenir dans soi. Sois humble & pacifique, & Jésus ne manquera pas d’être avec toi. Sois tranquille & dévot ; & il demeurera toujours avec toi. Dès que tu veux te répandre fur les choses qui font hors de toi, tu éloignes Jésus - & tu perdras bientôt fa grâce ; & si tu veux ainsi le chasser & le perdre, vers qui prendras-tu ton refuge, & quel autre ami te chercheras-tu? Sans ami tu ne saurois vivre heureux j & si tu n’as point de J. Christ. 8. nz point Jésus pour ami souverain , en quel état de tristesse & de désolation ne se trouvera pas ton ame ? Tu fais donc une folie bien grande si tu mets ta confiance ou ta joie en quelque autre objet. Tu dois bien plutôt choisir que tout le monde soit contre toi, que non pas Jésus seul; & par conséquent, entre tout ce qui test cher, que Jésus te soit le bien le plus cher , & le plus amoureusement chéri. 4. Il faut aimer tous les hommes k cause de Jésus, mais il faut aimer Jésiis à cause de lui-même. Il n’y a que Jésus Christ seul qu’il saille aimer sans réserve & sans mesure ; parce qu’il surpasse en bonté & en fidélité tous ceux que l’on pourroit avoir pour amis. A cause de lui & dans lui tu dois tenir pour chers & aimables tant cgux qui te sont amis, que ceux qui te font ennemis ; & tu les dois recommander tous à fa miséricorde, afin qu’il les remplisse tous de íàconnoissance&de son amour. Ne désire jamais d’être singulièrement aimé ou loué; parce que cela n apartient uniquement qu’à Dieu, qui n’a point de fern- H4 De l’Imitation semblable. Comme tu ne dois point désirer que personne se remplisse & s’occupe le cœur de Tamour qu’il pour- roit avoir pour toi ; aussi ne dois-tu point donner entrée dans le tien à l'a- mour de qui que ce soit. Désire seulement que Jésus seul remplisse par son amour & ton cœur &le cœur de tout homme de bonne volonté. f. Garde ton intérieur pur & libre, fans rattacher à aucune créature. Il faut que tu fois dénué de tout, & que tu offres à Dieu un cœur pur, si tu veux te trouver dans l’état de contempler, devoir & de {a goûter combien le Seigneur tft doux. Mais pour en venir là, il saut que la grâce te prévienne & te tire, asm qu’étant vuide de toute autre chose, &C qu’aïant donné congé à tout, tu sois uni purement aveqje pur,uniquement avec Tunique. Car lors que la grâce de Dieu se répand dans l’homme , il devient capable de tout. Au lieu que lors qu'elle se retire de lui, il demeure pauvre, infirme, & exposé à toutes sortes de coups. Cependant son ame ne doit pas s’abat- 4 P/. 34. v. 9. de Livr. II. Ch. g. n 5 s’abattre ni se désespérer dans cet état ; mais il doit se soumettre paisiblement à la volonté de Dieu , St souffrir tout ce qui lui arrive pour la gloire de Jésus- Christ. L’Eté revient après l’Hiver, le jour après la nuit, Sc le calme après la tempeste. Chapitre IX. Pour éprouver les siens, Dieu les prive de joie. n’est pas difficile de mépriser JL les joies Sc les consolations qui viennent de la part des créatures, lors qu’on en reçoit de Dieu même. Mais c’est une vertu très grande que de pouvoir se paiser d es consolations divines & humaines; Sc de vouloir bien demeurer, pòur la gloire de Dieu,dans un état où famé est comme exilée de la joie de son Créateur, fans que l’on se cherche soi-même en quoi que ce soit, 8 c que l'on ait le moindre égard au bien que l’on pourroit avoir fait. Quelle merveille que tu sois plein de joie Scde zèle lors que la grâce t est présente 1 U O Ii6 De l’Imitation n’y a personne qui ne désire ces heureux moments. Peut-on être mené plus doucement que lors qu’on est porté par la grâce de Dieu ? Quelle merveille encore j que celui qui est soutenu par le Tout-puiffant, ne sente point le fardeau dont il est chargé. 2. Nous cherchons volontiers quelque matière de consolation, & l’homme a beaucoup de difficulté à se mettre lui- même dans le dénuement. Les Saints néanmoins renoncent à tout cela, comme l’Histoire nous raconte que fit le Martir St. Laurent > qui aïant vaincu le monde par le mépris de tout ce qu’il y avoir d’agréable dans le fiède, souffrit en paix pour l’amour de Christ d’être séparé d un Saint Evêque qu’il aimoit ardemment, & que l’on menoit sans lui au supplice. L’Amourde Dieu surmonta en lui l'amour de l'homme, & il aima mieux choisir le bon plaisir de Dieu, qu’une consolation humaine. Tu dois suivre cet exemple, & aprendre a qui- ter pour l’amourde Dieules amis qui te font les plus chers,& qui te íemblent les plus nécessaires pour ton salut. Ne tastìige Ch. 9. 117 t’aflige point aussi iors que quelqu’un de tes amis t’abandonne ; car tu fais qu’enfin il faudra que nous soions tous séparés les uns des autres. z. L’homme doit soutenir un combat intéríeur,grand,& de longue durée, avant qu’iJ Reliefe vaincre entièrement soi-même & donner ses affections & ses inclinations à Dieu. Lors que l’hom- me s’arrête trop à soi-même, il se tourne facilement du côté des consolations humaines & sensibles. Mais celui qui aime vraiment Jésus-Christ & qui fait éfort pour suivre ses divines vertus, ne pan ehe 8c ne s'abaisse point à ces fortes de consolations; il ne cherche point de ces douceurs sensibles; il aspire à être exercé d'une manière plus vigou- &use, ic à souffir pour l’amour de Jé- sus-Christ les travaux les plus durs & ies plus pénibles. 4. Lors donc que Dieu te favorisé de ses divines consolations, reçoi-les avec actions de grâces ; mais souvien toi que c’est un pur don de la libéralité de Dieu, & non pas une récompense de ton mérite, Ne t’élève point alors j ne te ïiS De í’ Imitation te réjouis pas avec excès ; ne t’enfle point de présomption ; mais plutôt, tjue le don de Dieu te rende plus humble, plus circonspect, & te fasse diriger toutes tes actions avec crainte & tremblement ; parce que ce tems là passera pour faire place à des tentations qui suivront. Lors que tu ès délaissé & fans consolation, ne perds pas incontinent courage ; mais atten avec patience & humilité que Dieu te visite de son ciel ; parce que Dieu est puissant pour te donner de nouveau des consolations plus grandes que celles qu’il t’a ôtées. Ceux qui savent par expérience ce que c’est que des voies de Dieu, ne trouvent rien d’étrange & de nouveau dans cette conduite ; car les plus grands Saints, &même les Anciens Prophètes, oiít éprouvé en eux ces sortes de change- mens. 5. C’est pourquoi l’un d’entr’eux di- íoit lors que la grâce de Dieu lui étoit présente, a se ne serai jamais ébranlé. Mais pour faire voir ce qu’il avoit é- prouvé lors que la grâce s’étoit retirée, il ajoute j Tu as caché ton visage, & je - P f. Z0. v. 7. S. ^ de J. Christ. 119 fuis devenu tout éperdu. Cependant il ne perd point courage ; mais priant le Sei- gueur avec plus d’ardeur, il lui dit ; Ae crie à toi, Seigneur ; fe présente ma prière à mon Dieu. En fuite dequci remportant le fruit de fa prière, il témoigne que Dieu la exaucé , disant ; /' Eternel m'a écouté , a eu pitié de moi ; il m'est venu secourir. Mais comment ? Tu as changé, dit-il ; mon deuil en joie, & tu m'as environné d'allégresse. Si cela est arrivé aux grands Saints, nous ne devons pas tomber dans l'abatement lors qu il nous arrive, à nous autres pauvres & foibles, d’être dans la ferveur, & tantôt dans le refroidissement ; parce que TEÍprit vient & íè retire selon son bon plaisir. Ce qui fait dire au bien-heu- reuxjob, {a Tu prens garde à 1homme chaque matin , & tu le sondes à tous mo ments. 6. En qui donc dois-je mettre mon cíperance, fur quoi me dois-je fier > íi non fur la feule miséricorde de Dieu ; quiesttrès-grande, & fur le íèul appui de fa grâce céleste ? Bonnes compagnies, personnes saintes, amis fidèles, 00 Job. 7. r>. 18. livres 120 De lImitatiom livres de piété, beaux fermons, chants de Psaumes & de Cantiques, tout cela est peu de chose, tout cela est de peu de goût lors que je fuis délaissé de la grâce de mon Dieu, & abandonné à ma pauvreté naturelle. Je n'ai dans cet état qu un seul remède , qui est la patience 8c l’entier renoncement à moi-même pour ne rien vouloir que ce que Dieu veut. 7 , Je n’ai jamais trouvé personne pour religieux, zélé, 8c craignant Dieu qu’il ait été, qui n’ait senti des éclipses de la grâce de Dieu & des diminutions de desSaintsn'a jamais été tellement élevé vers Dieu & illuminé de lui, '• v ' ''d ’ ces grâces. Car celui-là n'est paá digne d’être admis à une sublime contemplation de Dieu, qui n’a pas été exercé 8c éprouvé par quelques afflictions qu’il aitsouftertespourì’amour de Dieu. La tentation est une marque d’ lation qui la luit, 8c ce n’est qu’à ceux qui font éprouvés par des tentations que les consolations célestes font promises. Ça A celui qui vaincra , est- il net \b 60 Afoç, z, v. 7, ' de J. Christ. Livr. IL Cb. io. 121 ' ^ il dit, je lui donnerai à manger de Varbre ™ ; “ de vie. P- 8. Dieu donne quelques fois fes di- “5 vines consolations, afin que l'I omme ’I- soit plus fort ensuite pour supoi ter les ïî! 'ï adversités. Mais après il permet que la S tentation vienne, de peur que l’homme ne s’élève à cause des grâces que Dieu à lui a faite, . "" ~ la chair n’est pas encore morte,r ton- àî séquent tien-toi toûjours prêt à com- battre jparce que tu as à droitte & à gau- ipto ehe des ennemis qui ne sommeillent 8C •Mi ne reposent jamais. Chapitre X. gne iâ' Sc [Uli II ifo- ux M no- fí. Ren grâces pour la Grâce , & soufre son absence. I. T Ourquoi cherches-tu du repos JL puis que tu ès venu dans ce monde pour le travail ? Tu te dois plû- tôt attendre à voir ta patience bien exercée , qu’à recevoir des consolations 8c des joies ; plutôt à porter la croix qu’à te réjouir. Qui est l’homme dans le monde qui ne reçût volontiers de la k con-. HZ De t Imitation consolation &de la joie spirituelle sïl en pouvoit avoir toujours, vûqu’elles surpassent toutes les délices du monde & tous les plaisirs de la chair ? Car les délices du monde font ou vaines, ou honteuses;maisles spirituelles font chastes & accompagnées dune joïe solide, vû qu’elles naissent des vertus, & que c’est Dieu mêraei0fles veríë dans les âmes pures. Mais il n’y a personne qui se puisse promettre d’en joiiir à son gré, parce que le tems de la tentation revient bien-vîte. 2 . Dieu nous ôte aussi ceséfets de fa céleste visite, pour empêcher que nôtre esprit ne se trompe, tant par une fausse opinion de sa liberté, que par une vaine complaisance & confiance en soi- fait un grand bien à l’hom- me lors qu’il lui donne la grâce de la consolation & de la joïe, mais l’hom- me fait un grand mal lors que la recevant il ne la raporte pas entièrement à Diêù avec une humble reconnoissance. C’est pour cela que les dons de la grâce ne peuvent couler dans nôtre ame; par- ce qu’ils rencontrent i’obstacíe de nôtre ingra- de J. Christ. Livr, II. Cb, io. 123 ingratitude envers leur Auteur ; & que nous ne les faisons pas retourner vers. leur source céleste. Dieu a promis de nouvelles grâces à celui qui est recon- noiffant des premières ; mais il ôte au superbe ce qu’il a coutume de donner à l’humble. z. Je ne veux point de consolation qui m’empêche d’être touché du senti- " ment de mes offenses. Je ne recherche point la sublimité des contemplations qui donnent de l’élévation à mon ame; car tout ce qui est sublime, n’est pas íâintjtout ce qui est doux, n’est pas bon; tout ce que l'on désire, n’est pas pur ; & tout ce que l'homme aime, n’est pas pour cela aimé de Dieu. J’embraffe de bon cœur la grâce qui me rend plus humble, plus circonspect&plus disposé à me renoncer moi-même. Celui que la grâce a enseigné, & qui a passé sous la discipline & le châtiment des destitutions ípirituëlles, n’osera jamais s’attri- buer aucun bien ; il qu’il est pauvre &nud. a Ren à Dieu ce qui est à lui, & retien ce qui est à toi ; F z c’est s 124 De l’Imitation c’est à dire, Ren grâces à Dieu, recon- noissantque tout le bien qui est en toi vient de fa pure grâce ; & ne t attribue que le péché, & la peine qu’il mérite. 4. d Mets toi toûjours dans le dernier rang, & l’on te mettra au premier ; car rien ne peut-être haut, qu’il ne soit fondé sur un bas. Devant Dieu les plus grands Saints font les plus petits en eux mêmes; & plus ils font remplis de gloi- re, plus font-ils humiliés dans leur cœur. Ceux que la vérité & la gloire céleste remplit, n’ont point de désirs pour une vaine gloire; & fondés qu’ils font fur Dieu avec fermeté, ils ne s’élè- vent jamais par orgueil. Ceux qui attribuent à Dieu tout ce qu’ils ontreçude bon , ne cherchent point à b recevoir de gloire les uns des autres ,• mais ils ne défirent que celle de Dieu seul. Ils défirent souverainement que Dieu soit loué en eux & dans tous ses Saints;c’est là l'unique but qu’ils fe proposent. s. Sois donc reconnoissant des moindres grâces que Dieu te fait; 8C tu en recevras de plus grandes. Tien même les e Ch. ïì, 22 tu désires de mourir fur la cro ix.a Jjhie fi tu meurs avec lut, tu vivras aujfi avec luis & si tu ès le compagnon de ses /outrances, tu le feras aussi de fa gloire. z. Tu vois donc que tout consiste à embrasser la croix & à y mourir, LL •qu’iln’y a point d’autre voie à la vie LL à la vraie paix de i’eíprit que la sainte voie de la croix & de la mortification journalière. Va où tu voudras, cherche tant que tu voudras, tu ne trouveras point de voie ni plus sublime en haut, ni plus feure en bas, que la sainte voie de la croix. Dispose de tout comme il te plaira & le mieux qu’il te semblera, tu ne laisseras pas de trouver toujours quelque chose à souffrir ou de bon gré, ou mal-gré toi, & ainsi tu trouveras toujours la croix. Car, ou ton corps sentira quelque douleur, ou ton esprit sera affligé par des peines & des inquiétudes. 4. Tantôt Dieu te laissera pour un tems dans la déstitution spirituelle; tantôt tes prochains donneront de f exercice à ta patience, &par-dessus cela, tu feras souvent à charge à toi-même, fans * F 6 P ° U " r;r De t/Imita ti on .pouvoir trouver de remèdes & d’alle- gemens à ta langueur. Tu dois alors porter cette croix autant qu’il plaira à Dieu ; car il veut que tu aprennes à endurer des foufrances fans joies & fans consolations, asin que tu te soumettes à lui fans referve, & que les afflictions te rendent plus humble. Nul n’a le cœur lì bien touché de la passion de Jéfus- Christ, que celui qui est exposé à de semblables foufrances. La croix est donc toûjoursprête ; elle t’attend par tout. Tu ne la peux éviter quelque- part que tu ailles, parce que tu te portes toujours avec toi par tout, & que tu te trouveras toujours avec toi en tout lieu. Tourne-toi vers les choses d’enhaut, ou vers celles d embas ; cherche au dedans de toi, ou au dehors, tu trouveras des croix par-tout ; tu trouveras partout des occasions d’exercer ta patience , au moins si tu veux jouir de la paix de Teíprit & de la couronne de l’E- ternité. 5- Si tu portes la croix de bon cœur, elle te portera aussi & te conduira au port désiré lorsque la fin desoufrirsera venue de Livr. II. Cb, 12 . I zz venue, quoi qu’elle ne doive pas venir pendant que nous vivons en ce monde. Mais si tu la portes malgré toi, tu te la rens plus pesante & plus infuportable ; & toutes-fois il faudra que tu la portes, Que si tu en rejettes une, tu en trouveras infailliblement une autre, peut-être plus pelante que la première. 6. Croi-tu donc pouvoir éviter ce que nul des hommes n’a pu éviter ? Qui est-ce d’entre les Saints qui ait été iàns croix & fans adversités dans ce monde? Nôtre Seigneur Jéfus-Christ même n’a pas été une heure fans elles, pendant qu il a vécu íur la terre, a ll falot, dit-il, que le Christsoufrit,qi\il ré- íufeitât, & qu il entrât ainsi dans fa gloire. Comment donc cherches-tu une autre voie que cette voie Roïale, cette sainte voie de la Croix ? 7. Toute la vie de J. Christ n’a été qu’une croix & un martire continuel ; & tu cherches du repos & de la joie pour toi ? Certes, tu te trompes , si tu aspires à d’autres choses qu’à foufrir des adversités ; veu que toute cette vie mortelle n'est pleine que de misères, ni .. T , envi- que plus on fou- de J. Christ, Cb. 12. IZ5 frira pour l’amour de lui. Ilne saur pas pourtant attribuer ces éfets à la vertu de rhomme ; ce n’est que la grâce de J. Christ qui peut & qui fait tout cela dans la foiblesse de la chair; c'est elle qui fait qu’on embrasse & qu’on aime avec une ardeur d'esprit, ce qu’on abhorre 8 c qu’on fuit naturellement en tout tems. 9. Porter la croix, aimer la croix, mortifier son corps j le réduire en servitude , fuir les honneurs, soufrir de bon cœur des injures & des oprobres , íè mépriser soî-même, désirer d erre méprisé, endurer toutes sortes d’adversités & de dommages, ne point désirer de prospérité dans ce monde;sont des choies contraires aux inclinations naturelles de Thomme. Si tu ne jettes les yeux que fur toi, tu te verras dans l’impuis. sance de faire rien de tout cela. Mais si tu t appuies fur le Seigneur, il Renverra du Ciel une force si puissante, qu’élis assujétira à l’Eípritle monde & la chair. Les armes spirituelles de la Foi & de la croix du Sauveur banniront de ton cœur toute la crainte de l’ennemi. 10, Consacre-toi donc comme un bon r;6 De limitation bon & fidèle Serviteur de J. Christ à porter courageusement la croix de ton Maître, qui a bien voulu être crucifié pour l’amour de toi à soufrir beaucoup d’adversités, & toutes sortes de maux dans cette misérable ne trouveras point d’autre traitement quelque part que tu fois ; & dans quelques cachettes que tu te mettes, ils iront t’y un chemin par où il faut nécessairement passer. Il n’ya point de moïen d’éviter les afflictions, les maux & les douleurs*, Tunique remède est, de posséder ton amepar la patience. Boi dc bon cœur dans la coupe de la Passion de ton Seigneur, si tu désires d’être son ami & d’avoir communion avec aubon plaisir de Dieu de te donner les consolations qu’il jugera le plus à propos. Mais de ton côté prépare-toi à soutenir des épreuves, & regarde les soufrances comme tes joies les plus grandes 3 car {a Les soufrances dutems présent, quand tu pourrois seul les soufrir toutes ne sont point à contrepe- ser à la gloire à venir > ni capables de la mériter. a Rm, S. v, 18, IIi Lors de J. Christ. Ch. 12. 137 U il. Lors que tu auras fait un tel pro- on grès que les afflictions te deviendront fié douces, & que tu trouveras du goût ri; dans les soufrances pour l’arnour de J. es Christ, assure toi alors que tout va bien K pour toi, & que tu as trouvé le Paradis 1 . fur la terre. Mais tant que tu te fais de s la peine de soufrir, & que tu cherches à j t’en dispenser , tu n’ès pas encore dans u un bon état, & les maux que tu fuis te e suivront par-tout. t 12. Que si tu tâches de répondre à tâ , Vocation qui est de soufrir jusqu’à la i mort, ton état changera promtement en , mieux, & tu trouveras la paix. Quand ! bien tu aurois été ravi comme S. Paul jusqu’au troisième ciel, ctcela nets dis, pensera pas de soufrir. {b A- lui ferai voir, dit Jésus de ce même combien de maux il faut soufrir pour monNom, Tu ne dois donc attendre que des soufrantes, si tu veux aimer Jésus & le servir toujours. 1 z. Plut à Dieu que tu fusses digne de soufrir quelque chose pour l’amour de Jésus ! que de gloire pour toi ! que de joie pour les saints de Dieu ! que a 2. C or. IL. v. L. Q> AS. A. 16. d edl ~ iz8 De limitation d’édisication pour ton prochain ! Car toutle monde recommmande la patience, quoi que peu de gens veuillent íou- frir. Mais ne devrois-tu pas soufrir un peu pour Jéíus-Christ ; veu que tant de personnes soufrent tant pour le monde? 14. Tien pour certain que tu dois mener une vie mourante ; ôt que plus on meurt à foi, plus on vit à Dieu. Nul n’estpropre à comprendre les choses du ciel, s’il ne s'est réduit à soufrir pour Jéíus-Christ les maux de cette vie. Iln’y a rien de jdIus agréable à Dieu, ni de plus salutaire a l'homme dans ce monde,que de soufrir de bon cœur pour Pamour de J. Christ. Si tu avois le choix, tu de- vrois plutôt choisir des afflictions pour Pamour de lui, que d abonder en consolations & en joies ; parce que tu se- rois ainsi plus semblable à J. Christ & à tous les Saints. Car ni ce qui plaît à Dieu dans nous, ni l’état de nôtre avancement , ne consiste pas dans des senti- mens de douceurs & de joies; mais plutôt dans la soufrante des plus grandes tribulations. if. Certes, s’ilyavoit eu quelque cho- de Livr. II. Cb. 1 1. ijj> choie de meilleur & de plus utile poux le íâlut des hommes que la íoufrance » íàns doute que Jéíus-Chrïst l’auroit enseigné par ses paroles & par íòn exemple. Cependant il ne fait qu’exhorter hautement ses Disciples, & tous ceux qui le veulent suivre, à porter la Croix» leur disant, a Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce àsoi-même , qu'il charge sa croix. & qu'il me suive. Donc tout bien recherché 8c bien considéré» nous devons conclure avec l’Apôtre » que b c est par plusteurs tribulations qu'il notts faut entrer dans le Roìaume de Dieu. a Matt h. é ASî. 14. v. LL» Ftn du second Livre, V 140 D E L’IMITATiON JESUS CHRIST. LIVRE TROISIEME. CONTENANT Les consolations spirituelles que Dieu donne à l'ame & que l'ame cherche en Dieu, & cela par une manière, de Dialoguent tout ce qui se paffe dans la vie de rEsprit est réprêsenté. Chapitre I. Ferme ton cœur au monde, & Dieu t'y parlera. I. M 'Ecouterai maintenant ce que le Seigneur Dieu dira dans D moi. Heureuse l'ame qui en- .gjp tend le Seigneur parlant dans elle, & qui reçoit de fa bouche la parole de la consolation! Heureuses De L* 141 ieuses les oreilles qui bouchées au bruit des choses du monde , reçoivent le doux son des inspirations divines; & qui ne s’arrêtant point à la parole qui résonné au dehors, écoutent avec attention la vérité qui enseigne dans l’inté- rieur ! Heureux les yeux qui font fermés pour les choses visibles du dehors, & ne font ouverts que pour celles qui font au dedans 1 Heureux les hommes qui rentrent dans 1 intérieur pour y connoître les choses spirituelles, & qui font tous les jours de nouveaux éforts pour se disposer de plus en plus à la vraie science des secrets célestes 1 Que bien-heureux font ceux qui se défont avec joie de tous les embarras du Siècle, pour donner solidement le reste de leur vie à Dieu ! O ! mon ame, pren ces choses à cœur. Ferme la porte atout ce qui est sensuel, afin que tu purstes oüir ce que te dira ton Seigneur & ton Dieu. Voici ton bien-aimé qui parle ; Ecoute-le. 2. C’est Moi qui suis ton salut 5 je ,, suis ta paix j je suis ta vie. Tien toi „ con- 142 De limitation „ constamment avec moi, & tu trouve- „ ras la paix. Laisse-Jà tout ce qui n’est ,, que passager ; ne cherche que ce qui „ est éternel. Toutes les choses que ,, tu vois dansíemonde, nesontpro- „ prés qu’à te séduire. Que te serviront ,, toutes les créatures si ton Créateur ,, t’abandonne ? Laisse tout cela, & ,, te rens toute à ton Créateur, lui ,, devenant agréable & fidèle, afin que ,, tu parviennes à la jouissance de la », vraie béatitude. Chapitre II. L'Homme parle au dehors , & Dieu far» le au dedans. I.aTArle Seigneur. ! car tonSer» viteur écoute.{b Je fuis ton Ser» viteur ; donne moi 1intelligence afin que je comprenne tes témoignages. Donne à mon cœur les inclinations de recevoir & de garder les paroles de ta bouche ; que cette divine rosée coule dans lui & le rende fertile. Si les Israélites disoient autre-fois à Moïse c Toi , parle avec nous t a I. Sam . Z. D. io. è\Psal. IIÇ. 0 DE 145 nous, & nous f écouterons ; mais que Dieu ne nous parle point de peur que nous ne mourions je n’en dis pas de même. Je ne dis pas ainsi. Seigneur! mais je te demande avec humilité & de tout mon cœur la même grâce que Samuel ton Prophète te demandoit ; a Parle Sei» gneurì car ton serviteur écoute. Que Moïse, qu un Prophète, ne me parle point. Parle plutôt toi-même, Seigneur mon Dieu! Parle, Inspirateur &Illumina- teur de tous les Prophètes. Tu peux toutseul m’enseigner parfaitement sans eux ; mais eux tous ne peuvent absolument rien sans toi. 2. Ils peuvent bien faire ouïr des paroles au dehors ; mais ils ne peuvent donner l’elprit. Ils ont beau aire des choses admirables ; ils ne peuvent toucher le cœur quand tune parles pas toi- même. Ils administrent la lettre ; mais toi, Seigneur ! tu en donnes Intelligence & en découvres le sens. Ils annoncent desmistères; mais tu ouvres l’entendement pour les faire comprendre. Ils nous donnent des commande- mens - I. Sam, 3, v. 10. 144 Délimitation mens de ta part ; mais tu donnes la force pour les faire. Ils nous montrent la bonne voie ; mais tu donnes la vigueur pour y marcher. Ils agistent extérieurement ; mais tu touches, tu enseignes, tu illumines les cœurs. Ils arrosent au dehors ; Lc tu rensle dedans fertile. Ils font retentir le bruit de leur voix ; tu verses dans le cœur le don de comprendre la vérité. Je te prie donc, Seigneur' mon Dieu ! Vérité éternelle ! que ce ne soit pas Moïse qui me parle ; mais que ce soit toi-même, de peur que je ne meure & qu’étant seulement prêché & averti au dehors, & non touché ni échauffé au dedans, je ne fois une terre stérile & fans fruits ; de peur que la parole que j’aurai ouïe, fans la faire ; connue,sans f aimer; crue, fans la pratiquer ; ne soit un jour la sentence de ma condamnation éternelle. Parle donc, 0 Seigneur ! car ton serviteur écoute , {b'& tu as les paroles de vie éternelle. Parle moi pour la consolation de mon ame, pour l’amen- dement de ma vie, & afin que ton saint Nom en soit loué, glorifié & béni éternellement. ,. „ - -o Cha , sagesse des Philosophes & des sages „ de ce monde n’est que folie en com- „ paraifon. Mes paroles font Esprit de ,, vie, & le sens humain ne doit pas íe ,, mêler de les interpréter. On ne doit „ point y chercher dequoi satisfaire „ une vaine curiosité ; il faut les écou- „ ter & les recevoir en silence, avec une „ profonde humilité, & avec un cœur n brûlant d’ardeur pour les effectuer. r. Aïant ouï ce divin avertissement de mon Dieu, je me fuis écrié, avec le Prophète, {aj 0 Seigneur! qu'beureux est l'homme que tu corriges , & que tu instruis dans ta Loi , afin que tu le fasses refofer dans la faix quand les jours d’angoisse arriveront ,& qu’il échape les maux qui couvriront la terre ! 3 . C’e s t moi, dit le Seigneur qui ai G instruit 00 P/.94-V. n. 13 . tifi De limitation », instruit les Prophètes dès le com- „ mencement du monde, & je parle », encore à tous les hommes ; mais la „ plus-partd'entr’eux, sontdes sourds ,, volontaires, leurs cœurs font durs & „ impénétrables à ma aiment », mieux écouter le monde que Dieu. », Us courent plutôt après ce que leur », chair désire qu^après ce qui plait à „ Dieu. Le monde promet des choses », temporelles Sc de néant, & il trouve », des gens tout brûlans pour son ser- „ vice. Je promets des biens souve- „ rains & éternels, & je ne trouve que », des cœurs lâches & endormis. Où „ font ceux qui me fervent & qui m'o- ,, béissent avec autant de foin dans tout », ce quç je leur commande, qu’on sert », le monde & les Grands qui y domi- », nent ? ö Rougi de honte, Sìdon, dit la „ Mer, &c ft tu demandes pourquoi? „ Ecoute. On vient, on va, on court », bien loin pour briguer une charge ec- », clésiastique ou séculière,quel que pe- », tite même quelle soit ; cependant la „ plupart des gens ne daignent pref. », que pas lever le pied quand il s'agit W£/4.» 3 .v. 4. » de de Livr. III. Cb. 3. 147 », de la vie éternelle. On est ardent à », chercher un gain méprisable j on fait », honteusement des procès pour une ,, obole ; on travaille, on se fatigue le », jour & la nuit pour obtenir d'un „ homme une chétive récompense, ou „ un très petit paiement. 4. Lâches Chrétiens , n’avés vous „ point de honte de faire les paresseux, „ & de plaindre un peu de peine pour », un bien immuable, pour une récom- „ pense inestimable, pour un honneur », souverain, pour une gloire éternelle? », Et toi, serviteur paresseux, qui te », plains fans cesse qu’il y a beaucoup », de difficultés à faire ce que je com- », mande, rougi & fois confus, en „ voïant que ceux-là font plus ardens „ à prendre beaucoup plus de peine », pour se damner, que toi pour te sau- », ver ; qu’ils trouvent plus de joie », dans la vanité,que toi dans la Vérité. „ Cependant ils se trouvent souvent », frustrés de leur espérance, au lieu que », mes promesses ne trompent person- », ne, Lc ne soufrent point que celui M quis’yest fiés’en retourne à vuide. G 3, „ Je 148 De l’ Imitation „ Je donnerai sans saillir tout ce que >} j’ai promis, j’accomplirai très certai- „ nement tout ce que j’ai dit ; à con- ,, dition néanmoins que l’on demeure fidèle dans mon amour jusques à la >, fin. Je récompense tous les bons > & je mets à de grandes épreuves „ ceux qui se sont donnés le plus réso- >} lument à moi. f. Grave mes paroles dans ton cœur, „ & t’en entretien toujours ; car elles „ te seront très néceíìaires au tems de ,, comprendras au jour „ que je te visiterai ce que tu ne com- ,, prens point maintenant quoi que tu „ le lises. J’ai coutume de visiter mes „ élus en deux manières différentes, ,, dont l’une est la tentation, & lautre » est la consolation. Et je leur fais tous ,, les jours deux leçons ; Tune en les reprenant de leurs vices ; l’autre, en ,, les exhortant de s’avancer dans le „ bien. Celui qui entend mes paroles, „ & les méprise,les aura pour juges au ,, dernier jour, & pour sentence de „ condamnation. 6. Mon Seigneurs mon Dieu! je »e Lìvr. IIÍ. Ch. 3, 149 rsai de bien que toi seul. Et qui suis-je, mon Dieuîque j’ose prendre la hardiesse de parler à toi ? Je suis le plus chétif de tous tes esclaves,Lc un très petit vermisseau, vil & abjet ; je fuis infiniment plus pauvre & plus digne de mépris que je ne saurois exprimer & comprendre. Seigneur, ne laisse pas de te souvenir de mon néant ; je ne suis rien, je n’ai rien, jene puis rien. O toi, seul bon, seul juste,seul saint ! tu peux tout,tu sais tout, tu remplis,tout ; il n’y a que le seul pécheur que tu laisses vuide, Seigneur! souvien-toi, je te prie, de tes miséricordes, & rempli mon cœur de ta grâce, toi qui n’aimes pas qu’il y ait du vuide dans tes ouvrages. 7. Comment pourrai-je me uporter moi-rnême dans cette misérable vie, st ta miséricorde & ta grâce ne me soutiennent ? Ne cache point ton visage de moi; ne difére point de visiter mon ame; ne retire point ta consolation de mon cœur,de peur que jene sois comme une terre sèche en ta présence. Apren-moi, mon Dieu! à faire ta volonté ; apren- moi à me conduire humblement 8c G z d’une isv De t’ Imitation d’une manière digne de toi en ta présence. Fai moi c es grâces ; car tu ès ma sagesse, toi qui me connois selon la vérité , qui m’as connu avant que je fusse au monde, & même avant que le monde fut créé. Chapitre IV. Reçoi la vérité d’un cœur humble & sincère. t. Tfc Jí On fils, mène en ma présence i_VjL une vie qui soit réglée parla „ vérité, me cherchant toujours dans >, la simplicité de ton cœur. Celui qui >, chemine dans la vérité devant moi » „ fera en seureté contre les vrais maux „ qui le veulent attaquer ; la vérité le „ délivrera de tous ceux qui pour- „ roientle séduire, &leguarantirades „ traits de la médisance des méchans. „ a Si la vérité te délivre,tu feras vraï- „ ment libre , & tu ne te soucieras point „ des vains discours que les hommes „ pourront faire de toi. 2. Il est vrai, Seigneur! Fai-moi je te * Je*n%. v. de J. Christ. Livr. III. iyi je te prie, la grâce,que je sois tel que tu viens de dire. Quêta vérité m’enseignej qu’elle me garde, jusques à ce que j’áìe heureusement termine ma course’.Qu’el- le me délivre de toute affection mauvaise, & détour amour quin’a point ta volonté pour régie! alors je me conduirai devant toi avec un cœur vraiment libre & afranchi. Z. „ Ecoute donc, mon fils! la ,, Vérité qui te va enseigner les choses ,, justes & qui me font „ pli ton cœur de déplaisir,d’affiiction, „ & de tristesse, en pensant à tant de „ péchés que tu as commis contre moi. „ S’il s’est fait quelque bien par toi, ne „ croi pas pour cela que tu fois de toi- „ même quelque chose de plus qu’un „ rien. Certes tu n’ès qu’un misérable ,, pécheur, sujet à une infinité de pas „ fions injustes & impures. Detoimê- „ me tu ne te portes qu’au néant ; il ne ,, te faut qu’un moment pour tomber, „ un moment pour être vaincu, un „ moment pour être troublé, un mo- „ ment pour quitter tes bonnes réso - „ luttons. Tu n ’as pas le moindre su- G 4 * y e ^ Isa De limitation », jet de te glorifier & de te complaire ; „ mais tu en as beaucoup de te mépri- „ sertoi-même, parce que ta foiblesie », est si grande, que tu n’ès pas capable *, de la comprendre. 4. ,, N’aïe pas une grande opinion », de tout ce que tu fais. Ne tien rien pour grand, pour précieux, pour ad- », mirable; rien pour louable, pour su» ,, blime & pour désirable, que ce qui ,, est éternel. Que la vérité éternelle s, te plaiíe fur toutes choses. Quêta », très-grande indignité & ta bassesse te „ déplaisent & te fassent horreur en », touttems. Necrainrien, ne blâme », rien, ne fui rien tant que tes vices & », tes péchés, qui te doivent plus être », en horreur que les plus grands maux „ du monde. Il y enabeaucoup qui ne „ vivent pas devant moi avec un cœur ,, sincère; mais qui ne cherchent qu’à ,, satisfaire leur curiosité & leur or- ,, guëil, voulant savoir mes secrets, & „ comprendre les choses sublimes de „ Dieu, pendant qu’ils se négligent ,, eux-mêmes & leur salut. Les gens », là tombent souvent en de grandes 5j ten- de j\ Christ. Lìvr. W. Ch. 4. 1$; r, tentations & de grands péchés ; leur ,, orgueil Scieur curiosité les fonttoni- „ ber -, & moi je leur résiste & leur dé- „ clare la guerre. 5* >> Quanta toi, mon fils! apré- ,, hendeles jugemensde Dieu; trem- „ ble en considérant la colère du Tout- ,, puissant ; & au lieu de t’amuser à pé- ,, nétrer dans les secrets des œuvres „ cachées du Très-haut, rentre en toi ,3 pour faire la recherche de tes iniqui- 33 tés, des maux que tu as commis , Sc ,, des biens que tu as ômis. Ilyades ,3 personnes assés insensées pour faire; 33 consister leur Religion & leur piété, ,3 les uns en ce qu’ils lisent quelquefois ,, ou qu’ils entendent lire de beaux li~ „ vres ; les autres en ce qu’ils ont des ,3 images ; d’autres en ce qu’ils se ser- ,3 vent des Sacremens, des signes exté- „ rieurs, & qu’ils pratiquent quelques „ cérémonies. II y en a qui m’ont fou- „ vent dans la bouche, quoi que je fois ,, peu dans leur cœur. Mais aussi il y ,3 en a qui aïant Fentendement éclairé ,, pour connoïtre les vrais biens, & les „ affections sanctifiées poux s’y p ter, O 5 „ ne Ïf4 Dl LIMITATION „ ne soupirent plus qu’après les choies „ éternelles, ne peuvent qu’avec peine ,, entendre parler des choses de la ter- „ re, & ne donnent qu'à regret le tems „ &les foins qu’il saut aux besoins de „ la nature. Et ceux-ci íàvent par íèn- ,, riment & par expérience ce que l’Es- ,, prit de la vérité dit dans eux ; car il ,, leur aprend à mépriser tout ce qui est ,, sur la terre, & à n’aimerrien que ce ,, qui est céleste ; à être négligens & ,, froids pour les choses du monede,8í „ à penser au Ciel avec ardeur le jour ,, & la nuit. Chapitre V. Demande à Dieu VAmour >• car on a tout dans lui, I. T E te bénis, Père céleste,Père de Jé» J sus-Christ mon Seigneur, je te bénis de ce qu’il t’aplû te souvenir d’une créature aussi chétive & aussi misérable que moi. O Père des miséricordes ! 6 Dieu de toute consolation ! je te rens grâces de ce que tes consolations ont quelquefois recréé mon aine, quoi que î>i Lìvr. III, Ch> f. j’en sois tout à fait indigne. Que mon sme te bénisse & te glorifie dans tous les siècles, avec ton Fils unique & ton Esprit saint,le vrai Consolateur. O mon Seigneur & mon Dieu ! Dieu plein d’a- mour & de charité pour moi, quand tu viendras dans mon cœur , toutes mes entrailles tressailliront de joie ! C’est toi qui ès ma gloire ; c’est toi qui ès l’alle- gressede mon cœur. Quand les jours d’affliction & d’angoisse viennent fur moi, je n’ai point d’eípérance ni de refuge hors de toi. 2 . Mais comme l’amour que j’aí pour toi est tout foible & tout languissant, & que le peu de vertus que je puis avoir est imparfait, je viens vers toi,mon Dieu! pour recevoir la force & le soulagement dont j'ai besoin. Ne dédaigne pas, s'il te píait, de me visiter souvent, & de remplir mon ame de tes saintes Loix. Délivre moi de mes passions mauvaises, & guéri mon cœur de tout amour & de tout désir qui n’est pas réglé selon ta volonté divine; afin qu’é- tant guéri & nettoie dansl’intérieur, je lois rendu capable de te bien aimer,fort G 6 pour if ï8 De l'Imi t a t i ont s. L’Amour est vigilant ; & J ors qu’on Iecroit endormi, il ne someille pas feulement. On a beau le fatiguer, il n’est jamais las; quand on veut le resserrer, il se répand d'auta''t plus; & il ne craint pas lors qu’on tâche de l’é- pouvanter. C’est une flamme vive ; c’est un feu violent ; il monte en haut,il paf- fe, il perç£ tout. II n’y a que celui qui aime qui puisse comprendre l’ardeur de ses cris. Ces paroles de feu,_M>w Dieu ! mon Amour ! Tu ès tout à moi, & je fuis tout à Toi ! lors qu elles viennent d’une ame embrasée, sont une puissante voix qui frape les oreilles de Dieu, quand même elles ne seroient pas prononcées par la bouche. 6. Dilate, è mon Dieu ! & amplifie les facultés de mon ame, afin qu’elles 'étendent dans l'infinitéde ton Amour, & que dans l'intérieur & le fond de mon cœur j’aprenne à goûter combien il y a de douceur à t’aimer, à se fondre & à se confondre dans ton amour, à nager & à se perdre dans cet Océan insondable. O li j’étois tellement saisi & possédé de ton amour que ía violence me ravît de J. Christ. JJvr. III. Ch. 5. 15g ravît & m’emportât hors de moi-même & par dessus moi-même ! O s’il m’étoit donné de te suivre en haut, monBien- aimé,en chantant un cantique d’amour, & que mon ame publiât tes louanges jusqu’à ce que l’excès de ton amour la fit tomber en défaillance ! O donne moi Jagrace que je t’aime plus que moi même ! que je ne m’aime qu’à cause de toi ! que j aime en toi tous ceux qui ont un vrai amour pour toi, ainsi que le commande la Loi de l’amour qui vient de toi ! 7. L’Amour estpromt; l’amour est sincère ; il est pieux ; il est gai ; il est agréable ; il est fort ; il est patient ; il est fidèle ; il est prudent ; il ne se dépite de nulle épreuve pour long-tems qu’el- íe dure ; il est courageux il ne se cherche jamais íoi-même ; car dès que quelqu’un se cherche soi-même, l’amour défaut dans lui. L'Amour est circonspect ; il est humble ; il est droit ; la mollesse & l’inconstance n’ont point de lieu dans lui ; il ne s’aplique point aux choses vaines ; il est sobre ; il est chaste; il est ferme ; il est paisible ; il réfréné tous léo De l’Imitatios tous les sens. L’Amour fait qu’on Te tient dans la soumission ; qu’on se méprise & qu’on se dédaigne soi-même qu’on se consacre à Dieu sans reserve qu’on lui donne tout pour la reconnoist sance de ses miséricordes ; qu’on se repose sur lui, qu’on espère toujours en lui ; lors même qu’on est dans la destitution spirituelle; car dans l’amour on ne vit pas fans douleur. Celui qui n’estpas prêt à soufrir tout, & à se conformer en tout à la volonté de son Bien-aimé, n’estpas digne d’être regardé comme aîant de I’amour pour Dieu car quand on aime véritablement, on doit embraflèr de bon cœur pour son Bien-aimé les choses les plus dures & les plus amères ; & ne s’en pas détourner quand bien toutes choies nous deviendroient contraires, Cha- de J. Christ. Ch. 6. 161 Chapitre VI. U Amour est éprouvé par les choses contraires. I. » M* ON fils, tu n’ès pas encore IVA ni fort, ni prudent dans ,» l’amour que tu dois porter. Pourquoi cela, Seigneur? „ Parle que la moindre opposition », qui se présente, te fait quitter ce que » tu avois bien commencé ; & parcs „ que tu désires avec trop d’avidité d'ê- », tre consolé & contenté. Celui qui est ,, fortement fondé dans l’amour, de- », meure ferme au milieu des tenta- », tions,&n’écoute pas les suggestions del’ennemi. U m’aime dans l’adver- ,, sité tout de même que dans la prof. », périté. 2. ,, Un amateur prudent ne regar- ,, de pas tant au don de celui qui l’ai- », me,qu’à l’amour de celui qui donne. ,, U considère plus l’affection qu'on lui », porte que les biens qu’on lui fait; ,, parce qu’il met son Biemaimé au de£ ,, fus de tout. Celui qui m’aime ge- ,, nereu- 1 6z De l’Imitaiiom „ nereusement cherche íà joîe 8c ion ,, contentement non pas dans mes „ dons, mais dans moi ; parce qu’il „ m’aime plus que tous mes dons. Ne ,, te tiens pas pour perdu s’il t’arrive „ quelque fois de sentir dans toi moins ,, d’affection pour moi & pour ceux „ qui m’aiment, que tu ne voudrois. ,, Cet agréable sentiment que tu ex- ,, périmentes quelque fois, est un effet „ de la présence de ma grâce, & un „ avant-goût des douceurs du Ciel „ mais tu ne dois pas trop t’apuiër fur „ cela ; parce que je le donne 8c le re- „ tire comme il me plait. Ce que je ,, tiens pour vertu, & que je recom- „ penserai abondamment, est, de com- ,, battre contre les mouvemens déré- ,, glés & contre les passions du cœur, „ & de mépriser tout ce que le Diable „ suggère à Tarne. z. ,, Ne te trouble donc point si des ,, pensées absurdes & des imaginations ,, étranges se présentent àtoiàTocca- „ fion de quoi que ce soit. Demeure ,, ferme dans le bon dessein que tu as ,, prisd’êtreàDieu, 8c tourne vers lui „ tous de J. Christ. 6. i6z „ tous tes désirs & toutes tes inten ,, tions. Quoi que tu te sentes quel- „ que fois élevé à Dieu & comme ra- ,, vi hors de toi jufqu’au ciel, & que », peu après tu te voies retombé „ dans les folles pensées qui t’atta- „ quent souvent i tu ne dois pas croi- ,» re pour cela que ton état ne soit ,, qu’illusion & tromperie. Car tu sou- „ fres plutôt ces choses que tu ne les „ fais ; pourvu qu’elles te déplaisent ,, & que tu y résistes» bien loin de te „ perdre, elles te seront une occasion », de récompense. 4. », Sois persuadé que l’ennemi an- »» cien n’a point d’autre dessein que de „ mettre des obstacles aux désirs que tu „ as pour le bien ; que de te détourner ,, de tous bons exercices» de t’empê- „ cher d’imiter la vie des Saints, de „ penser à mes soufrantes , de te íou- „ venir de tes péchés, de veiller à la », garde de ton cœur, & d’accomplir le », dessein que tu as de t’avancer dans la „ vertu. C’est pour cela qu’ilprésen- „ te souvent de mauvaises pensées à „ ton Esprit pour t’affliger & pour te ,s faire 64 De lÌmitatiow , faire horreur il veut ainsi t’empêcher , de parler à Dieu & de méditer sa , sainte Parole. Il lui déplaît fort que , tu reconnoiíses & confesses tespé- , chés à Dieu avec un cœur contrit; & , s’il pouvoit t’empêcher de commu- , ni quer avec lui, il le feroitsans dou- , te. Ne le croi point } ne te soucie 3 point de lui, quoi qu’il te dresse sou- , vent des embûches pour te tromper. , Il jette dans ton esprit des pensées 3 mauvaises & impures, Lc il te veut , faire acroire qu elles font de , pousse-le hardiment, en lui disant, , Va arrière de moi, Satan, Esprit im- , pur & misérable ; sois couvert de , confusion, impur que tuès, de me , suggérer de telles choses. Vasédu- , cteur malin ; tu n’auras point de part , en moi ; car Jésus fera avec moi, & , combattra fi bien pour garder la pla- , ce de mon cœur, que tu resteras con- , fus. J’aime mieux mourir Sc soufrir , toutes les peines imaginables que de , consentir à ce que tu me présentes. , Tartoi ,& ne parle plus. Jenet’é- , coûterai plus, quoi que tu m’inquiè- „ tes, de J. Christ. Livr. III. Ch. 6. t6f j, tes. {a Le Seigneur est ma lumière & j> mon salut, de qui aurai-je peur ? Jjjuand -, toute une armée se camper oit contre moi, „ mon cœur ne craindra point. Car c’est „ le Seigneur qui m’aide & qui est „ mon Rédemteur. 5. n Tu dois donc combatre comme ,, un bon Soldat avec courage ; & si ,, quelquefois il t’arri ve de tomber par ,, foiblesse, relève-toi &pren denou- »5 velles forces. Éípère que ma grâce , j te soutiendra encore plus fortement; >3 mais donne-toi de garde de l’or- ,> gueil 3 Lc de la vaine complaisance »> qu’on trouve en soi-même. C’est ce ,, qui sait que plusieurs s’égarent & ,, tombent quelquefois dans unaveu- „ glement presque incurable. Que cet- ,3 te ruine des orgueilleux, qui ont fol- ,3 lement présumé deux-mêmesjte ren- ,3 de avisé, & serve à te conserver tou- „ jours dans 1’humilité, a Ps. » 7 . v. U l66 De lImitatiom Chapitre VII. Sois humble dans la Grâce , & lors qu'elle est absente. t.» T\,/s On fils! ilt’est meilleur & IVA ,, plus leur de cacher la gra- „ ce de la piété 8c de la ferveur, que » de t’en prévaloir, d’en parler beau* „ coup devant les autres, Sc de te », considérer comme quelque choie », pour avoir de tels dons. Que plutôt, „ la considération de cette grâce te „ porte à te mépriser toi-même, 8c à „ craindre de t’en rendre tout-à-fait „ indigne. Net’attachepasaveccom- „ plaisance à la douceur des sentimens „ que tu goûtes ; car tu peux soudain „ passer dans un état bien ,, cette grâce, lors que tu la possèdes » „ te fasse réfléchir fur le misérable état „ 8c ladéstitutionoùtuès, quand tu ,, ten vois privé. Le progrès que l'on „ fait dans la vie spirituelle ne consiste ,, pas en ce qu’on éprouve toujours la », grâce qui réjouit 8c qui console ; » mais principalement en ce qu’on n soufre ur& igra. T* leaih e lî iosí tôt te ici saie m- tns u'n ue S tat tu on stc la ei on ií »E J. Christ. Livr. III. Ch. 7. 167 ,, soufre volontiers d’en être privé en ,, s humiliant & se renonçant soi-mê- ,, me ; fans que néanmoins on perde „ courage, ni qu’on se relâche de la ,, prière, ou qu’on abandonne les bons „ exercices à quoil’on est obligé. Au- ,, contraire, c’est alors qu’il faut faire ,, les plus grands efforts, & tour ce „ qu’il est possible, pour ne se pas né- ,, gliger entièrement dans la sécheresse ,, & les troubles de lame où l’on se „ sent tombé. 2. ,, Combien y a-t-il de gens qui „ lors que tout ne leur va pas à sou- „ hait, tombent incontinent dans l'im- », patience ou dans la paresse ? Ne doit-. », on pas considérer que a la voie de „ lhomme rieft pas à lui, & que c’est à ,, Dieu de dispenser ses dons & sesgra- „ ces quand il lui plait, dans la meíùre „ qu’il lui plait, à qui il lui plait,fans », que personne y doive trouver à redi- ,, re? Il y en a qui font si imprudens „ que de se perdre par l’ardeur de leur „ zèle > parce qu’ils ont entrepris de », faire plus qu’ils ne pouvoient, ne », pen- * Jer. 10, v. rz. » r68 De l’Imitation j, pensant pas à la petitesse de leurs for- », ces ; mais suivant plutôt l’emporte- 5, ment de leur zèle que la lumière de „ leur intelligence. J’ai retiré soudain », ma grâce d'eux, parcequ’ils ontpré- ,, tendu faire plus que ce que je de- „ mandois. Ainsi,ils font devenus pau- », vres; &eux, qui vouloient, selon ,, la parole du Prophéte,slîfWe/er „ nid dans le ciel , ont été rabaissés dans un état où il paroît qu’ils ne font que ,, des créatures viles 8í méprisables. », C’est afin qu’étant humiliés & dé- „ nués de tout, ils aprennent à ne pas », s’élever en haut fur leurs propres ai- », les,mais à mettre leur espérance fous », la protection des miennes. Ceux qui », font de nouveaux aprentifs dans les ,, voies de Dieu, & qui n’y font pas », encore expérimentés, pourront fa- », cilemencêtre séduits, & trouver des », écueils qui les brisent s’ils ne se con- „ duisent selon le conseil des plus sa- », ges. Z. ,, Que s’ils aiment mieux suivre g , leur propre opinion que les avis de ,, ceux a Abdiaf, v, 4. de J. Christ. Livr, III. Cb. 7. 169 >> ceux qui les surpassent en expérien- ,, ce, tout ira mai pour eux, à-moins ,, qu’ils ne se laissent enfin détacher de ,, leur propre sens. Il arrive rarement „ que ceux qui croient être sages se „ soumettent humblement aux autres. ,, Il vaut pourtant mieux avoir peu de ,, dons & une intelligence fort médio- ,, creavecshumilité, que de pofléder j, de grands trésors de science avec j, une vaine complaisance en soi-mê- „ me. La disette qui humilie est meil- ,, leure que l’abondance qui donne de ,, l’élévation. Ce n'est pas agir avec „ discrétion que de s’abandonner à la „ joïe, en oubliant fa prémière pauvre- „ té & la crainte respectueuse où l’on ,, doit être devant Dieu de perdre par „ soiblesse la grâce qu’il nous fait ,, éprouver» Ce n’est pas aussi agir assés j, sagement ni assés courageusement ,, que de s’abandoner trop au désespoir „ au tems de l’adversité & de l’oppreso „ sion ; Lcde n’avoir pas de ma bonté „ & de ma protection la confiance & „ les pensées que l’on doit en avoir. 4 * » Celui qui fait trop le fort & 170 De l’Imitation „ l’asseuré au tems de la paix, est fou- ,, vent le plus lâche & le plus craintif ,, au tems de la guerre. Allurément si ,, tu avois foin de demeurer toujours „ humble & petit,& que tu gouvernas. „ ses ton esprit avec modération, tu ne ,, tomberois pas fi souvent dans le pé- ,, ril & dans le péché. Ecoute ce bon ,, conseil que je te donne. Lors que ,, tu te sentiras animé de l’efprit de zè- „ le & de ferveur,applique toi à médi- , ,, ter ce que tu devras faire quand ce i 3, feu divin se retirera de toi ; Lc lors ! ,, qu'il s’en fera retiré, pense qu’il peut \ 3, ' fêtre donné de nouveau. Carjel’o- i 3, te pour un tems asin de söhliger à te 33 tenir fur tes gardes, &pourte porter ' 3, à me rendre la gloire qui m’apar- 3, tient. f. s, Ce changement qui se fait pour 3, réprouver t’est bien plus utile, que 3, st toutes choses te succédoient à sou- 3, hait ; car de ce qu un homme reçoit 3, plusieurs consolations , même des 3, révélations célestes, de ce qu’il est », íàvant dans les Saintes Ecritures, de ,, ce qu’il est avancé en quelque digni- » te» de Gj. 8. 171 j il n’en saut pas conclure qu’il soit „ plus agréable à mes yeux. Il neu ,, faut juger que parle fondement qu’il ,, a dans la vraie humilité, & dans la ,, plénitude de l’amour divin. Il faut ,, examiner s’il cherche toujours par- ,, faitementLc d’une manière désinté- ,, reliée l’honneur de Dieu ; s’ïlse tient „ pourriem & se méprise de tout Ion ,, cœur; & s’il aime mieux & se réjouît ,, plus d’être méprisé & abaissé des au- ,, tres, que d’en être honoré 8c estimé. Chapitre VIII. Reconnoi devant Dieu que tu n'ès rien du tout, I. U\T 01C1 maintenant f ai pris la V hardiesse de parler au Seigneur, combien que je ne soû que poudre & que cendre. Si je me crois quelque choie de plus, tute déclareras d’abord l’en- nemi de mon orgueil, 8c mes propres iniquités porteront contre moi un témoignage auquel il me fera impossible de répondre. Mais si je me méprise ju£ H z , qu’aU a Gn. lyz De l’Imitatxoh qu au dernier degré, si je m’anéantis, si je pers toute bonne opinion de moi-mê- me, si je m’abaiffe & me réduis jusqu a la cendre & à la poussière, comme c’est en effet tout ce que je suis ; alors ta grâce me fera propice , & ta lumière s'ap- prochera de mon cœur ; aussi les moindres restes de l’estime que j’ai malheureusement pour moi, seront plongés & engloutis dans ce profond abîme de mon néant, d’où ils ne se relèveront jamais. C’est dans cet abîme que tu me montres moi-même à moi, que tu me fais voir ce que je fuis > ce que j’ai été, & ce que je fuis devenu. Maintenant, mon Dieu, je saique je ne suis rien; mais, hélas, je ne l’ai pas toujours íu ! Si tu me laifles à moi, il n’y a plus dans moi que foibleffe & que néant; AU lieu que si tu me regardes favorablement, incontinent je i'uis rempli de force & de nouvelle joie. Que ta miséricorde est admirable,, 6 mon Seigneur ! de relever ainsi mon ame, & de l’embras- fer avec tant de tendresse, quoi qu’elle tende toujours vers la terre par fa propre pesanteur ! 2 . Ce de J. Christ. Lìvr. III. Cb. 8. I7Z 2. Ce font, mon Dieu ! des éstets de ton Amour, qui me prévient par une pure miséricorde, qui m assiste en mille besoins, qui me préservé des périls les plus grands , & qui me délivre de mes maux, dont le nombre est infini. Car en m’aimant malheureusement moi-mê- me, je me suis perdu ; mais en te cherchant uniquement, & en t’aimant purement & fans intérêt, je me fuis retrouvé avec toi; & par i’amour j’ai senti que je devois encore plus m’anéantir que je n’avois fait; car j’ai connu,ô mon Bien- aimé ! que tout le bien que tu me fais ne vient pas de mes mérites ; & que tu me donnes plus que je n’oserois eípérer ou demander. ;. Béni íois-tu, mon Dieu ! de ce qu’encore que je fois indigne de toutes tes grâces, ta haute Majesté & ta bonté infinie ne ceffe jamais de faire du bien, même aux ingrats & a ceux qui font éloignés de toi. Converti nous à toi, afín que nous foions vraiment recon- noìílans, humbles, & ardents à t’aimer; puis que c’est toi qui ès nôtre íàíut, nôtre vertu & nôtre force. H z Cha- 174 Ee l’ Imitation Chapitre IX. J^ue Dieu soit ton motif & ta fin souveraine . i. Js ON fils ! si tu veux être du iVJL nombre des bi en-heureux, il „ faut que tu me regardes en toutes tes „ actions comme ton motif & ta der- „ nièrefin. Cette intention sanctifiera „ tous tes désirs, qui sont souvent ,, souillés par un trop grand panchant vers toi-même & vers les créatures. ,, Car si tu te cherches en quoi que ce ,, soit, tu tombes incontinent, & tu ,, t’aíféches en te détachant de moi ; ,, raporte donc tout à moi seul ; car il „ n’y a que moi seul qui aïe & donne ,, tout. Envisage chaque chose en par- ,, titulier comme un éffet qui procède ,, du Souverain Bien 5 & conséquem- j, ment, fai revenir toutes choses à „ moi, qui fuis leur source & leur ori- „ gine. 2. ,, Je luis la fontaine d’eau vivan- „ te dans laquelle les petits & les j, grands, les pauvres ßclesrichespui- sent 3 de J. Christ. Cò. 9. 175 sentl’eau vive, & qui donne grâce ,, pour grâce a ceux qui me servent & ,, qui m’obéïísent volontiers & d’un », cœur libre. Celui qui veut se glori- ,, fier hors de moi, & se plaire dans ,, quelque bien particulier, ne fera pas „ afermi dans une joie véritable,&son », cœur ne sera pas mis au large & en. », liberté-, il se sentirapîûtôtresserré 5 c », embarrassé dans le détroit d’une infi- », nité d'angoisies. Donne-toidonc de „ garde de t a tri b u er aucun bien, & „ ne mets pas les autres dans s état de „ s’en atribuer eux-mêmes par les „ louanges que tu leur pourrois don- ,, n er. Atribuë &ren tout à Dieu seul, ,, sans lequel l'homme n’a rien. J’ai ,» tout donné; je veux que tout me ,, soit rendu ; & c’est avec une exacti- », tude rigoureuse que j’exige que tou- ,, tes les louanges & les actions de gra- „ ces soient raportées à moi seul» z. ,, Cette vérité confond &repou£ ,, se la vanité de la gloire. Lors que la ,, grâce céleste £z le vrai Amour en- », trent dans le cœur de quelqu'un » ,, comme ils y éteignent les désirs du H 4 „ pco- i y 6 De l’Imitation ,, propre, ils y éfacent aussi les imprek ,, fions de i’envie, ils desserrent & dé- ,, lient le cœur, & l’arnour desoi-mê- j, me n’y trouve plus de place ; car ,, l'amour divin, qui étend &augmen- ,, te les forces de l ame , demeure vi- ,, ctorieuxde tout. Si tu ès íage, tu ne „ te réjouiras qu’en moi seul, & tu ,, n’auras d’espérance que dans moi ,, seul; pareeque {a nul ti est bon que ,, Dieu seul, qui doit être loué à l'oc- cafion de toutes choses, Sc qui doit „ être béni en tout. a Matth . 19. v . iy . Chapitre X. Dieu te veut bien servir ; sers-le car c 1 est ta gloire. í. "E prens, Seigneur! la har- Jf dieffe de parler encore à toi. Je tîe me tairai point ; je ferai retentir les soupirs de mon cœur dans les oreilles de tnon Dieu , de mon Seigneur & de mon Roi, dont le Trône est élevé par deslus toutes Seigneur! aque tes biens sent gr auds que tu tts réservés pour 00 Pi 3 i . ». îo. ceux de Cb, 10 . ijf teux qui te craignent ! Que n’ès tu pas à ceux qui t'aiment & à ceux qui te servent & t’obéïssent de tout leur cœur ! C’est une douceur vraiment inéfable que de jouir de cette contemplation de ton visage que tu acordes à tes amis sincères. Tu m’as montré la tendresse de ton grand amour en ceci ; c’est que je n’étois pas, & tu m’as fait ; j’étois égaré de toi, &tu m’as ramené, afin que je te serve, & tu m’as fait la grâce de me commander que je t’aime. 2. O Fontaine de l’amour éternel l que dirai-je de toi ? Pourrois-je bien doublier, toi qui as daigné de te souvenir de moi, lors même qu’étant séparé de toi j’étois devenu comme une branche toute sèche & toute morte ? Les miséricordes que tu as faites à ton serviteur sont plus grandes que je n’aurois jamais osé eípérer. Je n’aí aucunement mérité que tu m'honores de ton amitié & de ta grâce. O Seigneur! que te ren- drai-je pour tant de faveurs?Que te ren- drai-jc pour la grâce que tu m’as faite & que tu ne fais pas à tous, de renoncer à toutes choses & au siècle présent ; & de H 5 msnex ,78 De l’Imitation - mener une vie retirée & intérieure ! Te recompenferai-je beaucoup en te servant , toi à qui toute créature est obligée d’obéïr ? Tous les services que je puis te rendre font très peu de chose ; mais la grâce que tu m’as faite de m’ho- norer jusques-là que de me prendre pour un de tes serviteurs , & de me joindre à ceux que tu aimes,nonobstant mon indignité & ma bassesse , est une grâce très-grande , que je nesaurois ailes admirer. j. Voilà, toutes choses font à toi, je n’ai rien qui ne soit à toi ; & le service que je te rens, est un don de ta pourquoi dire que je te fers? M’est-ce pas plutôt toi, Seigneur ! qui me fers? C’esi pour le service de l’hom- me que tu as créé le Ciel & la terre qui en effetle servent tousles jours selon les règles que tu leur préferis. Et comme st cela étoit peu de chose , tu lui as encore donné pour serviteurs tes saints Anges. Mais que tu fois devenu toi- même le serviteur de Thomme, &que tu te sois voulu donner toi-même à lui, c’est ce qui surpafle toutes pensées & toutes paroles. 4. Qu e . de C&. lo. 179 4. Que te rendrai-je, Seigneur! pour cette infinité de biens dont je te fuis redevable? O que ne te puis-je servir tous les jours de ma vie! Mais hélas! íì seulement je te pouvois servir comme il faut un seul jour ! Tu ès vraiment digne d’être servi, d’être honoré, & d’être loiié souverainement & éternellement. Tu ès vraiment mon Seigneur; & je suis ton pauvre Serviteur , obligé à te servir de toutes mes forces, & à publier tes louanges fans me lasser jamais. Je le veux, mon Dieu ! je le désire ; je te prie de suppléer à ce qui me manque pour l’accomplissement de ce désir. f. Quel honneur ! quelle gloire de te servir, & de mépriser toute autre chose pour samour de toi ! ceux qui se soumettent de bon cœur à ta très- sainte obéissance,y trouveront une grande abondance de grâce. Ceux qui rejettent tous les plaisirs de la chair, par- ce qu’ils t'ai ment avec tendresse, trouveront dans ton 8. Esprit des délices aussi charmantes que pures. Ceux qui pouri’amour de toi entrent dans la voie étroite, & qui se défont de tous les H 6 foins îgo De limitation soins mondains,jouiront d’une vraïe liberté d’eíprit. 6 . O divine & agréable servitude, qui rendlTiomme vraiment libre & qui le sanctifie! O état sacré de l’obéissance Chrétienne qui rend Thomme chéri de Dieu, égal aux Anges, terrible aux Démons, & recommandable à tous les fidèles ! O servitude aimable & digne de de tous nos souhaits,qui nous met dans ìa jouissance d’un bien souverain & d’une joie éternelle ! Chapitre XI. Tâche de plaire à Dieu , mak non pas à toi-meme. i - ì ON fils, il te reste à apren XV Ja dre beaucoup de choses que tu ne fais pas encore bien. 2. Seigneur! quelles sont-ellcs ? Z- ,, C’e s t , mon fils, que tu sou- ,, mettes entièrement ta volonté à ,, mon bon plaisir; & que tu ne fois ,, plus amateur de toi-même ; mais ,, que tu désires avec ardeur que ma 3, feule volonté s’acomplisse. Souvent il jj de J. Christ» Livr. III. Ch. n. i8î », il naît en toi des désirs qui t’empor- ,, tent avec violence; mais considère „ alors si c’est mon honneur ou ton „ propre intérêt qui retouche. Car », si tune regardes qu’à me plaire, tu s, demeureras en paix de quelque ma- „ nière qu’ilme plaise de disposer des ,, choses ; mais situ te recherches toi- „ même secrètement, ce n’est pasmer- », veille si tu te trouves embarassé &in- ,» quiet. 4. „ Pren donc bien garde de ne », point trop danach er aux désirs que ,, tu as formés fans me consulter ; de », peur que tu ne te trouves obligé à », t’en repentir,& à désaprouver en sus », te ce quetuaurois prémièrement a- prouvé & recherché avec zèle, com- ,, me quelque chose de bon. On ne ,, doit pas suivre d’abord tous les ,, mouvemensquiparoissentbons, ni », rejetter tous ceux qui semblent ,, mauvais & qui nous ,, quefois il elì à propos d’user de sus- ,, pension & de retenue,même dansies ,, bons mouvemens & les bons désirs, ,, de peur qu’un empressement trop H 7 vio- î8i De lImitation „ violent ne t’égare Feíprit 5 & que tu ,, ne sois en scandale aux autres par un „ emportement déréglé , ou bien que ,, rencontrant des personnes qui s'op- ,, posent à toi, cela ne te jette dans le „ trouble 8 c dans sabatement. f. Quelquefois aussi il faut user de 3 , violence, & résister fortement aux ,, désirs senfaëls & mondains, fans se ,, soucier de ce que la chairveut ou ne ,, veut pas ; mais s’éforcer de la sou- ,, mettre malgré elle à l’empire de „ l’Esprit. On la doit mortifier fi long- ,, tems, & la contraindre si fermement ,, à obéir, qu’enfin elle soit prête à 5, tout, & qu’elle aprenne à se conten- jj ter de peu, & à aimer ce qui est le „ plus simple, fans murmurer pour 55 quoi que ce soit. Chapitre XII. Soufre les maux du monde ; évite ses plaisirs. I. ' k € ON Seigneur & mon Dieu ! \/J je voi bien que la patience m’est très-néceísaire, parce qu’il III. CV?. 12. iSj qu’il me survient beaucoup d adversités en cette vie. Quoi que je fasse pour me mettre en paix & en repos, j’expérimen- te que ma vie ne peut être fans guerre &fàns douleurs. 2. „ Mon fils, ce que tu dis est très- ,, véritable. Mais je ne veux pas que ,, tu cherches une paix qui consiste en „ ce que tu fois exemt de tentations , ,, ou que tu fois íàns foufrances. Tien ,, plûtôt pour certain que tu auras ,, trouvé la paix lors que tu te verras ,, exercé par beaucoup d’affiictions, 8c „ éprouvé par la rencontre d’une infi- ,, nité de choses qui te font contraires. „ Si tu dis, que tu ne peux tantsoufrir; „ comment donc pourras-tufoufrir le „ feu de ma sévère justice ? La pru- „ dence veut que de deux maux l’on „ choisisse le moindre. Choisi donc de „ soufrir de bon cœur & pourlamour „ de Dieu les maux de la vie présente, „ afin d’éviter les maux éternels de la ,, vie à venir. Croi-tu que les hom- ,, mes du monde ne soufrent rien du „ tout, ou n’endurent que de petits ,, maux? Cela n’est point j & même » les 184 De ^Imitation „ les plus adonnés aux plaisirs & à la „ mollesse ne font pas exemts de gran- „ des peines. Z. Mais dis-tu ils ont aussi d’aií- leurs beaucoup de divertiffemens & de , joïe dans racomplisiement de leurs désirs ; &c’est ce qui adoucit toutes leurs peines, & qui fait qu’ils sentent peu les 1 afflictions. 1 4- ,, Je veux que cela soit, & qu’ils „ aient même tout ce qu'ils désirent ; ] 5 , mais combien croi-tu que leur du- ; „ rera ce faux bonheur ? Voilà, ceux ; >, qui font pleins des biens du monde j „ diíparoîtront comme de la fumée,& „ la mémoire de tous leurs plaisirs paf- „ fés périra. Ne vois-tu pas que même „ dès maintenant ils trouvent du dé- „ goût & de l’amertume dans leurs >, plaisirs; que le repos qifils ycher- „ estent est mêlé de crainte; & que fou- » vent ce qui a été la cause de leurs „ contentemens,3eur est une source de „ douleurs ? C’est ma justice qui les en „ punit de la forte; étant bien raifon- „ nable qu’ils trouvent leur fuplice & „ leur confusion dans ces mêmes plai- >} sirs ee J. Christ. 185 -, sirs qu’ils recherchent contre mon „ ordre & ma volonté. O que leurs ,, voluptés Scieurs joies font courtes ! ,, quelles font fausses 1 qu’elles font „ déréglées 8 c infames tout ensemble ! „ Mais FenivrementScfaveuglement ,, de leurs cceurs ne leur laissent point „ d’intelligence. Ils font comme des >, bêtes fans raison, achetant lesplai- » sirs si courts decette vie misérable au „ prix de la perte de leurs âmes. Toi >, donc, ô mon fils, ne fatisfai jamais -, tes passions 1 , mais détourne toi de ta », propre volonté, a Que tout ton », plaisir soit en Dieu ; & il acomplira „ les désirs de ton cœur. 5 . „ Car si tu veux jouir d’une joie », vraiment solide Sc pleine, tu la dois „ chercher par le mépris de toutes les „ choses du monde , Sc par la fuite de », tous les plaisirs bas Sc terrestres. >, Alors tu verras croître tes bénédi- », ctions Sc tes consolations. Plus tu „ te sépareras de tout ce qui peut te íà- „ tisfaire Sc te contenter dans les créa- „ tures,plus tu trouveras en moi de fc- >, lides W Pi 37- »• 4- i86 De l’Imitatio» „ lides & de véritables contentemens. „ Mais il net’estpas donné d’y attein- „ dre fans avoir été exercé par les tri- „ steifes spirituelles & par de rudes „ combats. Tes mauvaises habitudes ,, enviellies reviendront souvent; mais ,, il les faut vaincrepar-de meilleures. „ Ta chair fe révoltera ; mais il la faut „ domter par la ferveur de l’ „ Serpent ancien ne manquera pas de „ r inciter au mal, & de t’inquiéter ; „ mais tes prières le doivent mettre en „ fuite, & les éforts que tu feras pour ,, faire le bien, joints avec un juste tra- ,, vail, lui fermeront les principales „ portes de ton ame. Chapitre XIII. Que Pexemple de Christ Renseigne à te soumettre. I.,, On fils 1 celui qui tâche de XVJL ,, se soustraire à l’obéïfian- ,, ce, se soustrait aussi à la grâce ; &si „ quelqu’un recherche son bien parti- „ culier, il perd les biens cornons. Ce- 3 lui qui ne fe soûmetpas volontiers & » de de J. Christ. Livy . III, Ch. 15. 187 „ de bon cœur à ceux que Dieu a éta- „ bJis fur lui, montre par là que íâ ,, chair n’est pas encore domtée j mais ,, qu elle ferévolte souvent contre l'es- „ prit. C’estpourquoisituveux vain- ,» cre parfaitement ta chair, apren à te ,» soumettre à tes supérieurs^car quand ,, cet ennemi domestique fera domté * ,> & soumis à l’homme intérieur, Ten- ,, nemi du dehors le monde ou le ,, Diable en fera bien plûtôt vaincu. „ Ton ame n'a point d’ennemi plus „ importun ni plus dangereux que toî- „ même lors que tu ne te rens pas à la „ Loi de TEfprit. U faut nécestaire- ,, ment que tu aprennes à te mépriser ,, toi-même fi tu veux remporter la vî- „ ctoire sur la chair 5c le sang Tu ne ,, refuses de te soumettre à la volonté ,, des autres que parce que tu ès encore „ trop plein de l’amour de toi-même. 2. ,, Mais est-ce une si grande affai- „ re que toi, qui n’ès que de la poudre ,, 5c qu’un rien , te soumettes à quel- „ ques hommes parce que Dieu le ,, veut ; si Moi qui fuis le Dieu Très- 5 > haut& le Tout-puissant, qui ai créé ,» tou- l88 De t.’Imitation ,, toutes choses de rien, je me fuis íou- ,, mis humblement aux hommes pour ,, l'amour de toi ; Je me fuis rendu le „ plus humble & le dernier de tous ,, afin de t’aprendre à dorntet ton or- „ Aueil pat mon humilité. Apren donc, ,, ô cendre orgueilleuse, apten à obéir! „ Apren à t’abaiífer, terre & boire que ,, tu ès, & à te laitier fouler fous les ,, pieds de tous les hommes. Apren à ,, rompre tes malheureuses volontés, & 5, à te soumettre à ce que Dieu voudra. z. ,, Mets toi en colère contre toi- „ même, & étouffe d’abord les pré- ,, mi ers mouvemens de présomtion ,, qui naissent dans ton Esprit. Ren toi ,, si petit & si bas , que tous les hom- ,, mes puissent te marcher sur la tête, & ,, te fouler comme la boue qui est dans „ les homme de néant! ,, qu’as-tu dont tu te puisses plaindre? ,, Pécheur vil & puant ! comment ofe- ,, rois-tu t’opposer aux reproches & ,, aux injures qu’on te peut faire, toi, ,, qui as si souvent oiseuse ton Dieu , ,, & qui as mille fois mérité l’Enfer ! } , Mais ton ame a été prétieuíe à mes ,, yeux, 18p „ yeux, & je t’ai pardonné, je t’ai fait ,, connoître la grandeur de l’amour „ que j’ai pour toi, afin de t’obliger à », être reccnnoiísant de mes grâces , », & que soufrant avec patience d’être », avili & méprisé de tous , tu aprenes ,, la soumission & Thumilité sincère. Chapitre XIV. £ue la grandeur de Dieu , que ton néant bétonnent* I I * 1 Es paroles, Seigneur! font A des foudres & des tonnerres qui m'étonnent, dans la considération de tes jugemens ! Je tremble tout saisi d’une crainte qui me pénètre les os, & mon ame est toute pleine de sraïeur. Je vois» tout épouvanté, que a les Cieux mêmes ne font p as purs devant toi. Si tu as trouvé de la corruption dans les Anges, & si tu ne la leur as pas pardonnée, hélas! que déviendrai-je ? Si les étoiles font tombées du Ciel, que dois-je attendre, moi qui ne fuis que boue? J’ai veu tomber dans le précipice des person- -r Job,l^. ipo De l’Imitation personnes dont la conduite avoit paru louable. J’ai veu ceux qui mangeoient le pain des Anges, prendre plaisir à la nourriture des pourceaux. r. O Seigneur ! où est la sainteté qui puisse subsister lors que tu retires ta main ? Où est la sagesse, lors que tu quittes le gouvernement d’une ame ? Où est la force, lors que tu refuses le concours de ta grâce ? Où est la chasteté & la pureté qui puissent se maintenir, lors que taprotection lui manque?Rien n’est bien gardé si tu ne veilles toi-mê- me pour fa garde. Aussi-tôt que tu nous laiíïes, nous nous précipitons dans l’a- bime ; & nous n en revenons point par une vie nouvelle,si tu ne reviens à nous. Nous ne sommes qu’inconstance & que foiblesse ; il n’y a que toi qui puisses nous afermir ; nous ne sommes que des tièdes & des lâches ; & c’est toi seul qui peux nous donner du zèle & de la vigueur. Z. Hélas 1 que je dois avoir de bas fentimens & d’abjectes pensées de moi, & que je dois faire peu de cas de ce que je parois avoir de bon ! O Seigneur, com- de J. Christ. 191 combien profondément dois-je m’abat- tre à la vûë del’abime de tes jugemens, puisque je voi que je ne fuis qu’un rien, qu’un vrai néant! O poids éffroïable ! O mer fans fond ni rives, dans laquelle je ne trouve rien de moi qu’un rien, un néant par tout! Où est à présent l’a* file de ma gloire ? où trouverai-je une retraite pour ma vanité & pour les pré— /omtueux sentimens que j’ai eus de ma vertu ? O Dieu! toute ma vaine gloire est abimée dans la profondeur de tes jugemens fur moi. 4. Qu’est toute cbair'devant tes yeux divins? L’argile s’élévera-t’ellepar orgueil contre celui qui la met en œuvre? Comment un amas de paroles flateufes pourroient-elles donner de la vanité à celui dont le cœur est soumis à Dieu par la vérité ? Celui que la vérité a fait abaisser en le soumettant à elle-même » ne s’élévera pas quand même tout le monde feroit fes éfortspour lui inspirer Torgueil. Celui qui est fermement fondé en Dieu ne fe laissera jamais émouvoir par les louanges des hommes ; car & ceux qui louent, &í leurs louanges , ne 192 De l’Imitation- ne sont que vanité ; & tout cela périra. Mais a la vérité de Dieu demeure éternellement. a Ps. Chapitre XV. Veux tout ce que Dieu veut , & non ce qui te plait. i. ^ ^ On fils, je veux que tu me XVJL ,, dises en toute affaire ; Sei- î, gneur, que telle chose fe fajse ainsi, st s, cest tavolonté! Seigneur , sic est pour 3 , ton honneur, que cecisefqjje par ta gra - ,, ce! Seigneur ,fi tu prévois que ceci soit „ bon & utile pour mon salut, donne-moi, „ je te prie, de m’en servir à ta gloire; „ mais fi tu voû que cela seroit nuisible ,, pour moi, & désavantageux ausalut de ,, mon ame, f ai moi la grâce dien éteindre „ le désir dans moi ! Car tout désir ne „ vient pas du S. Esprit quoi qu’il pari roiffe juste & bon àshomme. C’est ,, une chose bien difficile de juger si ,, les désirs que l’on a,viennent du bon », Esprit, ou del’Esprit malin, ou de la î> propre fantaisie de chacun, Plusieurs j? de Ch. ts. ,, se sont vûs trompés fur la fin,qui s’i- s, maginoient au commencement que „ cetoit le bon Eíprit qui les ínípiroit. 2. ,, Lors donc que quelque choie ,» te semble désirable , & que tu me la „ veux demander, tu le dois faire avec » crainte & humilité, & en telle mail nière , que renonçant à ta volonté ,, propre, tu résignes le tout à ma dis. ,» dois me dire en toute oc- „ casion ; Seigneur, tu sus ce qui fi de „ meilleur, film ceci fe fasse ou ne se fasse „ pas,tout ainsi qu’il semblera bon à ta Di- „ ville volonté. Donne moi ce qui te plaît, „ & au terns qu'il te plaît. Dijpofe & foi ,» de moi comme tu l'entens, selon ton boit y , plaifir,&selon que ta gloire t’ t y moi où tu voudras , & dijpofe de moi ett y » toutes choses avec une entière liber té..f}e y y fuis en ta main , tourne moi,retourne moi y y f ai moi aller d'un côté & a autre comme „ il te plaira. Voici, je fuis ton serviteur, ,, je fuis prêt à tout ; je ne désire pas de „ vivre pour moi, mais pour toi; ô qu’il yy me soit donné par ta grâce de le faire di- yy gnement & parfaitement ! z, O Mon très-miséricoidieux Sau- í veur \ ip4 O L l’Imitation veur! acorde moi ta sainte grâce, asm qu’elle soit avec moi, qu’elle travaille avec moi, & qu’elle demeure avec moi jusqu’à la fin. Fai que je désire & que, je veuille toujours ce qui t’est agréable & aïe point de volonté que la tienne ; que ma volonté suive toujours la tienne & se conforme à elle. Que je n aïe qu un seul vouloir 5 c non vouloir avec toi ; & que je ne puisse jamais vouloir que ce que tu veux, & ne vouloir pas ce que tu ne veux pas. 4. Accorde moi la grâce de mourir à toutes les choses du monde, & d’aimer à être méprisé dans le monde pour l’a- mourdetoi, & à y être inconnu. Fai mon Dieu! que je me repose en toi, & point en ce qu’on peut désirer hors de toi ; fai que mon cœur ne cherche point de paix que dans toi. Tu ès lavé- ïitable paix du cœur ; tu ès son repos ; hors de toi tout est mauvais, tout est inquiet. a me reposerai, & dormir d en faix, c’est-à-dire, en toi,ô mon Dieu! quiès le bien unique, souverain & éternel. Amen ! >- P/. 4 r-. 9, Cha- de ipf Chapitre XVI. c jCherche ta joie en Dieu , mais non pas dans le monde. I. ' I 'Out ce que jesauroîs désirer, X toutes les joies & les consolations que j’attens, ne sont pas dans cette vie, mais dans celle qui est à venir. Quand j’aurois seul toutes les joies du monde, & que je joûirois de toutes ses délices, il est certain que cela ne pour- roit pas durer long-tems. Ainsi, ô mon ame! tu ne peux trouver de consolation & de repos véritable qu'en Dieu, qui est la joie & la consolation des pauvres & des humbles. Arten un peu, mon ame ! atten l’éfet des promesses de ton Dieu, & tu jouiras dans le ciel d’une abondance de tous biens. Tu ne peux désirer les choses présentes contre l’ordre de Dieu, qu’en perdant les éternelles & célestes. Soûmets toi les prémières ; désire les dernières. Tous les biens temporels ne font pas capables de te remplir & de te rassasier, parce que leur jouissance n’est pas la fin pour laquelle tu as été créé. I a 2. Opand 19 6 De limitation 2. Quand tuaurois la possession de toutes les créatures, il te seroit impossible d’être heureuse pour cela. C’est dans Dieu seul, dans le seul Créateur, que tu dois trouver ta béatitude; non une béatitude semblable à celle que les insensés qui aiment le monde, s’imagi- nent grossièrement & désirent charnellement pour eux ; mais une béatitude digne del’attente de ceux qui ont suivi Jésus-Christ avec fidélité ; une béatitude dont les hommes qui vivent selon l’esprit, & desquels le cœur est sanctifié, & la conversation céleste, ont quelquefois des avant-goûts. La oïe qui vient de la considération des choses humaines est vaine & joie véritable & heureuse vient de la vérité & de la réalité des choses divines qui se répandent dans sintérieur. Une personne qui consacre à Dieu toute sa vie , porte toujours avec foi Jésus, qui est la source de la joie; & lui dit sans cesse ; Demeure toûjours & par tout avec moi, á mon Je s u s ! & que toute ma joie [ou d litre très volontiers privé de toutes les joies humaines. Jjues’ilte plaît de me priver 1 3 à »e Ch, 17. 197 du sentiment de tes joies divines , f ai, je te f rie , que ta volonté me soit pour joie, & que j’acquiesce de bon cœur au bon plaifir que tu auras de nìéprouver. Car ta colère f & tes menaces ne font pas pour durer toujours. Chapitre XVII. fjette tes foins fur Dieu, permets qu’il te conduise. fils! laisse moi disposer de IVi toi ainsi qu’il me plaîc. Jesaí „ ce qui t’est utile. Tu penses en hom- ,, me; tu juges d’une infinité de choses 5, comme font les hommes, par des af- ,, sections & des inclinations toutes ,, humaines. 2 . Seigneur! ce que tu dis esttrès- véritable. Le foin que tu prens de moi est bien plus grand & vaut bien mieux que celui que je pourrois en avoir moi- même. L’homme qui ne rejette pas fur toi tousses foins, & tout ce qui le concerne, est exposé à de grandes chutes. Fai, Seigneur ! que ma volonté soit droite Lc fortement attaia tienne; I z L- ip8 Di L’Imitation Sc quand au reste, sai de moi tout ce qu’il te plaira ; car tout ce que tu feras, ne peut être que très bien fait. Si tu veux que je fois dans les ténèbres, je t’enrens grâces. Si tu veux que je fois dans la lumière je t'en rens grâces. Si tu daignes me consoler, ton Nom est íoit béni. Si tu veux que je sois affligé, ton saint Nom en soit béni de même. J. „ C’est ainsi , mon fils ! que tu », dois être disposé si tu veux'marcher », avec moi. Tu dois être aussi prêt à „ soufrir, qu’à recevoir des sujets de ,, joie. Tu dois vouloir être dans la », disette Sc dans la pauvreté d’aussi boa », cœur, que dans l’abondance 8c dans », les richesses. 4. Je veux, Seigneur! íòufrirde bon cœur tout ce qui m arrivera par la dispensation de ta sage providence. Je recevrai également de ta main le bien Sc le mal, le doux Scl’amer, la joie & la tristesse ; Sc quoi qui m’arrive, je te rendrai pour toutes choses des actions de grâces. Préserve seulement mon ame de tout péché, Sc je ne craindrai ni la mort, r. “hi Ne me rejette point pour de J. i§z pour jamais de devant ta face, 8c n’éfa- ce point mon nom du livre de vie; après cela, tous les maux qui pourront tomber fur moi, ne me nuiront point. Chapitre XVIII. Christ soufre le premier , soufre donc après lui. I.„ Tk JS' ON fils ! je fuis décendu du XV*. „ Ciel pour ton salut ; je 5, me suis chargé de tes maux, non par ,, nécessité > mais? par un engagement „ volontaire de mon amour ; afín que „ tu aprennes la patience, 8c que tu ,, soufres íâns indignation les affli- ,, ctions de cette vie temporelle. Car „ depuis ma naissance jusqu’à la mort „ que j’endurai sur la croix, je ne fus „ jamais fans soufrante. J’ai été dans „ une très grande disette des choses „ très-souvent enten- „ du beaucoup de plaintes qu’on fai- „ soit de moi; j’ai soufert paisiblement „ la honte, les injures, 8c les outrages „ dont onm’a couvert. Pour tous les „ biens que j’ai faits, je n’ai trouvé que I 4* » âe zoo Dr i*I mitation ,, de l’ingratitude ; ona paîé mes ml* „ racles de blasphèmes 8c onnem’a „ rendu que des insultes & des blâmes 9> pour tous les saints enseignemens 5» que j’ai donnés. 2 . Seigneur! puis que tu as été si patient pendant toute ta vie,8c que c’est íur-tout en cela que tu as accompli la volonté de ton Père ; il est bien juste que n’étant comme je fuis, qu’un misérable pécheur, je me résigne à la patience pour accomplir ta divine volonté, 8í que je porte le fardeau de ce corps mortel aussi long-tems qu’il te plaira pour mon salut. Car quoi que cette vie temporelle soit un fardeau bien pénible, ta grâce néanmoins le rend leger & salutaire ; & ton exemple avec celui de tes Saints donne aux plus foibles le courage de le suporter, même avec beaucoup plus de joie & de consolation que n’en ont pû avoir ceux qui vivoient autrefois fous la Loi ancienne, lors que feutrée du lieu très-íàint n’étoit pas encore ouverte, que la voie qui y mène étoit fort obscure, & que le nombre de ceux qui cherchoient le Roïaume du ciel étoit petit, î>e 18. Lvr petit. Et alors même tous les justes qui dévoient être sauvés & introduits dans ton Roïaume, ne le pouvoient être que par tes soufrantes & par ta mort. z, O Seigneur! puis que tu as daigné me montrer aussi-bien qu’à tes fidèles , la bonne & la droite voie qui conduit à ton Roïaume éternel, combien de grâces íuis-je obligé de te rendre ? Ta vie est nôtre voïe; & nous nous approchons de toi, qui ès nôtre couronne , à mesure que nous nous avançons dans la sainte vertu de la patience. Si tu ne nous avois enseigné & par tes paroles, & par ton exemple, en marchant le prémier devant nous,qui est-ce qui auroit voulu entrer dans ce chemin? O combien y en auroit-il qui s’en éloigneroient & s’en détourneroient si la veiie de ce grand exemple que tu nous as laissé ne leur donnoit du courage ! Nous demeurons encore tièdes après la lecture & la connoissance de tant de miracles que tu as faits , & de tant de saintes instructions que tu nous as données ; que seroit - ce donc lì nous n’avions pas le divin flam- I tirs, fais ésort pour les soufrir avec „ patience. 2. ,, Plus tu te disposeras à íbufrir 9 ,, plus deviendras-tu sage kc agréable a, à mes yeux ; & si l’occasion de sou- ,, srir test souvent présentée, & que tu ,, l’embrasses de bon cœur, tous les 5> maux te deviendront plus 5, di jamais , il niest impossible de soufrir ,, cela d’un tel homme, S'il niavoit atta- ,, qué f une autre manière, je iaurois en- 5, duré; mais de m’avoir fait un tel tort » ,, c'est ce que je ne puis soufrir. stfuoìì ,, voyés quel dommage Uni a fait! quelle „ injure ! quel déshonneur ! Il me noir- „ cit en mimputaìit des chof ?r dont je rìai „ jamais eu la moindre pensée. Encore „ pourroù-je bien soufrir de quelque au- ,, tre certaines choses que ionpeut raison - ,, nablement soufrir. Ces pensées, mon ,, fils! font insensées; elles marquent ,, qu’on ne regarde que Foffense & la ,, la personne qui Fa commise ; & que „ Ton ne considère pas ce que c'est que ,, la vertu de la patience,ni quel est ce-> ,, lui qui la doit couronner. Z. », Ce n’est pas posséder cette ver- I 6 » ru, 204 De limitation „ prétendre soufrir qu’au- „ tant qu’on veut, & de qui l'on veut. », ìffn homme vraiment patient ne jette ,, point les yeux sur celui qui le fait ,, soufrir-, il ne regarde point si c’est un ,, de ses Supérieurs, ou un de ses égaux, „ ou un de ses inférieurs ; fi e'elì un ,, homme qui soit en réputation de », probité & de sainteté ou si e'elì un „ homme infame & un méchant. Mais ,, toutes les fois qu’il lui arrive quoi », que ce soit de fâcheux, il le reçoit ,, indifféremment de toutes les créatu* », res, il rembraffe de bon cœur com- », mesic’étoit Dieu même qui le lui „ presentât de sa main paternelle, &il „ croit y trouver un grand avantage ; », puis qu’on ne sauroit soufrir la moin- », dre chose du monde pour l’amour de », Dieu, que Dieu n’en tienne compte, 4. „ Si donc tu veux demeurer vi- », ctorieuxjsoistoûjourspréparé à com. », batre en soufrant. Tu ne remporte» », ras point la couronne de la patience », fan § combatte de la forte. Si tu ne », veux pas soufrir, tu ne veux pas auíîi be 20j> ì Ul1 être couronné. Désires-tu la couron» ! eti ,, ne? combats courageusement ; íou- ^ „ fre, endure , suporte tout patient- à' „ ment. Le repos est la récompense ^ ,, du travail; & la victoire, du combat, JK i Seigneur mon Dieu! toutes ces choses à parodient impossibles à la foiblesse de 1 & ma nature ; fai s’il te plaît que ta grâce stj me les rende connois par- hii faitement mon impuissance naturelle, u °i combien peu je fuis propre à soufrir , oie que je suis fort sensible aux moindres tu» difficultés, & qu’il ne faut presque rien m- pour m’abatre. Quêta grâce me rende lui aimable l’exercice des afflictions & de iil la soufrance pour ^accomplissement de r i ta sainte volonté ; & que ce soit là l’ob- h tOÌ, 7. Seigneur! je t’ai appelle, 8c j’ai désiré de joiiir de ta divine présence, avec un ferme dessein de quiter tout pour toi. C’cst toi qui m’as prévenu, aïant réveillé dans moi le désir de te chercher. Béni sois-tu, mon Dieu, d’a- voir agi envers moi avec une bonté si singulière, 8c d’avoir déploie íur ton servi- DE Liv. 215 ft?, serviteur des miséricordes fi grandes! Que te pourroit dire de plus ton servies. teur, ô mon Dieu! Il n’a qu’à s’humi- rplîi lier très-profondement devant toi, reis œ passant fans cesse dans son esprit la mul- cà- titude de ses ossenses, & Fextrémité de [eue sa bassesse. Seigneur! qui est pareil à ntdï toi dans toutes les merveilles qui font esì au Ciel ou fur la terre? Tout ce que le tjie Seigneur fait j est très bien fait, ses judo gemens font équitables > & fa providence règle admirablement bien tou- ils! tes choses. Que ma bouche, que mon ùi ame & que toutes tes créatures , te louât. ent, te glorifient, & te bénissent é ternélis, incréée duPèreEternel! Jfi-—- tt Chapitre XXII. Béni Dieu pour ses dons, & fois content a j des moindres. i. OEigneur ! ouvre mon cœur à ta ;• O Loi, 8c m’enfeigne à marcher , dans íes saints commandemens. Fai . moi bien connoître ta sainte volonté,& . que je considère avec un Esprit d’atten- i tion & avec un cœur touché toutes les grâces générales & particulières que tu mas Li6 De i'Im i t a T i o si faites, afin d’être disposé à t’en remercier dignement. Je íâi cependant, & je le confesse franchement, que je ne íauroiste rendre les actions de grâces 8c les louanges que méritent les moindres de tes biens, Je fuis au dessous de tous les biens qu il ta plû me faire ; 82 lors que je jette les yeux fur ta grandeur, je demeure comme acablé fous la gloire de ta Maj esté. z. Tout ce qu’il y a de bien dans nôtre ame 8c dans nôtre corps, tous les biens que nous possédons intérieurement ou extérieurement, dans l’état naturel 8c dans le surnaturel, font des éfets de ta grâce, qui font éclater ta bonté 8c ta libéralité, laquelle est la source de tous nos biens. Les uns en ontplus,íes autres en ont moins; mais tout ce qu’ils ont, vient de toi, & est à toi ; 8c fans toi il est impossible d’avoir le moindre bien. Celui qui en a receu beaucoup n’a point de sujet de se glorifier, comme s’il les avoir mérités ; il n'a point de droit de s’élever par destus les autres» & d’insulter à celui qui n’en a pas autant j car celui-là est le plus grand 8c le meil- ; m & 8 " act kj ; inc I fi à I tir ; se. cei j doi lof ! do & ! f jfc bi J bo Tu i ce co D le se Lìvrllì. 217 ^ meilleur de tous qui s’attribuë le moins ! ï qui est le plus humble & le plus soi- gneux à te rendre de continuelles M actions de grâces. Et celui qui s’estíme 3 ”- le plus abjet, le plus vil de tous, le plus indigne de tes biens,est le mieux diípo- sé à les recevoir. s- 3. Celui qui n’en a receu qu’une pe- 'slâ tite portion, ne doit pas s’en affliger 8 C s’en mécontenter > ni porter envie à uj. ceux qui en ont receu davantage. Il es doit plûtôt considérer avec respect 8c K , louange ta bonté infinie, qui dispense ses dons si abondamment, si gratuitement, „.j & par le pur motif de son bon plaisir, gj íàns acception de personne Toutes cho- d c ses viennent de toi, & ainsi tu ès loiia- [ ES ble en toutes fais ce qu’il est jj s bonde donnera chacun, 8cpourquoi to j. l'un en a plus 8c l'autre moins ; cen’est jj { pas à nous de rechercher les raisons de EI k cette inégalité* c’est toi, ô Dieu ! qui les connois & tu fais la mesure qui est con- j { venable à chacun. !S,'- 4. C’est pourquoi, Seigneur mon 11* Dieu ! je mets au nombre de tes grâces le * les plus grandes le refus que tu m’as fait i!-'' K de aiB De l’ Imitat ion de ces dons d’aparence & d’éclat qui attirent les loiianges & la gloire des hom. mes. C’est beaucoup que tu donnes sujet à un homme de considérer tellement íàpauvreté, ía bassesse, & le néant deíà personne,qu'au lieu detomber dans l’a. batement & dans la tristesse, il en prenne occasion de se consoler, & de se réjouir du peu qu'il a; car ce sont les humbles & les pauvres, ce font a les ab- jets & les méprisés de ce monde que tu as choisis, ô Dieu! pour en faire tes amis & domestiques. Tes Apôtres font autant d’exemples qui confirment cette vérité; car tu lésas établis pour maîtres fur toute la terre, & néanmoins ce n etòient que des gens simples fans bruit, fans finesses & fans artifices ; ils foufroient avec joie toutes fortes d’outrages pour l’amour de toi ; & ils embrassaient de tout leur cœur à ta considération les choses que le monde abhorre le plus. 5 . Ainsi celui qui t’aime véritablement, & qui est touché de reconnoistan- ce pour tes bien-faits, doit trouver toute ík joie en ce [que xa divine volonté s’ac- délirant & ne cherchant rien hors „ de moi. Abstientoi déjuger témé- 33 rairement des paroles ou des actions 3, d’autrui ; ne te mêle point des 3, choses qui ne font pas recomman- 3, dées à tes foins. C*est ainsi que tu ,3 tomberas rarement dans le trouble, s, Mais pendant qu’on est en ce mon- j, de, il n’est pas donné à l’homme de » ne »e III. Co. 2f. Í 27 , ne point tomber dans le trouble, nî ,, de ne sentir aucune peine d’esprit ou ,, de corps ; cela n’arrivera que lors „ qu’on aura été introduit dans le re- 5 , pos éternel. Ne t’imagine donc pas t, que tu as trouvé la paix lors que ru ,, ne sens rien qui te fasse de la peine ; ,, ni que tout va bien pour toi lors que „ nul ne t’est contraire ; que ta vie est ,, parfaite lors que tout se fait selon „ ton désir. Tu ne dois pas non-plus „ t estimer beaucoup , ni t’imaginec s, que tu ès un des favoris de Dieu,par- ,, ce que tu sens en toi quelque ferveur ,, cïe zèle, Sc les douceurs d’une dévo- 5, tion sensible. Ce n’est pas à cela que -, l’on connoit la solide vertu ; & le „ progrès SC la perfection d’un homme 3 , spirituel ne consistent pas là-dedans, 4. En quoi donc, Seigneur? 5. En ce que tut’ofres & que tu te ,, sacrifies de tout ton cœur à la volcn» ,, té Divine, ne cherchantpas tonpro- ,, pre,ni dans les choses petites, ni dans „ les grandes ; ni dans le rems, ni dans „ l'éremité; tellement que tu demeu- „ res toûjours uniforme, me rendant K. 6 j, ega» Lr8 De l*Imitation j, également grâces dans la prospérité „ & dans l’adversité, pesant tout dans „ la balance du Sanctuaire, qui est la ,, volonté de Dieu. Que si lors que je ,, retire de ton ame les consolations ,, spirituelles & intérieures j tut’éver- ,, tues tellement que de préparer ton „ ame à soufrir encore davantage,sans „ chercher à te justifier,comme si tu ne ,, méritois pas de tant soufrir ; mais ,, que tu reconnoisies que je ne fai rien „ que de très-juste & de très-bien fait, ,, de quelque manière qu’il me plaise ,, de disposer de toi, & que tu loties ,, mon très-saintNom ; alors tien pour 3 , certain que tu ès dans la vraie voie s, de la paix, & qu’indubitablement tu 3, verras de nouveau mon visage lors 3, que je viendrai te combler de joie. ,, Que si tu ès arrivé jusqu’au plein & 3, parfait mépris de toi-même, assure 3, toi que tu jouiras de la plus grande 3, paix qu’il soit possible d'avoir dans 3, l'exil où tu ès pendant cette vie „ mortelle. Cha- de J. Christ. Cb. 26 . 229 3I?ß ctdïi -ick ciîe !à teiï' ura ;e,fci ! Hin; mais iiia hit, laise à iOl't roíe !tm K, Sc e Je ES ii Chapitre XXVI. Use dit nécessaire, ne fera plus esclave de rien. Nedési- ,, re jamais ce qu’il ne t’efi pas permis „ d’avoir, & ne retienrien de ce qui „ peut retarder ta liberté intérieure & », spirituelle. Chose étrange ! que tu „ fasses difficulté de t’abandonner à ,, moi de tout ton cœur & fans reserve, » avec tout ce que tu peux désirer ou ,, posséder. 2. „ A quoi bon consumer ta vie en „ des » n » ! d » » > I " • » ! >> I ' » ! " } » I 1 ì be J*Christ. LivrXLl. 2zz „ des foins inutiles ? Pourquoi te tour- „ menter de tant de vains soucis? Tien „ toi fermement à ce qui est de mon } j bon plaisir, &rien ne te pourra nui- „ re. Mais si tu recherches quelque 5, chose de particulier, si tu désires d'ê- ,, tre ou en tel lieu, ou en tel état, pour „ trouver ce qui fest le plus agréable „ & le plus commode, fois assuré que „ tune feras jamais en repos, & que tes ,, ennuis & tes inquiétudes te suivront „ par-tout ; parce que quoi que tu „ rencontres, il y manquera toujours j, quelque chose de ce que tu auras », désiré ; & tu trouveras par-tout des „ oppositions. z. Ainsi le plus grand profit que l’on ,, peut retirer des choses extérieures », consiste, non pas en ce qu’on les pot „ fède & qu on les amasse ; mais en ce ,, qu’on les méprise & qu’on les arra- ,, ehe de son cœur jusqu’à la racine. Et „ ceci ne doit pas s’entendre seule- ,, ment des richesses d’or ou d’argent ; „ mais ausii des désirs de l’ambition , „ déshonneur, de la louange, Lc de „ la gloire; qui font des vanités qui LZ4 De limitation ,, disparaissent pour nous avec le'mon- ,, de. En quelque lieu que tu fois, tu ès ,, mal situé & mal gardé , si f esprit de ,, la piété te manque ; Lc de quelque ,, tranquillité que tu jouisses au dehors, „ elle est peu ferme si ton cœur n’est ,, pas bien fondé, je veux dire, s’il ne „ fe repose pas absolument sur moi ; ,, à moins de cela, quelque change- „ ment qui t’arrive,tu demeureras toû- ,, jours le même, c’est-à-dire, miséra- ,, ble, également éloigné du véritable ,, amendement; Lc à la prémière oc- ,, casion, tu verras que tu ès encore 5 , dans les mêmes maux ou même dans „ de plus grands, que ceux que tu vou» „ lois éviter. 4. O DIEU ! afermi mon ame par la grâce de ton 8. Esprit. Que l’hom- intérieur & spirituel devienne fort dans moi par ta bonté puissante. Vuide mon cœur de tous les foins inutiles & de tous les chagrins du permets pas que mes désirs m’entrainent vers quoi que ce soit ou de considérable eu de peu d’importance ; mais fai que j’enviíage tout ce qui est fur la terre com» de Ch. %Ç>. 2Z5 comme des choses qui ne font que passer, aussi bien que moi, qui passe & qui disparaîtrai avec elles, a Rien de tout ce qui est fous le Soleil niest permanent. Tout est vanité & tourment d'esprit. O qu'heureux est celui qui considère ainsi toutes choses ! f. Je te denfande, 6 mon Dieu ! la sagesse qui vient d’enhaut, afin qu’elle m’aprenne à te chercher par dessus toutes choses, &àte trouver au dessus de toutes choses ; qu’elle fasse que je ne goûte & que je n’aime que toi seul, & que je ne considère tout le reste qu e par rapport à cette divine Sagesse. Donne moi la prudence nécessaire pour ne me pas laisser surprendre aux flateries & sux louanges des uns -, & la patience pour bien suporterles contradictions & les oppositions des autres. Car c’est un éfetde taSagefle que de demeurer ferme lors que les langues des médisans battent 1 air pour nous ébranler par leurs éforts, & de ne pas se laisser séduire par les caresses des dateurs & des donneurs de là le moïen de a Etcles. r. v. r. 2z6 De ^IMITATION de s’avancer avec seureté dans la Voie • salutaire qui conduit à Dieu. Chapitre XXVIÍI. A 7> aplique sas ton cœur à ce qu on dit de toi. !» ì K on fils! ne tethagrine point íì j\/I ,, quelques-uns ont mau- „ vaise opinion de toi, &C ,, s’ils en parlent désavantageusemenc ,» & en te choquant. Tu dois encore „ en avoir plus mauvaise opinion „ qu’iis n'en ont, & te persuader forte- ,, ment qu’il n’y a personne au monde ,, plus foible & plus digne de mépris „ que toi. Si ta vie est spirituelle, & „ que tu te conduises par la vûë de l’in- ,, terieur,tu n’auras point d’égard à des j, paroles qui íè dissipent dans l’air. ,, C’est un éfet de la vraie prudence, ,, que de garder le silence au tems de ,, Tadversité, & de se retirer dans l’in- „ térieur pour s’entretenir avec moi, „ fans se laisier entraîner & diviser au „ dehors par les jugemens des hom- ,, mes. 2. Ne de J. Christ. 2Z7 2 . Ne fai pas dépendre ta paix de la „ langue des interprê- ,, tent comme il leur plaira, en bien ou „ en mal, ce que tu auras fait ou dit ; >, en ès-tu pour cela ou meilleur,ou pi- „ re ? Où est la vraie paix ? Où est la „ vra'ie gloire? N’est ce pas en moi? „ Celui qui ne désire point de plaire 9 , aux hommes, & qui ne craint point s , de leur déplaire, jouïra d’une paix ,, profonde. L’inquiétude du cœur s „ & la distraction de l’eíprit & des ,, sens ne viennent que d’aimer ce qui j, ne doit pas être aimé, &de craindre „ ce qu’il ne íaudroit pas craindre. Chapitre XXIX. Pren Dieu pour ton recours lors que les maux t'acueillent ♦ X. OEiGNEURldont l’adorabledistpen- O station a permis que cette tentation vienne fur moi, & que cette affliction m’acueille ; que ton saint Nom soitbéni à jamais! Je vois que je ne puis 1 eviter ; mais je viens implorer ton secours afin qu elle me tourne à bien. Mon v 2z8 De l Imitation Mon Dieu! je suis en peine 5 mon coeur est affligé ; les maux me pressent & ne me laissent point de repos. Mon Dieu & mon Père, que dirai-je ? Je fuis réduit dans une grande extrémité. Seigneur ! fauve moi de cette heure. Mais c’est pour cela même que j’y fuis venu, afin que tu fois glorifié par mon extrême humiliation,& par la délivrance que tu donneras ensuite. Délivre-moi, Seigneur ! selon ton bon plaisir. Où puis- je aller & que puis-je faire fans toi, pauvre Sc misérable que je suis ? Seigneur! donne-moi encore la patience en cette rencontre ! Aide-moi, mon Dieu ! 8c & jene succomberai point,quelque fardeau qui me soit imposé. 2. Quetesaurois-je dire en cet état, Seigneur ! sinon, Ta volonté soit faite ? J’ai bien mérité ce châtiment & cette affliction. Je dois la soufrir ; & plaise à ta souveraine Bonté de m’accorder que je la soufre avec patience, en attendant que cette tempête passé & que la tranquillité revienne. Ta main, qui peut tout, peut auffi me tirer de cette tentation , Sc modérer sa violence, dépérir BE Liv. m. Ch. 30. 2Z- peur que je n’y succombe à plein ; puis que c’est une grâce, que tu m’as déjà faite íì devant & fi souvent, ô mon Dieu! source inépuisable des miséricordes que j’espère ! Plus il m’est difficile de sortir de cette extrémité, plus la main du Très-haut se signalera en m’en retirant» d’une manière facile à íà loute-puis. sance. Chapitre XXX. Cherche en Dieu ton secours , fans craindre Vavenir. I. 3 3 i î> 3 > 3 ? 3, », -, -, - M ON fils ! Je fuis le Seigneur ,, qui fortifie les hommes ,, au jour de l’affiiction. Vien vers moi lors que tu feras en peine. Ce qui t’empêche d’être consolé d’enhaut, est que tu tardes trop àt’aprocher de moi par la avant que tu appliques bien ton cœur à me prier, tu cherches ailleurs du secours & du soulagement ; tu te répans au dehors pour y chercher de l’astisiance & du suport; mais tout ce que tu fais te sert de peu,jusqu a ce que 240 De 1/ Imitation „ tu reconnoisses que c’est à moi seul „ qu’il fauts’adresser ; parce que c’est ,, moi seul qui délivre ceux qui espè- „ rent en moi. Hors de moi il n’y a se- ,, cours qui serve, il n’y a conseil qui 1 ,, profite, il n’y a remède qui soit du- „ rable. Maintenant que tu commen- „ ces à respirer après cette tempête „ que je viens d’appaiser , repren de ,, nouvelles forces & une nouvelle vi- „ gueur dans la lumière de mes miséri- ,, cordes , dont je répans de nouveau ,, les ratons fur toi. Car je me fuis ra- „ proche de toi, dit le Seigneur ; non „ feulement pour te rétablir dans ta ,, prémièrepaix, mais aussi pour te ,, remplir &te combler de nouvelles „ grâces. 2 . Y a-t-il rien qui me soit difficile? „ Suis-je semblable à ceux qui font des „ promesses & qui ne les acomplissent j ,, pas? Où est la foi que tu dois avoir „ en moi? Demeure ferme &persévè- ' „ re ; sois patient & courageux ; ta „ consolation viendra en son ,, tenmoi, atten moi ; je ne manque- „ rai pas de venir, & de te guérir. Ce , qui I de J. Christ. Ch.^o. 241 ,, qui t afflige n’est qu’une tentation qui 5 , ne durera pas toûjours;ce qui t’épou. „ vante n’est qu’une vaine fraïeur. as Pourquoi te mets tu en peine des s, choses à venir ? que gagnes-tu sinon 33 d’ajoûter tristesse fur tristesse ? a A 33 chaque jour suffit sa peine. C’est une vai- 33 ne occupation de s’affliger ou de fe 33 réjouir par la considération des cho- 3, ses que l’on réprésente corne futures, 3, & qui peut-être n’arriveront jamais. z. C’est néanmoins une fuite de la 33 fragilité des hommes que de fe laisser 3, aller à ces fortes d’imaginations j 5 c 33 c est un des avantages que l’ennemi >3 obtient fur les âmes foibles, que de 33 les tirer à lui par ces sortes depen- 33 fées qu’il leur lui est tout 33 un de fe servir des choses vrai-fem- 33 blables ou de celles qui font hors 3, d’apparence pourvu qu’il séduise & 33 qu’il trompe; pourvu qu’il ait abatu 33 &c fait tomber une ame, il lui est in- 33 différents’il s’estservi de l’amour des 33 choses présentes, ou de la crainte des 33 futures, a ßue donc ton cœur ne fe L j, trou - -r Matth. 6 . v. 34. .s Jean 14. v. I. 24^ O L l’ Imitation j, trouble & ne s'épouvante point Croien ,, tnoijk. mets ta confiance en ma miféri- ,, tu penses être éloigné -, de moi j & c’est alors que je fuis le ,> plus près de toi. Quelquefois tu te j, crois fur le moment de tomberd’une ,, chute irréparable, & c’est alors,pour ,, le plus souvent, que tu ès prêt de re- ,, cevoir une plus grande mesure de ,, mes grâces. Tu ne dois pas croire „ que tout soit perdu lors que les cho- „ ses arrivent autrement que tu ne pen- ,, ses. Tu ne dois jamais juger de ton „ état par les maux présents que tu „ sens, ni t’abandonner tellement à „ l’afftiction, de quelque part qu’elle ,, vienne, que tu perdes toute efpéran- ,, ce de t’en relever. 4. Ne te tiens pas pour entièrement ,j abandonné de moi lors quejet’attìi- „ ge pour quelque tems, ou que je re- „ tire de toi la douceur de mes confola- „ rions; car c’est par cette voie que „ l’on va au Roïaume des Cieux. Sans „ doute il est meilleur pour toi & pour „ mes autres serviteurs,que vous forés n exercés par des afflictions Sc des con- n ttä- DE 243 -, trariétés, que íï routes choies vous „ arrivoient à souhait. Jeconnoisies „ dispositions du cœur les plus ca- „ chées, & je íai très bien qu’il est bon „ pour toi que tu fois quelquefois » dans le délaissement spirituel,& sans ,, le goût des choses divines ; de peur >, que si tout succède au gré de tes dé- „ sirs, tu ne relèves, & que tu n’aïes ,1 pour toi une estime présomptueuse -, qui te persuade que tu ès ce que tu „ n es pas. J’ai la puissance & d’ôter ce » que j’ai donné, & de rendre ce que -, j’ai ôté,Lcj’en use comme il me plaît. s. Lors que j’ai donné quelque cho- -, se elle demeure toujours à moi ; 8c „ lors que je la retire, je ne reprens -, rien du tien. Tout bien, &c tout bien „ parfait, vient de moi & esta moi. Si ,, je t’envoïe quelques afflictions & „ quelques adversités,ne t'en fâche pas „ & ne perds point courage ; car j’ai „ la puissance de t’aider soudainement, -, & de changer ta tristesse en joie. Ce- -, pendant, reconnoi que je suis juste, -, & adore la bonté que j’ai de te trai- ter ainsi, L ì 6, Si 244 De l’ Imitation 6. Si tu ès sage & que tu considères „ les choses dans la lumière de la véri- ,, té, tu verras que tu n’as point de su- ,, jet de t’atrister lors qu’il te survient ,, des afflictions & des contrariétés J ,, mais que plutôt tu dois te réjouir & ,, m'en rendre grâces ; Lc même ta joie „ unique doit être que je te châtie & „ den voie des douleurs fans ^épargner. J’ai dit autrefois à mes Disciples, [a ,, ^Jc vous aime comme mon Père nia aì- „ mè; cependant lors que je les ai ap- „ pelléspour me suivre , Lc que je les „ ai envolés dans le monde, ce n’a pas ,, été pour goûter les joies & les plai- ,, sirs de cette vie ; mais poury soute- „ nir de grands combats; ce n’a pas ,, été pour y être honorés; mais poux „ y être méprisés & déshonorés ; ce ,, n’a pas été pour y vivre dans l’oisi- ,, veté, mais pour y travailler fans ces- „ se; ce n’a pas été pour y chercher du „ repos, mais pour y porter beaucoup 3 , de fruitpar la patience Lc parles sou- „ stances, hdon fils ! je te recommande „ de p enfer souvent à toutes ces choses. Cha- a Jean ij. v, p. de Liv. III. Ch, 51, 245 Chapitre XXXI. Pour bien connaître Dieu quìte toute autre chose.. I. ÇJ Eigneuk. ! íl est nécessaire que O ta grâce s’augmente encore en moi, pour me faire un tel état qu’aucune créature ne me lie & ne m’embaraffe plus ; car tant que je fuis attaché à quelque chose, je ne puis librement voler à toi. Ça £suì efi ce qui me donnerndes ailes de colombe , afin que je m'"envole & que je trouve mon repos ? difoir le saint Prophète dans le dé íir de la liberté divine. L’ceil simple donne le repos ; & il n’y a rien'de plus libre qu’une ame qui a détaché ses désirs de toutes les choses qui font fur la terre. U faut donc que Tarne paffe au deffus de toutes les créatures & qu elle s’abandonne foi - même parfaitement ; afin qu’étant hors o elle même, elle comprenne en ce contemplant, ô Dieu 1 Créateur de toutes choses, que rien n*est semblable à toi dans. toutes tes. L 1 00 ?f. ->5^-7- 246 De l’Imitation créatures. Celui qui n’est pas ainsi séparé de toutes ks créatures , n’a pas la liberté de Rappliquer aux choses divines. C’est pourquoi il y a aujourd’hui fi peu de personnes adonnées à la vie contemplative, parce qu’il y en a peu qui aient la science du parfait renoncement, & de l’abandonnement des créatures & des choses périssables. 2 , Pour arriver à cet état, il efì besoin d’une grande grâce, qui élève l’a- .me & qui la transporte au-dessus d’elle même. Si un homme n’a l’esprit élevé de la sorte, s’il n’est dégagé de rattachement à toutes les créatures, s’il nest entièrement uni au Créateur, toutes les connoissances & tous les dons qu’il peut avoir, font de peu de considération. Celui qui a de l’estime pour autre choie que pour le bien unique, infini & éternel, sera long-tems plongé dans une bassesse honteuse. Tout ce qui n’est pas Dieu, n’est rien, &doit être tenu pour rien. 11 y a beaucoup de différence entre la sagesse d’un homme qui craint Dieu & qui est enseigné par son Divin Esprit, & entre la science char- de J. Christ. Lhr. 247 charnelle de quelque grand Théologien. fqence qui vient de Fonction cTenhautest sans comparaison plus noble que celle qui s’aquiert par lc travail &par les éforts de l'Esprit humain. ìl y a beaucoup de personnes qui voudroient bien goûter les douceurs de la Divine contemplation ; mais il y en a fort peu qui veulent pratiquer les choses qui font néceíìaires pour arriver à cet état. Un des principaux obstacles est, que nous sommes trop attachés à Textérieur de la Religion & aux choses qui stupeur les sens, & que nous avons trop peu de foin de nous mortifier parfaitement. Je ne sai que penser, jene sai de quel esprit nous sommes menés, ni ce que nous prétendons, qu 0n nous tienne pour des pers anes ípirituëîles, nous qui travaillons plus & qui prenons plus de foin pour les choses temporelles, abjectes, & qui ne font que passer , que pour celles qui font spirituelles & intérieures ; puis qu’iî est vrai que nous rentrons peu souvent dans nous-mêmes pour nous appliquer à ces dernières. L 4 4. Hé- 2, De limitation 4 . Hélas! si tôt que nous sommes rentrés dans nous pour considérer nôtre intérieur, nous en sortons incontinent , fans avoir bien examiné nos œuvres. Nous ne voulons pas considérer à quelles bassesses nous attachons nos pensées & nos affections en les appliquant aux choses tetrestres ; & nous ne pleurons pas en voïant qu’il n’yarien en nous que d’impur & de souillé. Le déluge fut un éffet de ce que a toute chair avoit corrompu fa voie. Nos pensées & nôtre intérieur étant tout corrompus , que peut-il suivre de là, si ce n’est un déluge & urr débordement dictions toutes corrompues & qui retiennent les impressions de la corruption de leur source ? Car le fruit d’une vie sainte ne peut venir que d’un fond & d'uir cœur saint. f- On a beaucoup d’égard aux actions extérieures & visibles ; mais on ne regarde pas assés au principe de vertu qui devroit nous faire agir. On recherche avec foin si cpuelqu’un a du courage j s’il a des richesses , si c’est une personne a Ge»,6. Ch. z r- 2 49 sonne bien-safte, fi elle est habile, fi elle sait parfaitement ou récriture, ou ìa musique, ou si elle excelle en quelque autre chose ; mais on ne se met pas en peine si elle est pauvre d’eíprit, douce Lc patiente, sainte & la nature corrompue qui nous porte à regarder à Textérieur de l'homme; au lieu que la grâce regarde à Tintérieur. Celle-là se trouve souvent trompée ; & celle-ci étant fondée sur Dieu , ne se trompe point. Chapitre XXXIL Si tu veux trouver tout , il te faut tout quitter . I. 4s OXsils ! tu ne Jouiras jamais XVX ,, de la vraie liberté si tune ,, te renonces parfaitement toi-même. ,, Tcus ceux qui recherchent leur pro- ,, pre & qui ont de Tamour pour eux- ,, mêmes, font autant d’esclaves à la ,, chaîne- Leurs convoitises & leur cu- ,, riositéles promènent Sc les font aller ,, comme des vagabonsde tous côtés n pour y chercher leur satisfaction, 8C L s „ non A^o De limitation ,, non pas les choses qui sont du Roï- ,, de Jésos-Chrilt. Que fi quel- ,, que soi s il leur vientdans la fantaisie „ de mieux vivre,ils commencent bien ,, pour quelque tems;mais leur édifice ,, retombe toujours ; car tout ce qui „ n’estpas fondé fur Dieu, & qui ne ,, ne vient pas de lui, périra. Jetere- ,, commande cetteparole,qui dit beau- ,, coup en peu de mots; Quite tout, ,, ET TU TROUVERAS TOUT quite tes ,, délits, & tu trouveras le repos. Pen- ,, se bien à cela ; 8c lors que tu sauras ,, acompli, tu sauras toutes choses. 2. Seigneur! ce n’tst pas là l’ou- vrage d’un joui ; & l'on n’en vient pas à bout en ne s’y donnant que par manière de divertissement. Tout ce qu’il y a de plus grand dans la perfection Chrétienne est renfermé dans ce peu de paroles. Z. ,, MON fils! tu ne dois pas re- „ tourner en arrière, ni perdre coura- » ge, lors qu’on te recommande la „ voie des parfaits. Tu dois au ccu- „ traire t’excitcr avec plus d’ardeur veis cet état sublime, ou au moins , sou- DE Lìv. III, Cb.%z, 2sl „ soupirer dans le désir d’y parvenir. ,, Je voudroisque tu fusses dans cette „ disposition; Lc qu'étant dégagé de ,, l’amourde toi-même, tu dépendis- „ ses entièrement de ma volonté, te „ soumettant aussi à ceux que j’ai éta- „ blis fur toi. Si tu étois tel, tu me se- ,, rois très-agréable & toute ta vie se „ passeroit dans la joie & dans la paix. „ Mais tu as encore à renoncer à une „ infinité de choses, &si tune les qui- „ tes & ne les laisses entièrement à ma „ disposition , tu n’obtiendras jamais „ ce que tu demandes, a $ete con- „ seille d’ache ter de moi de L’or épuré par y , le feu afin que tu devienne riche je „ veux dire que tu dois acheter la sa- ,, gesse céleste qui foule aux pieds tou- „ tes les choses de la terre. Le prix „ qu’il faut pour l’acheter,estde renon- yy cer à la sagesse & à l’estime des hom- „ mes, & à la complaisance que tu as „ pour toi-même. 4. >, Jeterecommanded’acheterce „ qui est bas & méprisé au jugement y, des hommes , en abandonnant ce L 6 qu’il s a Aj>oc. 3, v, j S- 2^2 Bel’ Imitation ,, qu ils estiment le plus & qu ils tien- ,, nent pour le plus précieux & le 5 , plus noble. En éfet, la sagesse vrai- ,, ment céleste leur paroit basse &abje- 3, âe;elle est dans l’oubli des hommes; „ & comme elle ne s’estime pas elle- 3, même, elle ne désire pas aussi les 33 loüanges &Testime des hommes. Il 3> est pourtant vrai qu’elle est recom- 33 mandée de plusieurs ; mais ce n est 3, que de bouche , pendant qu’ils la 3, combatent parleur vie. Cependant 3, elle est cette a perle de grand prix & 33 ce trésor caché à plusieurs» d Mattb. 6. Chapitre XXXIIL Parmi les changemens demeure inébranlable. i. '\W On fils î ne te fie pas à ta fer- 1VA -, veut & à ta dispositionpré- 33 fente ; car elle changera bientôt en 33 une autre. Tant que tu vivras, tu fe- 33 ras sujet, même malgré toi, au chan- 3, gement &à l’ te verras „ tantôt ioïeux ÔC tantôt triste; tantôt üe Cb. 35. 25; y, en paix & tantôt en trouble ; tantôt 3, plein de zèle, & tantôt tout sec & „ tout aride, tantôt dans lardeur, & ,, tantôt dans le dégoût;tantôt sérieux, ,, tantôt leger. Mais celui qui estvrai- 5, ment sage & qui est enseigné par TE£ s, prit de Dieuj élève son Esprit audes- „ susdetousceschangemensquiébran- 5, lent son homme extérieur ; & sans y, considérer beaucoup ce qui se sait sen- „ tir dans lui, & de quel côté sousie le „ vent de cette mutabilité, il demeure y, ferme & inébranlable parmi tous ces y, ne pense qu’à s’avan- ,, cer vers moi ; & il réunit toutes ses „ pensées pour les porter vers la sin fou» ,3 veraine qu’il se propose & qu’ildé- 5, sire c’est ainsi qu’aïant y, Tceil de sintention simple, & tourné ,, uniquement fur moi par la pureté de ,, son motif 8c de ses désirs ; ilconti- 3, nuëra fa course vers moi fans inter- ,, ruption , ni fans être arrêté par Tin- 5, constance de tous ces événemens. 2, Plus l’ceil de sintentíon est pur, 3, plus a-t-on de force pour demeurer j, ferme au milieu de tous lesorages par L 7 » 1kl- 24 De l Imitation „ lesquels on il arrive s, souvent que cet œil s’ébloûit& s’ob- 3, scurcit Jans plusieurs ; parce qu’ils 33 s’arrêtent d’abord à cherchc-r quel- 3> que ph isir à la première chose qui se 33 pièlente. Car à peine trouvera-t-on 3> une seule personne qui soit entière- 33 ment exemte du vice de se chercher 33 soi-même. La double intention que 33 l’on remarque dans ccs Juifs qui n’al ,3 lomnt pas à Béthanie uniquement 33 pour voir Jésus,mais aussi par la cu- 33 riosité de voirLazare qui étoit resius- 33 cité,se trouve presque dans tous les 3, hommes. Travaille donc à purifier j, l’ceiî de l’intention & du motif par », lequel tu agis, afin qu’ilsoit simple », & droit; & que nonobllant la divcrsi- ,, té des objets, il tende Lc se porte uni- 3, quementàmoi. Chapitre XXXIV. Lors que l'on goûte Dieu , l'on trouve tout en lui. i & ON Dieu, & mon tout ! Que JV/Ï désire-je davantage? que souhaite-je déplus heureux? O pa- de J. Christ. Lh. III. Cb. 34. 2sf O parole pleine de goût 5 c de douceur! mais qui n’est telle qu’à ceux qui aiment celui qui est la Parole éternelle, 6 c non pas le monde, ni les choies qui font dans le monde. Mon Dieu & mon tout ! C’est allés dit pour celui qui l'emend ; & celui qui fait ai mer, trouvera de la douceur dans cette parole en la repass fant souvent dans son eíprit. Et en éfet, mon Dieu ! lors que tu ès présent, tout est doux; mais lors que tu t’absentes, tout m’est amer. Ta présence rend le cœur tranquille, elle le remplit de joie, de liesse & de paix. Tu nous aprens à bien juger de toutes choses, & à te louer en tout ce qui est & qui arrive. Rien ne peut plaire long-tems fans toi ; tout ce qui doit être agréable & de bon goût, doit être assaisonné de ta grâce & de ta sagesse. 2. Celui qui te goûte que peut-il trouver d amer dans rout ce qui lui arrive ? Et celui qui ne te goûte pas, que peut-il trouver d’agréable & de doux? Mais ceux qui n’ont du goût que pour la Sagesse du monde ou pour la chair, n’ont garde d’en trouver en ta divine fa- 2^6 De l’Imitatton gesse;puís que celle qu i!s goûtent n’eft que vanité & que mort. Cependant lesr vrais sages ídnt ceux qui te suivent en méprisant tout ce qui est dans le monde, & en mortifiant leur chair; puis qu’ils passent ainsi de la vanité à la vérité, & de la chair à l’esprit. Dieu a du goût pour ces personnes ; eux aussi ra- portent à la gloire du Créateur tout ce qu’ils trouvent de hon dans les créatures. Mais quoi qu’ils goûtent Dieu & dans les créatures & dans lui-même, ils reconnoissent bien en même tems qu’il y a beaucoup de différence entre le goût qui vient immediatement deDieu, & celui qui vient par la créature ; entre leternel & le temporel ; entre la lumière illuminante & incréée, Sc la lumière illuminée. j. O lumière éternelle, élevée au dessus de toutes les lumières! Lance tes rasons Sc tes éclairs d’enhaut, & pénètre par ta vive clarté les plus profondes cachettes de mon cœur. Purifie , réjouis, éclaire & vivifie mon Esprit, avec toutes ses puissances, afin que je nVunisse Lc m’élève à toi par les joies DE C/ 257 ineffables que tu quand viendra l’heureux moment que je ferai rassasié de ta présence , & que a tu nous fer as t ont en tous? Majore ne fera pas pleine que je ne voie l'ac- complilîement de cette promesse ; & cependant je fuis encore misérable, parée que je sens que le vieil-homme vit encore dans moi, &qu’il n’estpas encore parfaitement ni crucifié, ni mort. Il a encore des désirs violens par lesquels il se soulève contre l'Esprit j il me fait une guerre domestique & intestine; & il ne permet point à i’eíprit de régner en paix. 4. Mais toi b qui as pouvoir fur les flots de la mer , & qui peux rabaisses ; toi qui as pouvoir fur mes passions lors qu'elles font le plus émues & qui les peux calmer; lève-toi, aide-moi. c Dijflpe les nations qui me font la guerre, & les brise par le bras de ta force. Fai-moi voir les merveilles de tes œuvres, & que ta main se rende glorieuse par ma délivrance ; car je n ai point 00 r. Cor, 15. v. 2§. {b Ps. 89. v. 10. 0 Ls8 De limitation point d’elpérance ni point de refuge qu’en toi seul, mon Seigneur & mon Chapitre XXXV. „ Dieu destine les stau h foufrir dans ce » inonde. » I. ON fils! tant que tu seras dans iVJ „ c^tte vie mortelle, tu ne te ,, verras point en si ureté, & tu auras ' „ toujours besoin dos armes de l’Es- „ prit. Tu ès cortinuëllementau mi- » lieu de tes ennemis, &ilst’attaquent s à droite & à donc tu n’op- » poses à tous leurs traits le bouclier » de la patience, tu feras bientôt cou- >3 vert de plaies; & si tu ne me donnes 33 entièrement ton cœur & ne m’ofres 33 une volonté prête à foufsir tout pour 33 l’ainour de moi, tu ne pourras foû- 33 tenir la violence de leurs assauts, ni >3 remporter la palme de la victoire. 33 Tu dois pasier courageusement au 33 milieud’eux&les renverser avec un 33 bras invincible, a Car la manne cachée a A }’ oc . %, D. 17. de Lìvr. I!L Cb. z s. 2s- „ cbée r'cß que pour les vainqueurs , & il s, ne reste pour les lâches & les vaincus „ que des peines éternelles. 2. „ Si tu cherches du relâche & du „ repos en cette vie, comment prétens- ,, tu parvenir au repos éternel ? N’at- „ t?n point de repos ici - bas ; mais „ dispose toi à y voir ta patience bien ,, exercée. Cherche la vraie paix non ,, sur la terre, où elle n’est p;.s ; mais „ dans le Ciel, où elle se trouve ; non ,, dans les hommes, ni dans aucune „ créature ; mais en Dieu seul. Il n’y a „ rien que tu ne doives soúfrir de bon ,, cœur pour samour de ton Dieu; les „ travaux, les douleurs,les tentations, ,, les traverses, les atstictions les plus „ prestàntes, la déstitution, les mala- ,, dies, les injures, les démentis, les „ réprimandes, les humiliations, les „ confusions , les corrections, les mo- „ queries & le mépris, tout te doit être „ agréable, parce que je le veux. Tou- ,, tes ces choses servent à acquérir la ,, parfaite & solide vertu, à éprouver 5 , les vrais Soldats & disciples dejésus- ,, Christ, 8 í à former cette couronne qui 2 jO De l’Imitation „ qui doit être la récompense de leur o victoire. Ne t’ai-je pas promis une „ récompense éternelle pour un petit ,, travail, & une gloire infinie pour un ,, oprobre temporel? Z. Crois-tu toujours avoir des joies ,, & des consolations spirituelles à ta ,> disposition & selon ta volonté? Mes ; s, plus grands Saints en ont été privés j, eux-mêmes. Attaqués d'une foule ,, de tentations ils étoient souvent à ,, charge à eux-mêmes & dans des dé- „ laiíïemens surprenans. Mais ils ont possédé & loutenu leurs âmes par la „ patience, & se sont du tout résignés ìì à moi ils savoient bien , dénué de tout; car, comment pour- „ rois-tu être bien à moi, & moi à toi, s, fi tu n’étois entièrement dépouillé de ,, toute volonté propre au dedans & ,, au dehors ? Plus tu serapromt à exé- ,, cuter ce commandement ; plus te 5, trouveras-tu fort ; 6 c plus tu le feras ,, pleinement & sincérementiplus aussi ,, feras-tu agréable à mes yeux & en- j, richi de mes grâces. 4. Il y a des gens qui se dosent à moi, „ mais c’est avec quelque réserve ; ils „ ne se confient pas entièrement en moi; ,, ils veulent aussi pourvoireux-mêmes „ à ce qui les regarde. D’autres s’of- „ írent d’abord entièrement à moi, „ mais de Cb.$7. z6 f „ mais la première tentation qui les at- ,, raque les fait retourner vers eux-mê- „ mesj&ainsiilsn’avancentpointdans ,, le bien j ils ne viendront jamais à la „ vraie liberté des cœurs purs, & ils ,, n’atteindront point à Tétât de la fa- ,, miliarité avec moi, 6 prémièrement „ ils ne renoncent absolument à eux- „ mêmes, & s’ils ne s’ofrent tous les », jours à moi en sacrifice;car fans cela, ,, cette divine Union par laquelle o» „ jouît de moi, n'a point de lieu. s. JeteTaiditíouventj&jetelere- ,» dis encore ; Quite-toi, laiíïe-toi, », abandonne-toi, & tu joiiiras d’une „ paix profonde & le „ tout pour le tout ; ne cherche plus ,, rien; ne demande plus rien. Demeu- „ re à moi purement & fermement; & », tu joiiiras de moi. Ton cœur fera „ alors tout libre ; 8c les ténèbres ne ,, t environneront plus. Fai éfort pour „ venir à cet état ; prie, soupire, de- „ mande d’être délivré de toute propre „ recherche, & que mis dans le dénuë- », ment tu suives Jésus dénué de tout ; t> que tu meures à toi-même,& que tu M „ vives 266 De l’ Imitation „ vives éternellement pour moi. Alors ,, toutes les folies & les vanités qui ,, ont occupé tes pensées,tousjes trou- ,, blés inconsidérés , & tous tes foins ,, inutiles difparoirront;les craintes fri. „ voles seront bannies de ton ame, & ,, l’amour detoi-même mourra dans j, toi. Chapitre XXXVIII. j Demeure libre en tout, consulte Dieu j sur tout. I 1 • "\ \ OX fils ! en quelque lieu que IVl ,, tu fois, quoi que tu fasses, ,, à quoi que tu fois occupé, aïe toû- ,, jours un grand foin d’être libre au „ dedans de toi •, conserve un empire „ fur toi-même ; tien toutes choses ,, fous toi, Sineterenspasleurefcla- ,, ve;afin qu’étan t maître de tes actions, „ tu fois un Hébreu véritablement li- ,, bre, aïant part au fort & à la vérita- „ ble liberté des en fans de Dieu , qui i ,, font au dessus dc toutes les choies ; ,, qui paroissentpour un tems j qui ne 3, considèrent que les éternellesjqui ne . „ voient de J. Christ. Livr - III. 8. 267 „ voient que de Tocil gauche le mon- ,, de qui passe ; & qui regardent de ,, l’œil droit les choses permanentes & ,, spirituelles ; qui ne se laissent pas ,, entraîner ni attacher aux choses tem- „ porelles, mais qui les entraînent „ plutôt & les contraignent de servir », aux usages pour lesquels les a éta- », blies Dieu leur créateur,qui n’a rien ,, laissé dans les créatures à quoi il n’ait ,» prescrit un ordre réglé, & comment », il s’en faut servir. 2. Que si dans toutes les choses qui », t’arrivent, au lieu de t’arrêter à l’ap- „ parence extérieure & d’envisager », d’un œil charnel ce que tu vois ou » que tu entens, tu entres incontinent „ dans le Sanctuaire avec Moïse, pour », demander conseil à ton Dieu en tou- „ te rencontre; tu recevras souvent des », réponses toutes divines qui satisfe- „ ront à toutes tes difficultés & qui t’in- „ struiront touchant les choses présen- », tes & à avoit son recours », auTabernacíepours’édaircir detou- „ tes les difficultés qui lui survenoient; », & lors que l’impiété des hommes Ma „ Tat- % 6 8 De l Imitation „ l’attaquoit, il n'avoir son recours „ qu à la prière. Fais-en de même; „ entre dans le sanûuaire de ron coeur; „ implores-^ la grâce & le secours „ d’enhaut. Josué & les Israélites fu- ,, rent trompés par les Gabaonites,par» ,, ce> ditl’Ecriture, qu’ils ne confultè- ,, rent point la bouche du Seigneur; & ,, qu ainsi ils se laiffèrent trop facile- ,, ment persuader par les artificieuses ,, paroles de ce peuple, & séduire par ,, une compassion indiscrette. Chapitre XXXIX. Tu dois laìjser à Dieu le soin de ta conduite. I. ì /jsoN fils 1 remets toujours en- \/i ,, tre mes mains tout ce qui **- v te concerne; &jediípo- „ ferai de tout pour le mieux, lefai- ,, sant réussir lors qu'il en fera tems. ,, Atten mes ordres & les éfets de ma j, volonté;& tout ira très bien pour toi. 2. Seigneur! je t’abandonne de tout mon cœur & avec beaucoup de joie le foin de ce qui me regarde ; car jere- connois de III. 269 connois par expérience que lors que je veux me garder, & me régler par mes propres foins, je travaille inutilement. Plût à ta bonté que j’euííè aisés de force,lors que je connois ce qui t’est agréable, que de m’ofrir d’abord tout entier à ta Divine volonté, fans raisonner ou me mettre beaucoup en peine touchant les conséquences de l’avenir! Z. Mon fils ! souvent un homme se >, tourmente pour aquérir une chose j, qu’il désire avec ardeur; & quand il ,, la possède, il s’en dégoûte, & chan- „ ge de sentiment ; parce que les incli- ,, nations des hommes font inccnstan- „ tes & changeantes j elles ne demeu- „ rent pas les mêmes ; mais elles paf- ,, fentd’un objet à son contraire. Ce „ r/est donc pas une petite vertu que ,, de renoncer à foi-même dans les plus „ petites choses. 4. De vrai progrès d’un homme dans „ la piété, est de renoncer à fa propre ,, volonté. Celui qui est dans le saint „ renoncement à foi, est dans un état „ très libre 5 c assuré; ce qui n’empêche 5, pas que l’ennemi ancien qui est con- M z traire X]Q De l’IlilTATlOK „ traire à tous les Saints , ne le tente „ encore par toutes sortes de moïens ; 3> il l’attaque fans doute, il lui tend „ des embûches jour & nuit pour le ,, faire tomber dans ses pièges lors qu il 3, ne le trouvera pas fur ses gardes. „ d Veillés donc & priés, de peur que 3, vous riemrìés en tentation, dit le Sei- 3, gneur. íï M dttk, 16. v, 4 ï* Chapitre XL. JJ Homme ria rien de bon ; c est à tort qu on le lotie. •WÇJ EIGNEÜR I qriefl - ce que de O f homme que tu te souviennes de lui, & du fils de fhontme que tu le visites? Qu’a méritél’homme pour reporter à lui donner ta grâce ? Seigneur ! si tu veux m’abandonner, de quoi me pourrai - je plaindre ? Ou si tu me refuses ce que je redemande, avec quelle justice pourrois -je murmurer contre toi ? Certes, je puis bien & penser & dire avec vérité ; Mon Dieu ! je ne W p f 8. v. 5. de C&.40. 2J1 ne suis rien , je ne puis rien, je n ai rien de bon de moi-même ; je manque de tout & en tout; je tends fans cesse à ce qui n est qu’un néant;& fì ta force ne me soutient & que ta grâce ne m’enseigne dans l’intérieur, je fuis tiède & tout lâche» L» Mais toi , Seigneur ! tu ès toujours Je même ; tu demeures dans toute í’éternité toujours bon , toujours juste, toujours saint. Tu disposes toujours de tes ouvrages avec bonté, avec justice, avec sainteté, & avec sagesse. Mais moi, qui fuis toujours plus porté par le poids de ma fragilité à reculer qu’à m a- vancer dans tes saintes voies, je ne puis toujours demeurer dans un même état; parce qssétant temporel, je fuis sujet L la variété & à la vicissitude des rems. Mon ame néanmoins íè trouve mieux , aussi-tôtqu’il te plaît de me regarder favorablement &de me tendre ta main secourable ; car tu peux seul me secourir sans l’aide étrangère d’aucun homme ; ru peux m’afermir d’une telle forte que je ne fois plus sujet à prendre tant de diíîéxens visages, 8c à changer si souvent ; A7î Dï l’Imitation vent^mais que mon cœur se tourne tout vers toi, & ne se repose qu’en toi. z. Que si je savois bien renoncera toutes les consolations humaines , en considérant que ce renoncement me peut disposer à la ferveur del’esprit, ou que l’impuisiance d’être consolé de Ja créature, me contraint heureusement de rechercher le seul Créateur ; sans doute que j’aurois sujet d'espérer de recevoir ta grace;&de me réjouir du nouveau don de tes divines consolations. 4 . Seigneur 1 je te rens grâces de tous les biens que j’ai jamais eus, parce que c’esttoi qui en ès fauteur. Je ne fuis devant toi que le néant & la vanité même, qu’un homme composé de foibles- se 8c cl’inconstance. Quel sujet ai - je donc de me glorifier ? Pourquoi défi— re-je qu’on m’éstime & qu’on me lotie ? Est-ce à cause de mon néant ? Il n’y au- roit rien de plus vain que cette extravagance. O que la gloire humaine est ridicule ! ô la peste dangereuse ! ô l'é- trange illusion ! Autant qu’elle s’attri- buë, autant dérobe -1 - elle à la vraie gloire ; elle dépouille de grâce ceux qui de Livr. TII. Ct. 40. 27 ] se revêtent íâcrilégement rhomme qui s’agrée&seplaîtà lui même , déplaît à tes yeux divins ; & pendant qu’il aspire aux vaines louanges des hommes j il perd les biens véritables & solides. 5. Il n’y a point de vraîe gloire ni de joie sainte qu’en se glorifiant non pas de soi-même ni en soi, mais de toi, ô mon Dieu ! & en toi. Il n’y en a qu’en se réjouissant de tes perfections, & non pas de celles qu’on croit avoir ; &qu en ne trouvant de joie en aucune que pour l'a- mour de toi. Due ton Nom soit loiié, Lc non pas le mien 1 que tes œuvres soient éstimées & non pas les miennes que ton très-saint Nom soit béni,& que je n’aïe jamais de part aux louanges des hommes ! Tu ès ma gloire ; tu ès la joie de mon cœur. Je me glorifierai & me réjouirai de toi seul tout le temsde ma vie; & pour moi, a je ne me glorifierai que de mes infirmités & de mes foiblesfes 6 . Queles hommes cherchent, comme les Juifs faisoient autrefois , {bj la M 5 gloi- 00 l. Cs r. n, v. b Jean. v. 44, 2^4 Or t? Imitation gloire qu ils se dament mutuellement ; pour moi je ne chercherai que celle qui vient de Dieu toute la gloire humaine , tout shonneur temporel, toute grandeur mondaine, auprès de ta gloire éternelle,sinon pure vanité & folie ? O vérité qui m’enseigne ! ô miséricorde qui me soutient ! ô mon Dieu î Trinité heureuse ! Qu’il n’y ait que Toi seul qui sois loué, honoré, exalté, & glorifié ; & que ce soit pour jamais Si dans tous les siècles. Chapitre XLI. Laisse toi mépriser , c est ce que tu mérites. l."\ yfONfils! net’atristepointde JX/I ,, voiries autres honorés ,, élevés en dignité, & que ,, pour toi tu ès rejetté & ,, ve ton cœur au ciel vers moi, & le ,, mépris des hommes de la terre ne ,, t’aflìigera point. 2. O Seigneur ! quenoussommes aveugles, & promts à nous laisser séduire par la vanité ! Si je considère bien de J. Christ. C&.41. 27;' bien ce que je suis, je vois clairement que quelque traitement que l’on me fasse, on ne me sautoir jamais faire aucun tort ; Lc que je n’ai pas la moindre raison du monde de me plaindre de toi ni d’aucune créature, comme sijeméri- tois d’être mieux traité. Au-contraire je mérite que toutes tes créatures s’ar- ment contre moi pour me fraper 8c pour me détruire , parce que je me fuis révolté très-souvent contre toi, ô Créateur ! par f excès de mes péchés. Ainsi, il est très-justeque la honte & le mépris soitmon partage, & que tu sois loué, honoré, & glorifié en tout. Jesai, Seigneur ! par la connoissance que tu m'as donnée, que je ne suis véritablement dispose à être méprisé & réjetté de toutes les créatures, jene ferai jamais affermi dans la paix, ni éclairé parfaitement par ton Esprit , ni pleinement uni à toi. M 6 Cha De l’Imitation Chapitre XLII. JV’aïes d'ami qu'en Dieu, n aime rien que lui seul. ON fils! si Tamisé & l’union ,, que tu as avec quelqu’un j s est fondée fur ce qu’il a ,, les mêmes fentimens que toi,& qu’il ,, s’accommode à tes opinions & à ta „ conduite, tu n’y trouveras point de ,, fermeté, ni de tranquillité. Mais si „ tu as égard à la vérité qui est vivan- 3 , te éternellement Sc qui ne change ja- j, mais, le départ ou la mort de ceux ,, que tu te feras rendus amis par cette ,, considération ne t’alstigerapointzpar- ,, ce que l’amour que l’on a pour un „ ami doit être fondé en moi, Lc c’est ,, pour moi que tu dois aimer tous ,, ceux qui te parodient vertueux, Si 5 , qui te font lesplus chers dans cette s, vie. Sans moi nulle amitié n’est ni 5 , valable, ni durable; Lc l’amour qui ,, lie les personnes n’est ni véritable,ni 3, pur, si je ne fuis moi-même le nœud ,, qui les lie. Tu dois être tellement 3 mort à Taffeßion des personnes que tu d de ]. 42 . 277 „ tu aimes, que tu fois content d’être , », pour ce qui te regarde, séparé d’el- ,, les pour jamais. Moins on ad’atta- „ ehe au soulagement que son trouve », dans les créatures, pluss’aproche-t- », on du Créateur. Plus aussi une per- », sonne qui se recueille & qui sent son ,, néant, se trouve basse & abjecte,plus », s’élève-t-elle vers Dieu. 2. Celui qui s’attribuë quelque bien, ,, empêche que ma grâce ne se répan- ,, de en lui; parce que la grâce da St. „ Esprit ne cherche que les cœurs qui », font humbles & fans bonne opinion „ d’eux-mêmes. Si tu íàvois t’anéantir », parfaitement, &vuiderton cœur de „ l’amour des créatures, je viendrois „ dans toi avec Fabondance de mes gra- ,, ces. Cette vue que tu jettes fur les », créatures, t’empêche de voir le Créa» „ teur. Apren à te vaincre en tout à ,, cause de ton Créateur, & ii te rem- „ plirade sa divine connoissance. Tu „ ne saurois aimer désordonnément la ,, moindre chose qui soit au monde,ni ,, arrêter ta vue fur elle , fans être re- ,, tardé dans ta course vers le souve- M 7 „ rain 278 De l’ Imitation „ rain bien, & sans souiller ton cœur ,, de péché. Chapitre XLIII. Dieu rend intelligcns les petits & les I. A X ON fils ! n’aïe point d’égard \/ ,, à l’élégance des paroles ni ~ ,j à la subtilité des discours „ des hommes. Car a le Roiaume de ,, Di u nc conßfle pas dans des paroles, 3 , mais dans la ai attention à mes ,, paroles qui embrasent les cœurs, & ,, qui illuminent les âmes; qui brisent „ l’esprit& qui le consolent. Nelija- „ mais ma parole pour en paroître ou „ plus savant ou plus sage devant les ,, hommes. Etudie toi à faire mourir ,, tes vices; cela te fera incomparable- ,, ment meilleur que la connoissance 33 des questions les plus difficiles. 2. Lors-que tu as lu beaucoup & que 3, tu connois beaucoup, tu dois rapor- „ ter le tout à une feule chose,savoir à 33 moi,qui suis le Principe de 33 moi a 4. î 1 . î. DE 279 ,» moi qui enseigne aux hommes la vé- 3 ritable sience, & qui communique ,, plus de lumière ÔC ^intelligence aux 3, humbles & aux petits, que tous les 33 hommes ne leur en sauroient donner. 33 Celui à qui }e parle intérieui ement, 33 est bien-tôt sage & avancé dans 'a vie 33 à ceux qui cher- 33 chent à satisfaire leur curiosité dans 33 les sciences humaines 3 & qui ne se 33 mettent point en peine de me servir ! 33 Un jour viendra que le Souverain 33 Docteur & Maître 3 Jésus le Roi des 33 Anges, paroîtrapour oiiir chacun re- 3, citer ses leçons, je veux dire, pour 3, examiner ì’état de toutes les con- „ sciences. Alors a on cherchera avec 3, des lampes dans les lieux les plus secrets „ de Jérusalem, & ce qui étoit caché dans „ les ténèhrisparoitra fi évidemme nt à la ,, lumière. que les langues seront muet- ,, te s & confuses,& tous leurs discours 3, & leurs raisonnemens renversés. z. J’élèvesihaut l’esprit humble en 3, un moment, 6c lui fais incompara- ,, blement plus comprendre de vérités ,, éternelles,5c d’une manière plus ex- a Sophon, i,v. 11, 4.».y. n i&o De r/I mit'ation ,, cellente qu’un hommejqui auroit étu* », dié un grand nombre a années dans „ les Académies les plus célèbres,n’en ,, pourroit savoir. Jssenseigne sans bruit „ de paroles , fans confusion d’opi- », nions, sansambition d'honneur,sans „ combats d’arguments. J’enseigne à ,, mépriser le monde ; f aprens à se dé- », goûter des choses présences, à cher- », cher & à goûter les éternelles, à fuît », les honneurs, à soufrir les scandales, », à mettre en moi seul toute son espé- », rance, à ne désirer rien hors de moi, ,, &à m’aimer ardemment par dessus », toutes choses. 4. Il y en a qui en m'aimant de tout „ leur cœur ont apris les mistères les „ plus divins & en ont parlé d’unema- ,, nière admirable. Us ont plus profité ,, en renonçant à toutes choses, qu’en ,, s’apliquant à toute la subtilité de l’é- „ tude. Mais je ne me communique ,, pas également à tous; j'enseigne aux ,, uns des choses générales, &àd’au- ,, tres de plus particulières. J’instruis ,, agréablement les uns par des ombres „ & par des figures 3 & les autres par „ une vr J. Christ. Ch 44. 281 iì une clarté toute lumineuse qui leur >, fait voir mes secrets les plus cachés „ aux hommes Quoi que mes livres di- ,, sent à tous la même chose,ils ne font „ pourtant pas la même impression „ dans tous; parce qu’il n’y a que moi ,, qui mette la vérité dans i’ame , qui „ pénètre le fond du cœur, cpi con- „ noilse les pensées, & qui opéré inté- 5, rieurement, donnant à chacun telle „ portion de mes grâces qu’il me plaît. Chapitre XLIV. 21 faut mourir au monde afin Savoir ma paix. On hls! tu dois te conduire 1VA „ en beaucoup de choses com- ,1 me fì tu ne les savois pas, & te consi- „ dérer comme un homme mort fur la 5, terre, a à qui tout le monde efl cru- „ cifié .Tu dois aussi être sourd à beau- „ coup de paroles,& ne faire attention „ qu'a ce qui regarde la paix intérieure „ de ton cœur. U vaut bien mieux dé- 3, tourner tes yeux de dessus les choses „ qui fr Gai. 6. V. 14. 28r De l’Imitatioh ,, qui te déplaisent, & laisser penser à „ chacun ce qu’il lui plaît,que de s’em- ,, harasser dans des contestations & des ,, disputes. Si tues bien d’acord avec ,> Dieu, & que tu considères qu’il te „ jugera un jour, tu n’auras point de ,, peine à soustir qu’on te tienne pour ,, vaincu, & qu’on préfère les raisons „ des autres aux tiennes. 2. HELAS Seigneur! où en sommes nous ? Nous pleurons amèrement une perte temporelle^nous travaillons, nous courons de tous côtés pour un petit gain j mais on ne veut pas penser à la perte que Ton fait de son ame,& c’est rarement qu’on daigne y faire quelque réflexion. On a beaucoup de soin de ce qui ne sert que de peu, ou de rien du tout, & on néglige ce qui est de la dernière importance ; parce que l’homme se répand entièrement sur les choses visibles & extérieures, & il y cherche absolument son repos , si tu ne lui donnes la grâce de se convertir» de Livr, III. C/ 28; lili Issir f/ii isœ 1;;. ií as & Chapitre XLV. G£uou se repose en Dieu sans conter fur les hommes, I ,a TT~\Onne-nous, Seigneur ! ton se- JL/ cours, pour sortir hors de détresse car le secours de l'homme riest que ì vanité . Combien de fois ai-je été trompé en ne trouvant point de fidélité où j’eípérois en trouver ? Combien de fois en ai - je trouvé où je n’en attendois point ? C’est donc en vain que l’on espère quelque chose des hommes ; aussi les justes n’espèrent rien que de toi seul. Bénisois-tu, ô monSeigneur 8c mon Dieu ! dans toutes les choses qui nous arrivent de ta part. Jette les yeux fur nôtre foibleffe 8csur nôtre inconstance, qui nous exposent à tant de chutes 8c de changemens. 2. Où est l’homme qui se tienne sur ses gardes avec tant de circonspection, qu’il ne tombe jamais dans quelque surprise ou dans quelque peine d'eO- prit qui l’inquiète ? Mais ô Seigneur ! celui 00 ?/. 60 . V. zF. 284 Dr l’Imitation celui qui met sa confiance en toi, & qui te cherche sincèrement dans la simplicité de son cœur, ne fera point sujet à ces s’il arrive qu’iltoro- be dans quelque semblable accident, quelque engagé qu’ilysoit, il en sera délivré bien-tôt & consolé par ta grâce; parce que tu n’abandonnes point ceux qui espèrent en toi avec persévérance. On trouve rarement un and fidèle qui n’abandonne pas son ami dans les maux les plus grands & les plus pressans, Mais toi, Seigneur 1 tu ès un ami très- fidèle en toutes les rencontres, &il n r y en a point de pareil à toi, z. O ! que cette sainte ame étoit divinement sage, qui disoit d’elle avec vérité, sfesuis afermie, je suis fondée dans le Seigneur fféfus ! Si je pouvois me rendre avec vérité le même témoignage, je ne serois pas si facilement ému par des craintes humaines ; ni parles paroles & les injuresles plus piquantes. Ya-t- il quelcun qui puiíse prévoir tous les mauxauxquels nous sommes exposés & se bien prémunir contr’eux ? Si nous en sommes si touchés lors qu ils nous K va ac; 1 ° tu ai k m fa Ci Si n 1 v tt j c i í DE Ch. 45. L? Z arrivent après les avoir prévus auparavant, comment n’en serons nous pas acablés s’ils sondent sur nous à l’im- pourveu ? Misérable que je luis ! pourquoi ne pren-jepas la précaution qui est la plus seure contre tant de maux , en nsabandonnant à Dieu ? Pourquoi ai-je pris si aisément ma confiance dans les hommes ? En vérité nous ne sommes que des hommes, &des hommes fragiles, quoi que nous passions pour des Anges dans /estime de plusieurs. Sur qui donc me dois-je fier, Seigneur mon Dieu! sinon fur toi seul? Tuèsla vérité ; mais {a tout homme efi menteur, foible, & inconstant ; il est si sujet à tromper & à démentir ses paroles, qu’on ne doitpass’y rendre facilement, quoi que ce qu’il dise ait ì’aparence de la vérité. 4. O Dieu ! queîes advertissemens que tu nous as donnés font pleins de sagesse ! b Donnés vous de garde des hommes, nous as - tu dit ; & encore, Les domestiques de íhomme seront ses propres eme* OOP/. 116. v, II. 286 De l Imitatio» ennemis; {aLors qu'on vous dira;le Christ, est ici, ou il est là , ne le croies pas. J’ai apris ces vérités à mon domage;8c Dieu veuille qu’au lieu de demeurer toujours dans ma folie, j’en devienne plus sage 8c plus circonspect à l’ homme me recommandera souvent avec beaucoup d’instances de tenir cachée une chose qu’il ne pourra lui-même tenir sécrété, mais il ira incontinent le- venter, abusant ainsi de ma crédulité, Lc de fa parole. Garde moi, mon Dieu! de toutes ces illusions, 8c de ces personnes legeres 8c imprudentes; de peur que je ne tombe entre leurs mains, ou que je ne devienne semblable à eux. Affermi dans ma bouche la paroi e de la vérité , 8c éloigne de moi la langue trompeuse. Fai moi la grâce de ne pas commettre moi-même ce que je ne puis soufrir en un autre. f. O ! quel avantage 8c quelle paix, que de ne point parler de ce qui regarde les autres ; de ne point croire aisément tout ce qu’on entend; de ne se pas plaire à faire de longs discours ; de découvrir à peu de personnes les secrets a Mstth. à dtl toê cet r»- pli w ce ho íec iv tè ! ti ; É m ì ì í d K à- P. ! »kà. pks; '.litt ives n Uií vnJ Cift; Ej; snb fflllLV álíic ib iitr. f? K 3 » de 287 de son cœur ; de te rechercher & t avoir toujours devant les yeux comme celui qui connoit le fond de nôtre cœur ; de ne se pas laisser emporter à l’inconstan- ce dès paroles des hommes ; mais de souhaiter uniquement que tout se faste au-dedans & au - dehors selon le bon plaisir de ta sainte volonté ! O ! l’assuré moïen pour conserver dans son cœur la grâce céleste, que de fuir tout ce qui a de l’apparence 8 c de l’éclat devant les hommes» 8 c de ne point désirer les choses qui nous rendent remarquables 8 c recommandables au dehors ; mais plû- tôt de s’apliquer uniquement à celles qui peuvent servir à nous rendre meilleurs» 8 c à augmenter la ferveur de nôtre piété ! O ! combien y a-t-il de personnes à qui leur propre vertu a été funeste pour avoir été connue 8 c louée mal à propos ! Qu’il est avantageux de conserver la grâce dans le silence en cette vie fragile, qui n’est qu une guerre & une tentation continuelle sur la terre ! 288 De l’Imitaïion Chapitre XLVI. Laisse juger le monde , & voi ce que Dieu juge. l. It ON fils ! demeure ferme, & jLVJ. „ espère en que font „ toutes les paroles des hommes que ,, du vent ? Elles battent 1 air, mais el- », les ne peuvent ébranler la fermeté de „ la tu ès véritablement cov- ,, pable de ce qu’on dit de toi, prende ,, là occasion de t’en corriger ; & si tu », ès innocent,pense à soufrir avec joie ,, poiirl’amour de que tune ,, peux encore soufrir les coups, au „ moins apren à soufrir quelquefois î, des paroles. Pourquoi de si petites », choses tepiquent-ellesjusqu’au vif, ,, sinon parce que tués encore charnel, ,, & que tuas plus d’égard auxhom- „ mes que tu ne devrois?Tu crains d’ê- „ tre méprisé d'eux; & c’est pour cela ,, que tu ne veux pas qu’on terepren- ,, ne de tes fautes, & que tu cherches p, toûjours des excuses pour les couvrir, a. Mais considère toi mieux que tu AA n âS »a 7 j. 46. 289 55 n’as fait jufqu’à présent, & tu verras „ que ie monde vit encore dans toi,& „ que tu ès encor ailes vain pour dé- », sirerde plaire aux hommes. Tune », saurois mieux prouver que tu n’ès », pas vraiement humble , que tu n’ès „ pas mort au monde, & que le mon- yy de ne t’est pas crucifié, qu’en fu'íant, y, comme tu fais, d’être abaiffé, d etre „ repris, & de recevoir de la confu- », sion de tes fautes. Ecoute donc ma „ parole autrement que tu n’as fait, 8c yy toutes les langues & les paroles ne yy te toucheront point. Di moi un peu, », quand le monde publieroit pour te », noircir tout ce que la calomnie peut », inventer de plus malin, quel mai te », feroient toutes ces médisances si tu », les laiíìbis palier & emporter par le »> vent comme un peu de paille? En » tomberoit-il un cheveu de ta tête? ' Z. H est vrai que celui dont le cœur» „ au lieu d’être appliqué à la considéra- „ tion de son intérieur, est tout répan- », du au dehors,& qui n’a pas Dieu de- », vant les yeux,fe choque incontinent u de la moindre parole de blâme quon N yy Id î90 De l’ Imitation ,, lui dir, mais celui quîaïant renoncé ,, à son propre jugement, nes’apuïe ,, que fur moi seul, ne craindra rien, ,, quoi que les hommes puissent dire ,, ou faire contre lui. Car je fuis le Ju- ,, gedetqus; je connois ce quiestca- ,, ché dans les cœurs de tous; je faí ,, comment toutes les choses fe font ,, passées;je connois celui qui a le tort, ,, & celui qui le soufre. J’ai permis que ,, tout ce qui t’a été dit & fait en cette ,, rencontre, arrivât ainsi, aafinque ,, les pensées de plusieurs fe manifestassent. ,, Je jugerai le coupable & l’innocent ,, au dernier jour ; mais il m’a plu au- ,, paravant de sonder fun& lautre par ,, un jugement secret & caché. 4. Le témoignage que leshommes ,, donnent, eft trompeur; mais mon ,, jugement est véritable, il est ferme, ,, & ne sera jamais renversé. Il est ca- ,, ché; &iln’ya que peu de gens qui - ,, voient comment je juge des hommes j ,, & des choses humaines bien autre- > „ ment que l’on ne pense ; néanmoins ,, il est fans erreur,& il ne fe peut trom- -, per, a I x>e Cfj.^6. 20l , per , quoi qu’il ne paroisse pas droit , auxyeux des insensés. C’est donc à , moi que l’on doit avoir recours dans , tous les jugemens qui se peuvent fai- , re de toutes ks choses qui font fur la , terre, fans s’apuïer fur son propre , sens. Le juste ne sera point éfraïé, , quoi que Dieu permette qu il lui ar- , rive. Il ne se mettra point en peine , des jugemens injustes qu’on fera de , lui ; Lc ne se réjouira pas beaucoup , s’il voit que d’autres prennent son , parti pour le défendre raisonnable- , considère que [a je r uû celui , qui sonde les cœur s & les reins, & qui , ne juge point selon le dehors & se- , Ion ce qui paroit aux yeux des hom- , mes. Car très souvent j c blâme & je » condamneçe queleshommesjugent , bon & louable. f. Seigneur mon Dieu ! juste Juge, fort & patient, qui connois parfaitement la fragilité & la corruption des hommes, fois ma force & tout mon apui ; car ma conscience ne íufit pas pour me défendre & pour me rendre N a inno- 00 Apo fl. ij. 2$2 Délimitation innocent. Tu vois dans moi ce que je n’y vois pas moi même ; c’est pourquoi j’ai sujet de m’humilier toutes les . fois que l’on me reprend & que l’on me blâme, & je dois fuporter tout avec douceur. O mon Dieu / pardonne moi tous les péchés que j’ai commis toutes les fois que je n’ai pas agi de la forte; & me fai la grâce que déformais j’a- prenne mieux à foufrir. Je recherche plutôt l’abondance de tes miséricordes pour obtenir le pardon de mes péchés , que non pas la préfomtion de ma propre justice pour justifier ma conscience, dont je ne comtois pas bien la corruption. Ça Car quoique je ne me sente coupable en rien, je ne suis pas pour cela justifié . En éfet, si fans avoir égard à ta miséricorde , tu veux nous juger à la rigueur, b nul homme ne fera justifié devant toi. & t’a'oaif* », ferais jusqu’à choisirais plû- ,, tôt d’être le dernier de tous que d’e- », tre préféré à qui que ce puisse être. ,» Tu ne désirerais ni les beaux jours ,, ni le bon tems de cette vie ; mais », tu aimerais mieux foufrir pour l’a- », mour de Dieu toutes les traverses », qu’il lui plairait de t’envo'ier. Tu », tiendrais pour un très grand avanta- ,, ge d’être méprisé & tenu pour rien ,, entre les hommes. 4. O si tu trouvais du goût en tou- », tes ces choses,& qu’elles te touchas- », sent le cœur'.Comment oserois-tu te ,, te plaindre tant soit peu de quoi qui ,, t’arrivât? Quoi donc ! ne faut-il rien ,, foufrir, ou plutôt,ne faut-il pas tout ,, foufrir pour la vie éternelle ? Est-ce ,, si peu de chose que de perdre ou d’a- „ quérir le Roïaume de Dieu ? Lève N 4 les 2 , p 6 De ^Imitation j ,, les yeux en à moi; re- ' [ ,, garde à mes Saints, qui onî été dans 1 p „ ce monde en de grands combats, & ,, qui les ont soutenus avec courage, ^ m s. Voici ils font maintenantdans la joie jc dans la consolation; ils font dans t; ,, la seureté 8 C dans le repos, & ils de. î „ meureront éternellement avec moi i ,, dans le Roiaume de mon Père, i _________ £ Chapitre XLVIÏI. Parmi les maux préfens pense aux biens à venir . I, HEUREUSE demeure de la cité céleste! O jour lumineux de réternité, que la nuit du péché n’ob» fcurcit point, mais que la vérité souveraine éclaire incessamment ! O jour de joie sainte & interminable ! jour assuré contre les chutes & l’inconstance ! Plût à Dieu que tu fusses présent, & que ces choies temporelles fustent disparues ! Il est vrai que ceux qui font íàntifiés jouissent dès ce monde de ta clarté éternelle ; mais ils n'en jouissent que comme de loin ; ils n y participent que de Ci j. 48. 25 7 - que comme par le moïen d’un miroir pendant qu’ils voiagent fur la terre. z. Il n’y a que les Citoîens de la Jérusalem céleste qui connoisfentbien la joie dont elle est comblée , pendant que les Eníans d ! Eve gémiílent dans le sentiment des peines & des amertumes de leur jours de cette vie mortelle font courts & mauvais, douleurs & de misères. L’homme y est souillé par une infinité de péchés, enchaîné par une multitude de pallions, tourmenté par beaucoup de craintes, embarafíe de mille soucis, dissipé par la curiosité, possédé par la vanité, aveuglé par Terreur, abatu par les travaux, accable parles tentations, amolli par les délices, & tourmenté par la pauvreté &par la disette,. Hélas T quand ces maux siniront- ils pour moi? hélas! quand í’erai-je déli- fívré de la malheureuse servitude des vices ? quand viendra le tems où toutes choses étant oubliées pour moi, je ne penserai plus qu'à mon Dieu, & ne me réjouirai plus que de mon Dieu?Quand íerai-je délivré de mes chaînes, de tous N 5 \ es 2$$ De i’Imitatios les obstacles que je trouve à ma liberté» de ce qu il y a dans mon corps & dans mon ame qui m’empêche d’être tout à Dieu ? Quand aurai-je une paix solide avec Dieu j une paix qui ne puisse plus être troublée; une paix intérieure & extérieure ; une paix ferme & qui ne cesse jamais ? O! mon Sauveur très-miséri- cordieux , quand serai-je afermi dans la sainteté parfaite pour voir ta face en justice ? Quand verrai-je rétablissement de ton Roïaume dans moi & hors de moi ? quand seras-tu mon tout en toutes choses ! Quand serai-je uni à toi dans le Roïaume que tu as déstiné dès Téternité à tes amis ? Regarde, je fuis ici abandonné comme un pauvre banni» vagabond dans une terre d’ennemis,où la guerre est continuelle, & les maux fans mesure &íâns nombre. 4. Je ne soupire qu’après toi, Seigneur ! console moi dans mon exil & modère mes maux. Tout ce que le monde me peut présenter pour me réjouir m'est pénible. Je désire ardemment de jouïr de toi dans mon ame» mais je ne puis atteindre jusqu’à toi pour bi J. Chris r. Ch. 48. 299 pourt’embrasser. Je désire de m’élevet & de m’attacher aux choses spirituelles & célestes; mais les temporelles^ mes passions qui font encore vivantes, me traînent eh bas, &m’ylient. Jevou- drois bien selon l’Esprit être élevé au dessus de toutes choseszmais la foibles- se de la chair me contraint d’y être soû- mis malgré moi. Ainsi, misérable que je suis, je me combats moi-même, &je fuis insuportable à moi-même, parce que l’eíprit tend en haut > 6c la chair en bas. .5. O quelle peine ne Íoufre-Je pas lors que méditant dans l’oraison des choses spirituelles & célestes, je me vois tout d’un coup précipité dans la boite des pensées terrestres & charnelles ! O mon Dieu 1 {a net éloigne f oint de moi t ne te détourne point de ton serviteur en ta colère. Lance tes éclairs & tes fou •= Ares , & dijfipe toutes ces illusions. Tire tes flèches , & détrui ces pensées ennemies. Uni tous mes sens à toi ; fai moi la grâce que j’oublie toutes les choses du monde, que je rejette & mé- N 6 prise * P/. 2,7. v , 9> & iS, v. 15» ìoo De l’ímitatioîj prise les premières impressions du péché, & qu’elles ssefacent incontinent dc mon esprit. Vienàmon aide, Vérité éternelle, afin oue je ne fois point ébranlé par la vanité temporelle.. Plai sir chaste & divin, fai toi goûter à mon ame, afin que Timpureté des plaisirs du monde s’évanouïsse de devant toi. Par- donne-moi, mon Dieu ! St u st envers moi de miséricorde, toutes les fois que je pense à autre chose qu a toi dans mes prières. Je te confesse que c’est une faute qui m’arrive souvent. Souvent je ne fuis pas où est mon corps ; mais mort esprit est ailleurs où 1 égarement de mes pensées & de mes inclinations m'entrainent; & ce qui me plait naturellement, ou que l'aceoutumance rn'a rendu agréable, se présente souvent íl aisément à moi. 6-, C’est pourquoi, ô Vérité in créée! tu nous as dit en termes très - clairs , {a Oh est vôtre trésor , là est auflì vôtre cœur. Si donc j’aime bien les choses spirituelles,' s’il est vrai que je prenne pour mon trésor les choses célestes, j’y dois Manb, 6 bernacle de ton corps , afin que tu „ puisses contempler ma lumière à ,, plein & fans obstacles , tu dois ou- ,, vrir ton cœur, l’étendre, & em- j, brasser de tous tes désirs cette sainte ,, inspiration. Ren grâces à ma fou- „ veraine bonté, qui daigne bien te ,, favoriser de la forte, te visiter si ,, agréablement , t’animer par des s, mouvemens si vifs , t’éleverparune „ main si puissante , de peur que ta ,» propre pesanteur ne te fasse enfoncer ,, dans la terre. Pren bien garde que 5 > tu n’attribuës ces bons éfets à tes „ éforts ou à tes pensées ; car ils ne ,, viennent que de la pure miféricor- ,, de & du bon plaisir de DieUjasin que „ tu prennes courage en t’avançant „ dans la sainteté & dans f humilité» » hue ru te prépares sux combats à ve- „ nir; sr Livr. III. Ch. 45. jof ,, nir,& que tu t’éforcespour t’attacher ,, à moi de toutes les affections de ton „ cœur, & pour m’obéïr avec une ar- „ dente volonté. 2 . Mon fils! souvent le feu brûle» », mais sa flamme ne monte pas fans „ fumée, jl y a aussi beaucoup de gens ,, qui poussent vers le Ciel des soupirs », brûlans, qui néanmoins ne font pas ,, épurés du malheureux égard à eux- ,, mêmes Lc à la „ bien qu'ils demandent à Dieu avec „ beaucoup d’ardeur & de zèle les cho- »> ses célestes, leurs délìrs font impurs; „ parce qu’ils ne cherchent pas la feule „ gloire de Dieu d’une manière toute „ pure & toute désintéressée. C’estun », défaut qui se trouve souvent dans tes „ prières & dans les soupirs que tu m’a- ,, dresses avec tant d’ardeur &d’impor- ,, tunité; Car tout ce qui estinfecté par ,, l'amourpropre & par l’égard au pro- ,, pre avantage, n’est ni pur, ni parfait, z. Demande moi, non pas les cho- „ ses qui te font agréables & avanta- ,, geuses^mais celles qui me plaisent & „ qui font pour ma gloire ; car tu dois bien 3 z »4 De l'Imitation -, bien juger qu’il est juste que tu pré~ ,> fères ma volonté à tes désirs Sc à tout ,, ee que tu. souhaites j St que tu dois. ,, quiterl’égard à toi pour suivre mon », bon-plaisir. Je saibien ce que tu dé- s y sires, je vois bien après quoi m scû- » pires si souvent. Tu voudrois déja » être dans îa liberté de la gloire des » enfans de Dieu-, ton plaisir seroit d’ê- », tre dans la maison de Téternité & dans » la céleste patrie qui est pleine de joie; „ mais l’heure n’est pas encore venue ; ». il y a encore un sems à palier,un terris » de combat & de guerre ; un rems de. » travail 8c d épreuve. Tu désires d’ê- » tre rempli du souverain bien, mais » ce n’est pas en le désirant par raport » à ta volonté. & à ton avantage que » tu y atteindras. Le souverain bien. » est moi-même & ma volonté ; ?.t- » ten moi donc, atten ma volonté> » juíqu’à ce que leRoiaumede Dieu » vienne dans toi. 4 . Tu dois encore passer parbeau- » coup d’épreuves dans ce monde ; tu » y dois encore être exercéen beaucoup » de rencontres. Quelquefois je te se- Ch. 45?. 505 „ rai sentir mes consolations ; mais il „ ne te fera pas donné d’être pleine- ,, mentraffasié. Fortifie toi donc,& sois ,; courageux, tant pour agir, que pour j, soufrir les choses qui font contraires ,, à la nature. Tu dois te revêtir de ,, rhomme nouveau ; tu dois être chan- „ gé en un autre homme. Tu dois sou- ,, vent faire ce que tu ne voudrois pas; „ &ne pas faire ce que tu voudrois. ,, Tu verras réussir les defleins & les „ désirs des autres ; & que les tiens ne „ prospéreront pas. On écoutera ce „ que les autres disent ; & on ne te ,, voudra pas écouter, ou bien on n’au- ,, ra point d’égard à ce que tu auras dit. „ Les autres feront des demandes, & „ on leur accordera ce qu’ils veulent; „ mais pour toi, si tu en fais, on te ,, les refusera. 5. Les autres seront estimés & loties ,, partout; mais on ne dira rien de toi. ,, On donnera aux autres des charges „ & des emplois ; & on te laissera là ,, comme si tu n’étois utile à rien. C’est 3, pourquoi la nature fera quelquefois 5, atristée dans ces rencontres ; & ce se- ;o6 Del’Imitation ,, ra beaucoup, si tu soufres ces choies ! ,, dans le silence. Or c’estpar ces cho- ,, ses, & par de semblables, que Dieu „ éprouve la fidélité de ses serviteurs, i, & qu’il leur veut aprendre à rompre ,, si souvent & si universellement leur „ volonté, qu’ils soient enfin dansle- ,, tat d’un renoncement véritable. Il n’y ,, a rien en quoi tu aïes plus de sujet de „ mourir par un vrai renoncement à ,, toi-même, que lors que tu ès réduit ; ,, à voir & à soufrir des choses qui font } , contraires à ta volonté; & fur tout ,, lors qu'on te fait des comandemens 5 , qui te semblent peu raisonnables ou ,, peu utiles. Et parce quêtant fous la „ domination d’un autre, tu n’oserois ,, résister à un plus puissant que toi, il ,, te paroit bien dur de te voir réduit à „ te conduire selon la volonté d’autrui, & à quiter tes propres sentimens. 6 . Mais si tu pensois bien que ceux s» qui se soumettent de bon cœur à tou- ,, tes ces choses, verront bien-tôt la fin ,, de leurs travaux, & jouiront d’une ,, très-grande récompense ; sans doute, ,, que tout cela nç te íeroit pas si pesant, 2>e Lìv. III. C&- 49 * z 27 „ & que ta patience en deviendroitcou- „ rageuse. Car en quitant de bon cœur „ ta chétive volonté, tu en trouves une ,, autre toute céleste Lc éternelle, dans „ laquelle tous les vrais biens que tu „ íaurois jarrtaís désirer,son renfermés, ,, fans qu’on puisse avoir aucun sujet de „ craindre qu’ils s’en perde „ là que ta volonté n’étant autre que „ ma volonté, elle ne désirera rien d'é- „ tranger, ni rien de propre & de parti- ,, culier. C’est là que tu ne trouveras „ point de résistance,point de plaintes, „ point d’obstacles, point d’oppositi- „ ons ; mais tous les biens que tu vou- ,» dras seront présens ; ils combleront „ tes désirs ; ils rempliront toute ton „ ame. C’est là que je récompenserai „ de gloire les oprobres que l’on aura 5 > souferts ; que je revêtirai de joie „ ceux qui ont été dans les afflictions ; ,, & que ceux qui se sont mis au-desi- ,, sous de tous, seront assis dans un j, Trône pour régner dans toute l’éter- „ nité. On verra là les fruits deì’o- ,, béïssance, & de la mortification du ,, vieil homme ; & l’humilité y fera ,, glorieusement couronnée, 7. zo8 Dî l*Imitation 7. Humilie toi donc profondément ,, sous la main de tous, & ne te mets j, point en peine qui aura dit ou com- ,, mandé ce qu'on exige de toi. Mais ,, ticfee principalement de prende tout ,, en bonne part,& de faire de bon cœur s, ce qui n’étant pas contre ma volonté» ,, est exigé de toi, ou par tes supérieurs» „ ou par tes semblables, ou par desper- » sonnes qui te font inférieures. Que 5 , les uns recherchent ceci, & les autres ,> ceja ; que celui-ci se glorifie en cette », chose, & celui-là en une autre, & ,» qu’ils trouvent des millions de per- ,, sonnes qui les louent. Pour toi, mon », fils, ne mets ta joie dans aucun hom- », me, ni dans aucune chose particuliè- ,, re ; mais te méprisant toi-même» ,, mets la dans ma feule volonté 5t dans ,, magloite. lu dois désirer seulement ,, que Dieu soit toujours glorifié dans », toi, soit par la vie, soit par la moru CíIA de Ch. 50. 309 Chapitre L.. Dans fan abattement il faut qu’on fe résigne. mon Dieu! Père O Saint ! béni sori-tu maintenant 8c dans tous les siècles ; car rien ria été fait que tu ne l’aïes voulu ; & ce que tu Fais, est toujours bon. Que ton serviteur riait de joie que parce que ta volonté se fait j & non la sienne & qu’il rien ait pour aucune autre chose. Il riy a point de vraie joie hors de toi, ô Seigneur ! ta volonté est mon espérance & ma couronne, ma joîe & ma gloire. Qu’a ton serviteur si-non ce qu’il a reçû de toi, & encore sans savoir mérité ? Toutes choses font à toi ; celles que tu as faites, 8c celles que tu as données. Pour moi, je fuis pauvre, & je languis dès ma jeunesse dans mes travaux ; quelquefois mon ame s’atriste jusqu’à répandre des larmes, & quelquefois elle fe trouble en elle-mêmelorsqu’elle voit des maux qui font prêts à fondre fur elle, 310 De l’ Imitation 2. Je désire la joie de ta paixq’afpi- re à la paix que tu donnes à tes enfans lesquels tu nourris dans la lumière de tes consolations. Si tu m’accordescette paix, 11 tu remplis ton serviteur de cette sainte joie, mon aine sera toute pleine d’allégrcfle , Sc chantera tes louanges avec un transport merveilleux ; mais si tu te retires pour quelque teins, comme tu fais très-souvent, elle ne pourra plus courir dans la voie de tes comman» demens -, mais plutôt la sentant afoi- blie, j’aurai sujet de m’abattre devant toi & de sraper ma poitrine,parce que je ne me verrai plus dans l’état où jetois auparavant, lors que ton flambeau lui- soit sur ma tête, & que j’étois fous sombre de tes ailes à l’abri de forage des tentations. 3. Et maintenant , ô Père juste & toujours louable en tout ce que tu fais! l’heure est venue que ton serviteur doit être éprouvé. Mon très-aimable Père ! il est bien juste que ton serviteur soufre quelque chose en cette heure pour l'a- mour de toi. Père souverainement adorable ! voici sheure que tu as préor- don- de J. Christ. Lw. III. ; n donnée dès l’éternité, en laquelle ton serviteur doit succomber au-dehors pour un peu de tems , asin qu’il vive toujours avec toi d’une vie intérieure. Il doit être méprisé, humilié , abatu devant les hommes , accablé d’affiic- tions & de langueurs, pour se relever avec toi au jour de la nouvelle lumière, & pour être rempli de la céleste clarté. Père Saint ! tu l as ainsi ordonné, tu l as ainsi voulu ; 8c ce que tu as voulu A été accompli. 4. O Dieu! tu me traites comme ton ami ; car tu ne fais qu’à tes amis la grâce d’être prêts à soufrir, & d’être affligés pour l’amour de toi dans ce monde, en quelque manière que ce soit, & par qui que ce soit que tu permettes que l’affliction vienne. Rien ne se fait sur la terre sans ton conseil, fans ta providence, & sans une juste cause. ll niest bon, Seigneur ! que j’aïe été affligé, afìn que j’aprenne tes commandemcns , & que je renonce à mon orgueil & à la bonne opinion que j’ai de moi même. Il fest utile que mon visage ait été couvert Pfii9'V7t> I 312 De limitation vert de honte , afin que je cherche plutôt ma consolation dans Dieu que dans les hommes. J’ai encore apris par cette conduite à révérer avec fraïeur la profondeur de tes jugemens ; car quoi que tu affliges le juste aussi bien que le méchant, ce n’est pas fans équité & fans justice. f. O mon Dieu ! je te rens grâces de ce que tu ne m as point épargné dans mes péchés ; mais que pour mon salut tu m as châtié rigoureusement par les douleurs & par les amertumes dont tu m’as rempli au dedans & au dehors. Il n’y a rien fous le ciel qui puiiTe me consoler en cet état ; il n’y a que toi seul, mon Seigneur & mon Dieu ! céleste médecin des âmes , qui írapes & qui guéris, qui mènes juíques auxportes de l’enfer, & qui en fais remonter. Que ta discipline soit fur moi, & que ta verge m’aprenne à me bien conduire ! 6. Père chéri, je me mets entre tes mains, &je m’humilie de tout mon cœur sous la verge de ta correction paternelle. Drape fur moi; abaisse pat, tes coups ma tête orgueilleuse ; que most M étii déa k con w tefi k tn le ce T 1 i\ I x I E c i - i 0!f de ziz mon cou fléchisse , & que ma volonté u p; déréglée & infléxible se plie selon la 1S ?;; droiture de la tienne. Fai moi la grâce d’être un de tes Disciples en piété & en ïp humilité, tel que tu as coutume de ren- pi; dre tes bien-aimés, afin que je ne me conduise que par une dépendance continuelle de ta sainte volonté. Je me re- ^ mets à toi, moi & tout ce qui est en I,.’ moi, afin que tu me corriges. La cor- - 6 . tection est meilleure dans ce siècle que >.s dans celui qui est à venir. Tu fais tout ; j’i. tu connois tout en détail ; tu pénétres .... les replis les plus secrets des conscien- ces de tous les hommes. Tu vois les choses à venir avant qu’elles se fallen t, ’T & st n’est pas besoin qu’aucun t’informe “t & t’avertisse de ce qui se fait sur la terre. Tu sais ce qui est nécessaire pour mon ; avancement spirituel, & combien l’é- J xercice des afflictions m’est utile pour s nétoïer mon ame de la rouille & des tâches qu elle a contractées. Mon Dieu! î agi avec moi selon ton bon-plaisir, 8c ; ne me rejette pointa cause de ma vie si ! ' souillée de péchés qui ne font parfaite- * ment connus que de toi. 7. Fai ji4 De i Imitation 7. Fai moi la grâce, ô Seigneur! de savoir ce qu’il faut savoir ; d’aimerce qu’il faut aimer; de'louer ce qui test agréable; d’estimerce qui eslprécieux à tes yeux ; & de mépriser ce que tu méprises. Ne permets pas que je juge des choses par une vûë humaine & selon leur aparence,ou selon les raports 8des avis des hommes aveugles; mais que je juge des choses visibles & des invisibles par le dicernement spirituel de ta lumière véritable ; & qu’en toutes choses & par deilus tout, je recherche 1 accomplis emen t de ta bonne volonté. 8. Les hommes se trompent souvent en jugeant selon leur sens. Ceux qui font enchantés du monde se trompent en n'aimant que les choses visibles. Un homme en est-il plus grand, pour être estimé par un autre homme ? Lors cju’un nomme lotie un autre homme, c est un trompeur qui trompe un autre trompeur, un vain qui en séduit un autre aussi vain que lui,un aveugle qui en fait acroire à un aveugle, & un malade qui state un malade, & qui lui amasse un sujet de déshonneur & d’oprobre k 11 h ee J. Christ. TAvr. III, Z15 éternel, prétendant le combler de louanges & d’honneur. O ! Dieu que celui là a bien rencontré qui a dit Autant que chacun est devant tes yeux , autant efl-ìl dans la vérité, & pat davantage. Chapitre LI. Jans la langueur d'esprit cherche les ceuvres humbles. TON fils! il n’est pas possible XVX ,, que l’ardeur du zèle & du „ désir que tu sens dans toi pour le bien, „ y demeure en tout tems & fans inter- ,, ruption. Tunepeuxaussiteconfer- „ ver toujours ferme dans le haut dé- j, gré de la contemplation où tu te „ trouves quelquefois ; mais la foi- „ blesse & la corruption de ta nature „ te met dans la nécessité de décendre „ souvent vers les choses inférieures, „ & de sentir malgré toi & avec peine „ le fardeau de ta vie ,, que tu seras dans un corps mortel,tu ,, te sentiras sujet à l’ennui & à l’abat- „ tement de cœur ; ce qui te doit faire ,, gémir sous la pésanteur de ta chair O % tant zi6 De í/Imitation „ tant que tu ès lié à elle ; parce qu’el- „ le t’empêche de t’attacher aux cho- „ ses spirituelles , & de te donner tout », entier 8i en tout tems à la contem- „ plation des choses divines. 2 . Lorsque tu ès dans cet état d’a- ,, baisiement, il est bon pour toi que ,, tu t’appliques à celles d’entre les », œuvres extérieures qui font baffes & „ humbles, asin de dissiper cet ennui „ par de bonnes actions. Atten avec „ une ferme confiance que je re- „ tourne à toi & que je te visite d’en- „ haut, & cependant suporte avec pa- », tienCe ton exil & la sécheresse de ton », Ame, jusqu’à ce que je vienne de », nouveau vers toi, & que je te déli— „ vrede toutes tes peines, jetemet- », trai dans la jouissance d’une paix qui », remplira tellement ton ame, que tu „ en oublieras tous tes travaux. J’ex- „ poserai à tes yeux les beautés de mes >, Ecritures , afin qu’avec dilatation „ de cœur tu commences à courir dans », la voie de mes commandemens. », Alors tu diras, {a Les soufrâmes du tems a Rom. S . v, 18. de J. Christ. 517 „ terris présent ne font point a contrepe- „ fer à la gloire à venir qui doit être ré- „ velée en mus. Chapitre LII. Tu ne mérites rien, brise ton cœur mauvais. ! je suis indigne de O tes consolations & de tes visites ípiricuëlles ; c’est pourquoi tu me traites avec justice lors que tu me laisses dans la pauvreté & dans la désolation de l’esprit. Quand bien mes yeux se foudroient en larmes devant toi- & que mes larmes égaleroienrles eaux de la mer, je ne laisserois pas d’être toujours indigne de tes consolations. Je ne fuis digne que d’étre battu & puni ; parce que je t’ai souvent ofensé par mes péchés , qui font grands & en grand nombre. Lors donc que je pense bien à ce que je suis, je vois clairement que je ne mérite pas la moindre de tes faveurs. Mais toi, mon Dieu! parce que tu ès infiniment bon & miséricordieux , & que tu ne veux pas laisser périr l’ouvra- O Z ge 3 I 8 D E L I M I T A T 1 0 N ' ge de tes mains ; pour faire paroîtreles ** richesses de ta bonté dans les vaisseaux ní de ta miséricorde,tu daignes venir con- ! Ví solerton indigne serviteur d’une ma- 1 P' nière incomparablement plus qu’hu- tJ que tes consolations font dif- i férentes de celles que les hommes don- 1 nent par leurs belles paroles ! ] 2 . Qu’ai-je donc fait, Seigneur! qui ! t’engage à me départir quelque conío- j t lation céleste ? Je ne me souviens point ] d'avoir fait aucun bien ; mais plutôt d’avoir toujours été porté au mal, & lent & paresseux à me corriger. Tout cela est très-vrai ; je ne le puis nier fans mensonge. Si'je disois autrement, tu t’éléverois contre moi pour me convaincre de mon iniquité , & personne du monde n’oseroit & ne pourroit me défendre. Qu’est-ce qui m’est dû pour mes péchés, sinon TEnfer & le feu éternel \ Certes, ô Dieu ! je confesse in- i génument devant toi que je fuis digne d’être le jouet & le mépris de toutes les créatures ; & que ce seroit à tort qu on me mettroitau nombre des vrais Chrétiens & de tes serviteurs. Et quoi que ces db 319 ces paroles me semblent bien dures , néanmoins je ne puis être du côté de la vérité qu’en me convainquant de mes péchés, afin d’obtenir plus aiíëment ta miséricorde. 3. Je suis un criminel ; j’en fuis tout confus ; quedirai-je? Je ne puis ouvrir la bouche que pour dire cette parole ; j’ai péché, Seigneur! j’ai péché; aïe pitié de moi, & me pardonne! Acorde moi le tems de pleurer dans ma douleur avant que je décende dans la terre de ténèbres, qui est couverte de sombre de la mort. Que demandes-tude plus d’un criminel & d'un misérable pécheur, sinon qu ils’humilie, &qu’il brise son cœur dans la vuë de ses péchés? Aussi lorsque le cœur est véritablement humilié & brisé, on sent naître dans Tarne l’espérance du pardon, ia paix de la conscience, le recouvrement de la grâce perdue, l’assurance contre la colère avenir; & alors Dieu &l’ame pénitente se rencontrent, s’embraiïent &se donnent le saint baiser de la paix. 4, L’humble contrition du coeur est devant toi, ô Seigneur ! un sacrifice plus » z 20 De l’Imita t ion pins agréable que l’odeur de l’encens & des parfums. C’est ce parfum précieux que tu as voulu être répandu fur tes pieds ; car tu n’as jamais méprisé un cœur véritablement contrit & humilié. C’est là qu’est nôtre refuge devant la colère de nôtre ennemi; & c’est par ce moíen que l’on purifie & que l'on né- tore lame des souillures Lc des taches qu'elle avoit contractées ailleurs. Chapitre LIII. On ne fauroit mêler la grâce & l’amour propre. J.'^yï'ON fils! ma grâce est un don XVJL fi précieux, qu’elle ne peut 5> être mêlée avec les choses étrangè- ,, res, ni avec les consolations terrest- ,, res. Et partant fi tu la désires, tu dois „ bannir de toi tout ce qui pourroit „ lui être un obstacle. Cherche toû- 3 jours le secret ; aime à être seul & ,, recueilli dans toi; & évite les dis- 3, cours & les entretiens des hommes, ,, rappliquant plutôt à t’entretenir ,, avec moi par des prières ardentes; Lc V* à DE III. Z2I „ à conserver dans ton cœur le fenti- „ ment de ton indignité, & la pureté ,, de ta conscience. Tien le monde „ entier pour un rien ; & préfère infi- ' ,, niment à toutes les choses extérieu- „ res l’application à Dieu. Iln’estpas „ possible que tu t’appliquesbien aux j> choses divines, & qu en même tems j, tu prennes plaisir à celles qui font ,, temporelles & qui pasient. Il te faut ,, retirer de ce qui t’cst le plus familier ,, & le plus cher, & vuider ton ame de „ toute la joie & la satisfaction quelle ,, peut prendre dans les choses tem- „ porelies, selon sexhortation que St. „ Pierre fait aux Chrétiens, d’être a ,, dans ce monde comms des vóiagturs & ,, des étrangers, sabstenant de tout ce ,, qui pourroit embaraiTer. 2. O quelle confiance & quelle joîe , aura un homme au lit de la mort, , lors qu il n’a point le cœur attaché à aucune des choses qui font au mon- 1 de ! Mais un esprit qui est infecté de , la maladie du péché ne peut com- 1 prendre comment on peut ainsi avoir 0 S „ le a I, Pierre 2. v, II, 5 3 il Di l’Imitation I „ le cœur séparé de tout ; & shomme ,, animal & charnel ne sait ce que c’est ,, que la liberté de shomme spirituel ,, & intérieur. Néanmoins s'il veut j „ devenir spirituel, il doit nécelìaire- ' ,, ment renoncer tant aux étrangers ,, qu’à ses proches, & se défier de lui- ! ,, même plus que de tous. Si tu te ,, vaincs parfaitement toi-même, tu ,, surmonteras facilement tout le reste. ,, La plus grande & la plus parfaite vi- ! ,, ctoire est celle que son remporte sur ,, soi. Car celui qui se tient tellement „ sous le joug, que fa sensualité obéis j, se à la raison , & que sa raison m’o- ,, béíste en tout, est vraiment vain- ,, queur de soi-même, & maître du ,, monde. z. Si tu veux atteindre à cette haute ,, perfection , tu dois commencer avec „ courage & mettre la coignée à lara- 5, eine del’arbre, afin de couper, d’ar- j, racher, de détruire cette inclination „ déréglée qui est cachée dans le plus j, secret de ton cœur, laquelle t’attache s, toujours à toi-même, & te porte ,, vers un bien particulier, propre,sen- ,, iible de C/ , fible 8c matériel. Ce malheureux yi» , ce par lequel l’homme se tourne toû- , jours vers foi-même, & considère tout par raportà lui,est la racine qui , sait vivre & qui soutient tous les au- , tres vices que l’on doit abatte , si , bien que ce premier n’aura pas plû- , tôtétédomté & retranché, qu’on se , trouvera dans une grande paix, 8c , dans une ferme tranquillité. Mais , parce qu'il y en a peu qui fafìent , éfort fur eux-mêmes & pour se re- , noncer entièrement, la plupart de- , meurent toujours liés & embaraísés , dans eux-mêmes, fans avoir la liber- , té de s’élever en esprit au dessus , d’eux. Que si quelqu’un désire de , marcher avec moi dans la vraie liber- , té, il doit nécessairement faire mou- , rir toutes ses inclinations mauvaises , & tous ses désirs déréglés, & ne s’at- , tacher à aucune créature par affe- , ction, 8c par un amour propre 8c par- , titulier. Z24 De t.’ Imitation Chapitre LIV. "La grâce & la nature ont des motifs contraires. I. IV % On fils ! tâche à biendicerner XVJL „ dans toi les mouvemens „ de ia Nature d’avec ceux de la Gra- ,, ce, car quoi que ces deux principes ,, soient bien contraires , néanmoins ,, leur dicernementesttrès-délicat,&à s, peine se peut-il faire à moins qu'on 3, ne soit bien spirituel & bien éclairé. 3, Il est vrai que tous les hommes dési- 3, rent le bien, & qu’ils ne disent & ne 3, font rien sans se proposer, à ce qu’ils s, disent, lehien pour objet & pour 3, fin j mais ce prétexte du bien a trom- 3, pé une infinité de gens. - 2. La nature est rusée & artificieuse; 3, elle entraîne la plupart des hommes; 3, elle les amorce ; elle les séduit ; elle ,, les engage dans ses filets ; & elle a 3, toujours pour fin de se satisfaire elle- 3, même. Mais la grâce marche dans 3, la simplicitéelle évite les moindres ,, apparences du mal ; elle ne se sert „ point de J. Christ, Cb> 54. 52s „ point d’artifices & de déguisemens j ,, & elle fait tout pour Dieu d’une ma- ,, nière pure & désintéressée , n’aïant ,, que Dieu seul pour motif, & íë j, reposant en lui seul comme en sa fin „ souveraine. z. La nature ne veut point de mor- ,, tification ni de sujétion. Mais lagra- ,, ce fait que Ton s’éforce à se mortifier ,, soi-même; que son résiste auxinclí- j, nations charnelles; qu on cherche à „ íe soumettre, qu’on désire de se vain- ,, cre ; Sc qu’aulieu de jouir d’une li- ,, berté propre, on aime à être tenu ,, sous la discipline ; qu’on ne désire „ point de maîtriser personne ; mais „ que plutôt on se soumet à Dieu pour ,, depëdre universellement de lui à l’é- ,, gard de la vie, du mouvement, & de „ sêtre; & que Ton est prêt à s’assujé- ,, tir par humilité à toute créature hu- ,, maine selon la volonté de Dieu, 4. La nature travaille pour íà pro- „ pre commodité, & elle regarde toû- „ jours quel bien & quel avantage lui ,, pourra revenir de ce qu’elle „ la grâce au contraire aïant fermé les O 7 „ yeux z 26 De lImitatioît „ yeux à son avantage & à ses commo» ,, dités, ne regarde que ce qui est utile ,, & commode à l’avancement de plu- „ sieurs. f. La nature prend plaisir à être ho- » norée & respectée ; Mais la grâce fait ,» qu’on se dépouille de toute gloire & ,, de tout honneur pour les rendre fi- ,, délement à Dieu seul. 6 . La nature craint la honte & le » mépris. La grâce au contraire se ré- „ jouit de soufrir des oprobres pour „ l’amour de Jésus-Christ. 7 . La nature aime l’oisiveté & le re- ,, pos du corps; Mais la grâce ne peut ,, demeurer oisive, elle embrasse de „ bon cœur le travail & les peines. 8 . La nature recherche les choses ,, belles & rares, elle a de l'aversion ,, pour ce qui est vil, commun & gros- „ fier. Mais la grâce se contente des ,, choses les plus simples & les plus ,, basses; elle ne rejette point celles ,, qui font rudes ; 8c au lieu de cher- ,, cher d’êtrevétuë avec luxe Scavec ,, mollesse , les habillemens les plus ,, grossiers Sc les plus usés lui fuissent „ pour fa couverture, 9, La de Livr. III. LL. 54 . 3 2 7 5». La nature a grand égard aux cho* ,, ses temporelles, elle se réjouit d’un gain d'argent;elle s'afflige d’une per- ,, te de même nature ; & elle se fâche ,, pour la moindre injure qu’on lui sas- ,, se. Mais la grâce n’a égard qu’aux ,, choses éternelles; elle est détachée ,, des temporelles; elle les peut per- ,, dre toutes fans se troubler ; toutes j^les paroles les plus injurieuses du ,, monde ne l’irritent point. Son trésor ,, Lc sa joie sont dans le Ciel, où rien „ ne périt & ne peut être attaqué. 10. La nature est avare; elle aime „ mieuxrecevoir que donner ; elle ai- j, me un bien qui lui soit propre & ,, particulier; Mais la grâce est chari- ,, table; c est comme une fontaine pu- ,, blique qui se répand par tout; elle ,, communique ce qu’elìe a; elle évi- ,, te la propriété ; elle se contente de ,, peu; elle juge a qu’ileßplus heu- „ r eux de donner que de recevoir , n. La nature nous fait toujours ,, pancher vers les créatures; elle nous ,, porte à bien traiter nôtre corps , à ,, nous divertir, à nous promener & à u couss . v. z;. Z 28 De l’Imitation 1 „ courir de côté & d’autre. Maisla „ grâce tire le cœur à Dieu & à la ver- » tu ; elle quite les créatures ; elle fuit ,, le monde j elle a en horreur les plai- „ ílrs du corps; elle retranche tous les j s, entretiens & toutes les visites mon- ,, daines, & elle se fait une peine de ' „ paroître en public. 12. La nature a volontiers quelque „ chose d’extérieur où elle puisse ch$r- „ cher quelque sujet de joie & quelque ,, plaisir sensible. Mais la grâce ne cher* „ ehe fa joie qu’en Dieu seul ; &s’éle- ,, vant au-dessus de toutes les choses „ visibles, elle ne trouve son plaisir „ que dans le souverain bien. I J. Tout ce que la nature sait est s, pour son gain & son propre intérêt; ,, elle ne peut rien faire gratuitement. ,, Si elle donne quelque chose, c est ,, pour en recevoir ou autant, ou da- ,, vantage, ou pour en être louée, ou ,, pour se faire aimer ; elle est bien aise „ que l'on considère beaucoup ce qu’- ,, elle a fait & ce qu’elle a donné. Mais „ la grâce ne cherche rien de temporel; 5, elle ne demande nulle autre récompense de Livr. III. Cb .f 4. 32,9 ,, pense que Dieu seul ; & elle ne dési- ,, re les biens temporels les plus néces j, íaires, qu autant qu’ils peuvent ser- ,, vira Inquisition des biens éternels. 14. La nature se réjouît d’avoir beau- „ coup d’amis & de parents considéra- „ blés j elle se glorifie d’être de bonne ,, Maison, & de famille noble; elle a ,, de la complaisance pour les puiísan- », ces de la terre ; elle flate les riches ; », elle n’aplaudit qu’à ses semblables. », Mais la grâce aime ses ennemis; elle », ne s’élève point d’avoir un grand », nombre d’amis j elle ne regarde p oint », la qualité des Maisons ou de la nais- », sauce, mais la vertu ; elle favorite », plutôt le pauvre que le riche ; elle est », plutôt du côté des innocens que de », celui des puiffans ; elle aime les per- », sonnes véritables & simples, &sere- », tire de celles qui font doubles 3 c », trompeuses. Elle exhorte toujours », les bons à croître en grâces, & à de- ,, venir semblables au Fils de Dieu par », limitation de ses vertus. if. La nature se plaint dès quequel- ,, que chose lui manque ou Tinquiète. ,, Mais zzo De limitation ,, Mais la grâce soufre avec constance ,, la destitution de toutes choses. 1 6 . La nature raporte tout à elle mê- ! ,, me ; elle se défend; elle s’opposeà ,, ceux qui lui contredisent. Mais la ,, grâce raporte tout à Dieu,parce que 55 tout vient de lui; ellelnes’atribuë ! 55 aucun bien ; elle n’est pas arrogante j 55 ni pr'ésomptueuse;elle ne débat point, i 55 elle ne préfère point son opinion à 55 celle des autres ; mais elle soumet 55 toutes ses pensées 8í tous ses juge- 55 mens à la sagesse éternelle & au ju- 55 ment de Dieu. 17. La nature désire de connoître les 55 choses cachées, & d’ouïr celles qui 5, font nouvelles ; elle aime à paroître ,5 au dehors, & à se convaincre de tout 5, par ses sens; elle désire d’être con- „ nuë, &d’agir pour s’atirer les loiian- 5, ges & l’admiration des homes. Mais 5, la grâce ne désire point de savoir les ,, choses nouvelles & curieuses, parce ,, que ce désir vient de nôtre première ,, corruption,& qu’il n’y a rien de nou- ,, veau & de durable fur la terre. Elle ,, nous aprend donc à réfréner nos sens, de Cb.^. ZZI „ à n’avoir ni vaine complaisance, ni „ ostentation; à cacher par un princi- „ pe d’humiiité les choses louables Sc ,, les dons particuliers que l’on pour- „ roit admirer en elle; & ànechercher ,, rien du tout que ce qui peut porter „ du fruit, & servir à la louange & à la „ gloire de Dieu. Elle ne désire point „ qu’on la lotie, ni qu’on vante ce qui ,, lui apartient ou qui vient d’elle;mais ,, elle souhaite que Dieu soit béni dans ,, ses dons ; parce que c’est lui qui don- ,, ne tout par une pure bonté. 18 . Cette divine Grâce est unelu- ,, miete toute surnaturelle ; c’est un „ don tout particulier de Dieu ; c’est le „ vrai seau des élus, & le gage de leur „ salut éternel ; elle élève l’homme au- >, dessus des choses de la terre pour lui „ faire aimer les choses célestes ; 8c ,, d’homme charnel qu’il étoit aupara- ,, van t, elle en fait un homme ipiricuël. „ Plus donc la nature est domtée 8c „ vaincue, plus la grâce est donnée „ avec abondance ; & l’homme inté- „ rieur se rénouvellant de jour en jour, „ se réforme selon l’image de Dieu; parce vl ZZ2. De l’ Imitation >, parce que Dieu se communique à ,, lui de plus en plus. [Op leslw Chapitre LV. Sans la grâce de Dieu nous ne pouvons rien faire. lente pí,! me,' 1 ’ " Bi K Obi Seigneur & mon Dieulqui X v JL m’as créé à ton image & à ta ressemblance , donne moi, je te prie, cette Grâce, que tu viens de me faire voir si puissante & si nécessaire pour le íàlut, afin que par elle je surmonte la grande corruption de ma nature , qui m’entraîne dans le péché & dans la perdition. Car je sens que la Loi du péché est dans ma chair, qu’elle combat la loi de Teíprit, & qu’elle me rend captif pour me faire obéir en beaucoup de choses à ma sensualité. Je ne puis résister à mes passions/i ta sainte Grâce répandue dans mon cœur ne m’anime & ne me donne la force de les vaincre. 2. J’ai besoin de ta grâce puissante pour vaincre ma nature qui est panchée vers le mal dès ma jeunesse. Car la nature étant tombée Sc souillée par le péché ¥ fo. I te j fcc- ! Cn i T U dt A I * 1 îi I I os de J. Chris t. Li-vr . III. Ch. f p. z; ; maie; às dans le premier homme , la corruption est tellement passée dans tous , les hommes, que cette nature, que tu avois créée bonne & droite , est non seulement avec justice apellée corrom- puë, mais elle signifie la corruption même, pour montrer que lors quelle est abandonnée a elle-même , elle ne tend ' qu au mal & à l’amour des choses bas- àH ses. Le peu de forces qui lui font re- fiées n’est qu une étincelle qui est cachée & couverte fous beaucoup de cendres. Cette étincelle est fa raison naturelle, qui a encore le dicernement du bien & > s du mal, du vrai & du faux ; mais qui est environnée de beaucoup de ténèbres, ~ qui n’a pas la force de faire le bien qu’- elleaprouve, qui ne peut jouir à plein de la lumière de la vérité, ni régler ses - affections Sc ses passions. J. De là vient, mon Dieu! a que je prens plaisir à ta Loi selon l'homme intérieur , parce que je sai que ton com- , mandement est bon , juste, 6c saint, qu’il condamne tout le mal, & qu’il veut que l’on fuie le péché ; mais je suit -r iZ. rr. rs. 334 De l’Imitation vr U suis encore soumis à la Loi du péché selon la chair ; parce que j'obé'is plûtôt à la sensualité qu’à la raison ; le vouloir est bien attaché à moi , mais je ne trouve pat le móien d'exécuter le bien. De là vient que je me propose souvent de faire beaucoup de bien ; mais parce que ta grâce me manque, & qu’elle ne vient pas secourir ma foibleise, il ne faut que la moindre résistance pour rompre tous mes bons desseins. De la vient encore que j’ai beau connoîtrela voie de la perfection , & voir clairement ce que je dois faire, je demeure néanmoins toujours plongé dans ma corruption, fans m’élever vers ce qui est le meilleur S C le plus parfait. 4. O mon Dieu ! que ta grâce m’est nécessaire pour commencer le bien, pour le continuer, & pour l’âchever! Sans elle je ne puis rien faire, mais lors a quelle me fortifie , je puis tout en toi. O grâce vraiment céleste, fans laquelle il n’y a point d’œuvres qui soient bonnes , ni de dons de la nature qui soient estimables! Les arts, les richesses, la beauté, beau ne [ost í M font toc clllOS dtlefrt jcaks díliPi faul! ni pu 15 rire & ne te font pas agréables, fans la grâce de ta charité & de ton Amour. . O heureuse grâce ! qui enrichis de vrais biens celui qui est pauvre d’eíprit, & qui fais que celui qui a beaucoup de dons & de biens est toujours pauvre & humble de cœur! Vien, décen dans moi,rempli moi dès le matin de ta joie ; de peur que mon ame toute foible & toute sèche, ne tombe dans la défaillance, Je te prie, mon Dieulfai que je trouve grâce de vant tes yeux. Ta grâce me fufit, quand bien toutes les autres choses que ma nature désire me manque- roient, ?Z6 De l’ Imitat o N roient. Que je sois tenté, que je fois attaqué de beaucoup de maux , je n’en craindrai pas un seul, si seulement ta grâce est avec moi. Elle est ma force j elle est mon conseil & mon secours. Elle est plus forte que tous mes ennemis j & plus sage que tous les sages du monde. 6. Elle est la Maîtresse de la Vérité, Ja règle de labonne conduite, la lumière du cœur,la joie des oppressés ; elle bannit la tristesse ; elle chasse la crainte; elle nourrit la piété; elle fait de nos yeux une fontaine de larmes. Quesuis-je fans ta grâce, ô Seigneur! finon un bois tout sec , un tronc inutile qui n’est propre qu’à être jetté dans le feu? Faidonc, mon Dieu ! que ta grâce me prévienne toujours, & quelle m’applique toujours à faire de bonnes œuvres, par J. Christ ton Fils, nôtre Seigneur. Amen ! Chapitre EVI. Shiite toi , fui ffcfus , pron fa croix, & i'imite, I. T ON fils ! tu entreras dans moi IVJl à mesure que tu sortiras de toi. ce $ 6 . 337 s, toi, en renonçant à „ me lors qu’on ne désire rien d’exté- „ rieur ; on voit naître la paix dans „ l’intérieur ; ainsi lors qu’on se quite ,, intérieurement & du fond du cœur , „ on s’unit à Dieu très étroitement. Je „ veux que tu aprennes le renonce- „ ment parfait & absolu, & que tu ne », suives plus que ma feule volonté „ fans contredit & fans murmure. Sut », moi, a je fuit le chemin , la vérité & „ la vie. Sans chemin tu ne peux mar- „ cher; fans vérité tu ne peux rien con- ,, noître ; fans vie tu ne faurois vivre, ,, Je fuis le chemin que tu dois suivre ; ,, la vérité que tu dois croire ; & la vie „ que tu dois espérer. Je fuis Ze chemin ,» très-affuré; la vérité infaillible; & la ,, vie qui ne peut finir. Jefuis lechemitt », très-droit ; la vérité souveraine ; 8c », la vie véritable, heureuse & incréée, », Si tu demeures dans ce chemin tu con» „ noîtras b la vérité ; & la vérité », fafranchira ; Sc tu recevras la vie „ éternelle. t. } P I z;8 De l’Imitatiok 2 . {a Si tu veux entrer dans la vie, „ garde les commandtmens. Si tu veux „ connoître la vérité, croi en moi.bSi », tu veux être far fait, ven tout ce que tu », as. Si tu veux devenir mon disciple, rc - „ nonce à toi-même. Si tu veux jouir de „ la vie vraiment heureuse , méprise », la vie présente. Si tu veux être exal- „ té dans le Ciel,humilie toi sur la ter- „ re. Si tu veux régner avec moi; por- », te la croix avec moi ; car ceux-là „ seulement trouveront le chemin de la », béatitude & de la véritable lumiè- „ re, qui se seront soumis à la croix. z. JESUS mon Seigneur! puis que ta vie a été si mortifiée, si pénible, & si méprisée du monde, fai moi la grâce que je t’imite en voulant bien que le monde me méprise. Car c le Serviteur liest, pas plus grand que son Seigneur , ni le disciple par dessus son maître. Que ton serviteur 'exerce dans l'imitation de ta làinte vie, car mon salut &la vraie sainteté se trouvent en elle. Tout ce que je lis ou que j’entens hors d’elle, ne me í st Matth. ip. v. 17. r Matth. 10. V. 14. h Luc. 9. ». LZ. de f 6 . zzz me réjouît & fne me satisfait point entièrement. 4. MON fils ! puis que tu as lu & „ que tu fais bien ce que j’ai dit & ce „ que j’ai fait, tu Ça seras bien-heu - ,, r eux fi tu pratiques ces choses. Celui ,, qui a mes commandemens & qui les gar- „ de, cefi celui-là qui ni aime; & ce- „ lui qui m'aime, fera aimé de mon Pè- ,, re, & je iaimerai & me révélerai à lui; j, & je le ferai asseoir avec moi dans le », Roiaume de mon Père. 5. JESUS mon Dieu! accompli, s’ilte plait, dans moi toutes les choses que tu viens de dire & de promettre. J'ai receu la croix de ta main ; jel'ai embrassée; je la porterai jusqu’à la mort toute telle qu’il t’a plû de me Tim- poser. La vie d’un vrai Chrétien est une croix ; mais c’est une croix qui mène à Dieu. J’ai commencé une fois;il ne m'est pas permis de retourner en arrière, & encore moins de quiter ce bon chemin. 6. Prenons courage, mes frères, marchons, avançons tous ensemble ; P L Jésus > ,» dans le fond du cœur, serabien-tôt b „ apaisée si tu implores le retour de ma i * „ grâce. Je fuis encore vivant, dit le ,, Seigneur, je fuis tout prêt de t’aidet R „ & de te consoler extraordinairement sb ,, si tu te fies fur moi, & si tu m’invo- ter 5, ques avec ardeur. ' ib Z. Soumets toi donc patiemment à ^ „ ces traitemens, sachant bien qu’il est ^ », juste que tu les soufres j & même ^ „ prépare toi à en soufrir de plus durs. 111 ,, Si tu te vois souvent affligé & tenté ^ ,, violemment, ne t’imagine pas que ^ „ tout soit perdu pour es hom- ^ „ me, Lcnon pas Dieu; l'uèschair, ^ „ & non pas un pur Esprit comme „ l’Ange. Comment pourrois-tutoû- „ jours demeurer dans un même état j > „ de force & de vertu, vû que FAnge », dans le Ciel, &l’homme dans lePa- j „ radis, ont été sujets à l’inconstance ? „ C’est moi qui rélève & qui guéri », ceux qui gémissent dans leur lan- , ,, gueur, de C&.58. Z4Z ,, langueur, & qui élève à la participa- „ tion de ma divinité ceux qui con- „ noissent bien leurs infirmités. Q]JE ta parole, ô mon Dieu ! soit benite à jamais ! a elle est plus douce à ma bouche que le miel le plus excellent & le plus pur. Que deviendrois-j e dans mes afflictions & dans mes maux les plus pressants, si tu ne me fortifiois par cette sainte parole ? QuenVimporte-t- il donc désormais que je doive soufrir beaucoup, ou de quelle manière, & quels maux je soufre, pourvu qu’enfin j’arrive au port du salut ? Seigeur ! fai moi la grâce que j’achève saintement ce qui me reste de vie ; & que je passe heureusement de ce monde à toi ! Mon Dieu ! souvien toi de moi, & me con- dui dans le chemin qui mène le plus droit à ton Roïaume ! Amen ! 00 P/-19. v- u. Chapitre LVIII. RefpeUe en te taismt ce que Dieu t'a caché . 1. Tk M ON fils! abstien toi de dis- XVA. ,, puter & de discourir sur P 4 „des ìì II 344 Dr l’Imitation ,> des matières sublimes & élevées, 8c ,, fur les secrets jugemens de Dieu ; ,, pourquoi ilabanaonne Tun,&pour- „ quoi il élève f autre à une si grande ,ti ,, grâce. Pourquoi un tel est si affligé, „ & cet autre íi élevé & si content. „ Toutes ces choses passent l’csprit de „ l'homme ; il n'^ a dispute del'Eco- „ le ni raison humaine qui puisse péné- „ trer les jugemens de donc „ que Satan t’incite à cela ; ou que 5 , des hommes curieux t’interrogent », fur ces sortes de sujets, donne leur „ pour réponse cette parole du Prophè- ,, te, a Tu ès juste, ô Eternel ! & tous ,, tes jugemens font justes! Et cette autre; ,, b Les jugemens de íEternel font la ,, vérité même; ilsfe trouvent également ,, justes , On doit trembler à l’aípect ,, de mes jugemens , & non pas les ,, examiner; parce qu’ils font incom- „ préhensibles à TEÍprit de l’homme, 2 . Ne te mêle pas aussi dans des ,, disputes touchant les dégrés de la », dignité des Saints, savoir, si f un „ est plus saint que f autre. Si celui- ,, ci a P/. IIP. v. IZ7. b. Ps. Ip. ». 10. î de Cb. yS. Z45 „ ci est plus grand que cet autre dans ,, le Roïaume de Dieu. Tout cela ne ,, produit que des débats & descon- ,, tentions, & ne sert qu’à nourir l’or- ,, gueil & la vaine gloire , qu’à ex- „ citer des jalousies & des diflentions s, fur la préférence que chacun donne s, au parti qu’il embrasse, & que par „ un principe de vanité, il veut faire „ triompher. Ces recherches íbnt ínu- ,, tiles,& même désagréables aux vrais 5, Saints, aussi bien qu’à moi, qui ,, ne fuis pas un Dieu de distendons, „ mais un Dieu de paix ; & cette paix ,, ne consiste pas en ce que l’on s’élève ,, soi-même, mais en ce que l’on s’a- n fermisse dans la vraie humilité. Z. Combien y a-t-il de gens qui par „ un zèle humain, & non pas divin,íè „ sentent plus portés d’estime &d’af- „ feéìion envers quelques-uns de mes ,, Saints, qu’envers quelques autres ? ,, Cependant c’est à moi, qu’il faut „ avoir moi qui les ai tous ,, créés; c’est moi qui leur ai donné à 3, tous ma grâce; c’est moi qui les ai tous remplis de gloire ; c’est moi qui P 5 3, con- Z46 De lImitatio» „ connois leurs œuvres ; c’est moi qui ,, les ai prévenus par mes bénédictions, », & qui les ai atirés par mes douceurs », célestes. C’est moi qui ai connu par ,» ma prescience mes bien-aimés avant „ tous les siècles ; & qui les ai choisis „ du monde ; car ce n’est pas eux qui », m’ont les ai appellés par ma », grâce, atirés par ma miséricorde, a- », menés jusqu’à moi parmi beaucoup », de tentations. Je leur ai donné des ,, consolations inéfables, une perséve- S , rance constante , Lc une couronne », pour leur patience. 4. Je les préconnois tous 5 je les ai- »» me tous d’un amour indicible. Je „ dois être loué dans tous mes Saints, », béni & glorifié dans ceux que j’ai », prédestinés & apellés à la gloire,fans „ qu’ií y ait eu en eux aucun mérite qui », aitprécédé. Celui qui en méprise un », des moindres, les méprise tous ; par- », ce que c’est moi qui ai fait le moindre », &le plus grand. Celui qui leur fait », injure, me la fait à moi même, & à », tous les autres. Ils ne font tous qu’un, » par le lien de l’Amour de Dieu ; ils „ont 34 7 »» ont un même sentiment, une même ,» volonté j & ils s’aiment tous dans „ l’unité de celui qui est tout en tous. f. Mais, ce qui est encore bien plus „ divin, ils m aiment plus qu’ils ne », s’aiment eux-mêmes & tout ce qui „ les regarde. Car étant tirés & trans- », portés au-deílus d’eux mêmes & », hors de leur propre amour , ilspas- », sent entièrement dans mon amour,où „ ils trouvent tout leur repos & leur », félicité parfaite. Rien ne les peut dé- ,, tourner de ce grand amour , rien ne „ les en peut faire décendre ; parce „ qu’étant pleins de la vérité éternel- », le» la flamme de leur amour est fí „ ardente que rien ne la sauroit étein- „ dre. Ce n’est donc pas aux hom- „ mes charnels & animaux, dont la ,, connoissance & la joie n’ont pour », objet que leur satisfaction particu- ,» lière, de parler de l’état des Saints, „ Ils les méprisent ; ils les estiment j „ ils font comme il leur plaît, sans „ consulter la Vérité éternelle. 6. Plusieurs agissent ainsi par igno- j, rance,sur-tout ceux qui aïant peu de P 6 ìumi*» 548 De l’ Imitation ,, lumières, savent peu ce que c’est ,, d’aimer quelqu’un d’un amour pu- Jj renient spirituel. Ils se 1 aillent me- », ner par une inclination naturelle & », une affection toute humaine; &ju-i í ,, gent également des choses spirituel- * », les & des terrestres. Maiscespen- 1 », fées des imparfaits font infiniment , „ au-deffous de celles que les hom- j ,, mes illuminés de Dieu, ont par la j », révélation divine. ' 7 . Evite donc, Mon Fils ! avec ,, grand foin de nourrir ta curiosité de », choses qui surpassent la portée de », ton Esprit ; pren plutôt à tâche ,, d’être un des plus petits au Roïaume ,, de Dieu. Quand quelqu’un sau- „ roit qui sont les plus Saints & les „ plus grands dans le Roïaume des », Cieux, que lui serviroit cette con- „ noiffance s’il n’en prenoitocasionde », s’humilier devant moi, & de me „ louer avec plus d’ardeur ? Celui qui ,, s’occupe à penser à la grandeur de „ ses péchés, à la foifileffe de fa ver- „ tu, & combien il est éloigné de la », vie de mes Saints, m’estplus agréa- DE Lîv. III. 349 ble que celui, qui s’amuse à dispu- 5 > ter de leur égalité ou inégalité. Il », vaut bien mieux demander à Dieu ,, avec larmes par des prières arden- „ tes, qu’il nous salle la grâce d’imiter », leur sainte vie dans Thumilité, que ,, non pas de satisfaire nôtre curiosité „ par la recherche des choses particu- », Hères qui les concernent. 8. Que les hommes se mettent en re- », pos de ce côté-îà,& qu ils répriment ,, la vanité de leurs discours;car quant ,, à mes Saints, ils font parfaitement ,, en repos. Ils ne se glorifient point de ,, leurs mérites ; parce qu’ils ne s’attri- „ buëntaucun bien j mais ils m’attri- „ buënt tout; parce que c’est moi qui », leur ai tout donné par l'amour infini ,, que je leur ai porté. Us font telle— ,, ment remplis de mon divin amour, ,, & de la joie inéfable que je répans ,, dans leurs cœurs, que rien ne man- „ que a leur gloire & à leur félicité. „ Plus mes Saints font élevés dans la ,,, gloire , plus sont-ils abaisiés dans ,, eux-rnêmes par l’humilité ; Lc plus ,, ils s abaissent, plus sont-ils proches C 7 de z so De l’Imitatioh. „ de moi & démon pour- ,, quoi il est écrit d’eux, qu’ils jettent » leurs couronnes devant le Trône de „ Dieu, {a qu’iis fe prosternent fur „ leurs faces devant l’Agneau,& qu’ils „ adorent celui qui est vivant aux siè- », clés des siècles. 9. U y a beaucoup de gens qui veu- ,» lent savoir qui est le plus grand dans ,, le Roïaume deDieu,& qui ne savent pas s’ils font dignes d’être mis au „ rang des plus petits. C’est être bien „ grand que d’être le plus petit dans j, le Ciel, où tous font grands , parce „ qu’ils font tous appelles , & qu’ils „ font en éfet,les Enfans de Dieu. b ,, Le plus petit viendra jusqu à mille ; au ,, lieu que le pécheur âgé de cent ans fera „ maudit. LesDifciples demandant,qui „ feroit le plus grand dans leRoïaume „ des Cieux, eurent pour réponse ces „ paroles, c Si vous n’ètes changés, & „ que vous ne deveniés semblables à de „ petits enfans y vous víentrerèspoint dans „ le Roiaume des Cieux. Quiconque donc s%u~ DE J. Christ. Ch.^p. j f i j, s humiliera comme ct petit enfant, fett ra le plus grand dans le Roïaume des „ Cieux. io. Malheur àceuxquíne veulent », pas s’humiïier de bon cœur avec les „ petits 5 parceque la porte du Ciel », étant petite,ils ne pourront y paffer. ,, [a Malheur aux riches , qui ont leurs „ joies en ce monde ; parce que lorsque », les pauvres entreront dans le Roîau- „ me des Cieux, ils demeureront de- », hors en criant &gémiíìant. Hum- „ bles,réjouîffés vous; b pauvres, fau- „ tés de joie; car le Ro'iaume de Dieu est », à vous, pourvu néanmoins que vous ,» cheminiés dans la vérité. a Luc. 6. v. 3. í Matth. V. 1 4 . Chapitre LIX. N’espère que Dieu seul , ne cherche rien qu y en lui. I. f~\ SEIGNEUR ! quespéré je en cette vie ? quel est le sujet de ma joie entre toutes les choses qui sontsousle ciel ? N’est-ce pas toi, Seigneur mon Dieu! dont les miséricordes íont infinies ? Lors que j’ai été fans Z 52 De t Imitation 11 sans toi, ai-je pu jouir d’aucun bien vé- ' ritable ? Et quand j’ai été avec toi,a-t- í Io il pu m’arriver aucun mal ? J’aime f mieux être pauvre pour l’amcur de toi, ' !ï que riche fans toi. J’aime mieux être Í JÎ voïageur sar la terre avec toi, que de k postéder le Ciel fans toi. Où tu ès, mon \ Dieu ! là est le Ciel véritable j Sc où tu k n’ès pas, là est la mort Sc le vrai Enfer. d? Mes désirs ne tendent qu’à toi ; c’est toi pourquoi je soupire après toi ; je crie 1 mit vers toi, Sc je te recherche fans cesse ul par mes prières. Je ne puis avoir de va confiance en personne qu’en toi, ni at- ni tendre dans mes nécessités le secours Iti d’aucun autre que de toi seul, ô mon on Dieu ! qui ès tout ce que j’eípère 8C pu tout ce que j’attens ; Sc qui me confo- fo les Sc m’assistes en toutes rencontres to comme un ami souverainement fidèle. a 2 . Tous les autres cherchent ce qui leur est propre ; mais toi, tu ne cher- J! ehe que mon salut 8c mon avance- ment ; Sc tu me fais tourner toutes cho- p ses à bien. Quoi que tu m’exposes à 1 beaucoup de tentations Sc d’adversités^ ' néanmoins tu les fai toutes servir a î mon - de Ch. 59. Z5Z mon utilité ; toi, qui as acoûtumé Réprouver en mille manières ceux que tu aimes, & qui dans toutes ces épreuves ès aussi aimable & digne de louanges, que lors que tu me remplis des consolations les plus célestes. 3. C’est donc en toi, mon Seigneur & mon Dieu! que je mets toute mon espérance & mon refuge. Je remets fur toi toutes mes afflictions & mes calamités ; parce que tout ce que je considère hors de toi, n’est que foiblesse & que vanité. Il n’y a puissans qui secourent, ni amis qui aident, ni sages qui conseillent, ni livres qui consolent, ni trésors qui rachètent, ni lieu qui cache & qui puisse mettre en fureté pour beau & pour fort qu’il soit, si Toi, ô Dieu ! ne viens toi-même aider , secourir , consoler, racheter, protéger, & faire tout. 4. Toutes les choses qui semblent nous mener k la félicité & k la paix ne font rien fans toi, &ne nous peuvent rendre heureux dans la vérité. C’est donc toi seul qui ès la fin de tous les biens ; c’est toi seul qui ès le principe éternel 5 c souverain de la vie ; c’est dans toi seul que 554 Di l’ Imitation j que sont cachés tous les trésors de science; & la plus forte & plus puissante consolation de tes serviteurs est de n’es- pérer qu’en toi seul. Mon Dieu! mon ] Père ! je lève mes yeux vers toi ; je me fie en toi. Source de miséricordes. Béni & santisie mon ame par ta bénédic- ' tion spirituelle, afin qu’elle devienne ton saint Ciel, ta sainte demeure, &le Trône de ta gloire éternelle ; que rien ne se trouve dans ce Temple de ta sainteté qui offense les yeux de ta Majesté ! Divine. Regarde moi par compassion selon la grandeur de ta bonté & la mul- 1 titude de tes miséricordes; & exauce la prière de ton pauvre serviteur qui est banni & rélégué fi loin de toi dans la région de sombre de la mort. Couvre de ta protection, & conserve , famé de i ta pauvre créature, qui est environnée de tant de périls dans cette vie mortelle ; & que ta grâce, ô mon Dieu ! me tenant toujours compagnie, tu me conduises par le chemin de la paix dans la patrie de la clarté éternelle ! Amen ! Fin du Troisième Livre. DE j SO 7 D E LIMITATION JESUS CHRIST. UVRE QUATRIEME. AVIS Sur la traduction ou paraphrase de ce quatrième Livre. E lìvre suivant , qui ci - devant navoit pas et t joint aux traductions qiton avoit publiées de cet ouvrage pour ceux qui ne font point arite d’autant plus grande, & dans un état fi dissemblable , qu'on ne j fait comment oser prétendre a unir ensemble des chojes d’une fi étonnante disproportion j & a les lier d’une union qui rien faffe plus qu un jeul tout & un même ejsrit , selon les paroles de l’Ecriture, Mais puisque c est Dieu même qui y apette les âmes , il faut bien l’en croire fur ce point , & se rendre d ses paroles an defjtts de toute apparence j en se souvenant cependant , qu il est du devoir de tout cçeur humble qui /aproche de lui, que sans présumer de participer à ses grâces les plus singulières & du plus haut degré , il se contente de la manière &• de la mesure selon lesquelles ìl plaira au Seigneur de se communiquer à nos âmes , qui doivent vivre ici bat avec lui d’une manière compatible avec la foi & avec l’effrérancc. Z58 D E LIMITATION JESUS CHRIST. LIVRE QUATRIEME* i. Chapitre Aproche toi de Dieu , car c'est Dieu qui t'ìnvite. La voix de Jésus Christ. ENES A MOI, vous tous qui ètes travaillés & chargés, & je vous soulagerai, dit le Seigneur. b Le pain que je\donnerai, c est ma chair , que je don- neraipourla vie du monde, c Prenés , est mon corps qui est rompu pour vous s faites ceci en mémoire de moi, d Celui qui mange ma chair & qui a liíatth. ii. *>. i8. bj S,l. if I. Or. .d Juan,6. f8. &6J. de Cb. i. z sy qui boit mon sang , demeure en moi ; & moi je demeure en lui. Les paroles que je vous ai dites font Esprit & vie. „ [C’est-à-dire, qu’on doit les enten- CjJ„ dre de mon Esprit & de ma Vie, „ que je donne à ceux que j’introduis ... „ dans ma Communion Divine & fpi- -E ,, rituelle pour n’être plus qu’un avec „ eux.] L’ A M E. ^ I. VOILA tes paroles , ô Jésus! Vérité éternelle, quoi que tu ne les aies pas toutes dites en un même tems, & que tes Disciples ne les aient pas écrites en un même lieu. Puis donc a que ce font tes paroles , & quelles ;; ; font véritables , je dois les recevoir avec actions de grâces & avec foi. El- les font à toi , car elles viennent de q roi ; elles font aussi à moi, car elles ,, j s’adreffent à moi ; & c’est pour mon -1 salut que tu les as prononcées. Je les I reçois très volontiers de ta bouche pour les graver profondément dans mon * ] cœur. Ces paroles pleines de compas. ;. fion, pleines de douceur, pleines d'a- ; î mour » me touchent & me donnent 3 6o De l’Imitatiom quelque courage. Mais, mon Dieu! je fuis épouvanté par la grandeur de mes propres péchés ; & l’impureté de ma conscience se présentant à moi, me défend de prétendre à des biens fl iné- fables & fi grands. La douceur de tes paroles m’atire ; Ic nombre de mes vices me retire & me détourne. 2. Tu veux , ô mon Dieu ! que je m’approche de toi avec foi , si je veux avoir part avec toi ; & que je nourrisse mon ame d’une viande qui est éternelle, si je veux avoir la vie 8c la gloire qui est éternelle. Venês - i moi , dis-tu, Venês à moi, vous tous qui étés travaillés & chargés& je vous soulagerai. O ! que Farne du pécheur trouve de consolation dans cette aimable parole, par laquelle le Seigneur mon Dieu daigne inviter à fa très- sainte Communion une créature pauvre & chétive ! Mais, Seigneur ! qui íuis-je donc , pour oser m’approcher de toi ? a Voilà les Cieux des Cieux ne peuvent te contenir , & tu dis, Venés tous à moi ! 00 L. Qhrtn, 6. v. ig. f l bon; vrai n» moi ik Com taç mai mr fi in teil tìe OIS fit 11e ma ! la M •F UI P 1 a\ b Ì* . k J * de Ch. i. z6l Z. Que veut dire cette admirable —- bonté qui nous invite si aimablement à venir? Mais comment oferai-jevenir, ' moiquisai qu’il n’y arien de bien dans moi qui puisse me donner la moindre - assurance ? Comment après avoir si souvent offensé ta bonté , & violé en ta présence tous tes ordres & tes com mandemens , oferai-je t’inviter d’en- trer dans ma maison, qui est mon ame ; ; • fi impure ? Les Anges & les Archanges te révèrent; les Saints&les justes trem- ! r blent devant toi ; cependant tu nous . dis j Venés tous à moi! Certes Seigneur*. ... si tu ne le disois toi-même, personne , ne pourroit le croire ; & si tu ne le com- T , mandois toi-même, qui oseroit avoÍÉ la hardiesse daller à toi ? * p- 4. Voilà Noé , à qui tu rendis té- moignage d’avoir été un homme juste, qui est néanmoins cent ans à préparée une arche de bois pour y être sauvé avec c peu de personnes. Pourrai - je donc •ffc avoir en si peu de tems une ame assés f bien préparée pour y recevoir le Créateur du monde avec le traitement resi» ,tl pectueux qu’il mérite ? Q. 5, Moi- z6L De l Imitation 5. Moïse , ton grand serviteur & ton ami particulier , fit une Arche de bois incorruptible , & la couvrit d or très-pur, pour y recevoir la Loi ; & moi, qui ne fuis que corruption & pourriture, oserai-je concevoir la pensée de recevoir le législateur même & sauteur de la vie? Salomon, le plus sage des Rois d’israël, emploïa sept années à bâtir un Temple magnifique à la louange de ton Nom ; il en célébra la dédicace durant huit jours, & ofrit mille hosties pacifiques pour y introduire solennellement l’Arche de salliance dans le lieu quil lui avoir préparé ; ce qu’il fit au son des trompettes , & au milieu,des cris de réjouissance de tout Israël. Et moi, qui suis la plus chétive & la plus misérable de toutes les créatures , oserai-je te recevoir dans ma maison, moi, qui ai peine à emploïer une demi-heure à l’exercice de la dévotion ; & plût à Dieu encore que j’y eusse emploïé assés dignement autant, ou même encore moins ! 6 . Mon Dieu î que ces gens-là fai- soient d’éforts pour te plaire j & moi qu >- Ci m tí I ^ J n' f ï n f í í t de IV. Cb. i. z6z que j’en sais peu ! Et pourquoi pensé- je qu’un tems si court me disposera asies dignement pour te recevoir ? Je rentre rarement dans moi même ; mon ame esttrès-peu souvent dégagée des choses étrangères & extérieures ; & ce- à, pendant, à ta présence toutes les pen- .? i - fées étrangères devroient s’enfuir & s’é- vanoiiirj & toutes les créatures aban- • i— donner la place de mon cœur ;veu qu’il celer, n’est pas question d’y loger un Ange, irr mais le souverain Seigneur de tous les Kw Anges. ..b. 7. Je sai qu’il y a une différence infi- nie entre l’Arche de l’alliance avec ce 11 squ’elle contenoit ; Lc toi, ô Créateur 1 ' source unique de toutes les perfections f"" & de toutes les vertus ; entre les sacri- . !1 fices de la Loi, qui n’étoient que des ~ L ombres des biens à venir j &toi, ôRe- f !; dempteur ! hostie vivifiante & accom- • ä i “ plissement de tous les sacrifices ! Pour- f ' quoi donc , lors que ces saints Patriar- *** ches, ces Prophètes , ces Rois & ces Princes, avec tout leur peuple, font îiíii' si pleins d’ardeur & de dévotion pour Ke ton divin culte j pourquoi, dis-je, ne si Q. 3 me z 64 De l’Imitatiom me préparerai-je pas avec encore plus ! d’ardeur à participer à tes sacrés mystè- j a res , à te recevoir toi-même le Saint j, des Saints ? ; j. 8. Voilà David qui läute de toutes 1 su ses forces devant ton Arche , dans Je te souvenir des biens que tu as faits à ses D prédécesteurs. Il fait faire des instru- ti mens de musique, il compose des J, Psaumes, il les fait chanter avec aile- greife ; il les chante lui-même fur la ha» \i pe, inspiré qu’il est du S. Esprit ; il ji enseigne les Israélites à louer Dieu de t tout leur cœur, à le bénir tous les jours [ en publiant ses grâces par des cantiques 'tìe ont témoigné tant dar- , deur, s’ils t’ont loué jusqu’à ce point 1 devant une Arche matérielle, qui né- j haut ! pour être reçu dans nous , & y 1 ] demeurer par un mystère inéfable ? , 5 >. Il y a des gens qui courent d’un côté & d’autre pour voir des choses matérielles qui étoient autrefois à l’u- sage de Ch. i. $65 sage desSaintSj dont ils ont ouï publier la vie & les actions , qu’ils admirent» honorant leur mémoire, leurs reliques, & les Temples qu’on leur avoit consacrés. Mais, ô Saint des Saints ! Créateur des hommes! Roi des Anges! mon Dieu ! te voici présent àr mon ame, & tu frapes à la porte de mon cœur ! Combien de personnes font portées par la curiosité & par le désir de la nouveauté vers ces autres choses, qui cependant ne les rendent pas meilleurs, non plus que la connoissance de la vie des Saints, lors qu’on en discourt par manière de divertissement, & sans avoir le cœur touché de ton Amour. Mais ici, dans - ce grand mystère, où tu te veux unir 8c donner à nos ames,ô Jésus, mon Dieu! qui t ès uni si étroitement à nôtre nature, on trouve très-certainement un très- grand fruit, le salut éternel ; pourvu que l’on y ait part dans la vérité & dans la pureté , & que ce ne soit pas un mouvement de zèle leger & fans fermeté , qui nous porte à toi ; ni le désir de satisfaire nôtre curiosité par la lumière de la connoissance des choses di- Q. Z vines; z66 De l’ Imita t ion vines j ni celui d’être satisfaits par des douceurs sensibles ; mais une foi ferme , une espérance qui ne regarde que toi, & un amour vraiment sincère & désintéressé. 10. O Créateur du monde! ô Dieu invisible aux yeux de la chair ! que la manière dont tu te communiques à nous est spirituelle & admirable ! Combien grandes font les douceurs & les grâces que tu communiques à tes Elûs lors que tu te présentes à leurs âmes pour y faire ra demeure ? cela pâlie nos pensées , ravit les cœurs de ceux qui t’aiment, & les enflame encore plus vivement du feu de ton Amour. Oui, ceux qui te font fidèles, & dont toute la vie est un amendement continuel, puisent sans cesse dans cette divine communication qu'ils ont avec toi, le renouvellement & l’accroissement dans la piété & dans l’amour de toutes les vertus. 11. O que cette grâce est admirable, & qu’elle est en même tems cachée ! II n’y a que les âmes fidèles à Dieu qui laconnoissent bien ; les infidèles, & ceux de J. Christ. Liv. IV. Cb. i. Z67 ceux qui fervent au péché, ne la peuvent éprouver. Cette grâce est toute spirituelle; lame y retrouve la force qu’elle avoitperduë, & sa beauté que le péché avoit toute défigurée. Cette grâce est quelquefois fi abondante & st pleine, que par la grande piété qu’elle fait naître , non-feulement Tarne sent redoubler ce qu’elle avoit déjà de forces ; mais le corps, tout débile qu’il est, en est aussi fortifié. 12. Cependant, c’est pitié devoir qu’elle est nôtre tiédeur, nôtre négligence & nôtre peu de désir pour recevoir le Seigneur , dans lequel pourtant est renfermé tout le mérite & toute l’eípérance de ceux qui veulent être sauvés. Car il est nôtre santification, nôtre rédemption, la consolation des exilés, & la joie éternelle des Saints. C’est un malheur que Ton ne sauroit aisés déplorer , que presque tous les homes pensent st peu à ce haut & divin mystère , qui pourtant est la joie du ciel , & la conservation du monde. O aveuglement ! ô dureté du cœur de rhomme, qui fait si peu d’attention k 0,4 un z68 D L I M I T A T10M un don si inéfable ! qui le néglige & paroît l’oublier, parce qu’il est souvent présent à ses yeux qui s’accoutument a le regarder comme une chose commune & de peu de prix. 13. Si certe grâce éroit attachée à un certain lieu particulier & à une certaine créature de ce monde, avec combien d’ardeur les hommes ne dévroient-ils pas se porter vers ce lieu & vers cette créature? Mais maintenant Jésus veut bien s’offrir à toutes les âmes & les rendre toutes dignes de son union ; asm que sa grâce & íà dilection envers l’homme parodient d’autant plus grandes j que son offre est plus étendue. Jésus, Auteur des miséricordes, Grand & Eternel Pasteur des Ames ! je te rens grâces de ce qu étant de pauvres & de misérables bannis, tu daignes nous rassasier de toi même, de ton corps & de ton sang, de ton Esprit & de ta vie ; & de ce que tu nous invites à participer à ce grand mystère par les paroles de ta bouche , en nous disant, Venès à Moi, vous tous qui ètes travaillés & chargés ; Ú 1 je vous soulagerai . Cha- bi J. Christ. Lìvr. IV. ;6j> Chapitre II. Aprocbe-toi de Dieu, mais dans i'b/milué, I. TE viens donc à toi, Seigneur! en J m’apuïant fur ta bonté & fur ta très-grande miséricorde. Je m’apro- che du Sauveur & du Médecin , comme étant malade; je m’aproche de la source de seau vive , comme étant dans la langueur & dans la soif ; je m'aprocbe du Ciel, comme étant pauvre ; je me présente au Seigneur , comme étant son Serviteur ; je vai vers le Créateur j parce que je fuis fa créature ; mon ame s’avance vers le charitable Consolateur , comme étant toute désolée & toute pleine d’amertu- me. Mais, ô mon Dieu ! d’où vient cela,que tu viennes à moi? Qui suis-je, que tu veuilles te donner à une créature si chétive?Comment une ame pêcheresse ose-t-elle paroître devant toi ? & toi, comment daignes-tu te présenter à une ame pêcheresse! Tuconnoiston Serviteur ; tu fais qu’il n’y. a rien de Q, 5 bon 370 Del’Imitation 1 bon dans lui. pour te porter à lui faire î cette grâce. Je confesse que je fuis un c rien, & que je ne vaux rien, & moins f que rien. Je reconnois que tu n’as pour ; “ motifque ta pure bonté. Je lotte ta mi- P séricorde ; 8c je rens grâces à ta charité 1 infinie. C’estpour l'amour de toi-mê- v me que tu agis de la forte ; & non pas ' que je l aie mérité ; tu veux me faire i connoître de la forte la grandeur de ta 1 bonté, m’inípirer une plus grande cha- donné toi-même en viande d’unema nière admirable & mystérieuse pour la q consolation de tes fidèles. Tu ès à lame f une nourriture délicieuse; & celui qui 1 toit te mangera dignement, sera participant > q & héritier de la gloire éternelle. Com- j p me je tombe & pèche souvent, & qu’il î j », Dieu, & avec une intention toute j », pure, qui nait pour but que la seule > „ gloire de Dieu. Examine ta con- i ,, science avec soin ; nettoie-la par une », humble confession de tes péchés & „ avec un cœur que le principe de mon „ amour ait brisé & contrit ; n’y 1 aille », rien que tu lâches qui puise te > „ charger, ou te donner quelques re- », mors . & qui tôte la liberté de t’a- „ procher de moi. Aïe un vif dé- », plaisir de tous tes péchés en général, 3 , & gémis avec douleur de toutes les ,, fau- de J. Christ. Livr. IV. Ch. 7. 391 j, fautes particulières que tu commets ,, tous les jours. Ocupe toi à con set s , fer à Dieu dans le secret de ton cœur 3j toutes les misères auxquelìes tes 3, passions te réduisent. 2. Qu’une tristesse qui pénètre le 33 fond de ton ame te fasse soupirer òc 3> pleurer devant lui de ce que tu ès en- 3, core si charnel & si mondain ; si peu 33 mortifié dans tes passions ; si plein de 33 mauvais désirs, &si acoutûmé à t’y „ laisser aller j si négligent à la garde s, de tes sens ; si embarassé de vaines 3» pensées & de folles imaginations; si s, porté aux choses extérieures & visi- 3, blés ; si peu soigneux des intérieu- 3, res & des invisibles ; si promt à rire 33 & à t’épancher en de vaines joies ; si 33 dur de cœur à pleurer tes péchés & à 33 t’en ästiger vivement. Si prêt à te s, relâcher & à donner à ton corps ses 3, aises & ses plaisirs; si lâche à le dom- 3, ter Ü5 pour t exciter à la serveur; si s, curieux pour entendre des nouvel* 33 les & pour voir de belles choses ; si 3, lent à t’apliquer à ce qui est de plus 3> humble & de plus bas ; si ardent à R 4 -, passé- 59Z De l’Imiiation ] „ posséder beaucoup ; si retenu à don- 1 „ ner; si avare Lc 6 difpoTé à retenir; ; j, si inconsidéré en tes paroles ; fi im- , éveillé pour oiiir des contes &des „ fables ; si endormi pour la méditati- „ on & pour la prière; fi impatient „ pour atendre la fin des saints discours „ que l'on te fait; si distrait en les écou- -, tant; si relâché pour y emploîer „ quelques heures ; si tiède dans le >, culte de Dieu ; si sec lors que tu te -, présentes devant lui, & que même „ tu participes à son sacrement ; si-tôt „ distrait pour la moindre chose; si „ rarement recueilli ; si facilement -, provoqué à la colère ; si facile à cho- -, quer les autres ; si promt à juger au- -, trui; si sévère à reprendre ; si joîeux -, lors que les choses vont bien pour -, toi selon le monde ; si abatu lors -, qu’elles vont mal ; si fertile à former „ de bonnes résolutions, & si stérile à n en produire ses éfets. 3. A- de J. Christ. ZYZ Z. Après avoir reconnu & confessé „ ces péchés,& encore beaucoup d’au- „ tres dont tu ès coupable, & les a- „ voir déplorés avec une profonde „ douleur de te voir si misérable & si „ infirme, pren une ferme résolution „ de corriger ta vie, & de t’avancer „ chaque jour de plus en plus dans le „ bien. Alors ^abandonnant entiè- „ rement à moi par une pleine rési- „ gnation de ta volonté, fai que ton „ cœur devienne un autel tout de feu „ fur lequel tu t’ofres en holocauste „ perpétuel à l’honneur de mon Nom. >, Je veux que tu t’ofres tout entier ; „ que tu me remettes ton corps & ton „ ame, me les abandonnant pleine- „ ment ; & qu’ainsi tu deviennes di- ,, gne de m’aprocher & d’être rempli „ de ma salutaire présence. 4. Il n’ya point de meilleur moïen „ pour être assuré du pardon des péri chés, & pour en trouver l’expiation j, que de s’ofrir soi-même purement & ,, absolument à Dieu,avecJésusChrist, ,, lors qu’on se présente à lui pour sj avoir part à fa Divine communion. R 5 Si *94 Or l’Imitation „ Si l’homme fait ce qui est de son de- ,, voir, & qu’il se repense véritable- ,, ment ; toutes les fois qu’il s’apro- 3, chera de moi dans Tétât que je viens „ de dire pour obtenir grâce & miséri- „ corde ; a sse jure par moi-même, dit 3 , le Seigneur , que je ne veux point la „ mort dupécheur, mais plûtôt qu il je 3 , convertisse & qu il vive ; que je ne me ,, souviendrai plus de ses péchés mais ,, que je les lui pardonnerai tous, a Eyech . 33. ». n. 16 , Chapitre VIII. Cfre toi tout à Dieu,pour lui bien agréer, I. /^Omme je me fuis ofertmoimê- V—/ „ me volontairement à Dieu „ mon Père pour tes péchés,ai'antbien 3 , voulu que mes mains fussent éten- 3 , duës&mon corps exposé tout nud „ sur une croix, en sorte qu’il ne nf est 3 , rien resté qui ne soit entré dans ce fa- 3 , crifice de réconciliation & de paix 33 avec Dieu ; de même dois-tu t’ofrir 3 , volontairement toi-même en obla- 3 , tion pure & sainte, lors que tu te ,, présentes à moi j & tu le dois fai- >, rede de Livr, IV. Cb. 8. 39s ,, re de toutes tes forces, de toutes tes s, afections, & de toute Pétenduë de ,, ton cœur. Que demande-je detoi avec , plus d’instance sinon que tu te doues , à moi, fans referve ? Je ne me soucie , point de tout ce quetumepeux don- , ner si tu ne te donnes toi-même; car , c’est toi-même que je recherche, & , non pas tes dons. 2 .Comme toutes les choses du mon- , de ne pourroient te sufire si tu ne , m’avois pas ; ainsi rien ne me peut , plaire de tout ce que tu me peux , donner si tu ne te donnes toi-même , à moi. Osre-toià moi; consacre-toi à , Dieu par le don Rentier de toi-même, , & alors ton oblation lui fera très a- , gréable. Considère que je me sus*' , ofert tout entier à mon Père pour , tosque j’ai donné tout mon corps » , tout mon íàng,pour être la nourritu- , re de ton ame,afin que je fülle tout à , toi,8c que tu fusses tout à moi. Mais , si tu demeures encore ataché à toi,& , que tu ne t’ofres pas d^ toute ton , ame à ma sainte volonté, l’oblation partagée que tu me feras ne sera pas R 6 plei- De l’Imitatios „ pleine, & il n’y aura point de parfai- „ te union entre nous. Si donc tu défi. „ res de jouir de la vraie liberté & de la ,, grâce céleste , il faut que toutes tes ,, œuvres soient devancées par une ob- ,, lation volontaire de toi-même entre „ les mains deDieu. Aussi la raison „ pour laquelle il y a st peu de gensqui j j soient vraiment illuminés Lc vraiment », libres dans l’interieur, est, qu’on ne s, íàit pas renoncer entièrement à soi- ,, cette parole,que j’ai dite, », est véritable & ferme, a fi quelqu m „ ne renonce atout , il ne peut-être mon „ donc tu veux être mon dis- „ ciple, vien t’ofrir à moi, avec toutes ,, tes afections & tous tes désirs. a Luc . 14. Chapitre IX. fifre à Dieu toi » tes vœux , tant pour toi que pour d’autres. L 5 A ME. 3» CEIGNEUR! à qui tout ce qui est ^ dans le Ciel Sedans la terre apar- tient, je désire de m’osrir à toi en obla- sion volontaire» d’être éternellement à toi, de J. Chmst. Livr,lV, JP7 à toi. Mon Dieu ! je m’ofre aujourd’hui dans la simplicité de mon cœur pour ê- tre ton serviteur à jamais, pour t’obeïr, &pour te présenter éternellement un sacrifice de loiiange. Reçoi-moi avec le sacrifice du corps de ton Fils , qui est maintenant devant toi en présence des Anges, & fur lequel je te prie de jetter les yeux, afinqu’il me soit salutaire auííi-bien qu’aux autres hommes. L. J’ose aussi présenter,Seigneur! íùr l’autel de ta miséricorde & de ta réconciliation , tous les péchés & toutes les fautes que j’ai jamais commises devant toi & devant tes Anges, depuis le pré- mier jour que j’ai commencé à pécher jusqu’à cette heure, afin que tu les brûles & que tu lesconsumes toutes par le feu de ton amour, que tu éfaces toutes les taches de mes péchés ; que tu nettoies ma conscience de toute iniquité ; que m’ la rémission entière de toutes mes ofenses, tu me redonnes la grâce que j’ai perdue en péchant & que tu m’embraffes par tes compassions infinies,en me donnant le baiser de paix. z. Que puis-je faire pour le pardon R 7 de 35>8 De l'Ímitatios de mes pèches finon de les confesser devant toi avec humilité, de les pleurer, 6c d’implorer sans ceíïe ta miséricorde Sc la grâce de ta réconciliation? Je l’im- plore ; je me présente à toi,mon Dieu ! exauce moi, & me sois propice. Tous mes péchés me déplaisent horriblement ; je suis résolu de n’y plus retomber à í’avenir ; je fuis atìigé de les avoir commis ; j’en gémirai toute ma vie avec pénitence, & en satisfaisant autant qu’il me sera possible, à la réparation à quoi ils m’obligent. Pardonne-moi, mon Dieu! pardonne-moi mes péchés,à cause de toi-même ; sauve mon ame que tu as rachetée par ton précieux sang. Je me rens à ta miséricorde ; je me remets entre tes mains paternelles. Agi envers moi non selon la grandeur de ma méchanceté & de mon iniquité, mais selon ta bonté qui n’a point de bornes. 4. Je t’ofre & te présente aussi tout ce qu’il y a de bien en moi ; quoi qu’il y en ait peu, & que cepeu soit encore très- ìmparfait, asin que tu le corriges Sc que tu le santifies asin que tu te le rendes agréable,Lc que tu le perfectionnes. Je te prie de J. Christ. Lìvr. IV. C&.p. 3pp te prie encore , ô mon Dieu! que sans avoir égard à ce que je ne fuis qu’une créature indigne,inutile,lâche & négligente, tu me prennes par la main, pour me conduire à unefinìoííe&heureuse. s. Je t’ofre aussi, ô Seigneur! avec mes prières, celles de toutes les âmes pieuses, te supliant de les exaucer, & d avoir égard aux nécesiltés de mes païens,de mes amis,de mes frères,de mes sœurs,de ceux qui me font chers,& de tous ceux qui pour l’amour de toi ont fait ou à moi ou à d’autres quelques biens spirituels ou te prie pour tous ceux qui ont désiré que je me souvienne d'eux dans mes dévotions, afin de demander à la miséricorde que tu as fait paroître dans le Sacrifice de ton Fils, le pardon de leurs péchés. Je t’ofre, ô mon Dieu ! mes prières pour toutes ces personnes-là,soit qu’elles vivent encore dans le siècle,ou bien qu elles l’aïent quitté. Fai leur sentir les bénédictions de ta grâce & le secours de ta consolation; protège les dans les dangers & les délivre des vrais maux ; afin qu’apxès leur délivrance, leur cœur tout 400 De l Imitation tout plein d’une divine joie, devienne une source éternelle de louanges pour ta bonté. 6 . Je te présente encore, ô Dieu! des prières de charité & de paix pour tous mes ennemis en général ; & en particulier pour tous ceux qui m’ont jamais fait quelque mal, qui m’ont affligé, calomnié,déshonoré, ou dit des injures; qui m’ont fait quelque tort, ou dommage, quel qu’il soit ; qui m’ont causé des peines ou des douleurs ; comme aussi pour tous ceux que j’ai eu le malheur d’ofenser, d’afligcr, ou de mettre en quelque trouble ; pour ceux que je puis avoir traités avec dureté & rigueur,& que j’ai scandalisés par ma langue ou par mes aérions, de propos délibéré ou fans le savoir. O Dieu! sois nouspropice,à nouspauvres criminels, nous pardonnant à tous toutes les fautes que nous avons faites les uns contre les autres & contre toi. Ote, Seigneur! ôte de nos cœurs tout mauvais soupçon , toute indignation , toute colère, tout penchant aux diíputes, & tout ce qui peut blesser la charité, ou affeii lir entre de Liv. IV. 401 entre nous l’amour fraternel. Aie pitié, mon Dieu! aie pitié de ceux qui te demandent miséricorde ; donne ta grâce à ces pauvres mendiants qui en ont tant de besoin ; ren nous tels qu’étant dignes de jouir de cette divine grâce,nous nous avancions fans cesse vers la vie sainte & divine qui n’aura jamais de fn. Amen ! Chapitre X. Uni à Dieu ton cœur en tout tems & fans cesse. LE BIEN-AIME'. I I ’U DOIS souvent recourir à -â ,, moi qui suis la source de la ,, grâce & de la miséricorde, la fontai- „ ne de toute bonté & de toute pureté, „ afin que tu puisses être nettoïé & gué- „ ri de tes passions & de te vices, pour ,, devenir plus fort, & plus vigilant à ,, résister aux tentations & aux artifi- ,, ces du Diable. Cet ennemi connois- ,, sant le grand fruit que l’on retire de ,, la comunion avec moi, & qu’elle est ,, le remède universel à tous les maux, ,, tâche par tous les moïens imagina- „ blés I 4-oz De limitation ,, blés d’en retirer les fidèles, & d’en ,, détourner ceux qu’il y voit portés. 2. De là vient que ceux qui tâchent ,, leplusdes’y bien préparer , & d’y ,, participer, font attaqués par de plus ,, grandes tentations de la part du Dé- ,, mon. Cet Esprit malin,qui ose bien 5, se trouver entre les enfans de Dieu, 55 corne il est écrit dans le livre de Job, 5> les vient troubler par fa malignité 5, ordinaire, les intimider, ou les ren- ,5 dre irrésolus, pour diminuër leurs „ bons désirs, & vaincre leur foi, afin ,, qu’ílss’éloignentde mostouqu’ilsne „ s avancent vers moi qu avec tiédeur. „ Mais il ne faut pas avoir égard à tous „ ses artifices ni à toutes les imagina- 5, tions & les pensées, qu’il nous pré- ,, fente,qui souvent sont des piushon- 5, teuses & des plus doit 3, au contraire les rejetter contre luiss même,en les détestant. Il faut mé- 3, priser ce malheureux, & se moquer 3, de ses artifices, qui ne font à ceux 3, qui ne s’y plaisent pas & n’y consen- 35 tentpas,quedes fantômes qui ne leur 33 peuvent nuire ; & quoi qu il attaque lame. »I > J î I ' 1 de Ch . 10. 405 ,, l’amej&qu’il excite dans ellequel- „ que émotion , on ne doit pas se dé- „ courager de la recherche de Dieu, & ,, du défir d’entrer dans la divine com- ,, munion de son Fils. z. Souvent aussi un trop grand em- „ pressentent pour la dévotion sensible, ,, & trop d’inquiétude pour rechercher „ scrupuleusement tous ses péchés ahn ,, de me les confesser en détail,devien- s , nent un obstacle à s’aprocher de moi. „ Sui en cela le conseil que te donne- ,, ront ceux qui craignentDieu,& mets bas toutes ces inquiétudes qui arrê- ,, tent la grâce , & qui ralentissent la „ t’ point de moi,pour „ un petit trouble , ou pour quelque „ péfanteur d'esprit; mais confelìant à 3, Dieu tes foibleffes,réconcilie toi avec 3, tous, & pardonne de bon cceur tou- 3, tes les offenses que l’on peut avoir 3, commises contre s’il test ar- 3, rivé d’offenser quelqu’un,demandes- ,, en humblement pardon , & Dieu te 3, pardonnera de b on cœur. 4. Poun 404 De i’Imitation, 4. Pourquoi voudrois-tu tarder àre- „ connoître & à confesser tes fautes,& s, ainsi te tenir si long-tems dans Téloi- ,, gnement & la désunion de Dieu? „ Hâte toi de laver ton a me; jette hors ,, incontinent le poison qui est en elle; ,, pren vke ce salutaire remède ; Sc tu „ ne manqueras pas de t’en trouver ,, mieux que si tu a vois diféré plus „ long-tems. Si tu t’éloignes aujour- », d’hui de ton Sauveur Sc de ton Dieu », pour un sujet, demain peut-être en „ trouveras-tu un autre plus pressant; ,, & ai si de fuite, jusqu’à ce qu étant j> entièrement détourné de ton Créa- „ teur, tu sois hors d’état de pouvoir „ plus retourner à lui. Défai-toi au „ plutôt de tes peines Sc de ta négli- „ gence. Tu ne gagneras rien à t’en- „ tretenir dans l’inquiétude , dans le ,, trouble, dans l’éloignement où l’on „ se tient de Dieu par les obstacles „ journaliers qui surviennent. Il nuit ,, beaucoup de laisser passer un long- „ tems fans s’aprocher vivement de ,, Dieu ; cela endort Tarne dans le pé- ,, ché, & la rend toute dure Sc toute in- sensi- » DE cb. io. 40s , sensible. O prodige! combien y a » t-il de ces lâches Chrétiens & dilso- , lus ; qui font bien aises d’avoir des , prétextes de ne pas penser ni à la diC , cuíîion de leurs péchés, ni à s’ap- , procher de Dieu , de-peur que cela 5 ne les oblige à veiller désormais fur , leurs âmes avec plus de foin ! 5. O gens fans amour de Dieu 8 c , fans piété ! Que celui-là au contraire , est heureux & agréable à Dieu qui , vit d’une telle sorte, Lr qui tient tou- , jours fa conscience si pure,qu’il ait la , liberté de se présenter toujours de- , vant Dieu, & qu’il puiíïe recevoir la s plénitude de toutes les grâces de son , Esprit, si Dieu lui permettoit de les , poiléder toutes & parfaitement dans , cette vie ! Que si quelqu’un n’ose , quelquefois s’aprocher de moi, non , par oubli, ou par indifférence, ou par , dédain ; mais par un sentiment d’hu. , milité, &parce que le sentiment qu’il , a de ses péchés lui faitreconnoître , son indignité ; le respect qu’il a pour , moi est très-loiiable ; mais si cet éloi- , gnement le faisoit relâcher il doit 4oá De l’Imitation ,, s’excirer par de nouveaux ésorts. ,, Dieu secondera ses désirs & la bonne ,, volonté qu’il aura; car Dieu regarde ,, fur tout à la bonne volonté. 6. Si quelqu’un avec une intention ,, sincère & une bonne volonté désire ,, ma Divine Union, & que n’ymet- ,, tant point d’obstacles lui-même, il ,, n’en fente pas les éfets, les goûts & », les douceurs dans son ame ; il ne laif- », fe pas pour cela de participer à son ,, vrai fruit. Car un vrai Chrétien peut », avoir avec Jésus Christ une secrète 8 C », pure communion d’esprit & de vie », tous les jours & toutes les heures, & ,, rien ne peut l’en est vrai », que Dieu a des jours & des momens ,» dans lesquels il lui fait sentir &goû- », ter sa présence par des sentimens par- », ticuliers de dévotion; mais comme »» l’union avec Dieu ne consiste pas tant „ en ce qu’une personne fe sente con- », solée, qu’en ce qu’elle s’unise à sa », Divine volonté, qu’elle la respecte & », l’honore ; lors que cette volonté per- », met que quelqu’un soit dans les sé- ,, cheresses &c ses désolations spirituël- D£ les ÌSi » II» „di 1 l > sainteté je chéris aussi uniquement la pureté. Je cherche un cœur pur ; c’eíl là le lieu de mon repos. {a tAprête moi dans ton intérieur une chambre-haute bien préparée, & je ferai la Pâque cbès toi avec mes disciples. Si tu veux que je vienne à toi, & que je demeure avec toi, b purifie toi du vieux levain , & nettoie la maison de ton cœur. Bannis-en le siècle, & le tumulte des vices ; rétire toi à part, furie toit; revien à toi-même, & demeure dans la plus haute partie de ton ame ; fois y c tout seul, comme un passereau solitaire , repassant dans ton esprit avec une grande a- mertume de cœur les égaremens de ta vie. Toute personne qui aime ardemment , prépare à son Bien-aimé le lieu a Luc. ll. v. 11. c Ps. lOZ. v.$. è 1 . Cor. s. Z'. 7. de J. Christ. Liv W. Ch, 12. 417' >, îe lieu le meilleur & le plus beau 35 qu elle puiste avoir ; car c’estpar là 3j que 1 on connoîtavec quelle aftecti- 33 on le bien-aimé est reçu. 2 . Je veux néanmoins que tu saches, 3> que tu ne pourrois jamais te préparer 33 affés dignement comme je le mérite, 33 quand même tu empioïerois des an- 3, nées entières, & que tu ne penserois 33 uniquement qu a cela. Si je te donne 3, la liberté de te présenter & de venir 33 à moi pour en être repu,c'est un don 3 de ma miséricorde & de ma pure gra-, 3, ce , comme si un Roi puillant faiíbit 33 manger à sa table un pauvre men- ,3 diant, à qui il ne resteroit rien pour 33 reconnaître ce bienfait que de s hu- 33 milier profondément devant lui, & 33 lui en rendre grâces. Fai tout ce qui 3, est en ton pouvoir. Reçoi moi avec 3, crainte , avec révérence & avec af- ; „ section, & non par manière d’aquit ,3 ou par un motif étranger; puis qu é- 3, tant ton Seigneur & ton Dieu, je dai- 3, gne bien venir fraper à 3, moi qui t’apelle. Je te commande de venir. Je veux supléer à tout ce S 5 ,3 qui '4ï8 O L LIMITATION », qui te manque. Vien donc , &me », reçoi. Z. Lors que je touche ton cceurpar „ le sentiment de la dévotion, tu cn », dois rendre grâces à ton Dieu; car ce „ n’estpas à cause de ta dignité que je ,, t’ai sait ce don, mais à cause que j’ai „ voulu te faire si tu », ne sens pas ces doux mouvemens, „ mais plutôt des sécherefies, redouble „ tes prières, gémi, frape à la porte, „ persévère, jusqu’à ce que tu reçoives 9 , une miette ou une goûte de ma grâce „ nullement besoin de „ toi ; mais tu as besoin de moi ; &si 5, tu m’aproches, ce n’est pas pour me ,, santifier, mais c’est moi qui viens te „ íàntifier&te rendre meilleur. 'Tu ,, viens à moi pour être santifié & pour j, m’êtreuni , pour croître en grâce, ,, pour recevoir des désirs ardens §C „ ésicaces de te renouveller de plus en „ plus. Ne néglige donc point ces ,, grands biens auxquels je t apelle j >, mais prépare moi ton cœur, &y 3 , introdui celui que tu aimes. 4. Tu 12. 41? 4. Tu ne dois pas seulement te puri- ,, fier&te disposera la serveur de la , piété lors que tu veux aller à laSainte ,, communion ; mais t’y conserver en- ,, core après 5 avec grand foin. Tune ,, dois pas veiller & te tenir fur tes gar- ,, des avec moins de foin après m avoir ,, reçû,quetule faifois quand tu te pré- ,, parois à ma réception. Se bien tenir ,, fur ses gardes après m'avoir reçu, est ,, une excellente préparation à me re- ,, cevoir encore avec plus de grâces. ,, Mais fi l’on fe relâche & fe répand j, inconsidérément dans des confola- 5 , rions extérieures, on fe rend incapa- ,, ble de me goûter encore. Garde toi ,, de parler beaucoup ; demeure en si- „ lence dans ton intérieur, & joûï de „ ton Dieu; tu as un bien fans prix » 5, que tout le monde ne te peut ôter. ,, C’estàmoi que tu dois te donner ,, tout entier & fans réserve ; afin que „ tu ne vives plus en toi, mais que tu ,, vives en moi dans une profonde », paix. S 6 jv C H A» 420 De limitation Chapitre XIII. Désire avec ardeur de t unir tout à Dieu, L’AME. i. /^\UAND sera-ce , ô mon Dieu! que j’aurai le bien de te trouver seul , de rouvrir tout mon cœur, tk de jouir tellement de toi selon 3e désir de mon ame, a que personne ne m’enméprise; que nulle créature, nul égard humain, ne me touche plus;roais que tu parles seul à moi, & moi à toi, comme deux personnes qui s’aiment, s’entre-parlent ; & comme un ami se communique à son cher ami ? Je délire & je demande uniquement la grâce d’ê- tre entièrement uni à toi ; que mon cœur soit séparé de toutes les choses créées ; & que communiquant toujours avec toi, j’aprenne de plus en plus à ne trouver du goût que dans les choses célestes & éternelles. O mon Dieu! quand serai-je tout uni à toi, tout absorbé dans toi, & dans un parfait oubli de moi-meme ? Demeure dans moi, & moi - Et je lui répondrai ; Daigne, o Seigneur! demeurer avec moi , car tout mon plaisir est de ne te quitcr jamais. Tout mon désir est que mon cœur 8c toutes mes affections soient unis inséparablement à Toi. Cha- de Cb. 14. 425 Chapitre XIV. Considéré l ardeur des Saints pour t’animer. 1. Seigneur [ a que tes biens font ' grands que tu as réservés pour ceux qui te craignent ! Lors que je pense à laffection avec laquelle quelques- uns de tes Saints se sont aprochés de roi, je fuis tout confus, & je rougis de honte en moi-même 5 de cequej’cseme présenter devant toi, & te requérir de te communiquer à moi, étants] tiède & si froid que je suis ; si aride & si peu touché dans mon cœur , au lieu d’être embrasé en ta présence , d’être enlevé, d’être touché au/si admirablement que quelques-uns de tes enfans, qui transportés du grand désir de ta divine Communion, & pénétrés de la tendresse de ton amour, ne pouvoient s’empêcher de fondre en larmes devant toi ; Qui étant altérés de toi, ouvroient de toute leur force la bouche de leur cœur, pour W -P/. 31. 424 l’ Imitation pour te recevoir comme ìa fontaine des eaux vives, & nepouvoient autrement apaiser leur faim, qu’en te recevant dans eux avec une avidité spirituelle & délicieuse. 2 . O que cette soi ardente prouve bien que tu leur étois présent, & que tu a habitois dans eux ! Il n’y a vraiment que ceux dont le cœur est brûlant quand Jésus leur parle en marchant avec eux, qui le connoiílent lors qu’il leur distribué ce pain spirituel & divin. Hélas! souvent cette dévotion, cette ardeur, cesmouvemensd’amour, font bien éloignés de moi ! Fai moi miséricorde , ô Jésus ! dont la bonté & ìa clémence n’ont point de limites. Accorde à ce pauvre mendiant qui se présente à toi quelques étincelles de ce feu d’amour qui embrase 1c cœur ; ahn que sentant les divins effets de ta sacrée Communion , j’en devienne plus fort dans la foi ; que je m’avance dans i’es- pérance que j ai en ta bonté ; & que mon amour étant une fois bien allumé, après a Efhes. 3 . v, 17 . de 425 après avoir goûté Ja manne céleste, il brûle pour jamais fans s’éteindre. Z. Ta miséricorde est toute-puissan- te pourm’acorder Ja grâce aprèslaquel- le je soupire, & pour me visiter de ton Esprit de feu , lors que le jour de ton bon plaisir fera venu. Carquoi-que je ne ressente pas tant d’ardeur que ces saintes âmes, néanmoins je délire par ta grâce d’en être aussi vivement & souverainement enflamé. J’y aspire de toutes les puissances démon ame, ô mon Dieu ! & je te demande de devenir & d''être toûjours du nombre de ces âmes saintes & ferventes qui t’ont aimé avec tant d’ardeur & de passion. Chapitre XV. Plus on renonce a foi , plus on s unit à Dieu. LE BIEN-AIME'. I. H DOIS rechercher la gra- A ,, ce de la dévotion avec in- ,, stanceUa demander de tout ton cœur; ,, l’atendre avec patience &avec foi j la recevoir avec reconnoissance ; la „ con- >5 426 De l’ Imitation „ conserver avec humilité ; avoir un „ grand soin de travailler avec elle; 8c ,, remettre entièrement au bon plaisir „ de Dieu le tems 8c la manière en la ,, quelle il lui plaira de te visiter d’en- ,, haut. Lors que tu ne sens point dans , toi les mouvemens de la grâce divi- ,, ne, ou que tu n’en sens que peu, tu , dois t’humilier beaucoup; mais non , pas t’abatre ni t’atrister excessive- , ment. Souvent Dieu done tout d’un , coup ce qu’il a long-tems refusé, , Souvent il donne à la nn d’une priè- , repersévérante, ce qu’il avoitdiféré de donner au commencement. 2 . L’homme est si foible, qu’il ne ,, pourroit pas bien posséder la grâce,si j, elle lui étoit donnée d’abord & selon j, íà volonté. Tu dois donc attendre ,, ./vec une humble patience Lc avec une espérance ferme les sentimens „ de fa présence. S’ilsne te font pas ,, donnés ; 8c même si les aïant eus,ils „ te font cachés 8c soustraits, ne l'irn- „ pute qu’à toi 8c à tes péchés. Il ne „ faut quelque-fois qu’une petite „ chose pour arrêter la grâce & pour la fai- de Cb . IÇ. 427 5 » la faire éclipser ; si néanmoins Ton ,, doit appeller petit, 8 c non pas grand, ,, ce qui interrompt le cours d'un si „ grand bien. Que si tu surmontes en- „ tièrement, & bannis de toi cet ob» 5 , stade quel qu’il soit, ce que tu de- ,> mandes te fera accordé. Z. Car aussi-tôt que tu te íèras aban- », donné à Dieu de tout ton cœur, & », que tu te feras entièrement remis à „ lui fans plus checher à te satisfaire », en rien; tu sentiras ion union vérita» », ble, qui te donnera la paix; puisque », rien ne t’agréera plus , que le bon „ plaisir de la volonté divine. Celui „ donc qui élève son intention à Dieu », avec un cœur simple, & qui se déta- ,, ehe tellement de toutes les créatures „ qu’il n’est touché pour elles ni d’un ,, amour déréglé, nid’aucun déplaisir, ,, celui-là est le mieux disposé à rece- », voir la grâce de l’Union de Dieu 82 „ de sa tendre Dieu rem- „ plie de ses bénites largesses tous les „ vaisseaux qu’il trouve bien vuides. ,, plus une personne renonce aux cho- ,, ses basses, 8í meurt à foi parie mé- 42S De l’ Imitation ,, pris avec lequel il se traite, plus „ promtement aussi Dieu & fa grâce ,, viennent dans lui, & remplissent 5, avec plus d’abondance & de péné- ,, tration tout son cœur, qui par-là est „ élevé jusqu à la liberté céléste. 4. C’est alors qu’il se verra tout d’un „ coup avec étonnement dans les ri- „ ehestes & dans l’abondance du ciel; ,, Sc que son cœur s’étendra à l’infîni ,» pour embrasser le Dieu Infini dont il „ sentira la présence , & dans la main „ duquel il se sera abandonné pour ,, l’étenduë de tous les est „ la grâce que Dieu fera à l’home qui », le cherche de toute son ame, & qui », ne donne pas aux choses vaines de », ce monde le cœur qu’il a reçu de », Dieu pour Dieu même. Lors qu’il „ se présentera à la réception de son », Sauveur, il joiiirade l’union vérita- », ble avec lui ; parce qu’il n’ycherche- ,, ra pas tant les doux sentimens de la ,, dévotion & de ía propre consolation, ,, que l’avancenient de I honneur & de j, la gloire de Dieu. Cha- de J, Christ. 429 Chapitre XVI. Prie ton Créateur qu il vienne agir dans toi . L'AME, \ SEIGNEUR!très-doux& très-aimabìe, que je désire de recevoir maintenant dans mon cœur avec un amour sincère , tu comtois ma foiblelfe & le pauvre état où je fuis réduit; tu fais quelles font les plaies & les vices de mon ame ; combien souvent je fuis affligé , tenté, troublé & fouillé de péchés. Je viens à toi pour trouver le remède, la consolation, & le soulagement que je te prie de m’accorder. Je parle à celui qui fait tout>& dont les divins regards pénètrent ce qu il y a de plus caché dans le fond de mon cœur qui est tout à nud devant lui. Il n’y a que toi seul qui puifíes me donner du secours,& une consolation fais quels font les biens dont j’ai le plus de besoin, & combien je suis pauvre en vertus. z. Tout pauvre & tout nud que je fuis- 4Jo De l’ Imitation suis , je viens, mon Dieu ! comme de- vant ta porte, mendiant ta grâce, & implorant ta miséricorde. Donne à manger à món ame afamée qui t’en demande ; aproche moi du feu de ton grand Amour, pour chasser de moi la froideur qui me gele j & illumine mes yeux aveugles, par la clarté de ta divine présence. Change moi toutes les choses de la terre en amertume ; que la patience me fasse trouver importables & douces toutes les adversités & les contrariétés de cette vie; & que je méprise toutes les choses basses & caduques jus. qu’à les oublier tout à fait. Elève mon cœur à toi vers le Ciel ; & ne permets pas qu’il traîne davantage fur la terre. Que dès ce moment tu deviennes toutes mes délices & toutes mes joies pour jamais, ô unique nourriture &C breuvage de mon ame ! mon amour, majore, mes délices & tout mon bien ! z. O ! que ne suis-je rendu tout ardent , tout brûlant, tout consumé à ton égard, tout transformé en toi, par ta divine présence, pour n’être plus qu’un même Esprit avec toi par le Molen de 431 moïen de ton intime Union, & en me fondant dans toi par l’ardeur de ton amour'.Ne me renvoie pas à jeun , tout afamé, tout froid, & tout sec, de devant toi ; mais opère dans moi par ta miséricorde, de la manière admirable que tu as autrefois opéré dans tesSaints. Faudroit-il s’étonnersi ra divine présence me rendoit tout de feu, & con- sumoit en moi tout ce qui me reste de moi-même ; vû que tu ès un feu toû- * jours ardent & qui ne s éteint jamais ; un amour qui purifie le cœur, & qui éclaire i’eíprit f Chapitre XVII. Redouble ton ardeur pour l'IJnion heureuse. I. TE désire, ô mon Seigneur & mon J Dieu'.de te recevoir avec la piété la plus ardente, l’amour le plus enflammé, & les afections les plus vives, que jamais ont désiré te recevoir tes Saints, dont la vie t’a été agréable, étant toute sainte & consacrée à toi par un amour incorruptible, O mon Dieu} Amour éternel» 4?2 De limitation étecnel ! mon Unique bien ! félicité perdurable! je désire de te recevoir avec des transports d’amour aussi ardens, & avec une vénération aussi profonde, qu’aucun de tes Saints en aitjamaissen- ti, ou pû sentir. 2 .Et bien que je sois indigne d avoir tous ces sentimcns & toutes ces dispositions j néanmoins je t’ofre toutes les affections de mon cœur, 8c je te prie que tu les reçoives aussi volontiers que si j’avois seul tous les soupirs Lc les désirs les plus enflamés de tous tes Saints. Tout ce qu’une ame enflamée de dévotion peut concevoir & désirer, je désire aussi, ô mon Dieu ! de te le présenter du plus intime de mon âme, 8c avec un respect très profond. Je ne veux pas me reserver la moindre chose ; mais ofrir de toute la plénitude de mon cœur, & immoler à toi en sacrifice purement volontaire, 8c moi-même & tout ce qui est à moi. Seigneur mon Dieu ! mon Créateur 8c mon Rédemteur, je désire de te recevoir maintenant avec autant d’ardeur 8c de respect, avec autant de louange & d’honneur, avec autant de de J. Christ. Cb t 17. 433 reconnoissance & d’amour, avec autant de foi, d’esperance, & de pureté, que la Sainte Vierge Marie, qui est maintenant dans la gloire, délira de te recevoir, & te reçut en éfet, lors que ton Divin Esprit survint dans elle, pour y opérer le mystère de ton incarnation ; & qu’elle répondit avec humilité & avec piété à l’Ange qui îui anonçoit ces bonnes nouvelles ; a Foici la servante du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole ! z. Et comme le Bien-heureux Jean Baptiste, ton précurseur, le plus grand de tous ceux qui font nés de femmes, tressailloit de joïe par le S. Esprit, lors qu’il étoit encore dans les entrailles de fa mère; & que voïant ensuite Jésus qui marchoit parmi les hommes, il dit avec une profonde humilité & une afection toute ardente ; O U ami de V Epoux qui ajsiße devant lui & l’écoute, est tout réjoui pour entendre la voix de P Epoux ; ainsi désire-je , ô mon Dieu ! d’étre embrasé de ces grands & sacrés désirs T e* a ütt, X. v- ;Z. Q Jean}.9,2?; 4H Dr LIMITATION en assistant devant-toi avec un ravit r sement de cœur & en me présontant j j à toi. C’est pourquoi, mon Dieu, ' ^ prenant part à tous les transports da * joïe, à toutes les affections brûlais * tes, à tous les ravissemens d’esprit, P a toutes les lumières surnaturelles, à r ' toutes les visions célestes & divines " des âmes saintes, je te les ofre & te les présente avec toutes les puissances I t & toutes les louanges que toutes les créatures t’ont rendues & te peuvent J jamais rendre au Ciel & en la terre. “ Reçoi-les comme de ma part, com- í me désirant de te les rendre; & mets j * les mêmes dispositions dans ceux * pour qui je te dois prier, afin que tu fois loué & glorifié pour jamais d’une 1 manière digne de toi. j 4. Seigneur mon Dieu! reçoi, je j ' te prie, les vœux & les désirs que 1 j’ai que tu fois honoré par des loûan- 1 ges infinies, & par des bénédictions 1 eternelles & fans bornes, comme tu ' le dois être pour la sublimité de tes 1 Inéfàbles grandeurs. Je tâche de te 1 tendre ce devoir; je désire de te le y ' rendre 'S Et -à io;L' 31 isi'f l!CÎ Bf be J. Christ. Z/v. IV. Cb. 17. 4z s rendre autant de jours & de momens que ma vie durera; & je souhaite d’avoir pour compagnons tous les Esprits célestes, & tous tes fidèles. Je les invite tous à se joindre à moi pour chanter tes louanges, & pour te rendre des actions de grâces qui ne finissent jamais. y. Que tous les peuples, toutes les tribus, toutes les langues de la terre teloûent! qu’ils magnifient ce saint, ce doux, cet aimable Nom de Jé- SUS, par des transports inéfables de joïe & d’amour ! Que tous ceux qui »'approchent de toi avec reverence Sc avec piété pour s’unir avec toi dans cette communion sainte, &pour te recevoir par une foi vivante, trouvent grâce & miséricorde devant toi, &se souviennent de moi, qui suis un pauvre pécheur, dans leurs saintes prières & lors qu’aiant obtenu ce qu’ils désiroient, ils se trouveront pleins de biens, rassasiés & consolés par l’Union pure dont ils jouiront avec toi, qu’ils daignent se souvenir en bien de la pauvreté de mon ame. 43-6 DE LIMITATION Chapitre XVIII. Rejette les conseils de la chair malheureuse. . °^'E NTREPREN jamais „ d’aprofondir mes mystè- , res par une recherche curieuse & , inutile, si tu ne veux tomber dans l’abime de l’incrédulité &del’infi- , délité. Celui qui veut sonder les > œuvres de la Majesté divine, fera , acablé fous le poids de fa gloire, , Les opérations de Dieu font au dessus de toute la raison & de tou- , te la compréhension de l’homme. Le meilleur est de rechercher avec un esprit humble & dans la crainte de Dieu la simplicité de la vérité, d’être toujours prêt à recevoir instruction, & de tâcher de suivre la trace des Saints. 2. O heureuse simplicité! qui íàns s’amufer à chercher des détours par une foule de questions & de discussions fur je ne fai quelles „diffi- de J. Christ. Ch. ig. 437 „ difficultés, jette simplement les „ yeux fur la voie toute simple & „ assurée des commandemens de „ Dieu! Beaucoup ont perdu la pié- ,, té pour avoir voulu comprendre „ des choses qui font infiniment éle- 3, vées au-dessus de l’entendement „ humain. Dieu exige de toi la Foi „ il exige de toi une conduite sim- „ pie & sincère, & non pas une „ élévation d’esprit, ni une recher- „ ehe curieuse de la profondeur de „ ses mystères. Si tu ne connois „ pas les choses les plus basses, com- „ mentvoudrois-tu comprendre cel- les qui sont au-dessus de toi? Sou- „ met toi à Dieu ; soumet tes fen- „ timens à fa foi ; & Dieu te fera „ comprendre ses voies autant qu’il fera utile & nécessaire pour ton „ salut. z. II y en a qui sont violemment „ tentés fur la foi des mystères & des „ choses divines ; & leurs doutes ne „ viennent pas tant d’eux que de 8a- „ tan. N’aïe point d’égard à ces „ tentations là; ne t’entretien point T 3 de 438 De limitation „ de ces pensées; ne répon point à j, ces doutes que Pennemi te met „ dans l’Esprit. Croi à la parole de - „ Dieu, à ce que ses Saints & ses „ Prophètes t’ont dit de fa part ; & „ cet çnnemi s’enfuira. II etì íòu- „ vent très-utile à un serviteur de „ Dieu d’être tenté. Le Diable ne „ tente pas les infidèles & les mé- „ chans, veu qu’il les possède en > „ assurance ; c’est ceux qu’íl fait être „ du nombre des fidèles qu’il tente „ & qu’il tourmente en une infinité „ de manières. 4. Aproche toi donc de ton Dieu „ avec respect, avec simplicité, & „ avec foi en ses promesses, pour „ jouïr de fa très-divine comunion, „ Ce que tu n’y peux comprendre, „ remet-le à Dieu & à fa puissance „ infinie. Dieu ne te sauroittrom- .1 „ per ; celui-la est trompé qui se fie t „ trop à ses propres pensées. Dieu „ marche avec les simples ; il se reve- „ le aux humbles; il fait compren- ,, dre les choies spirituelles aux pe- „ tits; il ouvre l’esprit des âmes pu- „ res; Dr J. Christ. Cb. iF. 4Z» „ res; mais il cache fa grâce à la cu* „ rioiíté des hommes superbes. La „ raison humaine est foible; elle est », sujette à Terreur, & la foi sincère „ & véritable ne Test pas. f. La raison humaine doit suivre », la foi, & non pas la précéder ni la „ combattre. Car la Foi & TAmour „ excellentsur tout dans cette subli- „ me & divii e communion, & y. „ opèrent admirablement, quoi que „ secrètement & sous une aparence „ basse. Dieu qui est éternel, tout- „ puissant, & incompréhensible fait „ des merveilles qu’on ne sauroit „ aprofondir & dans le Ciel & fur la „ terre. La sublimité de ses opéra- „ tions est impénétrable. Si les œu- „ vres de Dieu pouvoient être faci- „ lement comprises par Tesprit hu- „ main, on ne devroit pas les apester merveilleuses & indicibles. F í N, LTK» '***&?* ». m ’xy jjfeïí 1 KGM %3& >'*"• 4à Bi GMHM v %í y m fH.
Télécharger l'article Télécharger l'article Adresser une lettre à un prêtre de l'Église catholique peut être compliqué, mais il importe de suivre la bonne procédure si vous avez envie de paraitre respectueux. Toutefois, ne vous inquiétez pas. Tout ce que vous avez à faire, c'est de savoir le rang du prêtre afin de pouvoir envoyer la correspondance à juste titre. 1 Adressez une lettre à un prêtre séculier. Sur l'enveloppe, écrivez Le Révérend Père son premier prénom, l'initiale de son second prénom et son nom de famille » ou Le Révérend son premier prénom, l'initiale du second prénom et son nom de famille. » Toutefois, n'oubliez pas de mettre l'article Le ». Vous pouvez par exemple écrire Le Révérend Père Jean, M. Auguste. » La formule de salutation doit être Cher Père. Vous pourriez aussi vous adresser à un prêtre en utilisant la formule M. le curé pour faire montre d'un peu plus de politesse. S'il s'agit d'une lettre officielle, écrivez Le Révérend Père [nom de famille] ou Cher Révérend Père en guise de formule de salutation [1] . Si vous êtes un proche du prêtre, vous pourriez écrire Cher Père [nom de famille] ou Cher Père [2] . Terminez la lettre par Veuillez agréer, cher Père, mes salutations les plus respectueuses en Christ. Après cela, mettez votre nom complet en bas de cette formule [3] . 2 Adressez une lettre à un prêtre d'un ordre religieux. Au verso de l'enveloppe, écrivez Curé [premier prénom, l'initiale du second prénom et le nom de famille] suivi des initiaux de l'ordre auquel il appartient. La principale différence qu'il y a ici consiste à ajouter les initiaux de l'ordre religieux comme dans Le Révérend [nom de famille], CAP ou Le Révérend Père [nom de famille], CAP. Par exemple, écrivez Le Révérend Père Léo F. Mackenzie, Dans cet exemple, l'abréviation désigne l'ordre religieux catholique Compagnie de Jésus. Terminez la lettre par Veuillez agréer, cher Père, mes salutations les plus respectueuses en Christ. Après cela, mettez votre nom complet en bas de cette formule. 1 Écrivez au Pape. Adressez correctement la lettre. Le Pape est la plus haute autorité religieuse de l'Église catholique. Envoyez la lettre à Sa Sainteté le pape François. Vous avez également la possibilité de mentionner sur l'enveloppe Le Souverain pontife, Sa Sainteté le pape François. La formule de salutation de la lettre doit être Votre Sainteté ou Très Saint-Père. Lorsque vous vous adressez verbalement au Pape, vous devriez dire Votre Sainteté. Son adresse est la suivante Palais Apostolique. 00120, Cité du Vatican. Terminez la lettre avec un bon mot de fin. Si vous êtes un fidèle catholique, clôturez la correspondance avec cette formule J'ai l'honneur d'être, Très Saint-Père, avec le plus profond respect, de Votre Sainteté, le très humble et dévoué serviteur. Si vous n'êtes pas catholique, il convient d'employer la formule de politesse consacrée pour clôturer la lettre Tous mes bons vœux accompagnent Votre Sainteté, très respectueusement ou Je prie Votre Sainteté de daigner agréer l'hommage de mon très profond respect suivie de votre nom. L'autre façon appropriée de terminer la lettre consiste à dire Veuillez agréer, Votre Sainteté, mes salutations les plus respectueuses en Christ. 2 Adressez-vous à un cardinal. Mentionnez sur l'enveloppe de la missive Son Éminence son nom de baptême le Cardinal son nom de famille. Employez la formule de salutation Votre Éminence. Les cardinaux sont en deuxième position juste après le Pape dans la hiérarchie catholique. Lorsque vous vous adressez verbalement à un cardinal, vous devez également dire Votre Éminence. Si vous êtes un fidèle catholique, terminez la lettre par cette formule J'implore très respectueusement les bénédictions de Votre Éminence en Christ suivie de votre nom [4] . 3 Adressez-vous à un archevêque. Mentionnez sur l'enveloppe À sa Grâce Monseigneur l'archevêque [son premier prénom, l'initiale de son second prénom et son nom de famille], suivi de la ville dans laquelle l'archevêque est affecté. La formule de salutation doit être Votre Excellence. Vous devriez également l'appeler ainsi lorsque vous vous adressez à lui verbalement. Terminez la lettre par la formule J'implore très respectueusement les bénédictions de Votre Excellence en Christ ou Je vous prie d'agréer, Votre Excellence, mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivie de votre nom. 4 Adressez-vous à un évêque. Écrivez par exemple ceci sur l'enveloppe Son Excellence, le Très Révérend Philippe I. Barbarin, Évêque de Lyon ou Son Excellence le Très Révérend Philippe I. Barbarin, Évêque de Lyon. La formule de salutation doit être Votre Excellence. Terminez la lettre par cette phrase J'implore très respectueusement les bénédictions de Votre Excellence en Christ, suivi de votre nom. Une autre façon de clôturer la missive est Je vous prie d'agréer, Votre Excellence, mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivie de votre nom. 5 Adressez-vous à une religieuse ou à un moine. Pour vous adresser à un moine, écrivez Frère [son prénom, l'initial de son second prénom et son nom de famille], suivi des initiaux de l'ordre auquel il appartient. La formule de salutation doit être Cher Frère [son nom de famille]. Terminez ensuite la lettre avec Veuillez agréer, Frère [son nom de famille], mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivi de votre nom complet. Pour vous adresser à une religieuse, écrivez sur l'enveloppe Sœur [son prénom, l'initial de son second prénom et son nom de famille]. Ensuite, terminez la lettre par Veuillez agréer, Sœur [son nom de famille], mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivi de votre nom complet. 6 Adressez-vous à un abbé. Écrivez de cette façon pour vous adresser à un abbé Très Révérend [son prénom et son nom de famille], suivi des initiaux de l'ordre auquel il appartient ainsi que le nom de ville où il exerce son ministère. La formule de salutation est Très Révérend Abbé. Terminez la lettre par cette phrase Je vous prie d'agréer, Très Révérend Abbé, mes salutations les plus respectueuses en Christ, suivie de votre nom. 1 Suivez le protocole de rédaction habituel. S'il s'agit d'une lettre officielle, rédigez-la sur du papier à entête. Vous avez la possibilité de créer votre propre entête en mettant votre nom ainsi que vos coordonnées au milieu de la feuille. N'indentez pas vos paragraphes et veillez à laisser une ligne supplémentaire entre ceux-ci. Vous pouvez également disposer vos coordonnées et notre nom à la partie supérieure gauche de la lettre. Faites usage d'un joli papier et d'une enveloppe appropriée. Veillez à écrire sur cette dernière votre adresse et votre nom. 2 Utilisez un ton formel lorsque vous vous adressez à un prêtre. Ce n'est pas convenable d'appeler un ecclésiastique par son prénom, comme Père Bob. Autrement, adressez-vous à lui en disant simplement Mon Père ou Père Smith [5] . Autrefois, vous pourriez appeler un prêtre par Votre Révérence, mais vous pouvez toujours l'appeler ainsi si vous avez envie de paraitre plus classique et respectueux. Bien évidemment, si un prêtre vous dit de l'appeler Père Bob, c'est son droit. Toutefois, cela est considéré comme un manque de respect dans certaines communautés. 3 Adoptez les comportements appropriés à la vue des prêtres. Vous devez vous lever lorsqu'un prêtre rentre dans une salle et rester dans cette position jusqu'à ce qu'il vous dise de vous assoir. Si vous êtes un homme, vous devez retirer votre chapeau en présence d'un prêtre. Ensuite, embrassez sa main. Cela est censé honorer le fait que les prêtres se sont consacrés à l'Eucharistie. Faites montre de ce même respect lorsque vous quittez la présence d'un prêtre. Conseils Lorsque vous voulez rédiger une lettre à un prêtre catholique, optez pour un papier blanc et une encre noire. La plupart des dictionnaires français disposent d'une section qui vous apprend à vous adresser aux prêtres de différents rangs dans les églises épiscopale et orthodoxe. À propos de ce wikiHow Cette page a été consultée 71 605 fois. Cet article vous a-t-il été utile ?
Programmes scolaires français Histoire, Lettres - 3e, 1re • Équivalence canadienne Secondaire, 2e cycleIntroductionLe centenaire de la Grande Guerre permet un large renouveau des publications de productions écrites entre 1914 et 1918 d’une part, et sur cette période d’autre part. Pour les premiers carnets de guerre, souvenirs d’anciens combattants, relations épistolaires, parmi lesquels Ceux de 14, de Maurice Genevoix et Orages d’acier, de Ernst Jünger sont devenus des classiques de la littérature, ainsi que Generals die in Bed, de Charles Yale Harrison, né et décédé aux États-Unis mais élevé à Montréal, d’où il s’enrôla dans la force expéditionnaire canadienne. Si la combinaison de l’écriture et de l’expérience guerrière n’est pas nouvelle […], la Première Guerre mondiale introduit, comme dans bien des domaines, la nouveauté. [Ainsi] l’engagement des écrivains dans la guerre aboutit à de nouvelles pratiques témoigner tout en gardant les outils propres aux écrivains ». Cette guerre bouleverse donc les pratiques des milieux littéraires tout comme les contributions des gens de lettres et elle est la matrice d’un véritable phénomène des écrivains combattants écrivains devenus combattants, combattants devenus écrivains et écrivains de l’arrière ». Par ailleurs, les différentes formes d’écritures appartiennent à des genres variés tels que les lettres, les carnets mais aussi les articles de journaux. L’écriture constitue finalement un enjeu à la fois politique, stratégique, militaire, mais aussi humain et psychologique particulièrement articles de presseDurant la Première Guerre mondiale, la presse écrite est un média d’information essentiel. Pour les autorités, il s’agit de la contrôler afin de préserver le moral des troupes, des civils et le secret militaire. En France, le décret sur l’état de siège suspend la liberté de la presse le 2 août 1914. La censure s’exerce sur tous les journaux qui sont régulièrement distribués avec des espaces blancs correspondants aux articles retirés voir document 3. La presse devient aussi un outil de propagande au service de l’État les récits des combats que l’on trouve dans les journaux officiels diffèrent de beaucoup avec les témoignages, carnets et journaux des tranchées. Dans ces écrits, l’armée française est caractérisée par un vocabulaire valorisant, qui la montre invincible, alors que les Allemands sont rabaissés et ridiculisés, notamment par l’inefficacité de leurs armes voici par exemple ce que l’on peut lire dans L’Intransigeant du 17 août 1914 L’inefficacité des projectiles ennemis est l’objet de tous les commentaires. Les shrapnells éclatent mollement et tombent en pluie inoffensive. Quant aux balles allemandes, elles ne sont pas dangereuses elles traversent les chairs de part en part sans faire aucune déchirure. » Dans Le Petit Parisien du 19 janvier 1915, on découvre dans une lettre de soldat que les obus allemands ne sont pas si méchants qu’ils ont l’air d’être ». Une autre lettre du front » publiée dans Le Matin du 15 septembre 1914, explique que les éclats d’obus vous font simplement des bleus ». Le soldat allemand est tantôt maladroit dans ses tirs L’Intransigeant, 17/08/1914, tantôt d’une barbarie inimaginable, tel que l’on peut le lire dans Le Matin de Paris D’après les informations du Corriere della Sera reçues via Londres et via Cologne, on confirme que les barbares vainqueurs d’Anvers ont supplicié les malheureux prêtres belges à cause de leur refus héroïque, en les pendant aux cloches comme des battants vivants, la tête en bas ! ». À l’inverse, le soldat français est d’un héroïsme à toute épreuve il se dispute avec ses camarades pour monter au front Le Matin de Paris, 15/11/1914 et supporte ses blessures avec gaieté et fierté L’Intransigeant, 17/08/1914. La baïonnette, souvent personnifiée, devient une arme qui permet des luttes épiques et chevaleresques » L’Écho de Paris, 10/07/1915. Le registre lyrique et exalté est privilégié pour évoquer l’armée française, comme en témoigne cet article du Journal 1915 J’en reviens ! Je les ai vus […]. J’en tremble encore […] ce que je vous rapporte, c’est le culte de l’homme ayant touché du doigt le summum des beautés morales auxquelles une race peut atteindre. Je rentre du monde idéal, et j’ai vu l’âge d’or ! […] Quand je suis monté vers Eux, je les plaignais ; quand je reviens, je les envie. » Certains journalistes vont jusqu’à souligner la beauté et parfois le pittoresque des champs de bataille. Du côté canadien, retenons La Grande Guerre de Paul Caron. Chroniques d’un légionnaire le même temps, une presse critique fait son apparition pour dénoncer la propagande et porter un regard sur la guerre moins aveuglé par le patriotisme. La censure est caricaturée par le personnage d’Anastasie, représentée avec une immense paire de ciseaux. En 1914, Albert Londres, correspondant de guerre du Matin, popularise l’expression bourrage de crâne ». En 1915, Le Canard enchaîné est créé et met peu à peu au point un langage codé en riposte à la propagande antiphrases, démentis qui valent confirmations, phrases à l’envers. Voici ce que l’on peut lire dans le Canard enchaîné du 10 septembre 1915 Le Canard enchaîné prend l’engagement d’honneur de ne céder, en aucun cas, à la déplorable manie du jour. C’est assez dire qu’il s’engage à ne publier, sous aucun prétexte, un article stratégique, diplomatique ou économique, quel qu’il soit. […] Le public veut des nouvelles fausses… pour changer. Il en aura. Pour obtenir ce joli résultat, la direction du Canard enchaîné, ne reculant devant aucun sacrifice, n’a pas hésité à passer un contrat d’un an avec la très célèbre agence Wolff qui lui transmettra, chaque semaine, de Berlin par fil spécial barbelé, toutes les fausses nouvelles du monde entier. »Les lettresL’acheminement du courrier est bien sûr difficile durant la Première Guerre mondiale le transport des lettres est non seulement ralenti par la saturation des centres de tri et de distribution, mais aussi par la censure. Cependant, l’échange avec les familles étant primordial pour le moral des troupes, la franchise postale est instaurée entre les soldats et leur famille dès le 3 août 1914. Afin de simplifier le traitement du courrier et la censure, l’administration militaire va par ailleurs créer des cartes pré-imprimées avec des phrases types les soldats n’ont plus qu’à rayer les phrases qui ne correspondent pas à leur situation. On retrouve le travail de la censure sur le courrier des soldats dans le roman La Vie tranchée, de Bénédicte des Mazery, qui cite par ailleurs d’authentiques lettres de soldats. Ces lettres, dont on peut aussi trouver des exemples dans le recueil Paroles de poilus, de Jean-Pierre Guénon et Yves Laplume, sont de précieux témoignages sur la vie au front ; Michel Litalien a lui aussi réuni un ensemble de ces écrits pour le Canada français. Malgré la censure, les poilus évoquent les effroyables conditions matérielles dans lesquelles ils se trouvent ils expriment leurs souffrances face à la boue des tranchées, au manque de nourriture, au froid, aux assauts ennemis, à la peur de la mort… tout en essayant de rassurer leurs proches. Certaines lettres, très émouvantes, sont écrites par des soldats sur le point d’être fusillés, souvent injustement, pour mutinerie ou désertion de poste. On peut ainsi citer la lettre que le caporal Henry Floch, fusillé en 1914, adresse à sa femme avant d’être fusillé voir document 1.Lettre du soldat Maurice Izambard à sa femme, 6 avril 1915. Archives départementales de la l’autre côté, les familles, essentiellement, les mères, les femmes et les filles, font parvenir au front de leurs nouvelles, souvent accompagnées de colis très attendus. Elles évoquent un quotidien bouleversé par le départ des hommes, notamment leur implication dans les travaux des champs. Enfin, la Première Guerre mondiale est à l’origine des marraines de guerre », qui apparaissent en 1915. Il s’agit au départ d’une institution patriotique des femmes ou des jeunes filles entretiennent une correspondance avec des soldats sans famille et livrés à eux-mêmes. En effet, pour ces derniers, les colis et les lettres affectueuses reçues par leurs camarades pèsent lourdement sur leur moral, et plus particulièrement au moment où la guerre s’enlise. Plus tard, le marrainage » s’étendra au-delà des soldats privés de famille, et se transformera souvent en relation sentimentale qui n’était pas prévue au journaux intimes et carnets du frontDe nombreux soldats tiennent des journaux personnels. Ils écrivent durant les périodes calmes du front, la nuit, au cours de moments de repos derrière les lignes. Ils consignent leur vie quotidienne dans les moindres détails en les illustrant parfois de croquis. Les sentiments et réflexions exprimés sont très variables enthousiasme et exaltation de l’engagé volontaire en début de guerre, panique et sentiments d’horreur pour d’autres mobilisés, résignation et stoïcisme des vétérans… Nombre de ces journaux nous sont parvenus grâce aux familles qui les ont conservés et certains de ces carnets sont même devenus de véritables œuvres littéraires on peut citer Le Feu, journal d’une escouade, d’Henri Barbusse, paru sous forme de feuilleton dans le quotidien L’Œuvre à partir du 3 août 1916, ou les différents livres du recueil Ceux de 14 écrits par Maurice Genevoix. Côté allemand, Ernst Jünger s’inspirera de ses carnets pour rédiger Orage d’acier publié en 1920. À l’inverse d’un récit rétrospectif, l’écriture de ces journaux se situe dans une immédiateté qui abolit la distance et parfois l’analyse. Cette écriture fait la part belle à l’expression de sentiments et d’émotions très variés exaltation, peur, colère, incompréhension, fascination, résignation, souffrance…, mise en valeur par de nombreux procédés d’écriture énumérations, accumulations, anaphores, phrases exclamatives et interrogatives…. Il est d’ailleurs intéressant de constater que les auteurs ayant publié leurs souvenirs de guerre après la fin du conflit utilisent une écriture proche de celle du journal, notamment par l’emploi du temps présent c’est le cas de Erich Maria Remarque dans À l’Ouest rien de nouveau publié en 1929, ou de Jean Giono dans Recherche de la pureté » publié en 1939. Les écrits intimes de l’arrière ont connu une moins grande postérité. Ce genre est en revanche utilisé dans la fiction, qui cherche notamment à faire entendre la voix des femmes, qu’elles soient restées à l’arrière ou qu’elles se soient plus directement impliquées. Au Canada, plusieurs romans ont été produits par des femmes restées au pays, dont ceux de Nellie McClung The Next of Kin Those Who Wait and Wonder, 1917 et de Lucy Maud Montgomery Rilla of Ingleside, 1920 méritent attention. Le cas de Nellie McClung est particulièrement intéressant dans son roman, cette pacifiste d’avant-guerre abandonne ses principes, probablement suite au fait que son fils ait choisi de s’enrôler. On note par ailleurs que la plupart des romancières féministes canadiennes vont plus ou moins dans le même sens une fois la guerre déclarée et leur pays largement engagé dans le 1. Lettre du caporal Henry Floch à sa femmeComme 24 autres poilus injustement accusés d’avoir reculé devant l’ennemi, le caporal Henry Floch a été jugé et fusillé avec 5 autres de ses camarades à Vingré, le 4 décembre 1914. Voici sa dernière lettre, adressée à sa bien chère Lucie, Quand cette lettre te parviendra, je serai mort pourquoi Le 27 novembre, vers 5 heures du soir, après un violent bombardement de deux heures, dans une tranchée de première ligne, et alors que nous finissions la soupe, des Allemands se sont amenés dans la tranchée, m’ont fait prisonnier avec deux autres camarades. J’ai profité d’un moment de bousculade pour m’échapper des mains des Allemands. J’ai suivi mes camarades et ensuite, j’ai été accusé d’abandon de poste en présence de l’ sommes passés 24 hier au soir au Conseil de Guerre. Six ont été condamnés à mort dont moi. Je ne suis pas plus coupable que les autres, mais il faut un portefeuille te parviendra et ce qu’il y a te fais mes derniers adieux à la hâte, les larmes aux yeux, l’âme en peine. Je te demande à genoux humblement pardon pour toute la peine que je vais te causer et l’embarras dans lequel je vais te mettre…Ma petite Lucie, encore une fois, vais me confesser à l’instant, et espère te revoir dans un monde meilleur. Je meurs innocent du crime d’abandon de poste qui m’est reproché. Si au lieu de m’échapper des Allemands, j’étais resté prisonnier, j’aurais encore la vie dernière pensée, à toi, jusqu’au bout. Henry Floch. Lettre d’Henry Floch, in Paroles de Poilus, Lettres et carnets du front 1914-1918, sous la direction de Jean-Pierre Guéno. © J’ai Lu, coll. Librio, 2. Lettre de Gaston Biron à sa mèreGaston avait 29 ans en 1914. Blessé le 8 septembre 1916, il meurt quelques jours 25 mars 1916 Ma chère mère, […] Par quel miracle suis-je sorti de cet enfer ? Je me demande encore bien des fois s’il est vrai que je suis vivant ; pense donc nous sommes montés 1 200 et nous sommes descendus 300 ; pourquoi suis-je de ces 300 qui ont la chance de s’en tirer, je n’en sais rien pourtant j’aurais dû être tué cent fois et à chaque minute pendant ces huit longs jours, j’ai cru ma dernière heure arrivée. Oui ma chère mère, nous avons beaucoup souffert. À la souffrance morale de croire chaque instant la mort nous surprendre viennent s’ajouter les souffrances physiques de longues nuits sans dormir ; huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours au milieu d’un charnier humain, couchant au milieu des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille ; ah ! j’ai bien pensé à vous tous durant ces heures terribles, et ce fut ma plus grande souffrance que l’idée de ne jamais vous revoir. Nous avons tous deux bien vieilli, ma chère mère, et pour beaucoup, les cheveux grisonnants seront la marque éternelle des souffrances endurée ; et je suis de ceux-là. Plus de rire, plus de gaieté au bataillon, nous portons dans notre cœur le deuil de tous nos camarades tombés à Verdun du 5 au 12 mars. Est-ce un bonheur d’en être réchappé ? […] Gaston Lettre de Gaston Biron, in Paroles de Poilus, Lettres et carnets du front 1914-1918, sous la direction de Jean-Pierre Guéno. © J’ai Lu, coll. Librio, 3. Une caviardée » du Canard enchaînéUne censurée du Canard Enchaîné n° 10 du 6 septembre 1916Strictement réservé à un usage en 4. Le film Entre les lignes Entre les lignes 3232 Hommage aux combattants canadiens de la Première Guerre mondiale, ce film fait la chronique du conflit à travers les mots de six participants. Entre les lignes des correspondances intimes adressées à des proches, on devine l'innommable, toute cette horreur censurée par la guerre et la par Claude Guilmain, produit par Anne-Marie Rocher© Office national du film du Canada, 2008 Document 5. Lettre ouverte de la Fédération nationale de la libre penséeLe document suivant est une lettre ouverte, c’est-à-dire une lettre adressée à un destinataire précis mais dont la publication dans un journal ou sur Internet permet à tous de prendre connaissance de son contenu et, éventuellement, d’y le Président de la République, M. le Premier ministre, MMM. Les présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat, des groupes parlementaires de l’Assemblée nationale et du Sénat, Lors de la célébration du 80e anniversaire de l’Armistice de 1918, le Premier ministre déclarait à cette occasion que les mutins de 1917 devaient réintégrer pleinement notre mémoire collective nationale ». Propos de circonstances ? Près de quatre ans après, force est de constater que les choses sont restées en l’état. Pourtant, qui pourrait s’opposer aujourd’hui à cette mesure d’élémentaire justice, alors que les responsables de leur triste sort n’ont jamais été inquiétés ? Les mutins de 1917 n’étaient pas des déserteurs. Ils n’abandonnaient pas leur poste. En mai 1917, après les offensives meurtrières du Chemin des Dames et du plateau de Craonne, ces soldats exprimaient ainsi leur refus du sacrifice inutile, de l’acharnement sanglant, monstrueux et sans limites qui leur était imposé… À ceux-là il faut ajouter, notamment, les soldats fusillés sans preuve pour abandon de poste en présence de l’ennemi » ou sur le fondement de certificats médicaux attestant des mutilations alléguées à tort comme volontaires, pour fuir les combats. Quels que soient les chiffres dont on dispose aujourd’hui, chacun s’accorde à dire que la répression a été féroce. Les fusillés pour l’exemple sont devenus un des symboles de la justice expéditive et de l’arbitraire. Il est vrai que certaines mesures individuelles sont intervenues après le conflit nouveau procès, réhabilitation, etc. Cependant, la République n’a jamais officiellement reconnu l’injustice criminelle dont, collectivement, ils ont été les victimes. Rien n’est venu effacer l’opprobre dans lequel l’histoire les a rejetés. […] La République se grandirait en affrontant courageusement son passé. En d’autres circonstances, elle a su réaffirmer son devoir de mémoire. Il n’existe donc aucune raison pour écarter plus longtemps les fusillés de l’exemple de la réhabilitation dont ils ont été privés jusqu’ici. L’Angleterre, quant à elle, n’a-t-elle pas accompli récemment ce pas décisif ? C’est pourquoi, Monsieur le Président, notre association, soutenue dans sa démarche par la Fédération nationale laïque des associations des amis des monuments pacifistes, souhaiterait connaître votre sentiment à l’égard de cette criante injustice et, le cas échéant, ce que vous envisagez pour y mettre fin. Notes bibliographie - sitographieBecker Jean-Jacques, Les Français dans la Grande Guerre, Paris, Robert Laffont, Paule du, Le Journal d’Adèle, Paris, Gallimard Jeunesse, 1995 nouv. présentation 2007.Bourlet Michaël, Nicolas Beaupré, Écrire en guerre, écrire la guerre, France, Allemagne 1914-1920 », Revue historique des armées [En ligne], n° 248, Catherine, La Marraine de guerre, Paris, Hachette, 2002 nouv. éd. Le Livre de poche jeu-nesse, 2014.Jean Giono, Recherche de la pureté », Préface de Lucien Jacques 1914-1945, Carnets de moleskine, Paris, Gallimard, 1939 nouv. éd. 2014.Guénon Jean-Pierre, Laplume Yves dir., Paroles de poilus, Paris, [Tallandier, 1998] éd. Librio Sophie, Infirmière pendant la Première Guerre mondiale. Journal de Geneviève Darfeuil, Houlgate-Paris, 1914-1918, Paris, Gallimard Jeunesse, Jean-Noël, Les rumeurs les plus folles », L’Histoire, n° 267 Les hommes et la guerre. Héroïsme et barbarie, juillet 2002, p. Jean-Noël, Rumeurs, le plus vieux média du monde, Paris, le Seuil, 1987 dernière éd. augm. Points, 2010.Kupferman Fred, Rumeurs, bobards et propagande », L’Histoire, n° 107 14-18 mourir pour la patrie, janvier 1988, p. Arthur Joseph, Souvenirs et impressions de ma vie de soldat 1916-1919, Garand, Michel , Écrire sa guerre. Témoignages de soldats canadiens-français 1914-1919, Montréal, Athéna, des Bénédicte, La Vie tranchée, Paris, Éditions Anne Carrière, 2008 dernière éd. Pocket, 2013.Martin Florent, La poste pendant la Première Guerre mondiale » sur le site Histoire Maurice, La Guerre psychologique, Paris, PUF, coll. Que sais-je ? », n° 713, [1956] 3e éd. Erich Maria, À l’Ouest rien de nouveau, dernière éd. française, Paris, Le Livre de poche, Béatrice édition et commentaire, La Grande Guerre de Paul Caron. Chroniques d’un légionnaire canadien-français 1914-1917, Québec, Presses de l’Université Laval, Béatrice, Quelle guerre raconter ? Le dilemme du légionnaire Paul Caron », Revue de la Société historique du Canada, Vol. 21, n° 1, 2010, p. Thomas-Louis, Journal de guerre 1915-1918, texte établi et annoté par Marcelle Cinq-Mars, Montréal, Athéna, 2006. La Première Guerre mondiale. Propagandes et rumeurs 1914-1918 » sur le site Cliotexte. Le Journal, 8 novembre 1915 » sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France. © Réseau Canopé, 2015
on peut en mourir a la fin en 10 lettres